Victime

Chapitre 23 : Sorties

4236 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/01/2019 12:11

Les jours suivants ma conversation avec Ryuzaki, je restai enfermée dans ma cellule. Ils savaient que me retenir n'allait pas servir à grand chose. L'ennemi était Kira. Du moins, c'était ce que Ryuzaki avait réussi à leurs faire croire. Ils devaient concentrer leur efforts sur comment l'attraper. Si j'étais encore avec eux, c'était simplement pour me surveiller et s'assurer que je ne repartirai pas vers lui. Les choses avaient changé. Le nombre de morts augmentaient de jours en jours. Était-ce ainsi la façon à Kira de montrer qu'il était en colère ? Deux personnes des élites avaient déjà péri. Comment avait-il réussi à les éliminer ? C'était encore une question qui restait sans réponse. Dans tous les cas, la police savait maintenant que Kira était Light Yagami.


Cette nouvelle n'avait pas été diffusée aux informations. Ryuzaki ne savait pas si rendre publique l'identité de Kira était une bonne chose. Ceux qui l'admiraient pourraient encore plus facilement entrer en contact avec lui. Et puis, je n'avais pas besoin de réfléchir pour deviner que Ryuzaki ne voulait pas qu'une autre personne, qui possédait aussi le Death Note par exemple, décide de le tuer. Ryuzaki voulait capturer Kira vivant. C'était sa façon de gagner la partie, sans tricher.


De mon côté, je n'étais pas vraiment motivée à retrouver Light. Je n'avais pas pu rentrer en contact avec Ryuzaki depuis la dernière fois. En réalité, je n'avais le droit de rentrer en contact avec personne, sauf Yuka. Je ne pouvais même plus aller rendre visite à Mello. J'étais devenue une menace. Au début, les élites pensaient que j'étais l'auteur des crimes de leur deux collègues. J'avais les yeux et j'aurais très bien pu les tuer en voyant leur noms lors de notre premier interrogatoire. Mais grâce au raisonnement de Ryuzaki, il avait réussi à les convaincre que j'étais innocente. Une nouvelle fois, il m'avait protégé.


-Emi ressaisis-toi, se plaignit quelqu'un, tu baves dans tes pâtes.


Je secouai la tête, ravalant ma salive. Yuka et moi avions eu la permission de déjeuner avec les autres, dans un coin tout de même isolé. Ils ne craignaient rien avec toutes les caméras placées dans cette pièce. De plus, pour sortir, nous avions accepté de porter des micros. Je ne savais pas si c'était une bonne idée. Yuka était le genre de personne à n'avoir aucun filtre. Elle disait tout ce qui lui passait par la tête. Je lançai un regard pesant à la jeune fille, vérifiant ensuite que personne n'avait entendu sa phrase non-nécessaire. Je n'y pouvais rien. J'étais devenue obsédée par Ryuzaki et je l'observais en permanence.


-Tu as vraiment des goûts étranges, soupira Yuka.


-C'est sûr qu'on a tout de suite remarqué les tiens, ricanais-je. Tu es totalement à fond sur Mello.


-Quoi ? cria t-elle. N-non.. c-c'est.. même pas vrai !


J'éclatai de rire, la taquinant encore plus sur comment elle devenait rouge tomate en présence du blond. Piquée au vif, elle croisa les bras pour faire la moue dans son coin. Yuka était est une jeune fille de quinze ans, plutôt jolie. Je me demandais si Mello pourrait être intéressé par elle. Enfin, Mello n'avait pas l'air intéressé par l'amour tout court. Leurs caractères se ressemblaient un peu tout comme leurs façons de penser. Je ne savais pas si c'était suffisant pour que les deux s'entendent. En tout cas, ça me ferait très plaisir.


-Dis, chuchota soudainement Yuka en se rapprochant de moi, est ce que vous l'avez déjà fait ?


Je manquai de recracher ce que j'avais dans la bouche. À l'autre table, quelques personnes toussèrent tandis que d'autres regardèrent Ryuzaki très gênés. Lui était par contre le seul à fixer son assiette. Ce n'était plus un secret. Tout le monde savait que Ryuzaki et moi entretenions une relation plutôt spéciale. Je me retournai vers Yuka, le regard plus mauvais que jamais. Je la menaçai avec ma fourchette de l'égorger si elle continuait de dire des bêtises. N'en faisant qu'à sa tête, elle continua de se moquer de moi.


