Étrange noël d'un dinosaure ailé
Chapitre 1 : Étrange noël d'un dinosaure ailé
3598 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 27/10/2024 10:46
Cette fanfiction participe au Défi d'écriture du forum de fanfiction.fr de Novembre-décembre 2024 : Briser la glace.
Dans ce conte, braves gens,
Dragon horrible est présent
Un scientifique, un chevalier
Et une princesse pour compléter.
Pour pas tomber en pastorale
Cette fable en prose a une morale.
***
Il était une fois entre la mer et la montagne un royaume de cocagne. Le pays était prospère : des récoltes abondantes, des troupeaux prolifiques et des habitants pas plus malheureux qu'ailleurs. Une vraie contrée de conte de fées, dirigée par le Roi, Sa Majesté Géorgue 150ème. Pourquoi cent cinquantième ? Et bien, depuis le début de sa lignée tous les rois portèrent le nom de Géorgue suivi d'un numéro, évitant ainsi le devoir de refaire le grand sceau royal à chaque nouveau couronnement. Il suffisait de changer le chiffre et le tour était joué.
Le Cent cinquantième, à l'instar de ses sujets, n’était pas plus malheureux qu'un autre. Il était marié. Son épouse, une femme à la santé d’acier et au caractère bien trempé, lui donna quatre enfants, trois filles et un fils. Les filles bénéficiaient d'une éducation digne des princesses de conte et le fils apprenait la gestion de royaume pour pouvoir dans l’avenir porter dignement le titre de Cent cinquante et unième.
Mais un jour, cette torpeur somnolente fut brisée par l'arrivée d'un redoutable dragon à trois têtes, venant d'un lointain pays, au-delà des océans et des monts, pour semer la peur et la destruction. En résumé, pour agir en vrai dragon. Il égorgea quelques vaches, incendia un champ, pour ensuite s'installer, avec la satisfaction du devoir accompli, dans une grotte sur le flanc est de la montagne.
Il faudrait préciser, qu’il n'exigea jamais le sacrifice des quarante vierges, et c'était tout à son honneur. En revanche, pour préserver sa réputation et son prestige, il enleva l'aînée des princesses, la demoiselle Aude, et quelques jours plus tard, pilla entièrement le trésor royal, volant tout l'or et toutes les pierres précieuses qu'il contenait.
Si le kidnapping de sa fille ne chagrina pas outre mesure Sa Majesté Géorgue, qui avait deux autres princesses en réserve, la perte de la trésorerie le bouleversa profondément et le mit en rage folle. Et pour résoudre ce problème, comme tout dirigeant digne de ce nom, il agit en conséquence en créant une commission.
La commission, formée des ministres et des conseillers du roi, se réunit durant trois jours. Le premier jour ils se querellèrent pour décider comment se placer à table lors des réunions : selon la noblesse, le grade ou l'implication. Le deuxième ils en vinrent aux mains à propos de la même question. Et le troisième, après que le Cent Cinquantième tapa du poing sur la table de la discorde, ils s'attaquèrent enfin à la recherche de solution à cette déplorable situation.
Après des longs débats et délibérations la commission décida de faire appel à la population et notamment aux chevaliers. Ces derniers, actuellement, mangeaient le « pain des contribuables » sans pour autant s'acquitter de leur devoir de protéger les veuves et les orphelins. Bien que la princesse ne fût pas veuve et encore moins orpheline, cette tâche noble leur incombait de droit.
Ils convoquèrent un scribe et s'attelèrent à la rédaction d'appel au peuple. Le roi commença à dicter le texte suivant :
« Oyez, Oyez, les braves gens,
Les chevaliers et les manants !
Laissez de suite vos affaires,
Vos familles et vos terres.
Venez votre royaume aider
Et le dragon exterminer !
Nous, Géorgue, cent cinquantième du nom, récompenserons généreusement celui qui libérera notre fille, la princesse Aude, des griffes du dragon ignoble et rapportera notre trésor. Qu’il soit noble ou paysan, riche ou pauvre, nous lui donnerons notre fille Aude en mariage (« en voilà une de casée », pensa le roi) et la moitié de notre royaume... »
- Votre majesté, cela n'est point possible, intervint le garde des Sceaux, le décret promulgué par Géorgue vingt-sixième du nom, stipule : « notre royaume ne peut être fractionné d'aucune façon ».
Le Roi leva les yeux au ciel dans une prière muette de lui donner de la patience et proposa :
- Un quart ?
Le garde des Sceaux soupira :
- Même objection...
- Alors un château avec les terres avoisinantes ?
Un autre participant, le ministre chargé du plan de l'occupation des sols, se leva pour annoncer :
- Nous n'avons pas, à l’heure actuelle, des châteaux en déshérence...
- Mais nous pouvons en libérer un, en guillotinant tous les occupants comme des félons et des traîtres, se frotta littéralement les mains le ministre de l'intérieur.
