Les Clairs de Lune d'Arlequin

Il faisait plus chaud que les jours précédents ce soir-là, comme si l’été était revenu saluer le public une dernière fois avant de quitter la scène pour de bon. Alors qu’il rentrait chez lui, Arlequin décida de faire un petit détour par un sentier étroit qui s’enfonçait dans le Bois-Joli, et qui débouchait sur une clairière où se trouvait une fontaine, dont l’eau était généralement claire et fraîche. Ce serait là l’occasion de se désaltérer et de se rafraîchir.

Lorsqu’il pénétra dans la clairière, bordée de chênes, la nuit était tombée. Les rayons de la lune éclairaient le bassin, et se reflétaient dans son eau claire, laissant apparaître une myriade de petits scintillements, qui faisaient écho aux étoiles dans le ciel.

Mais Arlequin réalisa très vite qu’il n’était pas seul. Sous un des chênes, une jeune femme était assise, vêtue d’une simple serviette. Alors qu’elle essorait ses longs cheveux blonds encore mouillés, elle semblait s’entretenir avec un petit oiseau qui était venu se poser non loin d’elle.

Arlequin la reconnut aussitôt. C’était Jeannette, la fille aînée d’un des notables de la région, dont la beauté avait suscité nombre de vocations de poètes chez les habitants du coin. Et la beauté de son âme n’avait rien à envier à celle de son corps. En effet, elle était également réputée pour sa gentillesse et sa douceur, et quand elle prenait des nouvelles de telle ou telle personne, ce n’était pas juste par politesse, elle se souciait réellement de son prochain. Elle passait régulièrement acheter quelques friandises à la boutique d’Arlequin, et c’était toujours un moment plaisant. Avec ses gentilles paroles, son sourire tendre, et son doux regard bleu ciel, elle permettait d’oublier tous les clients odieux qui pouvaient l’avoir précédée. Mais cette apparente perfection n’était pas sans présenter quelques inconvénients. Outre la jalousie qu’elle pouvait faire naître, bien malgré elle, chez quelques-unes de ses consœurs, elle suscitait surtout la convoitise de nombre de ces messieurs désireux de la faire leur. Et combien de fois, les clients suivants s’étaient-ils fendus de réflexions salaces après qu’elle fut sortie de la boutique, laissant chez Arlequin une sensation de malaise, voire de dégoût dans les cas les plus extrêmes ?

« Bonsoir Arlequin, dit-elle en le voyant arriver.

_ Oh, bonsoir Jeannette. Je… je suis vraiment confus. Si j’avais su que tu étais allée te baigner ici, je ne me serais pas permis de venir.

_ Il n’y a pas de mal, je n’ai pas l’usage exclusif de ces lieux. Et puis, ma serviette est heureusement fort large, et couvre ce qui ne saurait être exhibé. Il n’y a donc aucune honte à ressentir. »

Ne sachant trop que répondre, Arlequin s’inclina respectueusement. Soucieuse de ne pas mettre le jeune homme mal à l’aise, Jeannette changea rapidement de sujet :

« Regarde ce petit rossignol, on dirait qu’il a comme une attelle à la patte. C’est drôle non ?

_ Une attelle ?

_ Oui, viens voir. Il chantait sur la plus haute branche de ce chêne tout à l’heure, et il est venu me voir alors que je me faisais sécher.

_ Ah oui, constata Arlequin, il a bien une attelle. C’est peut-être le rossignol de Colombine alors. Elle a soigné un rossignol qui s’est blessé dans son jardin il y a quelques jours.

_ Oh, c’est pour cela qu’il semble avoir le cœur si gai. C’est toujours réconfortant quand quelqu’un prend soin de vous. Colombine ? N’est-ce pas cette jeune domestique qui travaille au palais ?

_ Si, en effet, c’est bien là qu’elle travaille.

