Baba Yaga de Conseil Municipal de la Ville N

Chapitre 1 : Baba Yaga de Conseil Municipal

Chapitre final

3939 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a 6 mois

Un conte utopique franco-russe à tendance écologique.

 

La première réunion de l'année du conseil municipal de la petite ville N..., comptant cinq mille habitants et située au cœur des Vosges, venait de débuter. Elle était présidée par la mairesse nouvellement élue, Babette Yaginski. Les conseillers municipaux discutaient entre eux, créant un brouhaha ambiant, pour attirer leur attention, la mairesse tapota avec son stylo sur le verre posé devant elle, s'éclaircit la voix et prononça :

-      Je déclare la première réunion du conseil municipal ouverte. J'ai plusieurs nouvelles à vous communiquer, certaines ne sont pas bonnes et d'autres sont pires. Voulez-vous que je commence par les mauvaises ou les très mauvaises ? Je garderai l’unique bonne nouvelle pour la fin.

Le vieillard alerte assis à la droite de Babette soupira :

-      Commençons par le pire, je crois savoir de quoi il s'agit.

Madame Yaginski plissa ses yeux noirs et envoûtants, ajusta ses cheveux aile-de-corbeau rassemblés en un chignon sophistiqué, puis déclara :

-      Notre médecin le seul et l'unique, elle inclina légèrement la tête vers son voisin, prend sa retraite bien méritée après un demi-siècle de bons et loyaux services auprès de la population de notre ville et de ses environs. Et il n'a trouvé personne pour prendre la suite.

L'assemblée fut parcourue d'un murmure de consternation et de désapprobation, mais Babette l'interrompit d'un geste impatient de la main et poursuivit :

-      Notre ville, bien que paisible et belle, ne parvient pas à attirer les foules. Au cours de l'année, nous ne perdrons pas seulement le médecin, mais aussi le boulanger qui prend sa retraite également. De plus, la supérette a fermé le mois dernier faute de repreneur, et la pharmacie cherche désespérément un successeur. L'école primaire risque même de disparaître si nous ne parvenons pas rapidement à faire venir habiter ici de nouvelles familles nombreuses. Sans oublier les "petits" désagréments, comme les routes remplies de nids-de-poule et un éclairage public datant du siècle dernier.

La mairesse but une gorgée d'eau, leva le doigt et esquissa un sourire qui, à y regarder de plus près, avait quelque chose de prédateur.

-      Néanmoins, j'ai une bonne nouvelle ! Feue baronne M, se remémorant ses vacances de jeunesse passées ici avec son Bel Ami, et n'ayant pas d'héritier, a légué une somme de trois millions d'euros à notre ville. Sur son testament nous sommes d'ailleurs en bonne compagnie, les sommes équivalentes vont à la SPA et aux chiens guides d'aveugles.

Un murmure d'allégresse s'éleva et les conseillers échangèrent des sourires de soulagement, commençant déjà à échafauder des plans napoléoniens qui furent tués dans l'œuf par les paroles suivantes :

-      À condition que nous affections ces fonds intégralement à la construction d'une piscine municipale. La baronne était une grande sportive et non moins grande originale…

« Les routes, la mairie, l'éclairage, la maison de santé », les conseillers exprimaient leur mécontentement et leur indignation, mais à chaque proposition outrée, la mairesse répondait avec un calme olympien : « La piscine ».

La construction de ce que le jeune maître d'école participant à la réunion en tant que secrétaire, qualifia de « superflu aquatique », fut approuvée à l'unanimité. Le secrétaire d'un jour le consigna dans le compte rendu en jetant un regard désapprobateur à la mairesse et en murmurant entre ses dents : « Sorcière ».

 

Et il n'aurait pas pu mieux dire.

La mairesse, ancienne avocate d'une quarantaine d'années, une femme d'une beauté remarquable avec des yeux et des cheveux magnifiques ainsi qu'une voix envoûtante était en réalité une véritable sorcière. Bien qu'elle se considérât comme "l'inspirée" et que ses collègues du barreau et du conseil municipal la surnommaient affectueusement "Harpie", elle était en fait une Baba Yaga (1) héréditaire.

 

Son arrière-grand-mère était originaire de la région la plus mystérieuse de Sibérie, l'Altaï, connue pour la beauté de sa nature, ses montagnes, ses cascades, ses forêts, ses tombeaux et ses monuments remontant souvent à la période néolithique. Cette contrée s'était toujours prévalue de puissants chamans et sorciers. Bref, la bisaïeule de Babette était une sorcière de village, une Baba Yaga.

