Black cloud

Il posa son regard sur moi, examinant ma réaction. Mon coeur s'accéléra. Il n'avait pas compris... ?

- Tu m'as dit que tu voulais simplement qu'on mange un bout entre collègues. Tu as une autre idée derrière la tête.

Il avala un bout de son gâteau, du bout des doigts, sans me quitter du regard. Je me sentis devenir rouge. Evidemment, qu'il ne le savait pas ! Mal à l'aise, je répondis.

- J'avoue. En réalité, je voulais qu'on fasse connaissance. Et je me demandais pourquoi tu ne m'avais pas parlé de tes recherches. Je me suis fait passer pour une conne !

Je n'avais pas l'habitude de jurer, sauf quand j'étais énervée. Et c'était le cas.

- Excuse-moi. Je ne voulais pas te vexer.

- Je ne suis pas vexée, je suis énervée.

- ... et pour répondre à ta question, c'est parce que je ne suis pas sûr de pouvoir te faire confiance.

- Encore cette histoire de confiance ? Tu comptes m'expliquer ?

- Quand on s'est retrouvé collègue, je n'avais confiance qu'en 12%. Puis ça a peu à peu augmenté quand tu as fait tes recherches, jusqu'à 46%. Mais le fait que tu m'aies demandé de manger un bout avec toi m'a fait croire que tu tentais de me manipuler, c'est redescendu à 34%. Mais maintenant, je ne pense pas que c'était ton intention. C'est sûr à 48%.

- Je ne comprends pas.

- Que penses-tu de Light Yagami ? Tu m'as dit tout à l'heure qu'il te mettait mal à l'aise.

Il appuya sa question en avalant un nouveau bout de son gâteau. Ses yeux noirs et inexpressifs me guettaient, et je triturai mes mains, nerveuse.

- Tu vas me prendre pour une folle.

Aucune réaction.

- Mon instinct me dit que je ne peux pas lui faire confiance. Il a comme... Un peu comme une sorte d'aura mais une mauvaise aura. J'ai tout le temps l'impression que tout chez lui est faux. Pourtant, je n'ai pas vraiment de raison de croire ça.

- Je pense la même chose.

- Vraiment ? Et quelles sont tes raisons ?

- Disons que je le connais depuis quelques temps.

Étonnée, j'attendis qu'il poursuive, mais il n'en fit rien. Comment ça, ils se connaissaient déjà ?

Ryûzaki termina son gâteau et fixa le mien, songeur. Je plongeai à mon tour dans mes pensées et les exprimai à voix haute.

- N'empêche, je me demande ce que L fabrique. Après tout, c'est le meilleur détective du monde. Avec lui, c'est sûr, nous trouverions facilement !

- L ?

- Bien sûr. Il ne choisit que les affaires qui l'intéressent. Mais pourtant il devrait aimer celle-ci !

- Il préfère peut-être s'occuper des personnes en général. Ou alors il est déjà sur le coup.

- Tu penses qu'il travaille au laboratoire ?

- Parmi les dix choisis pour trouver l'origine des nuages noirs, c'est une possibilité.

- Attends, on n'est que dix ? Comment tu sais ça ?

- Je fais mes recherches.

- Mais alors si L est parmi nous il faut le retrouver et l'aider !

- S'il voulait de l'aide, je pense qu'il aurait déjà demandé. Tu vas le finir ?

- Prend-le si tu veux.

- Merci.

Ryûzaki tendit le bras pour attraper mon gâteau et commença à le manger.

- Pourquoi tu n'avais pas confiance en moi ? Ni en Light ?

- Je suis méfiant d'origine, et ce laboratoire est... Étrange.

- En quoi ?

Il ne répondit pas. Comprenant qu'il ne le fera pas, je soupirai et jetai un coup dehors. Pas de nuage en vu. C'était presque devenu un réflexe.

Après que Ryûzaki ait fini son gâteau, nous nous quittâmes et je le regardai s'éloigner, courbé et les mains dans les poches. C'était vraiment un garçon étonnant.

Je rentrai, un peu distraite et regardai si j'avais reçu du courriel. À part quelques factures que je paierai plus tard, j'avais reçu une simple enveloppe blanche où mon adresse était tapé à l'ordinateur. Pas d'expréditeur.

Un peu surprise, je l'ouvrai et la feuille blanche que je découvris me glaça le sang et me donna un frisson. Seuls trois mots étaient écrits.

Démissionne du laboratoire.

Qui ? Qui avait pu m'envoyer ça ? Light ? Après tout, il n'était pas net. Mais pourquoi ferait-il ça alors qu'il a besoin de nous ? Ou alors Ryûzaki ? Mais après l'échange que nous venions d'avoir, ça n'avait pas de sens !

Une chose était sûr, c'était une personne travaillant au laboratoire, car sinon je ne voyais pas comment on avait pu découvrir mon adresse. Et si on m'envoyait une menace, c'était que le laboratoire n'était pas tout blanc, comme me disait Ryûzaki. Le laboratoire cachait véritablement quelque chose.

Toute la nuit je dormis mal, me tournant et me retournant sur mon oreiller, me demandant même à un moment si j'allais obéir ou non. Les questions se mélangeaient dans ma tête, jusqu'à créer un délire paranoïaque où le simple concierge était impliqué dedans.

Épuisée, le lever était difficile mais je n'avais pas le choix. Je me rendis jusqu'à mon bureau, prête à demander à mon collègue s'il avait lui aussi reçu une lettre.

Mais en arrivant, je tombai sur quelqu'un d'autre.

- Light ? Que fais-tu ici ?