Racines

Chapitre 2 : Le moustique et la montagne

3280 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 12/12/2024 11:15

Dans une petite ruelle sombre de la capitale du Japon, le temps suspendit son vol. Un combat allait s'engager et les forces en présence semblaient bien inégales : une jeune fille armée d'un bouclier en aluminium cabossé et d'un spray de self-défense, face à quatre jeunes types en blousons noirs. Tic et Tac semblaient pressés d'en découdre pour venger l'affront fait à leur chef qui pleurait encore dans son coin en geignant, les yeux et le nez pleins de larmes et le dernier ressemblait à une montagne infranchissable à la mine patibulaire.


Les quelques secondes d'immobilité des adversaires eurent un goût d'éternité, les gémissements de Chouineur servant de bruit de fond. Et puis soudain, tout se précipita. 


Jade mit brillamment en déroute Tic et Tac, déclenchant sa bombe au poivre à l'instant précis où leurs visages se trouvèrent à sa portée. Mais la petite bombe était presque vide et elle les aspergea bien moins que le leur chef. Cependant, ils reculèrent en plaquant leurs mains sur leur visage. Jade voulut profiter de cette diversion pour s'enfuir mais, sur son chemin, restait encore Armoire-à-glace qui la regardait d'en haut, elle qui se sentit soudain toute minuscule. 


Décontenancée par ce regard, elle se figea pendant quelques secondes et ce fut là une erreur déplorable et désastreuse pour elle : à cet instant, Tic lui balança un coup de pied dans la main. Elle sentit une douleur froide endolorir ses doigts pendant qu'elle percevait clairement le bruit métallique que faisait le petit tube en aluminium quand celui-ci tomba sur le sol, rebondissant trois fois avant de rouler jusqu'à la poubelle produisant un dernier cliquetis, un cliquetis qui sonna tel le glas de la défaite. 


Tic lui lança alors un sourire mauvais qui la fit frémir : avec ses yeux rougis, son nez dégoulinant et ses dents en avant, il ressemblait à un écureuil enragé, en manque de noisettes. 


Jade sentit la panique s'immiscer lentement dans son cœur et son esprit, empoisonnant sa détermination, rongeant son courage et diluant son espoir dans la peur. Elle respira un grand coup avant de mettre cependant toute sa force dans un grand coup de couvercle de poubelle pour assommer Tic. Ce fut avec une certaine délectation qu'elle entendit le bruit mat de son corps flasque qui s'écrasait sur le sol alors que sa copie conforme ne le remarqua même pas, tout occupé qu'il était à geindre en se tenant le nez ou se frottant les yeux inutilement, à l'image de son Chouineur de chef.


Elle se retourna encore une fois vers la ruelle, pleine d'espoir mais la Montagne était toujours là et n'avait pas l'intention de la laisser se carapater si facilement. Armée de son seul bouclier de fortune, elle semblait minuscule et frêle face à ce colosse qui se dressait, monumental, devant elle. Elle regarda son couvercle de poubelle qui ressemblait presque à une soucoupe à tasse à café de dinette face à la tête énorme de ce type. Il avait suffit d'une demi-seconde d'inattention pour que sa porte de sortie se ferme à nouveau. Si seulement elle avait encore son spray... mais il était trop loin.


La Montagne s'élança vers elle. Elle esquiva ses attaques, assez prévisibles avec la masse de muscles qu'il avait à déplacer alors qu'elle était plus petite, plus agile et plus rapide que lui. Elle se dit qu'elle pourrait peut-être finir par s'en sortir mais non. Tenace, le type ne lui laissait aucun répit, renouvelant sans cesse ses assauts. 


Peut-être pourrait-elle s'en sortir en l'épuisant et il ne lui restait plus qu'à tenir bon en esquivant mais c'était sans compter sur le dernier lascar qui revenait bredouille de sa course après le jeune garçon qui visiblement, avait réussi à lui fausser définitivement compagnie. 


Et ce type en blouson noir, à bout de souffle, contrarié par cette course vaine, laissa exploser sa colère en contemplant le tableau de ses compères : deux qui se frottaient énergiquement les yeux en geignant comme des bébés, le troisième étendu au sol, et le quatrième, le grand ours mal léché, la montagne de muscles qui était en train de se ridiculiser en essayant de se saisir d'une jeune fille pas plus grosse qu'une allumette. 


Pitoyable. Absolument indigne de sa bande !

— Putain de merde ! Tu crois que tu vas t'en sortir comme ça ! Pour qui tu te prends ? Avait-il éructé en se précipitant vers Jade qui se retourna vers lui, surprise tout à coup, d'entendre une voix derrière elle. 

— Et merde, songea-t-elle. Je l'avais complètement zappé, celui-là.


