Ramène-moi ! (version 2.0)

Chapitre 2 : Rouge sang et trous noirs

3433 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/01/2024 17:06


Sur les quais, Mad Dog avait été comme les autres, arrogant et menteur, prêt à tout. Il avait attaché le petit garçon de six ans avec une corde et l'avait suspendu à près de dix mètres du sol. Le gosse, épouvanté, n'essayait même pas de se débattre ou de retenir ses larmes. Et puis, tout en riant sous cape, Mad Dog avait coupé la corde, forçant Kaori à se jeter en avant pour rattraper le petit. Ainsi, elle s’était placée directement dans la ligne de mire du complice de Mad Dog. Car oui, ce salop avait un allié. 

— À toi de jouer ! avait crié Mad Dog. 


Il avait bien ajouté un surnom mais Kaori l'avait oublié. Ça devait être un pseudonyme insipide et anodin, un Chacal, une Hyène enragée ou tout autre animal fourbe. Et tout s'était ensuite passé très vite. 


Le complice avait fait feu. Ryo l'avait neutralisé... mais trop tard. Il avait perdu du temps en s'élançant dans la direction de Kaori pour la heurter de plein fouet et la projeter au sol. Si la jeune femme et le gosse étaient hors d’atteinte, si le Complice était neutralisé, il n'en était pas de même du Chien Fou qui en avait profité pour ajuster son tir. Ryo avait été à une portée raisonnable pour un tireur expérimenté ; ce qu'il était. Et il avait réussi ... Il avait réussi à frôler la tempe du grand City Hunter. Ryo avait été stoppé net, heurté de plein fouet par la douleur et la surprise. 


Mad Dog était sur le point de laisser exploser sa joie quand Ryo avait tiré, l'atteignant à la main. L’ennemi avait d'abord hurlé mais avait ensuite continué à jubiler : saisissant simplement une autre arme de sa main valide. Il allait armer le chien, Ryo, dans la ligne de mire… À ce moment, Mick avait surgi de nulle part et lui avait réglé son compte grâce à un lancer de poignard d'une redoutable précision. Et le sourire fou du Chien avait été fixé pour l'éternité d'une lame entre les deux yeux. 


Mais, pendant ce temps, Ryo était tombé, comme au ralenti, les yeux tournés vers Kaori, encore surpris d'avoir été aussi facilement touché. Tétanisée, agrippée au petit garçon évanoui, la jeune femme s'était entendue hurler le nom de son partenaire. Elle l'avait regardé glisser en arrière, impuissante. Alors qu'elle pensait qu'il allait se redresser, comme à son habitude, pour reprendre son équilibre, soudain, elle avait vu les yeux de Ryo se révulser et il avait continué à s'effondrer, encore et encore, tel un pantin vide et inerte. Avec horreur, Kaori avait entendu un bruit sourd qui avait résonné dans tout l'entrepôt : la tête de Ryo venait de heurter une caisse en métal sans que personne ait pu faire quoique ce soit.


Comment ça a pu arriver ?


Les mains de Kaori caressèrent le visage de l'homme qu'elle aimait tant et elles se couvrirent de sang. Un sang rouge foncé, poisseux, collant et chaud. Écœurant. Elle se défit de sa veste et la passa sous la tête de Ryo, n'osant cependant pas trop appuyer. On lui l'avait toujours dit de ne pas bouger un blessé au crâne et là... Déjà qu'elle et Mick l'avaient un peu malmené en le chargeant à l'arrière de la voiture... 

Et si ? Et s'ils avaient fait le mauvais choix ?

Non, ils n'auraient pas pu le laisser dans cet entrepôt et appeler les secours, au risque de devoir expliquer leur présence sur le port au milieu de la nuit, avec des armes à feu, un blessé et deux cadavres. Non... Ils avaient fait ce qu'il fallait mais...

Pourvu que ... 

