Quoi de neuf City Hunter ?
Assis en tailleur au bord de l’eau, les yeux fermés, j’écoute les oiseaux qui chantonnent. L’air dans cette demeure est pur, assainie de toute la pollution pouvant émaner de la ville. Je me concentre sur le son régulier de l’eau qui ruisselle dans la rivière dans le simple objectif de contrôler mes nerfs, qui sont encore à vif, mon niveau de stress étant encore élevé.
Soudain, je les entends, ces pas doux accentués par les talons du Docteur Natori, ma belle, ma sublime Kazue. Le vent porte avec lui l’odeur de son parfum dont je me délecte. Elle ne dit rien, reste postée derrière moi, pensant que je ne l’ai pas remarquée. J’entre dans son jeu et ne bouge pas, voulant profiter encore un peu de ma solitude déchue. Les rayons du soleil caressent ma peau blanche pendant que la chaleur du mois d’août m’étreint. Quelques gouttes de sueurs glissent le long de ma nuque, mais je m’en fiche. J’ouvre les yeux lorsque je sens que Kazue s’assoit à mes côtés, respectant tout de même mon moment de calme.
Je me tourne vers elle, soulève ma main pour la poser sur sa joue lorsque je m’arrête dans mon geste. Mes yeux fixent ma main, devenue laide, loin de celle que j’avais avant. J’ai beau le cacher, je sais que ma doctoresse a déjà compris combien j’allais mal, que ma confiance en moi a grandement diminuée, surtout sur la question du charme et de la séduction. Elle me sourit timidement, dépose un baiser sur ma joue avant de me tendre un petit paquet.
Je lui lance un regard interrogateur, arquant un sourcil, étonné.
« What is that ? »
Son sourire s’élargit pendant qu’elle insiste.
« Tiens ! Prends je te dis ! »
Abasourdi, je m’empare du cadeau, hésitant à l’ouvrir. Je penche la tête, examinant le paquet : c’est une boîte rectangulaire de papier bleu avec un petit ruban, méticuleusement attaché. Inquisiteur, je commence à défaire le ruban en tirant légèrement dessus. Kazue commence à trépigner d’impatience, me demande d’aller plus vite.
« Allez, vas-y ! Ouvre ! »
« Rassure-moi, ce cadeau vient bien de toi ? Ce n’est pas encore une vieille blague pourrie de Ryô ? Je ne vais pas trouver de boîte de préservatifs, cette fois ? »
« Mais non. Celui-ci est de moi, promis. »
Je hoche la tête, lui lance un dernier regard avant d’ôter le papier de la boîte. Je soulève calmement le couvercle lorsque j’y découvre une paire de gants blancs en soie. Je ne sais pas quoi dire, comment réagir. Une multitude d’émotions me submergent sans que je ne parvienne à clairement identifier laquelle est la plus présente. Je déglutis, tremblant légèrement avant de saisir l’un des gants. Je les observe sous toutes les coutures, sans que je ne puisse ressentir la douceur de la soie. Kazue ne me quitte pas des yeux, cherchant à tout prix à comprendre ma réaction. Son sourire s’efface au fur et à mesure que mon silence s’étire.
« Tu… Tu n’aimes pas, c’est ça ? Oh ! C’était maladroit de ma part, non ? »
Je me mets à sourire pendant qu’elle commence à fuir, honteuse. Je la rattrape par le poignet, avec délicatesse, puis l’oblige à se rasseoir. Je mets derrière son oreille une mèche de ses cheveux noirs avant de l’embrasser délicatement sur le coin des lèvres.
« C’est certainement le plus beau cadeau que l’on puisse me faire. »
Ces mots sont lâchés, et je les pense complètement. Kazue paraît soulagée, se remettant de sa fausse peur. Je regrette de l’avoir fait languir ainsi, mais il fallait que je puisse moi-même saisir ce qu’il se passait dans ma tête. Elle commence à parler :
« Je… J’ai eu cette idée lorsque je t’ai observé regarder tes mains avec tristesse. Chaque fois que je panse tes plaies, tu as toujours ces mêmes yeux qui te trahissent, ceux-là même qui parfois veulent fuir la réalité. Alors je suis allée t’acheter ces gants, qui iront bien avec le costume que Ryô a ramené. »
« Et tu as bien fait. Je vais enfin pouvoir oublier que sous le tissu de ces gants se cacheront ces monstruosités. »
Devant mes paroles, Kazue penche la tête sur le côté, ses yeux dévoilant la douleur que j’ai indirectement provoquée. Pour me faire pardonner, je lui tends un des deux gants. Un hoquet d’étonnement sort de sa bouche, quand son regard, cette fois, me fixe sans savoir exactement ce que je désire.
« Mademoiselle, voulez-vous bien m’aider à enfiler ces gants en soie ? »
Un rire lui échappe. Je préfère la voir ainsi plutôt qu’inquiète. Je suis heureux de voir ma doctoresse détendue. Elle saisit le gant et me le fait enfiler. Je sens à peine ma main qui glisse dans la soie, les sensations ayant disparues en même temps que les brûlures sont nées.
« Je ne sens pas la douceur de la soie… C’est triste. »
Elle me caresse la joue, ses yeux se plongeant dans les miens. Elle compatit, sait que je ne pourrai jamais mener la même vie qu’avant, mais je veux au moins essayer.