_ Je vois très bien qui elle est. Il y a quelques jours, alors que j’assistais à une réception, elle a remis en place un homme qui s’était permis un commentaire pour le moins déplacé à mon égard. Je lui en suis très reconnaissante.

_ Ah ça ne m’étonne absolument pas d’elle, rit Arlequin, elle a un caractère très affirmé.

_ C’est vrai. Les domestiques se font généralement aussi discrets que possible, mais pas elle. J’espère pouvoir apprendre à mieux la connaître à l’avenir, elle semble avoir une personnalité intéressante.

_ Oh oui, je te la recommande fortement. Tu ne seras pas déçue ! »

Sentant Arlequin un peu trop près de lui, le rossignol s’envola et se posa sur la branche la plus proche.

« Ah oui, c’est vrai. Il n’apprécie pas les garçons. », songea le jeune homme.

Les rayons de la lune venaient maintenant éclairer le visage de Jeannette, faisant briller sa peau nacrée qui se découpait avec netteté sur le fond obscur de la forêt. Arlequin remarqua alors comme un rideau humide dans ses yeux, dont les contours vraisemblablement rougis, apparaissaient violacés à la lueur bleutée de l’astre nocturne.

« Quelque chose ne va pas ? », demanda-t-il avec hésitation.

La jeune femme soupira, puis esquissa un sourire pincé.

« Disons, dit-elle en semblant peser ses mots, que je ne traverse pas la période la plus heureuse de ma vie. On connaît tous des hauts et des bas, n’est-ce pas ?

_ Oui, c’est certain. C’est difficile mais, quelque part, je pense que les bas nous aident à apprécier les hauts à leur juste valeur.

_ Tu as sans doute raison, admit-elle. Si l’on parvient à les traverser. Mais sur le coup, ça peut être très pénible. »

Elle s’efforçait de maintenir un sourire, mais c’était un sourire triste. Ses yeux ne parvenaient pas à cacher qu’une profonde douleur l’étreignait. Arlequin ne savait pas bien comment réagir. Il n’arrivait pas à déterminer si elle avait besoin de parler, ou si au contraire, elle ne souhaitait pas trop se dévoiler. Il avait envie de la réconforter, mais sans connaître le fond du problème, difficile de dire autre chose que des banalités. Et d’un autre côté, il craignait de l’importuner en posant des questions trop intimes. Il chercha donc à orienter la conversation sur un sujet plus léger, histoire de lui changer les idées. Mais elle reprit finalement la parole avant lui :

« Et si on parlait de toi plutôt ?

_ Eh bien, ma foi. Je n’ai pas trop pour habitude de parler de moi, mais enfin, si tu veux, oui.

_ Es-tu amoureux, Arlequin ? »

Le jeune garçon marqua un temps d’arrêt, quelque peu décontenancé par une question si directe et inattendue. La bouche bée, il n’émit en guise de réponse qu’une longue voyelle à peine perceptible.

« Allez, il n’y a pas de honte à avoir. Ce qui se dira ici restera entre nous !

_ Eh bien, hésita-t-il, j’imagine… qu’on peut dire que oui.

_ Oh, la belle nouvelle ! Et ces sentiments, sont-ils réciproques ?

_ Je ne sais pas trop. Je suppose qu’elle m’apprécie, à sa façon, mais je doute que ça aille beaucoup plus loin.

_ J’en déduis que tu ne t’es pas confié à elle.

_ Non, en effet, mais c’est sans doute mieux ainsi.

_ Pourquoi ? Tu as peur qu’elle te rejette ?

_ Tant qu’elle ne m’a pas dit non, tous les espoirs sont permis. Et puis, j’aime m’endormir le soir en rêvant que je vis mille aventures avec elle. Mais peut-être que je l’idéalise, et me confronter à la réalité pourrait briser ces rêveries, qui sont si réconfortantes. Je ne sais pas vraiment comment l’expliquer. Disons que je ne sais pas trop si c’est elle que j’aime, ou bien l’image que je me fais d’elle.