-Tu devrais te mettre en action, ricana t-elle en faisant la fière, tu sais je pourrai te donner quelques conseils puisque j'ai plus d'expériences que toi.


-Ça suffit, grogna un homme à l'autre table.


-Vous n'aviez qu'à pas nous mettre des micros ! cria t-elle en rigolant. Écoute, quand nous sortirons je t'amènerai faire les boutiques et nous préparons ton rendez-vous parfait !


Je levai les yeux au ciel, priant pour que ce jour n'arrive jamais. Malheureusement, il se pointa plus rapidement que prévu. Le matin même, j'avais été convoqué dans la salle de mon premier interrogatoire. Ils m'attendaient tous autour de la table, comme la dernière fois. Yuka n'avait pas été appelée. C'était pour cette raison que la situation m'intriguait. J'étais un peu rassurée de voir que Ryuzaki était présent avec nous. Je restai donc debout, attendant que l'on m'explique la raison de ma venue.


-Ça fait une semaine que Kira a déserté le bâtiment, expliqua Halle Lidner. Aujourd'hui, nous allons enfin pouvoir le fouiller.


Le fouiller ? Si j'avais bien compris ses explications, une équipe avait eu la mission de sécuriser les lieux depuis une semaine déjà. Ils avaient récupéré des armes et des dossiers sur d'anciens agents de police. Rien de plus, rien de moins. Ma mission était de participer à cette fouille. Si la police savait maintenant que Light était Kira, c'était parce que des photographes avaient été positionnés à toutes les sorties du bâtiment. Sur ces photos, Light était reparti les mains vides. Ils supposaient donc qu'il avait oublié son Death Note à l'intérieur et que je connaissais certainement son emplacement. Je n'avais aucun doute quant à l'auteur de cette idée. Était-ce un test ? Une façon de me racheter et de montrer ma loyauté ? Son manque de confiance en moi commençait une nouvelle fois à me décevoir.


-Tu ne viens pas ? demandais-je en me dirigeant vers Ryuzaki.


-Non, je dois rester. Tu sais certainement pourquoi.


Je baissai la tête, comprenant parfaitement ses raisons. Si quelqu'un qui possédait les yeux nous attendait là-bas, la vie de Ryuzaki serait gravement mise en danger. Je regardai discrètement derrière moi, attendant que les autres quittent la salle. Timidement, je posai mes lèvres sur les siennes. Ça faisait longtemps que je n'avais plus eu cette proximité. Après notre baiser, je m'éclipsai par la porte tout en le saluant de la main. Je ne pourrais jamais oublier l'expression de son visage lorsque je le prenais au dépourvu.


Dans la voiture, je me retrouvai sur les sièges arrières avec Naomi. Je devais faire équipe avec la femme qui me détestait le plus au monde. J'aurais aimé pouvoir m'excuser auprès d'elle. Seulement, elle me paraissait si froide que si j'ouvrais la bouche une nouvelle gifle atterrirait dans ma figure. Enfin, elle devait certainement se contrebalancer de mes excuses. J'avais tué son fiancé, pour le bien de Kira. C'était un acte impardonnable.


-Nous perdons notre temps, soupira la brune. L détient le Death Note du faux Kira. Nous ferrons mieux d'écrire le nom de Light Yagami à l'intérieur.

-Ce n'est pas juste, rétorqua l'homme au volant. Nous ne sommes personne pour choisir la mort d'autrui. Nous avons seulement des photos et ce n'est pas une preuve irréfutable, tu le sais très bien. Et puis, tu as oublié la règle ?


-Si une personne autre que le propriétaire officiel écrit à l'intérieur du Death Note alors cette personne mourra ? répéta t-elle. Cette règle est fausse.

-Tu veux peut être le vérifier en le payant de ta vie ?


La brune tourna la tête vers la vitre, bien décidée à couper court à la conversation. J'avais presque oublié cette règle. Light avait bien protégé ses arrières. Encore une fois, ça ne m'étonnait pas de lui. Par contre, que le grand Kira avait oublié de récupérer son Death Note avant de partir, ça c'était très surprenant. Enfin, avec la panique et la venue soudaine de la police, il avait dû se presser pour s'enfuir. Kira aurait certainement été arrêté si il avait d'avantage perdu de temps.


