L'enquête de la Wammy's House

Chapitre 2 : L'enquête de R

3755 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 17/01/2021 16:02

Wammy’s House, salle de sport, jeudi 17 janvier 1999, 06h15


Son corps travaillait. Pousser de la fonte lui faisait mal aujourd’hui. Se lever aux aurores lui faisait mal, particulièrement après cette nuit agitée. Si son corps travaillait violemment, ce n’était rien comparé à l’effort qu’effectuaient ses neurones. Ils cogitaient, chauffaient, s’entortillaient. Pousser de la fonte était pénible, mais réfléchir de manière si ardue était bien plus douloureux. R s’avachit sur sa machine et souffla lourdement. Dans deux heures, il s’entretiendrait avec O. Il ne pensait pas qu’elle fût coupable, mais aucune piste ne devait être écartée. L’idée d’être seul face à elle ne lui plaisait pas. Elle le mettait mal à l’aise. Il avait toujours trouvé O étrange. Elle ne parlait que très peu, s’absentait souvent et évitait un maximum le contact humain. O était bien loin d’être la grande gueule qu’était R.

Balançant sa serviette par-dessus son épaule, R se dirigea vers les douches afin d’avoir le temps d’aller sur la scène de crime avant son interrogatoire avec O. Sous le jet brûlant de l’eau, R pesta contre Watari. Il détestait les enquêtes criminelles, il détestait quand tout n’était pas immédiatement clair. Mais, s’il avait accepté la mission, ce n’était que pour la partie finale de la recherche : faire face au criminel et lui flanquer la pire rouste de toute sa vie. Qui pouvait bien être l’enfoiré qui avait pu tuer deux gosses de sept ans ? Et surtout d’une telle manière ?

 

Wammy’s House, chambre de O, jeudi 17 janvier 1999, 07h32

 

L’atmosphère dans la pièce était lourde. Bien qu’il y soit seul, R avait l’impression que n’importe qui pouvait bondir et lui faire pousser un cri qu’il aurait détesté produire. Le genre de cri qu’on entendait dans les nombreux animés japonais qu’il regardait. Non, il fallait se ressaisir. R prit une bouffée d’air frais, légèrement parfumé à l’odeur de O. Ou bien à l’odeur des produits de ménage qu’elle utilisait vu qu’elle refusait que l’entretien soit fait dans sa chambre. Une autre odeur se mêla aux détergents. Celle du cadavre froid. Plus précisément de deux cadavres froids.

S et T le fixaient, toujours assis sur les chaises, au milieu de la chambre. La mise en scène sortait droit d’un film d’horreur. La pièce blanche, montrant le peu d’enthousiasme de O pour la décoration, était immaculée. Chaque meuble se trouvait à sa place. L’étagère emplie de livres scientifiques et anthropologiques, triés par nom d’auteur, avait reçu quelques éclats du sang de S. Sur le lit, fait de façon militaire et révélant un toc chez O, se trouvait les deux montres des enfants, toutes deux arrêtées sur la même heure : 0h22. L’heure supposée des meurtres. Mais le plus théâtral reposait sur la manière dont les corps étaient éclairés. Le cadavre de S par la lampe du bureau de O, celui de T par une simple lampe de poche. Les volets étaient fermés. O avait déclaré qu’elle fermait toujours les volets quand elle partait longtemps de la Wammy’s House.

Finalement, R s’approcha des deux morts. S avait été une enfant pleine de vie, quoiqu’un peu maladroite. R avait toujours pensé qu’elle ne ferait pas briller le nom de la Wammy’s House comme le faisait L, mais elle aurait pu entrer dans la recherche de nouveaux enfants. S analysait en effet très bien les personnes qu’elle fréquentait et savait trouver ceux qui l’aideraient à parvenir à ses fins. Mais, à présent, on ne pouvait plus parler de son futur. Ses yeux brûlés et sa gorge tranchée avaient mis fin à tous ses projets. Pourtant, S ne semblait n’être qu’une victime collatérale, elle ne paraissait pas être au centre de l’attention de l’assassin.

