Jade, l'apprentie humaine
Livre 1 : De la naissance à la renaissance
Chapitre 1 : Cinq minutes
Mon histoire… enfin, notre histoire commence dans une petite caverne. Je suis né dans un liquide de type slime, quoiqu’un peu moins collant, de couleur violette. Je ne respirais pas encore, ne voyait pas, ne sentait que cette substance froide qui était à l’extérieur et… à l’intérieur de mon corps. Des pinces m’enserrèrent soudain sous les aisselles et me sortirent de la substance avant de me jeter au sol, complètement nue. Là, ce fut une explosion.
Une explosion de voix, de couleurs, de sons, tous agressifs, trop brusques pour mes sens naissants, mais aussi un pic de douleur du fait d’avoir été jeté par terre comme un sac de patates par Dieu sait quoi. J’entendis les cris encore quelques secondes avant d’être aspergé par un et d’eau puissant et carrément froid qui me fit secouer mon corps de spasmes incontrôlables. Deux mains collèrent mes épaules au sol pour que je ne débatte pas trop. Je sentais ensuite qu'on m'attrapa par le pied et qu'on me claquait les fesses sans plus de cérémonie. Puis plus rien. Et le calvaire reprit la seconde d’après, encore plus intensément.
Ils me levèrent les bras et aspergèrent es aisselles avec le jet qui était définitivement trop puissant. J’éclata de rire et essaya de me débattre en battant mes jambes en l’air comme une sauvageonne. Le lavage fut complet tellement oppressant que j'avais l'impression de me noyer. Mes yeux restèrent fermés tout le long, puis on me prit par les quatre membres pour me soulever en l’air.
— Donnez-la moi, je vais l’habiller, elle ira avec la fournée n°1.
La quoi ? Quelqu’un me porta sur l’épaule, ouvrit une porte d’après le grincement, la claqua et me jeta sans ménagement sur une chaise en bois. A peine ouvrais-je les yeux sur la pièce qu’on me mettait une robe verte qui m’arrivait juste en dessous des fesses. Ensuite, on attacha une banane à la taille mais pas de chaussures.
— Lève-toi, marche… !
Pour me lever, c’est elle, la vieille dame, d’après la voix, qui m’y força en tirant sur mon bras. Il me fallut dix secondes pour arrêter de vaciller sur moi-même. Puis j’ouvris mes yeux, doucement. La pièce était éclairée par une petite fenêtre ronde sur la gauche. Elle était étroite, ronde. On ne voyait pas les murs à cause des étagères remplis d’habits tels que les miens. Le sol était en vieilles planches de bois couvertes d’une fine couche de poussière noire qui avait déjà repeint le dessous de mes pieds.
Je ne vis pas le visage de la dame, mais elle portait une fourrure peinte avec des trais jaunes dessus. Elle était recourbée sur une canne en bois foncé. Je devais lui arriver à la taille. J'étais vraiment petite en ces temps-là... Peut-être 1m50 ou dans ces eaux-là. Mais j'étais une femme adulte, ça j'en suis sûre. J'avais de la poitrine et des hanches bien dessinés.
— Suivante ! hurla soudain la dame dans mon dos, en me poussant hors de la pièce d’une tape vigoureuse dans le dos.
Je sortis de la pièce pour revenir dans celle de base, que je pus regarder. C’était un hangar absolument immense. Sur ma droite, je voyais différents tubes de remplies de liquide violet. Deux d’entre eux avaient à peu près ma taille, l’un était plus petit et un autre derrière était cinq fois plus grand et deux fois plus épais. Des sortes de boules de chairs en naissaient et se développaient de plus en plus. Et en haut de tout ça, un mécanisme accroché aux plafonds et équipés de deux pinces. Ces dernières vinrent plonger dans le liquide violet le plus proche d’elle pour attraper un masse informe… Une forme humaine à priori.
Puis elle le jeta sur le ciment froid qui ornait le sol. C’était une femme nue aux cheveux roses, pitoyable, avec cette substance violette qui semblait faire partie d’elle. Ce que je ne savais pas à ce moment-là, c’est que cette personne était mon exacte sosie.
— Hep, Fous le camp et vas te mettre dans la charrette, dépêche-toi ! On a besoin de renforts !!!
De nouveau, on me poussa et je décidai de m’activer. Je poussai la porte sans réfléchir et fut ébloui par la vive lumière du dehors. Lorsque mes yeux furent habitués, je sentir du gazon mouillé et froid sous mes pieds, ainsi qu’un véhicule fait de bois devant moi, rempli de femmes aux cheveux roses, ou bien d’hommes aux cheveux blonds. Il y avait un soleil éclatant, pas de nuages. On semblait être dans une allée de villages. Je m’étonnai de connaître tant de choses alors que je venais juste de naître, mais je n’eus pas le temps d’y réfléchir plus longtemps : Quelqu’un me prit par le col et me jeta dans le tas, puis la charrette se mit en route à toute allure.
J’étais née il y a cinq minutes. Et juste comme ça, j’étais en train de me diriger vers ma première bataille.