Cependant, elle ne ressemblait en rien à l'image véhiculée par les contes pour enfants : elle n'était ni vieille ni laide, elle ne volait pas sur un balai, ne cuisait pas les enfants dans son four pour les manger, ne faisait pas mourir le bétail par la magie, et n'habitait pas dans une maison juchée sur des pattes de poulet.

Rien de tout ça. Elle voyageait à cheval, habitait une belle maison en bois et connaissait tout des maladies des humains et des bêtes. C'était elle qui recueillait le premier cri d'un nouveau-né et le dernier soupir d'un vieillard. Herboriste et guérisseuse, elle était également celle qui communiquait avec les esprits des lacs et des forêts. Au village, elle était respectée, aimée et un peu crainte, même par le prêtre de la petite église orthodoxe, qui ne répugnait pas à l'occasion de recourir à ces services.

Mais voilà que la Grande Révolution d'octobre arriva, et Yaga comprit très rapidement que si son existence était bien tolérée dans la Sainte Russie Orthodoxe, dans l'État des travailleurs et des paysans qui répétaient après Marx que la "Religion est l'opium du peuple" et promettaient d'édifier le paradis sur terre, survivre serait bien plus difficile. Le jour où on l'avait appelée « Camarade », elle prit la poudre d'escampette et, après un long voyage, s'installa à Paris, où elle ouvrit un Salon de Voyance qui, lors des années folles devint rapidement très à la mode et prospère.

Malheureusement, loin des montagnes et des forêts de son Altay natal, le don de Yaga s'éteignit. Elle ferma son Salon, épousa un chauffeur de taxi, qui était accessoirement Baron en exil et son compatriote. Elle eut trois filles et douze petites-filles en qui le don ne se révéla d'aucune manière.

Elle perdit presque l’espoir que son héritage de sorcière se perpétue, jusqu'à la naissance de Babette qui devint rapidement sa préférée. C'était à Babette que Yaga racontait les histoires de magie, lisait les contes populaires, et même offrit son Livre des Esprits pour le dix-huitième anniversaire.

 

À première vue, Babette ne se distinguait en rien de ses camarades, que ce soit dans les jeux, les études ou plus tard au travail.

Cependant, en y regardant de plus près, on constatait que Babette ne se perdait jamais dans les forêts ou sur les sentiers des montagnes, alors qu'en ville elle était incapable de trouver le plus proche accès au métro sans utiliser un GPS. Elle savait instinctivement reconnaître les champignons comestibles et pouvait les trouver même dans le jardin du Luxembourg, en plein cœur de Paris. Elle nageait avec une aisance naturelle, comme un poisson, sans avoir suivi de leçons. Elle était capable de détecter la présence d'une personne malade à cent mètres, ce qui lui avait permis de traverser sans encombre la période de la COVID.

Dans son travail d'avocate, elle avait un flair aiguisé pour identifier les affaires gagnantes, même lorsque ses collègues les jugeaient désespérées. Elle s'en chargeait et les menait à bien.

C'était en récompense de ces services lors d'un procès qui semblait voué à l'échec, mais où elle remporta une victoire éclatante, que Babette reçut, en plus de ses honoraires déjà très élevés, un chalet au cœur des Vosges, non loin de la ville N. Sa vie prit alors un tournant inattendu.

***

Madame Yaginski, peu après la fête de Nouvel An, se rendit dans les Vosges pour inspecter ce cadeau inattendu et… n’en repartit plus jamais.

Dès qu'elle pénétra dans le chalet, elle eut le sentiment d'être enfin chez elle ; tout lui agréait, de l'odeur de bois que dégageaient les murs en rondins, à l'ameublement rustique, en passant par la grande cheminée à l'ancienne, et surtout la pinède sombre et majestueuse qui entourait son habitation. Elle sortit de la maison pour humer le délicieux parfum de la forêt et fut surprise de voir un homme hirsute, étrangement semblable à une pomme de pin, se jeter à ses pieds en proférant des paroles décousues, entrecoupées de baisers vigoureux appliqués sur les bouts des après-skis de Babette.

-      Notre petite mère, enfin ! (Smack) Je ne croyais plus voir venir ce jour bénit ! (Smack) Nous tous, on pensait que vous êtes perdue pour nous à tout jamais ! (Smack, Smack).

Babette sauta en l'air en éloignant promptement ses extrémités des lèvres baladeuses de l'énergumène et s'écria :

-      Qui « nous tous » ? Et vous, qui êtes-vous, que diantre. (Et oui, notre honorable avocate était un peu vieux jeu).

