mi Chien mi Loup
mi Chien mi Loup
Avertissement : Cette fiction est inspirée du roman Croc-Blanc.
Chapitre 1 : En Ville
Le Canada possède de fabuleux paysages. Au Nord-Ouest, une grande prairie s’étalait jusqu’au pied de la montagne la plus dangereuse du pays. Cette réputation venait des créatures qui résidaient là depuis des générations mais aussi, à cause des colères de la nature. Les hommes qui habitaient dans la ville la plus proche avait appelé cette haute montagne ; la « Main du Diable ». De nombreux hommes affirment encore qu’elle regorge d’hydrocarbures. Cependant, ceux qui ont essayé d’aller puiser cette ressource tant convoitée ne sont jamais revenu vivants. Cela faisait partie des légendes qui nourrissaient le site.
Les hommes n’étaient jamais retournés dans cette montagne, notamment à cause des dangers qui l’habitent. De plus, les loups occupaient le territoire et apparaissaient comme des démons aux yeux des humains. Ils saccageaient les poulaillers et tuaient le bétail des villageois. Les hommes ne savaient rien des loups, ils ne connaissaient pas les raisons qui les poussaient à agir de la sorte. Je vais vous raconter l’histoire que j’ai vécue ; la vraie vérité au sujet des loups de la Main du Diable…
Tout avait commencé une nuit de plaine lune. Il faisait si froid que la famille Lockart avait dû allumer la cheminée dans le salon. Diana, installée dans un panier près du feu, allait donner naissance à deux chiots : moi et mon frère Caramel. Notre mère était une magnifique chienne au pelage bleue argentée qui ne manquait pas de volonté. Ce fut une rude épreuve de s’occuper de nous en cette saison. Nous n’avons pas choisi la bonne période ; en effet, l’hiver s’éternisait anormalement à en croire le vendeur de la petite épicerie du coin. C’est pourquoi, mon frère et moi n’étions jamais sortis de la ferme jusqu’à l’âge de deux mois et demi. Tout ce temps, je voyais ma mère partir en promenade avec notre maître et en les attendant, je jouais avec mon grand frère, occupant le temps qui défilait.
Ma première sortie, jamais je ne l’oublierai. Monsieur Lockart me posa un collier en cuir autour de mon petit cou. Pas habitué, je tentais par tous les moyens de m’en dépêtrer. Il en mit un également à mon grand frère. Puis, il nous attacha à l’aide d’une laisse qui avait le pouvoir d’empêcher qu’on s’éloigne de lui. Tellement occupé à me battre contre ce collier, j’en oubliais le reste. Une fois ma crise estampée, j’aperçu que j’étais à l’extérieur. Je fus tout excité par le monde inconnu dont je faisais face. Caramel devait être dans le même état d’esprit que moi. J’aimais sentir le doux vent sur mon poil et la caresse de l’herbe fraîche du matin; c’était agréable. On suivit Monsieur Lockart, tout joyeux. Je fus surpris par un grand animal robuste aux pattes touffues. Celui-ci me dévisagea comme si j’étais insignifiant pour lui. La peur me fit aboyer instinctivement quand soudain, M. Lockart me porta dans ses bras pour me déposer à l’avant d’une charrette. Caramel, tant qu’à lui, fut posé à l’arrière. Notre maître s’assit à mes côtés et pris les rênes qui servaient à conduire. Nous allâmes jusqu’en ville.
Le paysage changeait de notre petite ferme au pied de la montagne. Ici, tout avait l’air plus animé ; des humains allaient et venaient sans cesse. Alors que nous descendions du bois-roulant, un de nos semblables croisa notre route. Il était petit, un Bichon. Content de faire de nouvelles connaissances, je l’aborde d’un aboiement. Celui-ci me regarda alors et prit la fuite, comme apeuré. Je ne compris pas sa réaction et suivis le maître, accompagné de Caramel. Nous entrions dans une petite échoppe où quelques vieilleries respiraient la poussière sur des étagères. Je sentis une odeur alléchante qui venait des placards. Alors que M. Lockart discuta avec la dame au comptoir, je forçais l’entrée de la petite armoire basse d’où provenait la senteur de biscuits. A l’aide de mes ongles, je grattais le bois, mordillais avec mes crocs pour arriver à mes fins. Ce remue-ménage attira mon frère Caramel.
- Qu’est-ce que tu fais, Nougat ?
- Cela sent les petits gâteaux par ici, lui informais-je.
- Mais ce n’est pas bien de voler, frérot…
- C’est pour la bonne cause, mon ventre cri famine depuis qu’on est parti.