Elle préféra ne pas aller au bout de cette pensée et, immédiatement, les mots revinrent percuter sa conscience : comment ça a pu arriver ? Comment passer de l'instant où il lui avait dit ces mots qu'elle attendait depuis si longtemps à... à... à ça ? 


Pour la première fois, elle réalisa qu'avec tous les risques qu'il prenait, elle serait peut-être un jour amenée à vivre sans lui. Elle supplia à voix basse, joignant à nouveau ses mains autour des doigts de Ryo dans une prière murmurée pour lui seul :

— Oh non, pas ça... Pas maintenant. Pas maintenant alors que nous nous sommes enfin trouvés, pas après avoir traversé tant d'épreuves, surmonté les obstacles de tes non-dits, vaincu mes peurs. Pas maintenant. Pitié. Ryo. Pas maintenant. Allez, réveille-toi. Ouvre les yeux, Ryo... S'il-te-plaît…


Mais rien ne se passa, il n'y eut pas de miracle.


— Comment ça a pu arriver ?

Ca y est, les mots étaient enfin sortis de sa bouche à haute et intelligible voix.


— J'étais en retard de deux secondes. I'm so sorry about that. Le temps de m'approcher suffisamment pour pouvoir utiliser mes couteaux, lui répondit Mick.

Il frappa ensuite violemment le volant de sa main gantée de cuir noir. 

— Ahrrr! Damned ! If only I could carry a fucking gun ! Putain de merde ! Pourquoi était-il aussi pressé, hein ? Il aurait dû m'attendre ! Pourquoi il ne l'a pas fait ?

— C'est moi sa partenaire. Il aurait dû pouvoir compter sur moi et uniquement sur moi ; et pas sur toi. C'est moi qui ai réagi comme une idiote. J'ai plongé tête baissée dans le piège que ces débiles nous avaient tendu. Une vraie débutante !

— Dis pas n'importe quoi, tu veux ? Tu ne pouvais pas laisser ce petit kid s'écraser au sol. Tu as fait ce qu'il fallait pour lui, murmura Mick en se tournant vers le siège passager où il avait déposé le petit Hiro, libéré mais toujours inconscient. 


Kaori ne répondit pas ; certes, l'argument était de taille, mais sa raison, rongée par la culpabilité et l'inquiétude, ne voulait pas l'entendre, encore moins l'admettre. Mick enfonça encore la pédale d'accélérateur, grilla un stop et un feu rouge pour enfin achever sa course dans la cour de la clinique du Doc. Il se rua hors de la voiture en criant de toutes ses forces :

— Et le Doc, vous avez du boulot ! Kazue, vite, par ici !


Le Doc, Kazue et Falcon apparurent presque immédiatement. 

Les portières de la Jeep s'ouvrirent à la volée. Des paroles échangées, des directives données et en moins de temps qu'il en faut pour le dire, le corps inanimé de Ryo fut extirpé de la voiture. Mick et Falcon étaient déjà en train de le déposer sur une civière que Kaori était encore assise sur la banquette, les yeux perdus dans le vague. Elle entendit le Doc demander :

— Que s'est-il passé ?

— Assommé par une balle sur la tempe, répondit Mick. Tombé en arrière, le crâne sur un container. Inconscient depuis... environ dix minutes.

— OK. Voyons ça. Falcon, Mick : occupez-vous de Kaori.


Par la portière ouverte, Kaori entendit le Doc donner encore quelques indications sur son état à Kazue dans un langage qu'elle ne comprenait heureusement pas. Pas de gesticulation inutile, pas d'énervement, pas de panique, pas de cri. Tout semblait si ... normal. Le Doc prenait la direction des opérations. Lui aussi, était un vrai professionnel. Elle pouvait s'en remettre à lui. Il n'y avait que lui qui pouvait sauver Ryo. 