-      Comment ça, qui suis-je ? Leschiy (2) je suis, esprit gardien de ce bois, Dubois, si vous préférez. Et nous tous, c'est...

Il se leva et commença à énumérer en pliant soigneusement les doigts pour souligner ses propos :

-      Ma petite mère, nous sommes nombreux ! Le Vodyanoy, esprit des eaux et ses filles, Vodyanitsi ou Ondines. Beriguinia, la fée des berges des cours d'eau, protectrice des voyageurs. Kikimora, esprit espiègle et maléfique. Gamayun - oiseau pythie à la tête de femme. Tous les petits esprits du foyer, du Domovoy (3) au Bannik (4). Et bien d'autres encore.

-      Tu es donc Leschiy, celui qui égare les promeneurs et les fait se perdre dans la forêt ? fit preuve de connaissances de la mythologie slave Babette, tout en décidant de ne s'étonner de rien pour le moment.

Le petit bonhomme outragé, leva les bras au ciel et déclara, faisant rire aux larmes son vis-à-vis :

 -      Menterie éhontée ! Accusation non fondée ! Je demande la révision de mon procès ! Je sauve les égarés dans la forêt ! Je ne perds que ceux qui laissent derrière eux les déchets des pique-niques et les bouteilles vides en plastique ! Ou ceux qui parsèment ma forêt de mégots mal éteints ! Savez-vous combien de temps il faut pour qu'une bouteille ou un sac en plastique se désagrège ou combien de feux de forêt sont provoqués par des mégots ? Si je dois travailler au ramassage des ordures, j'ai quand même le droit à des petites satisfactions !

Yaga essuya les yeux et s'enquit :

-      Mais comment vous tous vous êtes retrouvés ici ? Si loin de la Russie ? Leschi..Lech..Lex...C'est positivement imprononçable ! Je vais t'appeler Alex, Alex Dubois, cela sonne bien !

À mesure qu'elle parlait, l'étrange petit homme subit une métamorphose étonnante : il grandit, se redressa, ses épaules s'élargirent, son visage ravagé se redessina pour devenir plus humain, voire viril, taillé à la serpe, et sa veste en pomme de pin se mua en un manteau de fourrure.

Babette, observant avec émerveillement tous ces changements, finit par dire :

-      Ah ! Voilà qui est bien mieux, tu ressembles maintenant au vrai garde forestier ! Mais je commence à avoir froid ! Allons chez moi !

Voyant son interlocuteur hésiter sur le pas de la porte, elle se souvint des histoires que sa bisaïeule lui avait racontées à propos des esprits. Pour qu'ils entrassent dans l'isba, il fallait les inviter officiellement en s’inclinant profondément et en prononçant cette formule :

-      Entrez dans ma maison, soyez mon invité, goûtez mon pain, réchauffez-vous à mon feu.

Dubois, fraîchement nommé, répondit en passant le seuil :

-      Que la paix règne en ce foyer, que la joie emplisse les cœurs des hôtes, et que leur table ne manque jamais de nourriture !

Après avoir accompli toutes les formalités, ils s'installèrent autour du samovar pour poursuivre leur conversation en buvant un thé parfumé avec du miel, le pot de cette substance merveilleuse se retrouvant, de manière miraculeuse, dans la poche de l'invité.

-      Alors, je suis toujours curieuse de connaître la cause de votre présence en ces lieux.

-      Petite mère, c'est très simple, nous avons suivi notre Yaga, car sans elle nous étions comme des orphelins. Mais nous nous sommes égarés en chemin, et cette contrée nous a attirés par sa beauté et son histoire millénaire. Nous avons tenu conseil et avons décidé d'attendre ici que notre Yaga nous retrouve... Et aujourd'hui c'est enfin arrivé ! Attendez, d'ici peu le pèlerinage vers votre maison va commencer, j'ai eu la chance d'être le premier, mais les autres ne vont pas tarder.

***

Le forestier avait vu juste, comme s'il avait consulté une boule de cristal ou possédait un don de voyance. Dès le lendemain, tous les esprits se présentèrent et tous avaient des doléances à formuler.

Les esprits de l'eau se plaignaient de la pollution des lacs, des berges et des rivières environnantes, montrant les brûlures chimiques qui parsemaient leurs corps. Les entités protectrices des maisons étaient attristées par la désertification des villes et des villages, n'ayant que peu de gens à protéger et ne recevant aucune reconnaissance, ce qui les affaiblissait. Même les petits esprits malveillants et farceurs étaient déçus de n’avoir presque personne à effrayer.