Elle vit alors qu'il glissait sa main à l'intérieur de son blouson noir pour en sortir un canif, une belle lame visiblement aiguisée avec soin, étincelante. Et là, même si la jeune fille se répéta inlassablement les paroles de son oncle : analyse, canalise, analyse, canalise..., en une seconde, elle n'avait plus réussi à maîtriser sa peur. Son esprit se figea, obnubilé par la lame brillante. D'un coup, elle avait eu l'impression de se retrouver brutalement dans le noir. Une obscurité glaçante pénétra ses veines puis ses os. La seule et unique lumière qu'elle percevait était celle qui se reflétait délicatement sur l'acier brillant.


Agissant par réflexe, elle recula d'un pas et la Montagne, à qui elle tournait le dos, en profita pour la saisir par le poignet. Il la délesta de son bouclier-poubelle en un tour de main, ce qui provoqua un vacarme assourdissant quand celui-ci rebondit sur le sol. Le colosse l'immobilisa en ramenant ses bras en arrière, joignant ses coudes ensemble et la soulevant de terre. Elle eut beau frapper des pieds, touchant parfois les tibias et les genoux du géant, ce dernier n'avait même pas l'air de sentir ses coups. 


Ses jambes battant le vide, elle croisa le regard de l'autre type qui, arme à la main, se rapprochait lentement d'elle en souriant. Jade sentit sa gorge se serrer, retenant son souffle pendant quelques horribles secondes où elle ne vit plus que ses deux yeux emplis d'une colère étrange presque teintée de joie et de jubilation sadique. Et le type avançait toujours pas à pas vers elle, sûr d'arriver à satisfaire son envie de la faire souffrir, certain de soulager sa colère en enfonçant l'acier de sa lame brillante dans les entrailles de la jeune fille.


Elle eut envie de hurler à ce moment-là et elle songea immédiatement à sa mère, sa mère qui ignorait peut-être où elle était, sa mère qui en voudrait à mort Mick d'avoir laissé sa fille unique se promener seule dans une ville inconnue. Elle imagina ensuite en un dixième de seconde tout ce qu'elle aurait encore voulu lui dire, à sa maman mais aussi à son oncle, à sa copine Wendy et au beau Tom, à tout ce qu'elle avait rêvé faire...


Oui, elle eut envie de hurler pour arrêter le temps et tout recommencer. 

Elle eut envie de hurler pour exorciser sa terreur, car, à cet instant précis et pour la première fois de toute sa vie, elle avait peur de mourir.

Elle eut envie de hurler mais rien ne sortit. 


Au lieu de ça, elle ferma les yeux, espérant, au plus profond d'elle même qu'elle n'aurait pas trop mal, contractant ses abdominaux comme si ses muscles pourraient retenir la morsure de l'acier effilé qui se rapprochait inéluctablement de son ventre.


Mais le coup n'arriva pas. 


Elle entendit un bruit sourd et ouvrit les yeux. Son corps heurta alors brutalement sur le sol et elle laissa échapper un grognement alors que ses fesses s'écrasaient sur le bitume. Ses dents claquèrent et elle sentit l'onde de choc parcourir son dos jusque dans ses oreilles. L'armoire à glace venait de la lâcher. Elle réalisa alors que le type au couteau gisait par terre, la bouche ensanglantée.


Elle se retourna vivement et découvrit avec stupéfaction que le grand type était à genoux devant un homme qui le tenait fermement par le poignet d'une seule main, le dominant de toute sa hauteur.


Elle entendit alors une voix grave, froide et coupante prononcer :

— Choisis un adversaire à ta taille, minable.


Les deux autres qui étaient courageusement restés en retrait pour chouiner tout leur saoul, malgré leurs yeux rouges et leur nez dégoulinant, tentèrent de se ruer vers l'homme, couteaux étincelants en avant et Jade ne put retenir un cri :

— Noooon !


Mais l'homme ne bougea pas, enfin presque pas. 


Absolument pas surpris, il ne releva pas la tête, il ne se tourna pas vers ses assaillants, gardant toujours le visage baissé vers le colosse à genoux, ses yeux dissimulés sous ses cheveux. Il leva simplement le bras droit à la perpendiculaire de son corps, tenant dans sa main libre un énorme revolver qu'il braquait sur Tac et Chouineur sans fléchir. Il avait sorti son arme tellement vite que Jade n'en avait même pas perçu le mouvement. 


Elle eut un hoquet de surprise et se figea de peur, sentant chacun de ses muscles se raidir. Même sa respiration se fit plus ténue. Elle savait ce que signifiait voir une arme à feu d'aussi près. Et celle-ci était impressionnante. 


Tétanisée, Jade était tétanisée. Et elle ne fut pas la seule. Les types s'arrêtèrent à quelques mètres du type et du colosse toujours à genoux, figés net par la vue de cette arme à la fois sombre et brillante, immobile, inflexible, comme si elle ne connaissait aucune indulgence et aucune pitié. Flippante, quoi. Vraiment flippante.