Le brancard avec le corps de Ryo et les deux blouses blanches s'envolèrent dans un bruit de roulettes couvrant à moitié le langage médical incompréhensible pour le cerveau de Kaori. Elle ne pouvait plus rien intégrer.


Soudain, l'énorme tête de Falcon, surmontée de ses lunettes de soleil, se trouva devant elle.

— T'inquiète, la p'tite. Miki hier, Ryo aujourd'hui. Ils sont solides tous les deux, gronda-t-il de sa voix de baryton avant de s'effacer pour la laisser passer.


Kaori sortit enfin de la voiture. Encore cotonneuse, elle avait la désagréable sensation que ses yeux voyaient encore ce corps allongé sur le brancard. Ce corps. Ryo. Un corps inerte, pâle et rouge. 


Rouge. 


Il y avait tellement de sang. Il avait maculé la tête de Ryo, avait collé ses cheveux, s’était répandu sur son visage. Il avait coulé dans sa nuque, imprégnant sa chemise jusque sur le torse. Elle avait l'impression qu'il en avait partout... 


Ses jambes tremblèrent soudain. Elles ne pourraient plus la porter très longtemps. Elle chercha un appui, quelque chose de solide, paniquant à l'idée de ne trouver que du vide. Il ne pouvait y avoir que du vide à présent. Quand le sol s'amollit sous ses pieds, des bras forts vinrent la retenir et elle entendit une voix grave mais douce. C'était Falcon : 

— Attention, la p'tite.


Kaori reconnut ensuite la voix de Miki qui venait de sortir, le bras en écharpe et accompagnée de son porte-perfusion :

— Oh Mon Dieu ! Elle est touchée ?

— Non. Ce n'est pas son sang.

— Oufff, j'ai cru…


Kaori regarda ses mains ; elles étaient couvertes d'une substance rouge sombre, poisseuse et encore tiède. Elle les essuya machinalement sur son jean mais ce fut encore pire. Elle regarda mieux : elle en avait partout. Son t-shirt, son pantalon, ses doigts ... Partout. Elle en avait vraiment partout... Partout. Du sang. Son sang... Le sang de Ryo... de Ryo... 

— Ça ressemble plus à un état de choc, indiqua Mick à Miki. 

— Emmène-la dans la chambre à côté de la mienne. On trouvera bien de quoi la changer quelque part.


Kaori, elle ne voyait plus qu'une seule chose, sur ses mains, sur ses habits, tout ... Tout était rouge. Rouge sang. Rouge poisseux et chaud. Rouge écœurant. Rouge... que du ... rouge. 


Et brusquement : noir. Elle sombra dans un trou noir. 


Puis, le noir et le blanc alternèrent sous ses paupières. Sa paume était retenue prisonnière par des mains douces et chaudes. Ça tintait dans ses oreilles, une sorte de musique sonnait agréablement autour d'elle. C'était calme, doux et agréable. Rassurant. En y faisant plus attention, c'était plutôt une voix, pas une musique, une voix masculine qui lui parlait, une voix grave qui l'appelait... 


Sans ouvrir les yeux, elle murmura :

— Ryo ?

— Il va mieux. Il n'est pas encore tiré d'affaire mais le plus dur est passé, perçut Kaori. 


Mais ce n'est pas ce qu'elle aurait voulu entendre. Ce n'était pas la voix qu'elle aurait voulu entendre. Ce n'était pas Ryo qui lui tenait la main, en attendant qu'elle se réveille. Non, ce n'était pas lui. La réalité revint durement se placer derrière ses paupières closes. L'alternance de noir et de blanc se transforma en rouge. En rouge poisseux et tiède. Partout, elle en avait partout... Ryo ! Où est Ryo ?


Elle ouvrit les yeux et se redressa vivement, regardant autour d'elle. Elle avait du mal à déchiffrer les ombres, les lumières et les couleurs qui dansaient devant elle. 