-Vous avez quartier libre, nous annonça le conducteur avant de repartir.


Je l'observai s'éloigner en silence. Je m'attendais à être entourée voir même escortée durant toute la fouille. Rien. Aucun garde. Aucune voiture. Le bâtiment était complètement vide. Je trouvais même l'idée complètement insensée et dangereuse. Lorsque je demandai à Naomi pourquoi nous étions totalement seules, elle entama sa route vers l'entrée en faisant comme si elle ne m'avait pas entendu. Je fronçai les sourcils, la suivant à la trace. Pourquoi laisser ce lieu totalement à découvert alors qu'il était le plus sécurisé quelques jours plus tôt ? Est ce que la visite de quelqu'un d'autre était attendue ?


Je n'avais pas l'habitude de voir cet endroit si vide. Avant de partir, des fidèles dansaient et riaient aux éclats. Nonchalante, Naomi m'indiqua de fouiller l'étage du dessus tandis que elle vérifiera la cour. N'était-elle pas justement avec moi pour me surveiller ? Je n'y comprenais plus rien. J'étais suspectée d'être une ancienne admiratrice de Kira mais elle me laissait me balader seule et où je voulais ? Je n'étais pas dupe. Depuis combien de temps étais-je soumise à ce genre de pièges ? Si Naomi ne me surveillait pas, quelqu'un d'autre le faisait.


Je fouillai les quelques pièces à l'étage, essayant en même temps de discrètement regarder si je n'étais pas entourée de caméras. Je ne les voyais pas mais j'en étais persuadée. Si Ryuzaki n'était pas avec nous, c'était peut être bien parce que c'était lui qui était entrain de m'espionner ? J'étais encore sous surveillance pour juger si j'étais digne de confiance. Depuis tout ce temps, je supportais ses mensonges et ses manipulations et il ne me faisait toujours pas confiance. C'était injuste. Terriblement injuste.


J'entrai enfin dans la pièce où mon bureau était placé. Il était toujours en parfait état. En glissant mon doigt dessus, je me remémorai mes moments aux côtés de Kira. Revenir dans cette pièce me rappelait des souvenirs. C'était étrange mais sur le moment, je ne regrettais pas du tout mes actions. Je perdais certainement la tête. Ma mission était de retrouver le Death Note que Kira avait oublié. Ryuzaki aurai pu me le demander directement au lieu de passer par quatre chemins. Je savais très bien où le cahier de la mort était caché.


J'attrapai un stylo en particulier dans la boîte sur mon bureau. Je retirai le plastique pour n'en ressortir que le tube à encre. Je passai ensuite le tube à encre dans un trou sous mon premier tiroir. J'y retirai délicatement le double-fond. En dessus, une petite boîte métallique avec un identifiant d'empreinte digitale. Je posai mon doigt dessus, laissant la boîte s'ouvrir pour laisser place à un bouton. Si quelqu'un avait trouvé cette boite et avait essayé de l'ouvrir par force, la salle que je m'apprêtais à ouvrir aurait explosé. J'appuyai donc sur le bouton, me dirigeant vers les étagères qui cachait en réalité une pièce secrète. Lorsque je poussai la fausse porte, je me pétrifiai sur place. Le cahier était toujours à sa place. Cependant, quelqu'un était à l'intérieur.


Kiyomi. Nos regards ne se lâchèrent pas. Était-elle revenue pour récupérer le Death Note ? Plus important, d'où était-elle rentrée ? Voyant que les agents avaient désertés la zone, Light avait certainement demandé à Kiyomi de revenir chercher le cahier. Avait-il anticipé les caméras ? Était-ce la raison pour laquelle elle n'avait pas utilisé le bouton pour pénétrer à l'intérieur ? Que faire ? Crier pour attirer Naomi ? Sauter sur Kiyomi ? La laisser s'enfuir ? Je devais réfléchir à la meilleure solution. Il n'y avait évidemment pas de caméras dans cette salle, Ryuzaki ne voyait que moi depuis sa caméra.


-Emi, m'appela sèchement Naomi. Est ce que tu as trouvé quelque chose ?