Ce qui n’était pas le cas de T. En effet, le corps du garçon faisait peur à voir. La colère du meurtrier s’était abattue sur lui. Son corps se couvrait d’ecchymoses et de bleus. Lui aussi avait les yeux brûlés et la gorge tranchée. R repensa à son opinion sur le défunt. Roger l’avait toujours beaucoup trop gâté. Il savait qu’il était un enfant roi, mais justement, ce n’était qu’un enfant, à peine plus jeune que lui. R avait vu comment Watari observait T. Watari pensait certainement avoir dégoté une nouvelle perle et il en avait vite fait son chouchou. R n’avait pas eu le droit à ce traitement. R ne brillait pas telle une perle aux yeux de Watari. Certes, ses talents dépassaient ceux d’un enfant normal, mais il ne devait pas avoir cette pépite qui illuminait le regard du vieil homme. Enfin, à l’époque. À présent, R intéressait Watari. Il le faisait même participer à cette enquête. La même enquête que L et O. Il faisait partie des plus prometteurs.

Pourtant, R n’était pas à son aise. Habituellement, les enquêtes policières portaient sur lui. Enfin, pas lui à proprement parler, mais son réseau. Et pour la première fois, R passait de l’autre côté de la barrière. Pour la première fois, R enquêtait. Il ne voulait décevoir personne, surtout pas Watari. C’est ainsi qu’il quitta la chambre et se dirigea, décidé, vers le lieu de rendez-vous où il interrogera O. La suspecte numéro 1.

 

Wammy’s House, salon du premier étage, jeudi 17 janvier 1999, 08h22

 

- Où te trouvais-tu avant-hier, à 0h32 ?

- Paris.

- As-tu un témoin ?

- Non.

- Comment puis-je donc te croire ?

- Tu ne peux pas.

O agaçait R au plus haut point. Il avait envie de lui hurler de lui donner plus de détails, ou, au moins, de faire des phrases complètes, mais elle devait être aussi réceptive à sa colère qu’à ses questions. O répondait en effet depuis vingt longues minutes à ses interrogations d’une manière extrêmement précise. Si elle ne voulait pas dire les choses, alors il n’obtenait rien. La forcer relevait de l’impossible. Elle lui donnait froid dans le dos par son ton glaçant. O ressemblait à un robot. Dos droit comme un i, gestes calculés au millimètre près, chemise repassée à la perfection, cheveux plaqués par de la laque qui ne laissait aucune mèche s’échapper du chignon. Même sa peau se couvrait de fond de teint de manière à ce qu’aucune tâche de rousseur ne fût visible. Pourtant R savait qu’elle en avait. Quand ils étaient jeunes et qu’elle ne se maquillait pas encore, un petit chemin de points bruns parcourait ses pommettes et le haut de son nez.

- Quelle était ta relation avec S et T ?

- Aucune.

Il n’en pouvait plus. R se leva brusquement, cognant ses poings lourdement sur la table basse. Il se pencha par-dessus afin d’approcher son visage près de celui de celle qu’il admirait. Elle ne cligna même pas des yeux. Son regard ne reflétait aucune émotion. A cette distance, R s’aperçut qu’elle ne dégageait aucune odeur. Ni de parfum, ni de nourriture, ni de dentifrice, ni de sueur. Elle ne sentait rien. O, comme à son habitude, voulait être discrète et ne laissait aucune trace d’elle.

- Dis-moi au moins que tu n’es pas coupable !

- Me croirais-tu ?

R souffla, s’éloigna de la jeune femme frigide et sortit du salon sans en savoir plus. Pas même si O était coupable ou non. Il allait falloir élargir les pistes et donc se renseigner sur les deux enfants.

 

Wammy’s House, salle des registres, jeudi 17 janvier 1999, 12h15

 

- Merci mille fois 412 !

- Oui, oui, tu as intérêt à me le rendre en bon état et surtout tu connais la règle…

- On ne divulgue aucune information, je sais ! Et puis, tu sais, j’aurais trop peur de les divulguer sachant que tu as mon propre dossier !

- Je préfère prévenir…

412 était toujours le nez au milieu des registres. Il y en avait des dizaines. Tous les enfants qui avaient un jour mis le pied dans la Wammy’s House ou qui intéressaient Watari s’y trouvaient. Obtenir un dossier relevait quasiment de l’impossible. R avait dû forcer auprès de 412 pendant plus de deux heures avant d’obtenir celui de S. Celui de T avait déjà été emprunté par L. Et R n’avait pas pu s’empêcher de se questionner pourquoi il avait laissé le dossier de S, pourquoi décidait-il de mettre cette piste de côté.