— Prends ton temps, ma belle. C'est normal d'avoir du mal à atterrir après ce qu'il t'est arrivé, annonça doucement Mick, assis à côté d'elle.

— Mick ... Comment ? Qu'est-ce qu'il ... Est-ce qu'il est... ?

— Tout doux. T'inquiète pas, Ryo est plus ou moins O.K.

— Plus ou moins ? Qu'est-ce que ça veut dire : plus ou moins ?

— Je laisserai le Doc t'expliquer, Kaori. Calme-toi ! Tu dois rester allongée encore un peu ! s'écria-t-il en la retenant. Tu as été sédatée. Quand tu t'es réveillée après être tombée dans les pommes près de la voiture,  tu n'arrêtais pas de pleurer. C'était le seul moyen de t'éviter une crise de nerfs.


Kaori se rallongea, dévisageant toujours Mick, alors que les contours de sa vision commençaient à s'affiner. 

— Kazue a joué à l'infirmière parfaite et t'a débarbouillée. Elle a aussi désinfecté tes quelques égratignures et t'as mis un pyjama propre. Tu as dormi près de huit heures d'affilée. Ah, et le petit Hiro est revenu à lui rapidement et je l'ai ramené à sa maman. Elle vous remercie infiniment.

Mick fit une pause et lui demanda en souriant : 

— Comment tu te sens ?

— J'ai l'impression de flotter dans du coton ...

Son ami rit doucement. 

— Bon, ça pourrait être pire alors. Attends un peu, je vais prévenir les autres que tu es réveillée.


Mick s’éloigna. Elle entendit des voix dans le couloir puis des pas précipités. Kazue entra la première, lui lança un sourire soulagé, portant une main à son cœur. Elle fut bousculée par Miki qui se trouvait sur ses talons et qui finit par se jeter sur Kaori, la serrant contre elle de sa main libre, l'autre étant emprisonnée dans une écharpe. 

— Ça va ? s'enquit-elle, inquiète.

— Oui, Miki, ça va. Tu ne devrais pas être là, toi aussi tu dois te reposer !


Elle s'interrompit, s'éloignant vivement de l'étreinte de Miki pour s'adresser au Doc qui venait d'entrer dans sa chambre :

— Comment va Ryo ? Ne me cachez rien, s'il vous-plaît.


Le vieil homme prit une profonde inspiration avant de lui répondre de sa voix monocorde : 

— Ça peut aller. Il a dix points de suture à la tête et trois à la tempe. Les entailles étaient profondes et il a perdu beaucoup de sang. Il a été transfusé et il devrait plutôt bien se remettre. Physiologiquement en tout cas.

— Qu'est-ce ça veut dire ça : physiologiquement en tout cas?

— Il a un traumatisme crânien sévère mais, heureusement, aucun hématome qui pourrait faire pression sur son cerveau. Il est resté inconscient un moment mais c'est normal après le choc qu'il a subi et les antalgiques que je lui ai administrés. Il est réveillé depuis presque deux heures maintenant. Par contre, on a un problème et je préfère t'en parler avant que tu ailles le voir.


Il posa une main sur l'épaule de Kaori pour l'intercepter alors qu'à nouveau, elle s'apprêtait à se lever pour filer rejoindre Ryo. Le Doc attendit en silence qu'elle s'installe, assise droite comme un I sur le bord de son lit. Puis, elle hocha la tête, après avoir pris une grande inspiration. Derrière le Doc, elle vit que Mick s'était tourné vers la fenêtre, Kazue lui tenant timidement le bras, inquiète. Miki, assise à côté d'elle sur le lit, lui donnait l'impression de guetter sa réaction comme si elle était une casserole de lait sur le feu. Kaori prit une grande inspiration avant de prononcer : 

— Je suis prête.


Elle s'attendait à ça. Elle avait pensé à ça dans la voiture. Elle osa demander, comme ça pouvait être moins dur à entendre si ça venait d'elle : 

— Il est handicapé à quel niveau ? Les jambes uniquement ou c'est tout le corps ?