 

Alors, Yaga, en vraie avocate et défenderesse des causes désespérées, releva métaphysiquement les manches et se mit au boulot pour résoudre les problèmes. Au début elle rebaptisa ses invités, pour plus de commodité.

Vodyanoy devint Vlad Dulac, ses filles Vodyanitsi - Marine, Océane, Delphine, Ondine, Naïa Dulac. Beriguinia - Edmonde Desberg. Kikimora - Kylie Vasypeur. Oiseau Pythie Gamayun - Cassandre Corneille. Et tous les esprits des foyers se virent, également, attribuer des noms de famille comme Demaison, Dujardin, Desbains et même Depoule et Elbeuf.

Elle observa avec satisfaction les transformations qu'ils subirent, tous adoptèrent une apparence plus conventionnelle et admise dans la société et Vodyanoy, réussit une performance peu commune à se muer en un maître-nageur athlétique, chéri des dames.

***

Babette Yaginski mit tout son charme de sorcière, toutes ses incantations, tous ses pouvoirs magiques nouvellement retrouvés et toute sa réputation d'avocate intègre au service de son unique but : devenir maire de la ville N, située à proximité de sa maison, ce qui lui permettrait d'avoir des coudées franches et d'agir de la manière la plus efficace.

Rapidement, elle devint une figure centrale et emblématique, reconnue et saluée dans les rues, toujours prête à aider son prochain avec bienveillance, que ce soit par ses conseils ou ses actions. Aux élections municipales, elle remporta le plus de voix, et même son adversaire, bien que de mauvaise grâce, reconnut qu'elle était digne de cette charge en ces mots : « Les ploucs de cette ville ne méritent pas mieux pour maire qu'une harpie dans votre genre ! »

 

***

Yaga se mit au travail, épaulée de leurs mieux par ses aidants surnaturels. En premier lieu, elle fit construire une piscine sur les fonds hérités de la baronne M, passons sous un silence respectueux la quantité d'effort et de magie que cet héritage et la clause piscinière lui avaient demandés.


Comme il se devait, la piscine nommée Miraculeuse accueillit Vlad Dulac en tant que directeur et maître-nageur, ainsi que ses filles en tant que monitrices d'aquafitness. La Miraculeuse devint rapidement l'attraction la plus populaire de la ville N et des localités environnantes, et ce pour de bonnes raisons.

Les utilisateurs étaient fascinés par la beauté des filles Dulac et la musculature de maître-nageur, mais tous s'accordaient à dire que la piscine elle-même était vraiment merveilleuse. Ceux qui venaient pour perdre du poids maigrissaient, et ceux qui voulaient se muscler ressortaient avec des « tablettes de chocolat » après quelques séances. Les personnes âgées qui suivaient les cours de fitness paraissaient rajeunir de dix ans. De plus, l'eau n'avait pas l'odeur du chlore, mais plutôt cette senteur particulière qui a le lac par une chaude journée d'été.

Cette performance s'expliquait simplement par la composition équilibrée du liquide dans le bassin, fait à parts égales d'eau Vive et d'eau Morte (5) et par la présence des entités lacustres bienveillantes.

 

Elle obtint ensuite des fonds pour embaucher Leschiy Alex Dubois en tant que professeur d'éducation physique et d'enseignement moral et civique. Les élèves sortaient de ses cours d'EPS en excellente forme et en pleine santé.

Après les leçons civiques, qui étaient loin d'être formelles et ennuyeuses, les enfants rapportèrent dans leurs foyers respectifs des connaissances approfondies sur le respect de la nature et le bon comportement en forêt. Un peu plus étrange fut l'exigence des gamins de placer pour la nuit devant les cheminées une soucoupe de lait et du pain frais, ainsi que leur tendance à remercier chaleureusement quelqu'un d'invisible pour le bonheur de vivre dans une maison si accueillante.

 

Mais le plus étonnant ce qui pétrifia littéralement les parents fut le fait que leur chère progéniture ne passait plus son temps le nez dans les smartphones ou les tablettes, mais allait jouer dehors ou, chose incroyable, lisait ! Les livres détrônèrent même les jeux vidéo sur les listes de Noël !

 

La pharmacie ferma finalement ses portes, mais les locaux ne restèrent pas vacants longtemps. Une herboristerie s'ouvrit à la place gérée avec succès par les dames Desberg et Corneille. Les feuilles, racines, germes et fleurs séchées qu'elles vendaient remplacèrent avec succès les médecines traditionnelles. Tous ceux qui buvaient les tisanes de leur fabrication affichèrent une santé insolente quel que soit leur âge.