R s’installa dans sa chambre et ouvrit le dossier. Tout y était inscrit. Il ignorait que Watari faisait un travail si poussé quand il s’agissait de s’informer à propos des enfants. Il nota intérieurement qu’il allait peut-être un jour devoir lire le sien. En effet, Watari les autorisait à lire leur propre dossier, mais R avait eu trop peur d’y découvrir des informations insoutenables. Il ne se souvenait pas de sa vie d’avant ses cinq ans. D’avant la Wammy’s House. Pour lui, la Wammy’s House formait sa nouvelle famille. V était sa sœur et Watari son grand-père. Il avait longtemps appelé les différents instructeurs « tata » et « tonton ».

Il aimait la vie qu’il menait, bien que ses amis soient mafieux, ils étaient fidèles, pas comme les gens de sa vie d’avant. Depuis ses cinq ans, aucune ancienne famille ou connaissance n’avait tenté de le retrouver ou s’était inquiétée de lui. Alors, il avait toujours ignoré ce fameux dossier, le laissant dans les mains sages et attentionnées de 412.

Dans le dossier de S, il apprit que celle-ci avait été placée à la Wammy’s House lorsqu’elle avait quatre ans. R se remémorait cette arrivée. Chaque année, deux à trois enfants arrivaient dans l’orphelinat. Quand S était arrivée, il devait avoir huit ans. Elle pleurait beaucoup. Avait peur de chacun. La première année de S à l’orphelinat avait été un supplice pour R. Il n’aimait pas les pleurnichardes. Mais lorsque T avait lui aussi débarqué dans l’orphelinat, elle avait cessé ses caprices et était devenue adorable, prenant exemple sur l’attentionnée V. S avait été placée à la Wammy’s House en raison d’un QI si élevé qu’elle n’arrivait pas à s’adapter à son autre orphelinat. Certains avaient même cru qu’elle avait un Asperger. Pourtant, le temps passé à la Wammy’s House montrait comment elle s’adaptait très bien et aimait la compagnie des autres.

Puis, soudain, quelque chose vint attirer l’attention de R. Le mot « mafia ». Avant d’être orpheline, à l’âge de deux ans donc, S faisait partie du même milieu que lui. Dans la mafia londonienne tout le monde connaissait tout le monde et pourtant il n’avait jamais entendu parler d’une fillette orpheline. Selon le rapport, elle avait été laissée pour morte après l’accident qu’avait provoqué ses propres parents. Accident dont les parents n’avaient pas survécu. Un suicide donc. C’est dans cet accident qu’elle aurait perdu la vue.

Une autre question survint alors. Obsédé par l’enquête, R en avait oublié la cécité de la fillette. Pourquoi lui avoir donc brûlé les yeux ? R s’était dit que cet acte avait pour objectif de rendre S aveugle, mais finalement ça ne devait être qu’un acte de cruauté pure. La nausée monta dans sa gorge.

 

Finalement, R se retrouva avec de nombreuses questions, mais peu de réponses, si ce n’est aucune. Il jeta ses yeux sur son calepin où les questions étaient rédigées de manière désorganisée :

Motifs des meurtres ?

Mise en scène

Chambre de O : coupable ? Paris ?

Mafia londonienne ? Raison du suicide des parents ?

Aveugle mais yeux brûlés ? (Cf. Mise en scène ?)