- Non ! Hurla Sa Majesté Géorgue. Une maison ! Une maison de ville avec jardin, nous avons, au moins, ça ?
- Oui, en plein centre-ville, la maisonnette avec le jardinet où nous logeons parfois les serviteurs de vos invités de marque, sourit le maire de la capitale.
- Parfait, crissa des dents le Roi, reprenons :
« Nous lui donnerons notre fille Aude en mariage et une maisonnette avec un jardinet, en plein centre de notre capitale, bénie de dieux. Également, il aura un emploi de notre conseiller royal... »
- Impossible, Votre Majesté, chuchota un homme discret, vêtu de noir, assis dans l'ombre au fond de la salle, votre conseiller c'est moi...
Sa Majesté Géorgue, le cent cinquantième du nom, compta mentalement jusqu'à dix, d'abord dans l'ordre croissant, puis dans l'ordre décroissant, et ensuite poursuivit :
« Un emploi à la cour, et un traitement suffisant pour subvenir à ses besoins et aux ceux de notre fille. »
Et ajouta dans son for intérieur « Avec la possibilité de compléter ce traitement par maints pots-de-vin ».
***
Bien que ce fût le 24 décembre, la veille de Noël, les messagers se dispersèrent dans tout le royaume pour porter à la connaissance du peuple l'appel de Sa Majesté le Roi.
Tous les chevaliers de royaume..,quelques chevaliers de royaume..., pour être plus précis un seul chevalier, le troisième fils d'un baron sans le sou, se porta volontaire pour accomplir cette noble mission. En fait, « se porta volontaire » est un tantinet exagéré.
En vérité, ça se passa comme dans tous les contes :
Le baron a trois garçons :
L’aîné intelligent et bon,
Le second en tout moyen,
Le cadet un vrai vaurien.
Donc, le baron tira son fils cadet Jeannot, surnommé le Benêt, de la table en le tenant par l'oreille et en lui conférant de l'accélération par un coup de pied bien placé, lui ordonna :
- Jeannot, va combattre le dragon et libérer la princesse ! Car, moi je n'ai pas les moyens de te nourrir jusqu'à la fin de tes jours, et toi, tu es absolument incapable à faire quoi que ce soit d'utile, donc je pense qu’un emploi à la cour te conviendra parfaitement. De plus une maisonnette en ville est une vraie aubaine.
Jeannot en se frottant tour à tour l'oreille et les fesses pour soulager la douleur, chuchota à peine audible :
- Une aubaine… Avec une princesse pourrie gâtée en prime. Et je ne parle même pas de dragon...
- Tu as dit quelque chose ? Je n'ai rien entendu, grommela son père. En route, « preux chevalier » !
Le Benêt revêtit donc l'armure, héritée de son arrière-grand-père, enfourcha son canasson, qui, sans être aussi ancien que le reste de l'équipement, néanmoins ne brillait pas ni par la santé, ni par l'agilité, ni par la jeunesse, et se dirigea vers la montagne, dont les cimes enneigées brillaient dans le lointain.
D'après la sagesse des anciens, « Le conte est bref, l'action prend du temps ». Cependant, rapidement où lentement, le preux chevalier sans peur et sans reproche, parvint finalement au pied de la montagne et entama l'ascension par un sentier escarpé, qui devenait de plus en plus accidenté et verglacé à mesure qu'il montait.
Sa rossinante commença à boiter, puis à trébucher et pour finir, elle chuta violemment sur le sol gelé. La tête du preux heurta une pierre aiguisée et l'âme de chevalier sans peur et sans reproche, ne pouvant tolérer un tel affront, s'envola vers un monde meilleur.
***
Au même moment, dans une galaxie lointaine, plus précisément dans le Superamas de Laniakea, Superamas de la Vierge, Groupe local, Voie Lactée, Bras d'Orion, Système solaire, Terre (1), France, Paris, un professeur en sciences naturelles Duneton, dans son laboratoire de recherche en biologie était en train de dormir profondément, le nez plongé dans les réactifs.
On pourrait légitimement se demander pourquoi le professeur la nuit de Noël était sur son lieu de travail au lieu de faire la fête avec sa famille.
Rien de plus simple, le professeur Duneton était un chercheur passionné, à la fois un « Savant fou », un génie méconnu, et un misanthrope avec une pointe de misogynie. Il sacrifia toute sa vie sur l'autel de la science et à la poursuite de son rêve, de son idée fixe, qui lui fut inspirée, assez curieusement pour une personne aussi éloignée d'un passe-temps stupide tel que le cinéma, par un film, « Jurassic Park ». Toute son attention et ses espoirs étaient concentrés sur un seul objectif : faire revivre un dinosaure.