_ Entre l’image que l’on se fait des gens, l’image qu’ils cherchent à nous renvoyer d’eux-mêmes et ce qu’ils sont réellement, il y a toujours un petit écart. C’est très humain. Et plus on prend le temps de connaître les gens, plus on réduit cette incertitude. Mais, pour en revenir à tes doutes, qu’est-ce qui est le plus intense pour toi, émotionnellement ? Rêver d’elle, ou être physiquement avec elle ?

_ Être auprès d’elle, c’est vraiment intense. C’est même trop intense, c’en est éprouvant. Dans mes rêveries, c’est peut-être un peu moins fort, certes, mais c’est quand même très agréable. Et puis, je contrôle ce qu’il se passe, ça me permet d’écarter toutes les sensations négatives : l’appréhension, la peur, les douleurs au ventre, les mots de travers. Parfois, je me dis que je suis plus fait pour rêver que pour aimer.

_ Fais attention, tu te cherches des excuses là. On a tous besoin de rêver, on a tous besoin de ce petit jardin secret, qui n’appartient qu’à nous, et dans lequel on peut venir se ressourcer. Il n’y a aucun problème avec ça. Mais, il ne faudrait pas non plus que tu oublies de vivre. Je veux dire, il faut que tes rêveries soient un soutien dans ta vie, pas que ta vie soit un réceptacle uniquement destiné à accueillir tes rêveries, sans autre but. Et puis, je suis certaine que tes rêveries finiront par te lasser si tu n’existes qu’à travers elles. Et quand ce moment viendra, il sera sans doute déjà trop tard. Tu es peut-être un rêveur très créatif, mais ne dis pas que tu es plus fait pour rêver que pour aimer, ça n’a aucun sens. Tu cherches seulement un prétexte pour justifier une certaine forme de couardise. C’est normal d’avoir peur, parce que, c’est vrai, on n’a pas vraiment de contrôle, et puis on a l’impression de tout miser, et qu’en cas d’échec, on va tout perdre. Et en effet, on peut tout perdre ! Mais on n’est pas dans une foire où on peut choisir de passer son chemin et de ne pas jouer. À partir du moment où ton cœur est touché, tu as misé. Ce n’est pas juste en déclarant ta flamme que tu mises. Si elle part avec quelqu’un d’autre, tu penses vraiment que tu n’auras pas perdu faute d’avoir joué ? Perdre à ce jeu, c’est extrêmement douloureux. Crois-moi, je sais de quoi je parle ! Mais la partie est lancée malgré toi. Alors fais ce qu’il faut pour la gagner, et tu auras la plus belle des récompenses ! »

Sa voix s’était nouée, et elle avait crié les dernières phrases, comme s’il avait fallu y mettre ce surplus d’énergie pour qu’elles ne restent pas coincées au fond de sa gorge.

Elle essuya avec un coin de sa serviette les larmes qui venaient de gicler le long de ses joues, et ajouta :

« Je suis vraiment désolée de m’être mise dans cet état comme ça, devant toi. Je ne voulais pas t’importuner.

_ Oh non, tu ne m’importunes pas. Au contraire, je suis vraiment touché que tu acceptes de me prodiguer des conseils avec autant de sincérité. C’est moi qui suis désolé. C’est très récent, non ?

_ Oui, très récent, et tellement absurde, soupira-t-elle. On était si bien pourtant tous les deux, avec Pierre. J’étais tellement heureuse quand, au printemps dernier, il me recevait dans les jardins de son père. Les lilas étaient fleuris, on entendait chanter les oiseaux qui y faisaient leur nid, la caille, la tourterelle, la jolie perdrix. Et puis, nous restions là tous les deux, l’un contre l’autre, savourant l’instant présent et la douceur de l’air. Je croyais sincèrement que je pourrais passer ma vie entière ainsi. Hélas, à la fin de l’été, il était déjà parti. Tu vois Arlequin, au jeu de l’amour, rien n’est jamais acquis. Même quand on a gagné, on remise tout sans cesse.