 

La boulangerie fut reprise par Monsieur et Madame Demaison, et leur pain, bien que de forme et de composition inhabituelles, fut grandement apprécié par tous les habitants de la ville N, devenant même très populaire dans les bourgs et les villages environnants.

 

Le couple Depoule redonna vie à la supérette, n'y proposant que des produits alimentaires bio à des prix très abordables.

 

La mairie connut également des changements, avec l'arrivée de Madame Vasypeur à l'accueil, qui avait l'œil aiguisé pour repérer les visiteurs venus uniquement pour faire de la bringue à la Mairesse et non pour une affaire importante. Ces importuns non seulement ne parvenaient pas à passer le barrage créé par Vasypeur, mais, en plus, emportaient avec eux de petites et néanmoins désagréables malédictions. En conséquence, Yaga ne fut plus dérangée par les oisifs et put se consacrer aux activités réellement essentielles.

 

La ville N connut une prospérité grandissante et acquit la réputation d'être un endroit agréable à vivre, où les habitants figuraient parmi les plus heureux et les plus longévives des Vosges, voire de toute la France. En l'espace de deux ans, sa population passa de cinq à dix mille habitants, atteignant ainsi un seuil optimal. Pour faire face à cet afflux de nouveaux arrivants, dont plusieurs avaient des enfants en âge scolaire, non seulement l'école primaire resta ouverte, mais un collège fut également créé. Le collège où tous les élèves, sans exception, demandèrent à suivre des cours de russe comme première langue étrangère. (Bizarre, n'est-ce pas ?)

***

Épilogue

 

10 ans plus tard.

 

La première réunion de l'année du conseil municipal de la petite ville N..., située au cœur des Vosges, venait de débuter. Elle était présidée par la mairesse réélue à majorité écrasante, Babette Yaginski. Celle-ci sourit et salua les membres du conseil municipal : Leschiy - le garde forestier Dubois, Vodyanoy - le directeur de piscine Dulac, Vodyanitsa - la monitrice de natation Ondine Dulac, Domovoy - le boulanger Demaison, Beriguinia - l'herboriste Desberg et Kikimora - Madame Vasypeur, chargée de prendre les notes et de rédiger le compte rendu.

La mairesse tapota avec son stylo le verre posé devant elle, s'éclaircit la voix et prononça :

-      Je déclare la réunion du conseil municipal ouverte. J'ai plusieurs nouvelles à vous communiquer, des bonnes et des excellentes. Par lesquelles je commence ?


***

 

Cette utopie vous semble tentante ? Dans ce cas, vous savez ce qu'il vous reste à faire : inviter Baba Yaga à gérer votre ville. ;-)

 

FIN



  1. La Baba Yaga - est une figure emblématique de la mythologie slave. Elle est la personnification féminine surnaturelle la plus récurrente dans les contes folkloriques, n'ayant pas d'équivalent dans les folklores d'autres pays. Les folkloristes ont proposé diverses interprétations, la décrivant tantôt comme une divinité chasseresse, tantôt comme une simple sorcière de village. On dit également qu'elle est la gardienne de la fontaine de l'Eau Vive et de l'Eau Morte.
  2. Leschiy - dans la mythologie slave, l'esprit maître de la forêt. Il peut faire perdre dans les bois les voyageurs imprudents ou irrespectueux. Leschiy est l'un des personnages mythologiques slaves les plus populaires.
  3. Domovoy - chez les peuples slaves, l'esprit du foyer, assurant une vie de famille agréable, la fertilité et la santé des personnes et des animaux domestiques. Il était d’usage de lui laisser du lait et du pain frais et de lui dire merci pour ses bon soins.
  4. Bannik - l'esprit des bains dans la mythologie slave, résidait dans la petite cabane adjacente où les habitants venaient se laver. C'est un esprit domestique. Cependant, contrairement à Domovoy qui est bienveillant, Bannik ne l'est pas du tout et peut parfois ébouillanter les baigneurs ou les effrayer avec des bruits étranges.
  5. Eau Vive et Eau Morte - Dans les contes slaves, on retrouve fréquemment la présence de l'Eau Vive et de l'Eau Morte. Selon le folklore, l'Eau Morte n'était pas mortelle, mais au contraire, lorsqu'elle était combinée à l'Eau Vive, elle permettait non seulement de guérir les blessures, mais aussi de ramener les morts à la vie.


Laisser un commentaire ?