Plongé dans ces recherches, il ne se maria jamais, et avait pour seule famille un frère, malheureusement pourvu d'une femme acariâtre et d'une ribambelle de gosses. Duneton ne connaissait pas exactement leur nombre et n’éprouvait aucun désir de le savoir.
Donc, en toute logique, le prof préféra passer le Réveillon en compagnie de flacons et de réactifs plutôt que de participer à la célébration bruyante qui l'attendait chez son frère. D’autant plus, que l'expérience qu'il menait entra dans la phase décisive... Les tests se déroulaient de façon quasi ininterrompue pendant deux jours et deux nuits et le professeur les surveilla sans relâche, sans dormir et presque sans manger. Rien de surprenant qu'il finisse par s'endormir terrassé par la fatigue, la tête posée sur la table au milieu des fioles, entouré des miasmes provenant des divers réactifs, pas tous très anodins et certains carrément toxiques.
Le mélange des effluves de ces produits avait un impact aussi nocif qu'une mini-bombe d’Hiroshima. Il ne faut donc pas s'étonner, que sous son influence, l'âme de scientifique se dirigeât vers un Monde Meilleur en se bouchant le nez et en invoquant la justice divine. Et comme c'était la nuit bénie entre toutes, la nuit de Noël, les suppliques de la psyché rebelle furent entendues et exaucées. Elle fut conduite à la rencontre de son rêve, vers un monde réellement meilleur pour elle.
***
Notre génie méconnu ouvrit les yeux dans les ténèbres les plus totales, entouré de la puanteur de sang, de vomissures et affligé d'une migraine mémorable. « Où suis-je ? » Se posa-t-il la question existentielle.
Il leva les bras pour tâter sa tête et sentit sous ses doigts un objet en métal, vraisemblablement un seau. « Une blague pendable d'un laborantin ? Si je trouve le coupable, il ne verra pas plus la prime de fin d'année, que ses oreilles sans un miroir », pensa-t-il et essaya de retirer le récipient en tirant dessus de toutes ses forces. Peine perdue, l’ustensile, appartenant, sans nul doute, au service d'entretien des locaux universitaires, refusa obstinément de quitter son crâne.
Le prof, en bon scientifique, usa de la méthode recherche expérimentale en tapotant sa coiffe métallique, qui produisit un son semblable au tintement d'une cloche, et en la palpant sous toutes les « coutures ». Et il faillit s'écrier « eurêka ! », quand ses doigts touchèrent quelque chose qui ressemblait fort à une chatière, juste en face de son visage.
Il manœuvra la fermeture dans tous les sens, l'ouvrit en la poussant vers le haut et respira enfin l'air frais et vivifiant de l’hiver. « Froid ? Vivifiant ? Avec l'odeur de la neige ? Dans mon labo ? J'ai dû inhaler trop de vapeurs chimiques pour ressentir un trip pareil ! »
Duneton remua légèrement et réalisa qu'il était allongé sur une surface dure et rocailleuse, sans ressentir de gêne excessive car ses vêtements le protégeaient de manière remarquable. En continuant ses recherches expérimentales, il passa ses mains le long de son corps et remarqua sans grande surprise qu'il était complètement recouvert de métal. Il se trouvait soit dans une boîte de conserve, soit plus probablement dans une armure médiévale.
« Quand même, quelle défonce singulière ! », pensa-t-il en se mettant péniblement sur ses jambes. Le professeur regarda autour de lui afin de déterminer ses prochaines actions et sa direction. Il se trouvait clairement sur un sentier de montagne, barré en aval par la carcasse d'un cheval, et en amont rendue ardue par une montée raide et verglacée bordée de précipices. Le scientifique n'avait que peu d'options. Il n'avait jamais soulevé quelque chose de plus lourd qu'une tasse à café ou un flacon. Maintenant vêtu d'une armure, il ne pourrait pas, tout simplement, lever la jambe assez haut pour passer par-dessus le canasson mort. La seule solution qui lui restait était l’ascension.
Avec difficulté, notre intrépide scientifique commença la montée, trébuchant légèrement et pestant doucement. Après un certain temps de marche, qui lui sembla interminable, il finit par atteindre un petit plateau en face d'une caverne. Et là-bas il vit alors, son rêve ultime, son idée fixe, sa raison d'être : un dinosaure vivant !
« Saint Darwin », pensa-t-il, « un dinosaure ailé à trois têtes, d'une espèce inconnue à ce jour ! J’aurais le prix Nobel ! ».
Lorsque le dragon aperçut le chevalier dont les yeux brillaient d'une lueur avide et malsaine, il fit un pas en arrière, se disant : « Par la coquille de l'œuf originel, c'est bien ma veine ! Un maniaque ! »
La meilleure défense étant l'attaque, dragon cessa de reculer, tout au contraire il s’avança un peu, pencha la tête du milieu vers le « maniaque », les têtes de droite et de gauche le prenant en tenaille et gronda par les trois gorges simultanément :
- Si tu viens pour libérer la princesse, il faudrait te battre avec moi ! Et mieux encore, casse-toi, avant...