 

R s’avachit alors sur sa chaise, abattu et désemparé. La seule piste qui lui restait était la mafia de Londres, pourvu qu’ici il trouve d’avantage d’informations…

 

Londres, Love Pub, jeudi 17 janvier 1999, 21h10

 

Jeune de treize ans, il ne devrait pas avoir sa place au sein de ce pub, ni même avoir le droit d’y entrer seul. Pourtant, Paul, le gérant, l’y accueilli chaleureusement. R ignorait si Paul se nommait vraiment ainsi ou s’il s’agissait d’une fausse identité, mais cela lui importait peu. Il était un bon ami et avait une bonne position au sein de la mafia anglaise. Leur rencontre avait eu lieu trois ans auparavant. Lors de la première fugue de R. Le garçonnet avait erré plus de quatre jours dans les rues de Londres, à la recherche d’amusement. La Wammy’s House était un lieu de vie agréable, mais trop parfait et rien ne leur apprenaient à vivre dans une autre société. On les formait pour devenir les meilleurs enquêteurs, les meilleurs musiciens, les meilleurs scientifiques… ; point. Pendant ses quatre jours de fugue, R avait dormi sous les ponts, se nourrissant dans les poubelles. Le spectacle aurait choqué, s’il l’avait fait dans les rues huppées de Londres, là où les touristes sont aveuglés par les beaux bâtiments et les belles coutumes. Mais là où il avait erré, aucun touriste n’y mettait les pieds. Voir des enfants en fugue ne surprenait personne. Le troisième soir, R avait eu du mal à trouver un lieu où se reposer et fini dans l’entrée d’un immeuble de banlieue. Or, il s’agissait du lieu de vie d’un autre sans-abri. Celui-ci apparut quelques heures plus tard, ivre et fatigué et le trouva endormi dans ses couvertures. L’homme, haut d’un mètre quatre-vingt, s’était alors emporté et avait réveillé R à coup de poings et de pieds. R, déjà puissant pour son jeune âge et aidé par l’ivresse de l’homme, avait répondu aux coups de poings par des techniques de boxe thaï. En quelques secondes, l’affaire avait tourné à sa faveur, mais pas complètement. Il n’aurait pas pu s’en sortir seul. Un habitant de l’immeuble avait été réveillé par le combat et était descendu dans le hall d’entrée, prêt à mettre fin à ce chaos. Pourtant, quand il apparut, il ne vit qu’un homme au sol, le nez en sang et un enfant tremblant de rage.

Paul avait immédiatement été impressionné par R et depuis ils se voyaient souvent, s’entraidant. Ce fut leur rencontre.

- Eh gamin ! Ça faisait un bail que tu étais venu ! Qu’est-ce que tu veux ?

- J’ai besoin de parler à tes hommes.

Paul haussa les épaules et lui indiqua le chemin habituel, vers le sous-sol. En bas, se trouvaient neuf autres hommes. Si pour certains leur appartenance à la mafia s’affichait sur leurs visages, d’autres auraient pu passer complètement inaperçus. Certains d’ailleurs se faisaient employer dans des grandes entreprises ou dans des banques. La mafia s’infiltrait absolument partout. Les neuf hommes vaquaient à leurs propres occupations : boire et fumer. Aucun n’avait levé la tête quand il était apparu. R s’assit donc dans le canapé en cuir vert et posa ses bottes noires sur la table basse. Il ferma les yeux et attendit que les hommes comprissent qu’il cherchait à être écouté. Peu à peu, le silence s’imposa et R posa alors la question qui brûlait ses lèvres.

- Qui est Sarah Sunday ?

Quelques hommes haussèrent les épaules, d’autres ne prirent même la peine de chercher à répondre à cette question. Mais le plus âgé de tous, un des plus anciens au sein de la mafia eut un petit rire.

- Sunday. Il y a bien longtemps que j’avais entendu ce nom ! Sarah Sunday était une gamine de traitres. Ils avaient tenté de rejoindre la France pour fuir le parrain. Humm, comme si c’était possible ! Leur plan avait été clair depuis le début et toute la famille, les dix membres, ont été assassiné. Sarah Sunday et ses parents ont violemment rencontré un camion qui bloquait une route à 80 mph. Quelle tragédie, finit-il sur un ton ironique.

Il ne s’agissait donc pas d’un accident. La mafia avait réglé le compte de ses traitres. Si même la Wammy’s House n’avait pas perçu cette précision, cela avait dû être fait dans la plus parfaite des discrétions.

- Sarah Sunday était encore en vie, annonça R.

- « Était », reprit le vieil homme.

- Elle a été tuée ce mardi, là où je loge.