Caramel ne comprenait pas pourquoi je persistais à désobéir aux règles de la maison. Notre mère, Diana, nous avait appris le respect et la politesse. Elle refusait et désapprouvait le vol et la violence. Malgré les valeurs qu’elle nous avait transmises, une partie de moi ne pouvait s’empêcher d’aller à l’encontre de ces principes. Par contre M. Lockart qui jeta un œil sur moi, n’approuva pas mon acte et tira d’un coup sec sur la laisse qui me reliait à lui. Un fin couinement s’échappa de ma gueule. Pourquoi en faire toute un plat pour un simple paquet de biscuits ? En ressortant de la boutique, une fille miniature s’approcha de moi. Elle portait une loque trouée en guise de vêtement. Ses cheveux en bataille étaient sals. Son visage plein de crasse, elle souriait en tendant les mains vers le maître. Elle lui suppliait une petite pièce, mais M. Lockart ne lui donna rien. Je vis alors la petite enfant s’en aller tenter sa chance ailleurs. Je lançai un regard peiné que Caramel compris. Pauvre fillette.
Nous avancions, découvrant différents coins, tous similaires par leur pauvreté et leur boiseries. Des agissements provenaient d’un pub à cent pas. Le maître se dirigeait vers là, nous aussi par la même occasion. La curiosité nous appelait. Une foule d’humains était rassemblée autour d’une sorte d’enclos sécurisé. J’entendis des grognements, comme si une violente bagarre avait lieu. Je n’étais pas assez grand pour voir par-dessus la rempare, mais cela devait saigner à l’intérieur. L’odeur du sang mélangé à celle de l’alcool envahissait ma truffe. Des bouteilles brisées, des canettes renversées trainaient ici et là. Il y en a même qui brandissait leur bière en l’air comme pour fêter un évènement. Des cris d’encouragement, et des cris de déception s’entremêlaient. Caramel avait le même problème que moi, nous ne pouvons assister au supposé spectacle. Comparé à tous ces hommes ivres et acharnés, nous devions être les seuls si calmes et inquiets.
Après quelques minutes, une cloche résonna et annonça la fin du duel. La foule se divisa en deux ; les vainqueurs et les perdants. Le maître avança vers la droite du ring, où une porte s’ouvrit laissant passer un homme heureux tenant un chien enragé aux yeux rouge d’énervement. Celui-ci effraya Caramel qui plissa les oreilles en arrière. Il y avait de quoi, ce monstre avait les muscles qui ressortaient de son poitrail énorme. Sa gueule ensanglantée laissait échapper de la bave à cause de toute cette excitation. Je ne pouvais m’empêcher de remarquer toutes les cicatrices qui recouvraient son corps massif. Il semblait avoir l’habitude de se battre à sang. Dès lors qu’il se mit à nous croiser, il nous dévisagea comme deux avortons.
- Ce n’est pas un endroit pour vous les mioches, nous prévint-il.
- Tu t’es battu contre qui ? m’intéressais-je avec curiosité.
- Ce minable Boxer, me répondit le gros molosse. Il a osé se mesurer à BIG-Boss.
Il pointe son museau en direction d’un autre chien, salement amoché. Mon visage se crispe à la vue du Boxer dans un état critique. BIG-Boss repartit, et nous nous approchons du perdant. Son propriétaire l’avait placé sur un chariot en bois ; il ne pouvait plus tenir debout. Du sang recouvrait son pelage si souillé. Des entailles à sa gorge le rapprochaient de la mort. Caramel s’empressa de lui demander :
- Pourquoi vous battez-vous ?
- Ce sont les règles, combattre pour survivre… explique le Boxer avec beaucoup de mal.
- Mais il t’a presque tué ! lui aboie-je avec colère.
- Le monde est cruel… quand nous sommes… esclaves des hommes, la mort n’est pas loin… nous dit-il avec tristesse.
Les yeux du malheureux se voilent progressivement. Je sentis Caramel trembler, son regard terrifié me mettait tellement en rage et en colère. Jamais je ne laisserai mon frère se faire abattre de la sorte. Etant pourtant le plus grand de nous deux, il avait un petit cœur tendre et détestait cette violence. Il était du genre pacifique et amiteux. Pour cela, il tenait vraiment de notre mère. Je l’admirais malgré mon comportement plus téméraire et impulsif. Lockart nous sortit de cet endroit infâme et nous respirions à nouveau l’air frais. Il se pencha vers nous.
- Vous deviendrez de redoutables chasseurs, nous affirme-t-il.
Caramel aboya positivement tandis que je hochai la tête. Que voulait-il que nous chassons ? Les lapins, ou peut-être les poules de la ferme ? Le maître se mit à nous expliquer ce qu’était la cause de tant de pauvreté.
- Les loups sont de plus en plus nombreux. Et le pire, c’est qu’ils n’ont pas peur de venir jusqu’ici dans la ville pour semer la pagaille. Ce sont des démons et votre devoir sera de les éliminer.
Je n’eus pas compris le sens de ses mots. Je me laissais distraire par les pigeons pendant que Caramel acquiesça les dires du maître. Il nous caressa le haut du crâne et nous retournions à la ferme.