Ryuzaki l'avait bien remarqué. J'étais persuadé qu'il avait demandé à Naomi de me poser cette question. Le temps me manquait. La prévenir serait l'option la plus logique mais je devais réfléchir plus loin encore. Même en capturant Kiyomi, nous ne retrouverons pas Kira. La seule personne à pouvoir les recontacter, c'était bien moi. Faisant le pour et le contre dans ma tête, j'inspirai profondément avant de prendre ma décision. Je regardai Kiyomi une dernière fois puis repris la parole.


-Non, mentis-je en refermant la porte, il n'y a rien ici.


Lorsque je me retournai, Naomi était déjà entrain d'entrer dans la pièce. Elle se dirigea précipitamment vers moi, me demandant ce que cachait cette porte secrète. Je lui expliquai que le Death Note était censé être à l'intérieur mais il n'y était plus. Sans me laisser le temps d'expliquer davantage, elle me poussa pour ouvrir la porte. À l'intérieur, plus personne et plus de cahier de la mort. Naomi retourna tout ce qu'elle pouvait trouver à l'intérieur mais elle ne trouva rien. À court de solutions, elle commença à me fouiller croyant que je l'avais peut être volé. Elle pouvait toujours chercher. Je venais de délibérément laisser Kiyomi s'enfuir avec le Death Note.


Nous retenions aux appartements les mains dans les poches et surtout sans le cahier. Un silence de mort régna pendant tout le voyage. J'appréhendais un peu mon retour. Comment agir face à Ryuzaki ? J'étais persuadée qu'il savait que j'avais mentis ou qu'au moins, j'avais essayé de cacher quelque chose. Mais une promesse était une promesse. J'avais le droit de sortir avec Yuka, pour la première fois pendant toute une après-midi. Cette nouvelle ne plaisait pas à tout le monde. Encore hautement suspectées, certaines personnes n'aimaient pas vraiment nous savoir à l'extérieur et sans surveillance. Ryuzaki proposa alors une solution.


-Quelqu'un n'a qu'à les accompagner.


-Nous sommes tous très occupés dans nos recherches. Je ne pense pas que surveiller deux gamines soit notre principal objectif, soupira Naomi.


-Alors que voulez-vous faire ? rétorqua Ryuzaki.


-Elles ne sortent pas, grogna la brune en croisant les bras, c'est aussi simple que ça.


-Peut être que quelqu'un, qui ne fait pas partie de la police, pourrait les accompagner ? suggéra Halle.


-L, l'interpella Naomi, connaissez-vous quelqu'un pouvant répondre à cette description ?


Au final, je me retrouvai devant le bâtiment avec une Yuka plus excitée que jamais. Nous attendions toutes les deux cette fameuse personne qui ne faisait pas partie de la police mais qui avait tout de même la confiance de Ryuzaki. Au loin, j'aperçus soudainement une silhouette se déplaçant avec des béquilles. Je ricanai légèrement en voyant le garçon se rapprochait. Qui aurait cru que Mello viendrait faire du baby-sitting ? Yuka essayait de le cacher mais elle était très contente. Accueillant le blond d'un grand sourire, je lui demandai immédiatement s'il était vraiment apte à nous suivre.


-Ça va, grogna Mello, je ne suis pas encore sénile.


-Vu son état, me chuchota Yuka discrètement, si nous courrons nous pourrons facilement le semer.


Je pouffai de rire en voyant la grimace du blond. Bien évidemment, nous n'allions pas nous enfuir. Mello, en plus de ses béquilles, avait du mal à avancer à cause de la balle qu'il avait reçu dans le bras. Sans parler de sa jambe sur laquelle il n'arrivait pas totalement à s'appuyer. C'était un bien pour un mal parce que cette sortie permettrait à Mello de s'habituer à nouveau au monde extérieur. Et puis, cet après-après risquait d'être très amusante avec ces deux-là.


-Bon alors, allons-y ! cria Yuka en levant le bras.


Avec le sourire, nous nous mettions en route pour le centre-ville. Yuka n'avait pas abandonné cette idée de rendez-vous avec Ryuzaki. Tandis qu'elle cherchait les bons magasins pour moi, je restai aux côtés de Mello pour l'aider en cas de besoin. Mais face à sa fierté d'homme, Mello refusa mon aide. Il voulait avancer seul, et si il tombait il se relèverait pour s'améliorer et tomber encore. Heureusement pour nous, le blond ne tomba pas jusqu'au premier magasin. Pendant que Yuka et moi cherchions des vêtements pour cette tant-attendu soirée, Mello se reposa sur un des canapés tout en nous regardant. Avec ses lunettes noires sur le nez et sa tablette de chocolat, il ressemblait à une vraie diva.