La Montagne gémit, regardant le revolver, les yeux exorbités :

— Oh putain, les gars... C'est un Magnum 357 !

— Quoi ? s'exclama Chouineur entre deux reniflements, les yeux exorbités en plus d'être rouges et larmoyants.

— Oh putain, oh putain, oh putain ! Les gars, c'est City Hunter ! Oh putain, oh putain, oh putain ! gémit le colosse, d'une voix devenue suraiguë.


L'homme rit doucement :

— Oh, je vois qu'il y en a un qui oublié d'être un parfait idiot, y'a peut-être quelque chose à sauver finalement !


Jade retint son souffle quand elle entendit la voix de l'homme prononcer calmement :

— Lâchez vos armes ou vous apprendrez que ce qu'on dit de moi est très en dessous de la réalité. Conseil gratuit en bonus : déguerpissez.


Les lames de couteaux tintèrent sur le sol quand les mains tremblantes des types en blousons noirs les lâchèrent. L’homme lâcha le poignet de la Montagne qui s'écria :

— Allez, les gars ! On s'casse ! On s'casse ! On s'casse !


Et il déguerpit sans un regard en arrière, suivi de près par Tac et Chouineur, laissant leurs deux compères au sol derrière eux sans demander leur reste.


Jade les regarda disparaître par le bout de la ruelle, issue marquée d'une tache inaccessible de lumière et de sécurité qu'elle avait désespérément tenté d'atteindre. L'homme bougea, faisant crisser les semelles de ses chaussures sur les petits cailloux du macadam abimé. Jade essaya de se relever mais ses jambes refusèrent de lui obéir. 


Elle le regarda s'éloigner un peu d'elle, les yeux écarquillés, la respiration suspendue, le cœur battant. Ca aurait été le moment de se relever et de partir sans demander son reste, comme les deux sales cons aux blousons noirs démodés mais, non, elle resta immobile, figée, les fesses collées au sol comme si elles pesaient une tonne chacune, les jambes enveloppées dans du coton, les pieds insensibles, les oreilles bourdonnantes, les mains froides et tremblantes.


Tétanisée. Elle était encore tétanisée. 


Toujours immobile, elle regarda l'homme se baisser pour ramasser sa bombe au poivre qui avait roulé contre la poubelle puis il se releva pour faire demi-tour et se diriger vers elle. Elle sentit son souffle se suspendre, accentuant encore la puissance des battements de son cœur. 


Elle était littéralement en apnée quand il s'accroupit devant elle pour lui tendre son spray en souriant :

— Et beh... T'as pas froid aux yeux, petit moustique.


Elle le détailla, surprise de trouver un regard aussi espiègle et un sourire aussi doux sur le visage d'un homme dont le simple surnom, la seule évocation faisait apparemment trembler puis détaler les malfrats comme s'ils avaient le Diable aux trousses. Le Diable... Cet homme était-il le Diable ? 


Elle continua à l'observer, ne sachant trop si elle devait lui sauter au cou et le remercier de lui avoir sauvé la vie ou si elle ne ferait pas mieux de se carapater elle aussi.


Il ressemblait à un type tout à fait normal pourtant, malgré une carrure assez impressionnante pour un Japonais, la cinquantaine bien tassée, les cheveux gris sur les tempes, une veste défraîchie, jeans noirs, bottines en cuir, t-shirt. La mode des années quatre-vingt en gros. Certainement l'époque où il devait être dans la fleur de l'âge. 


Elle resta ainsi un moment, immobile, assise sur le sol, dévisageant ce type étrange, accroupi devant elle et qui lui tendait sa bombe au poivre, lui faisant suffisamment confiance pour savoir qu'elle ne l'utiliserait pas contre lui. 


Elle avisa des rides marquées au coin des yeux et deux sillons parallèles qui séparaient ses deux sourcils. D'ailleurs, ses sourcils étaient bien la seule chose qui le rendait un peu spécial, cet homme : le gauche était barré par une cicatrice qui déséquilibrait un peu son regard noir comme l'ébène.

— Bon, une arcade sourcilière cassée n'a rien de bien extraordinaire, se rassura-t-elle silencieusement, contente de constater que son esprit fonctionnait à peu près normalement. Une bagarre, un accident de voiture… Ca peut arriver à tout le monde, hein ? Cet homme a peut-être été boxeur ou a joué au football quand il était jeune... Quoique... Le football qu'on pratique ici n'a rien à voir avec le football américain. Ça s'apparente plutôt au soccer, si je me rappelle bien.