_ Mais, que s’est-il passé ?

_ Oh, ça. Une bêtise, quelque chose de totalement saugrenu. Un bouton de rose, que j’ai trop tôt donné. Il l’a su, et l’a mal vécu.

_ Un bouton de rose ?

_ Oui, un bouton de rose que j’ai donné à un autre, avant que Pierre ne me déclare sa flamme. Et lui, aucune fille ne lui en avait jamais donné auparavant, sans doute aurait-il aimé être le premier et le seul à qui je fasse un tel cadeau. Hélas, pour ce genre de cadeau, il n’y a qu’une première fois, tu comprends ce que je veux dire ? Alors, il a été pris de jalousie, et il est parti. C’est totalement grotesque, mais la jalousie est un sentiment dont l’irrationalité n’a d’égale que son extrême violence. Elle peut faire perdre complètement pied avec la réalité. J’aimerais croire qu’avec le temps, tout cela va lui passer, et qu’il va redescendre sur terre. Mais il s’est engagé dans l’armée, et est parti à la guerre maintenant, contre les Hollandais. Et je ne sais pas si je le reverrai un jour. S’il n’avait pas attendu de si nombreuses saisons pour me faire part de ses sentiments, rien de tout cela ne serait arrivé, j’aurais su éclore avec lui. Il y a longtemps que je l’aime, et quel que soit ce que l’avenir nous réserve, jamais je ne l’oublierai. »

Partir à la guerre, quelle étrange idée. Quels sentiments pouvaient être assez violents pour pousser un homme à se jeter dans ce concentré de brutalité et d’horreur, loin de toute attache, avec un risque élevé de ne jamais rentrer ?

Arlequin se retrouva malgré lui perdu dans ses pensées. Il essayait de remettre tout ce qui venait d’être dit dans l’ordre, mais n’y trouvait aucune logique. Pourquoi Jeannette ne s’était-elle pas confiée à Pierre dès le début ? Pourquoi avait-elle accepté les avances d’un autre à la place ? Pourquoi Pierre, alors qu’il avait enfin réussi à obtenir ce qu’il désirait, avait-il tout plaqué pour se jeter dans cette aventure insensée ? Bref, qu’est-ce qui les poussait à systématiquement prendre la plus mauvaise décision possible ? La nature humaine était décidément bien irrationnelle…

Il fallait qu’on lui explique, et toutes ces questions lui brûlaient les lèvres. Il ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie, aussi hésita-t-il. Mais après tout, elle lui avait posé des questions très directes elle aussi, il n’avait donc pas de raison de se retenir.

« Mais, euh… Si tu l’aimes depuis si longtemps, pourquoi n’avais-tu pas pris les devants en lui confiant tes sentiments ? »

Jeannette poussa un long soupir, puis, tournant vers lui ses beaux yeux bleus, répondit simplement :

« Je ne me suis peut-être pas confiée explicitement, mais je lui ai envoyé des signes pour l’encourager.

_ Des signes ? Comme des sourires ?

_ Des sourires, des regards…

_ Mais c'est très difficile à décrypter ce genre de signes ! Il y a mille raisons de sourire ou de regarder quelqu’un. C’est tout de même fortement sujet à quiproquo. Tu m’as dit toi-même que je devais me confier, mais envoyer des signes, ce n’est pas la même chose que se confier. Ça ressemble aussi à une excuse pour ne pas prendre pleinement ses responsabilités.

_ Tu as raison, ce n’est pas la même chose. Mais pour une fille, c’est délicat de faire plus. Dans le monde dans lequel nous vivons, être trop explicite serait perçu comme un comportement particulièrement léger, sur lequel les bonnes gens ne manqueraient pas d’avoir un jugement tranché. Et ce serait retirer au garçon l’opportunité de prendre son destin en main comme un homme. J’imagine que, consciemment ou non, nous adoptons les comportements que le monde attend de nous.