Le vieil homme ne prit même pas la peine de répondre. Il savait que la prochaine question de R allait porter sur la culpabilité de la mafia dans cette histoire. Mais R poussa la réflexion encore plus loin. Il avait compris au regard du vieil homme, très bien placé dans la mafia, que celle-ci n’avait rien à voir avec le meurtre. Il venait de faire chou blanc une énième fois. R repartit donc du Love Pub sans pour autant être plus avancé.

 

Wammy’s House, salon principal, vendredi 18 janvier 1999, 05h45

 

 Il était de retour au point de départ. Physiquement comme mentalement. La veille, Watari entrait dans cette pièce pour les informer de la tragédie. La veille, il n’arrivait pas à déterminer par où commencer. Le lendemain, il n’en savait pas plus. C’était rageant. R était abattu par son incapacité à résoudre l’enquête. Il ne comprenait pas comment Watari avait pu placer autant d’espoirs en lui. Tout ce que Watari avait réussi à faire était de briser son égo, sa confiance en soi. Depuis son arrivée à la Wammy’s House, il n’avait presque pas progressé. À l’âge de sept ans, la conclusion aurait été la même. C’est-à-dire un échec. Il se sentait rabaissé. Watari avait considéré R comme l’un des meilleurs de l’orphelinat, l’avait classé au rang de O et de L pour au final ne rien obtenir. Il imaginait déjà la déception du vieil homme qui l’avait recueilli, qui avait placé tant d’espoirs en lui.

- Bah, mon chou, geignit une voix féminine, qu’est-ce qu’il t’arrive ?

R se retourna et vit la blonde et séduisante V. Elle arborait un visage si adorable, presque pur. Pourtant il savait qu’elle ne l’était pas. Derrière son maquillage et ses larmes se cachait la pire de toute la Wammy’s House.

- Je n’y arrive pas, répondit-il en montrant son dossier de recherches. Je ne pourrai pas la résoudre.

- Vraiment ? Je n’ai pas encore rencontré de difficultés de mon côté.

- Tout ce que j’ai fait depuis hier, c’est me confronter à des impasses. Si tu veux, je te passe mes recherches. Je n’en ai plus besoin. J’arrête. Je me barre.

- Oh non, mon chou. Tu nous quittes ?

- Ouais, mais avant cela il faut que j’affronte Watari, je lui ai donné rendez-vous ici. Je ne vais pas tarder à me prendre un savon.

- Tu vas me manquer. Appelle-moi si un jour tu veux qu’on fasse équipe.

- Tu sais aussi bien que moi que je ne le ferai pas.

- Alors trouve le moyen que quelqu’un m’annonce ta mort, si cela arrive. Tu es comme un petit frère pour moi.

- Je ne suis rien pour toi. Tu es la pire des pestes, tu sais. Tu as toujours joué avec moi. Tu as d’ailleurs toujours joué avec tout le monde.

- Peut-être bien, il n’empêche que tu vas me manquer, mon chou.

Sur ces mots, V prit le dossier et tourna les talons sans même lancer à R un regard d’adieu. Quelques minutes plus tard, la porte du salon principal s’ouvrit de nouveau. Le vieux Watari entra doucement, le regard vide. R en était certain, il savait déjà ce qu’il allait annoncer.

- Je vais vous quitter, prit-il tout de même la peine de prononcer.

- Je sais. Tu es resté plus longtemps que je ne croyais.

- Je n’ai pas atteint ce que vous me demandiez de faire.

- Au contraire, R, tu es parfaitement là où je t’attendais. Passe le bonjour à Paul pour moi.

R écarta grands les yeux. Watari était un vrai sorcier, il avait le nez partout et n’ignorait rien. Il n’aurait même pas dû être surpris. Il faisait toujours cela.

- Ton dossier, fit simplement le vieil homme en tendant l’épais classeur à son propos.

Sur la couverture du classeur était simplement écrit au marqueur : R – Adams.

- Adams ?

- Le nom de famille de tes parents. Si tu veux plus d’informations, regarde par toi-même. Je ne peux pas choisir pour toi, R.

- Qu’est-ce que vous pensez de Rocky Adams ?

- Rocky Adams ?

- Ma nouvelle identité. Vous en pensez quoi ?

- Elle te sied très bien.

Et ce jour-là, le 18 janvier 1999, entra un Rocky Adams dans la mafia londonienne…

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