Donc, de prime abord, ce type avait l'air normal en fait. Enfin, aussi normal que son oncle si elle se fiait à sa technique de combat et à son maniement des armes à feu. Elle avait toujours admiré Mick pour ça et elle l'avait supplié de lui apprendre à utiliser un revolver mais tous ses boniments, toutes ses supplications, ses regards éplorés et même son chantage affectif n'avaient pas réussi à le faire fléchir : il avait toujours refusé de lui laisser ne serait-ce que toucher une arme, même si lui, se promenait toujours lesté de son Desert Eagle 44. 

— Une vieille habitude, lui répondait-il à chaque fois qu'elle où sa mère lui faisait remarquer que cette précaution n'était pas nécessaire. Et les vieilles habitudes ont la vie dure. Comme moi, ajoutait-il pour se plaindre ou récolter un baiser de la part de sa nièce.


A l'évocation de ces visages familiers, Jade sentit son cœur ralentir un peu alors que l'homme restait parfaitement immobile, tendant toujours la bombe au poivre dans sa direction. De son côté, il remarqua que la respiration de Jade redevenait peu à peu plus posée et plus efficace, que ses mains se calmaient. 


Elle tenta de changer de position et y parvint, toujours sans le quitter des yeux. Elle reprit délicatement son spray sans lâcher le type du regard, comme si elle craignait une attaque en règle. Elle sursauta même quand il lui sourit, ce qui le fit sourire encore plus.


Il  murmura alors, souriant toujours : 

— Planque bien ton arme, Moustique. Je ne maîtrise pas bien ce genre de truc mais elle est diablement efficace, je dois...


Il suspendit ses mots, interrompu par une voix féminine, sèche et autoritaire qui résonna entre les murs de la ruelle :

— Police ! Plus un geste !


L'homme ne cessa pas de sourire. Il prit même le temps de lui adresser un clin d'œil pendant qu'il lui reprenait brutalement la bombe au poivre des mains pour la glisser dans la poche intérieure de sa veste. Il mit ensuite lentement les mains en l'air, se leva et se tourna vers deux policiers en uniforme qui les menaçaient de leurs armes, silhouettes sombres plantées au bout de la ruelle éclairée par le soleil de cette belle fin d'après-midi.


Puis, le petit garçon sortit de la voiture de patrouille en s'écriant, la pointant du doigt :

— C'est elle, c'est elle qui m'a aidé ! C'est eux, là, avec les blousons noirs qui m'ont attaqué... Et lui... Bah, lui, là, le vieux, j'le connais pas !


Elle avait vaguement entendu le vieux en question s'indigner de ce surnom, tout en se dirigeant à pas lents et mesurés vers la policière, les mains toujours au dessus de la tête palabrant, charmant, déblatérant des inepties que Jade ne comprenait pas bien. Contre toute attente, la femme en uniforme baissa lentement son arme, apparemment, sensible à son discours, ignorant ostensiblement le regard réprobateur de son collègue masculin qui avait tourné son arme vers lui, ne la visant plus elle. Jade sentit le soulagement déferler dans ses veines. 


L'adrénaline qui s'était brutalement immiscée dans son corps reflua et laissa place à une fatigue irrépressible, tant et si bien qu'elle en avait eu du mal à se concentrer pour comprendre ce que les autres se disaient en japonais. Elle était saine et sauve finalement et il était temps pour elle de s'en aller. Elle se releva et vérifia si toutes ses affaires étaient bien dans son sac à dos. Par chance, son téléphone n'avait rien. 


La fatigue et le choc n'avaient cependant pas empêché la jeune fille de noter en pensée qu'elle n'avait ni message ni appel en absence de sa mère. Dommage, à cet instant, elle avait songé qu'elle aurait bien eu besoin d'avoir la certitude qu'elle entendrait la voix chaude et douce de sa maman en consultant ses messages ou de simplement savoir qu'elle avait pensé à elle... Mais non, il n'y avait rien. Elle pensa qu'elle tenterait de la rappeler quand elle serait à nouveau seule et que cette histoire serait terminée. Donc bientôt. 


Elle remit son sac sur le dos sans remarquer que le policier s'était approché discrètement d'elle, pendant que le type poursuivait son embobinage en règle.

— Nan mais j'rêve... avait songé Jade avant de se diriger calmement vers le bout de la ruelle.


Comme elle ne se sentait pas coupable de quoique ce soit, elle ne s'inquiétait pas plus que ça de la présence de policiers en uniforme. Ils allaient certainement prendre note de l'altercation et disperser tout ce petit monde en leur faisant promettre de ne plus recommencer et cela ne serait bientôt qu'un lointain et drôle de souvenir.


Sauf que cela ne s'était pas du tout passé comme ça. Mais alors, pas du-tout-du-tout... 


En effet, quelques minutes plus tard, elle se retrouvait assise à l'arrière d'une voiture de patrouille qui roulait toutes sirènes hurlantes. Ses mains étaient attachées dans le dos par des menottes qui lui cisaillent les poignets. 



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