-Que dis-tu de cette jupe ? me proposa Yuka en attrapant un cintre. Et regarde ce haut ! Oh non, cette robe est faîte pour toi !


-Je ne suis pas sûre que ça me vaille, chuchotais-je gênée. Et puis, ce rendez-vous n'est qu'un rêve. Ryuzaki n'acceptera jamais, tu le sais tout aussi bien que moi.


-C'est bien pour ça qu'il faut que tu lui donnes envie ! râla la brune en levant les yeux au ciel.


D'un pas agité, elle me poussa jusqu'à la cabine d'essayage puis me jeta à l'intérieur. Je me déshabillai malgré tout. À moitié nue, je me regardai dans le miroir. Yuka avait raison. Si je n'y mettais pas du mien, je ne pourrais jamais espérer ce rendez-vous. Déterminée, je commençai à essayer tous les vêtements que Yuka m'avait apporté. Mello était chargé de nous donner son opinion masculine. Malheureusement, pour ce premier magasin, le blond secoua à chaque fois la tête. Vint ensuite un second puis un troisième magasin. Mello s'effondrait à chaque fois sur le canapé devant la cabine d'essayage, allant jusqu'à menacer des enfants avec son pistolet pour voler leurs places.


-Monsieur, l'interpella une gérante, vous n'avez pas le droit de manger dans le magasin. Veuillez ranger votre chocolat s'il vous plait.


Je rigolai de l'intérieur de ma cabine en entendant ces mots. Enfilant une énième robe, je me regardai dans le miroir. Pour la première fois depuis cet après-midi, j'aimais vraiment ce que je portais. Une robe à col de couleur mauve, ouverte du côté droit jusqu'à la moitié de ma cuisse. Les manches étaient longues et deux cercles dénudés mes épaules. Plus que souriante, je retirai les rideaux pour sortir. Interrompant la conversation de Mello avec la femme, il tourna lentement sa tête vers moi. Son regard longea d'abord mes jambes puis remonta vers mon visage. J'avais l'impression de me faire dévorer vivante. Gênée, je cherchai activement Yuka jusqu'à ce que celle-ci apparut devant moi.


-Magnifique ! sauta t-elle de joie.


-V-vraiment ?


-Bien sûr ! Mello, qu'est ce que tu en penses ?


-Ouais, grogna t-il, ça passe.


C'était décidé. Cette robe était la robe que je porterai ce soir. Je pensais notre après-midi terminée jusqu'à ce que Yuka m'indique qu'il fallait maintenant choisir ce que j'allais porter sous la robe. Rouge tomate, j'essayai de me convaincre que je ne venais pas d'entendre ce que je venais d'entendre. Sans me demander mon avis, elle me tira par le bras pour m'emmener dans le magasin d'en face. Des sous-vêtements, partout. Mello crut s'évanouir en entrant. Yuka et moi commencions alors à observer les articles. Est ce qu'allait aussi loin était vraiment nécessaire ? J'osais à peine espérer avoir un rendez-vous de la part de Ryuzaki. Je n'arrivais pas du tout à l'imaginer en vouloir plus.


-Mello, est ce que tu n'aurais pas une petite idée des goûts de Ryuzaki ? le questionna Yuka.


-Ce n'est pas comme si c'était notre sujet de conversation favoris, cracha le blond ironiquement. Mais je peux te dire les miens et j'adore ça !


Je levai les yeux au ciel en voyant Mello attraper un sous-vêtement aussi fin qu'une ficelle. Je n'allais définitivement pas mettre ça. Et puis, est ce que Ryuzaki

s'intéressait à ce genre de choses ? C'était un garçon évidemment mais encore une fois, mon imagination refusait d'y croire. N'étant pas très compliquée sur ce point, j'acceptai la première paire que Yuka me proposa. Noire avec de la dentelle. Je filai rapidement dans la cabine.


-Wow tu as vraiment de la chance, s'extasia Yuka en regardant la taille que je lui avais demandé. Je pourrais presque mettre ma tête dedans.