_ Et donc aller à la guerre, c’est une autre façon d’être accepté comme un homme par les bonnes gens, lorsque l’on n’a pas été assez prompt à déclarer sa flamme ? Comme une forme de rachat ?

_ Peut-être oui, va savoir.

_ Eh bien, s’il faut se soumettre à de telles absurdités pour être un homme, j’aime autant rester un garçon.

_ Tant mieux, ainsi tu n’iras pas te sacrifier en vain. Ton étal de confiseries ne sera pas de trop pour consoler les veuves. »

Elle avait prononcé cette dernière phrase en se tournant vers la lune. Sa voix était subitement devenue monocorde, et on n’y décelait aucune ironie. C’était comme si elle avait perdu, l’espace de quelques secondes, toute capacité à ressentir quoi que ce soit. Arlequin fut parcouru d’un frisson devant cet apparent vide émotionnel, qui était sans doute le seul masque qu’il lui restait pour dissimuler sa détresse, lorsqu’elle n’arrivait même plus à forcer un sourire.

Mais elle se ressaisit assez vite, et clignant trois fois des yeux comme pour sortir d’un rêve éveillé, elle remarqua, d’une voix qui avait retrouvé sa mélodie :

« Tiens, le petit rossignol est parti sans nous dire au revoir.

_ Il est sans doute retourné voir sa maîtresse, fit Arlequin, en laissant échapper bien malgré lui un léger soupir.

_ Tu aimerais être à sa place, n’est-ce pas ? »

Arlequin baissa les yeux, embarrassé d’être ainsi percé à jour malgré l’obscurité.

« L’air commence à se faire frais, continua Jeannette. Si ça ne te gêne pas de te tourner, que je puisse me rhabiller.

_ Ne t’en fais pas, je vais rentrer de toute façon. Encore merci pour tes conseils. J’espère sincèrement que Pierre rentrera sain et sauf de la guerre, et que ses idées se seront éclaircies.

_ C’est gentil Arlequin. De ton côté, essaye de passer plus de temps avec elle pour effacer ces doutes qui te brident. Et quand tu y verras plus clair, promets-moi de ne pas laisser passer ta chance ! »

Arrivé devant chez lui, Arlequin se tourna vers la lune, dont le disque était maintenant si brillant qu’il masquait les étoiles alentours.

« Salutations Lune, tu es bien lumineuse cette nuit. Il y aurait tellement de choses à dire sur cette soirée, que je ne sais par où commencer. Peut-être que le plus marquant finalement, c’était l’attitude de Jeannette. Elle ne m’a pas vraiment laissé essayer la réconforter, elle prenait toujours les devants en me prodiguant des conseils, comme s’il fallait que ses malheurs me servent d’exemple, plutôt que de susciter de la compassion. Comme si elle était un rempart, destiné à me protéger des agressions de l’extérieur. N’est-ce pas comme cela qu’agirait une grande sœur ? J’aurais bien aimé avoir une grande sœur. Ou alors pourquoi pas une petite sœur, à qui je pourrais faire part de mes expériences, afin qu’elle évite les pièges dont ce monde est parsemé. Et toi ? Tu peux veiller sur tout le monde de là-haut. Pierre est-il sain et sauf ? Le rossignol est-il rentré chez Colombine ? Jeannette a-t-elle réussi à trouver le sommeil ? Le chat de la Mère Michel a-t-il retrouvé le chemin de la maison ? Mais y a-t-il seulement quelqu’un qui veille sur toi ? Ne te sens-tu pas trop seule quand le Soleil est couché, et que les étoiles s’effacent derrière tes rayons ?

Bonne nuit, Lune !

Merci d’éloigner les ténèbres avec autant de douceur. »