La tête de droite continua en solo : « avant que je n'ouvre cette boîte de conserve », le dragon passa la griffe acérée à un millimètre de l'armure, en faisant très attention pour ne pas rayer cette antiquité.
La tête de gauche reprit en crachant un peu de feu au-dessus de la tête du chevalier, tout en veillant à ne pas le roussir : « Que je ne te rôtisse ». Et les trois têtes en chœur « Pour te bouffer ! »
Le scientifique, sans peur et sans reproche, pensa avec émerveillement : « Et en plus il parle ! » et prononça sous le coup de l'émotion, en se référant, bizarrement, à son époque hippie :
- Faites l'amour, pas la guerre ! Peace in love !
Et il brandit un peu maladroitement, deux doigts gainés d'acier, en V de victoire. Le dragon, qui pour une raison évidente, ne savait rien sur le mouvement hippie et connaissait encore moins leurs slogans, tomba littéralement sur le cul et chuchota presque :
- Tu veux faire l'amour avec moi ? Et tu n'y vois aucun problème ou obstacle ?
Le preux biologiste, s'avança encore un peu et dit avec une pointe d'hésitation :
- Un obstacle ? La princesse ?
- Non, hurla la tête de milieu.
- Un problème de taille, ou plutôt de la taille, siffla celle de droite.
- Et, si tu ne t'en es pas aperçu, je suis un mâle, tout comme toi, se joignit la gauche.
Le chevalier eut le sourire niais, qui aurait fait l'honneur à Jeannot le Benêt et répondit en claquant un bisou sur le nez de la tête de milieu, tout juste entre les deux narines :
- Bien...personne n'est parfait...(2)
Le Dragon-dinosaure recula vers la grotte et y entra en marmonnant :
- Vraiment, on a du mal à se comprendre, je vais chercher quelque chose qui nous aidera à briser la glace.
Le Sans Peur entendit un bruit de chute venant de la caverne, suivi du son de verre brisé, et enfin un cri indigné : « Sac à main volant, je t'ai dit cent fois d'essuyer tes pieds avant d'entrer ! » Presque aussitôt, le dragon surgit, tenant un magnum de cognac dans une patte et un tonnelet de pétrole brut sous l'autre. Il tendit le cognac au chevalier avec un geste amical en direction d'un tronc d'arbre renversé, puis s'affala à côté.
Ensuite, ils burent pour briser la glace et fêter dignement Noël, discutèrent jusqu'au lever du jour en observant les étoiles, et chantèrent même quelques cantiques de Noël avant de passer aux chansons paillardes. Au petit matin le dragon rendit la princesse avec les paroles suivantes :
- Je ne la supporte plus ! Je t’en fais cadeau ! Et prends aussi le trésor royal. Tout ce que tu veux pourvu que je n'entende plus ses jérémiades !
***
Et voilà comment le Chevalier de la Biologie Jeannot ramena la princesse et le trésor au roi, et en remerciement, se vit offrir une petite maison avec un jardinet en plein cœur de la capitale, ainsi qu'un poste à la cour avec une généreuse rémunération. En tant qu'homme intègre, il refusa les pots-de-vin, et en tant que scientifique authentique, il multiplia ses revenus par deux, puis par trois, grâce à diverses taxes, que ce pays de conte de fées ne connaissait pas auparavant.
Il épousa donc la princesse,
Instaura la TVA
En récompense pour cette prouesse
Devint le Conseiller du Roi.
Et cette histoire aurait pu finir ainsi : « Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants », mais elle ne serait pas complète sans l'épilogue et la morale.
Épilogue et la morale dans le même flacon.
Chaque soir de Noël le Preux Chevalier, s’habille d'une cape rouge pour être vu de loin, prend un panier contenant des gâteaux accompagnés d'une bouteille de cognac et en disant à son épouse : « Je vais rendre visite à ma mère-grand qui est malade », se dirige vers la montagne, où son dinosaure ailé l'attend en compagnie d'un tonnelet de pétrole brut.
Ensemble, ils célèbrent Noël en levant leur verre à l'amitié, à l'amour et à la joie. Ils discutent à cœur ouvert et terminent invariablement la soirée par les chansons paillardes. Le scientifique se sent complètement heureux, bien qu'une pensée assombrisse légèrement son bonheur : « Même la nuit de Noël dans une contrée de conte de fées, tout n'est pas parfait et personne n'est parfait… »
____________________________________________________________
1. Réelle adresse spatiale de notre Terre. Cela en jette, non ?
2. Réplique de la scène culte, qui termine le film « Certains l’aiment chaud » (1959) (« Well…nobody’s perfect ! »)