Rouge tomate, j'attrapai le soutien-gorge dans lequel elle était entrain d'essayer de rentrer sa tête. En retirant mes vêtements, je manquai de faire tomber mon téléphone. Je repensai soudainement à quelqu'un. Kiyomi. Mello ne pouvait définitivement pas me voir. Je pourrais en profiter pour essayer de l'appeler. Rapidement, j'appuyai sur les touches de mon téléphone. Répondeur. Je savais très bien que personne ne répondrait mais c'était simplement pour lui faire comprendre que j'étais prête à discuter avec elle, avec eux.


Après avoir vérifié que ces sous-vêtements étaient bien à ma taille, je me rhabillai. Je ne manquai pas de remarquer le regard soudainement lourd de Mello en sortant. Nos achats à présent terminés, nous repartions directement vers les appartements de la police. Il faisait pratiquement nuit et il nous restait encore un peu de temps avant que Ryuzaki ne finisse son travail. Je proposai à Yuka de nous installer quelque part pour me coiffer et me maquiller. Au moment de saluer Mello, celui-ci se pencha pour me murmurer quelque chose à l'oreille.


-Nous sommes peut être amis mais Ryuzaki a placé sa confiance en moi. À chaque fois que tu entrais dans une cabine, je comptais le nombre de secondes que tu mettais pour te changer. Je ne manquerai pas de lui dire que tu as mis plus de temps à ton dernier essayage.


Je fronçai tristement les sourcils, l'observant s'éloigner avec ses béquilles. Je savais que Mello ne me voulait aucun mal et je lui étais profondément reconnaissante pour cette superbe après-midi, mais savoir ce qu'il allait rapporter à Ryuzaki m'ennuyait. Je remerciai finalement Yuka pour m'avoir aidé puis je la laissai repartir vers le bâtiment. Quant à moi, je m'installai sur un banc pour patiemment attendre l'heureux élu. Une vingtaine de minutes plus tard, Ryuzaki décida d'enfin apparaître. Je me levai un peu précipitamment pour me placer devant lui. Ne sachant trop quoi dire, je me grattai l'arrière de la tête. Son regard parcourra lentement mes jambes. J'avais l'impression de revoir Mello, mais en plus discret.


-Qu'est ce que tu fais ici ? me demanda sèchement Ryuzaki. Tu ne devrais pas être à l'intérieur ?


-J'ai pensé qu'on aurait pu aller quelque part ensemble, marmonnais-je en fixant le sol, comme dans un restaurant ou quelque chose comme ça.



-Et si Kira m'attendait là-bas ?


Une légère douleur me picota la poitrine. Encore une fois, Ryuzaki n'avait pas confiance en moi. Je serrai les poings, le voyant déjà se diriger vers la voiture noire garée de l'autre côté. Je n'avais pas essayé tous ces vêtements pour rien. J'étais déterminée et je voulais vraiment passer un moment avec lui ce soir. Je me précipitai vers lui, l'attrapant par le bras. Je lui demandai une nouvelle fois de rester avec moi, ne serait-ce qu'une heure ou deux. Sa réponse resta la même. L'extérieur était beaucoup trop dangereux. Kira pourrait se trouver n'importe où. Les mains dans les poches, il continua son chemin sans me regarder. Déçue et surtout rejetée, je jetai mon sac à main sur le banc avant de m'asseoir à nouveau. J'étais vraiment blessée, en tant que femme et surtout en tant que petite amie.


-Salut ma jolie, ricana une voix masculine. Qu'est ce que tu fais toute seule ?


Profondément énervée, je ne relevai même pas la tête pour voir qui s'adressait à moi. Un homme, certainement un peu éméché, qui cherchait une compagnie d'un soir. Il faisait déjà nuit et je n'avais pas à être étonnée de rencontrer de tels personnages. Je lui demandai alors méchamment de me laisser seule s'il ne voulait pas que j'appelle la police. Sur le même ton, il m'insulta avant de passer son chemin. Je n'étais plus du tout d'humeur. Je n'avais plus rien à faire dehors. Nonchalante, j'attrapai mon sac pour me relever. Soudain, une voiture klaxonna. Je me retournai pour faire face à cette habituelle voiture noire dans laquelle il montait. La vitre se baissa lentement, laissant place au visage de Ryuzaki. Je n'avais pas envie d'écouter ce qu'il avait à me dire. Seulement, lorsqu'il décida d'ouvrir la bouche, je me figeai sur place.


-Allons chez moi.

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