— Pire. C'est sa tête.


Kaori le regarda sans comprendre. Comment est-ce que ça pourrait être pire ? Le Doc prit doucement la main de Kaori dans la sienne. Cette dernière fut surprise par ce geste d'une tendresse presque paternelle. D'habitude, le Doc tentait plutôt de lui pincer les fesses. Il se pencha vers elle et prononça délicatement : 

— Il est amnésique. 


Elle écarquilla les yeux.

— Qu ... Qu ... Quoi ?

— Il a perdu la mémoire. Il n'a reconnu personne et il ne se rappelait même plus de son nom.

— Non ! 


Kaori repoussa brusquement la main du Doc qui était posée sur la sienne. Éperdue, elle dévisagea le vieil homme puis Miki, puis Kazue qui s'était approchée d'eux, cherchant une infirmation : 

— C'est pas drôle ... C'est moi qui fais ce coup-là, pas lui ! Il vous a fait une blague ! Ça serait bien son genre, tiens !

— Non, dit Mick en se retournant vers elle. Ce n'est pas une blague. J'adorerais, ma belle, j'adorerais mais ce n'est pas une blague.

— C'est pas possible. C'est un cauchemar. 


Elle détourna les yeux quelques secondes puis darda ses yeux noisettes dans ceux du Doc, deux pupilles noires fatiguées et grossies par ses petites lunettes épaisses :

— Mais il va retrouver la mémoire, hein ? Moi, ça n'avait duré que quelques jours, il va se remettre, n'est-ce pas ? Il va se remettre ?


Le Doc secoua la tête et soupira, soufflant dans sa fine moustache. Il avait l'air tellement fatigué. Kazue s'avança un peu plus et répondit à sa place :

— C'est différent. Ton amnésie était une amnésie dissociative post-traumatique : tu avais oublié les événements liés à un choc émotionnel, ton traumatisme crânien associé était minime. Chez Ryo, c'est tout l'inverse. Son traumatisme crânien empêche sa mémoire de fonctionner. Il souffre d'amnésie rétrograde qui touche essentiellement la mémoire épisodique.


Le Doc compléta dans un soupire :

— Sauf que la période concernée par son amnésie est anormalement longue. Elle couvre presque toute sa vie, depuis hier jusqu'à des années en arrière : le mariage de Miki, la mort de Kaibara, celle de ton frère, le partenariat avec Mick, la guerre en Amérique du Sud, son errance dans la jungle... Il n'a reconnu ni Falcon, ni moi qui le connaissons depuis qu'il est adolescent.

— Tu penses que ... Alors il m'a oubliée ?

— Oui. Je suis désolé, Kaori. Je sais ce qu'il représente pour toi mais, oui. Ton nom ne lui évoquait rien.


Le Doc laissa le silence s'installer dans la chambre pour permettre à Kaori de digérer la nouvelle. Derrière lui, gêné, Mick s'était à nouveau tourné vers la fenêtre, ses poings gantés serrés le long de son corps. Au bout de quelques instants, le Doc reprit :

— Je suis navré de te blesser en te disant cela mais il m'est difficile de faire autrement. C'est la vérité.

— Je veux le voir, Doc.


Et elle se leva brusquement mais Miki la retint en lui attrapant le bras de sa main valide :

— Doucement. Pas de précipitation, ma grande. Prends le temps d'écouter ce qu'on a encore à te dire.


Kaori regarda son amie, étonnée. Comme Miki ne la lâchait pas, elle se rassit, non sans montrer sa contrariété. La Doc hocha la tête :

— Elle a raison. Je préfère que tu sois calme quand tu iras le voir. Il ne faut pas le brusquer. Le cerveau et l'esprit humain sont des choses que l'on comprend encore très mal et mes compétences en la matière ne sont pas très étendues. Mais je pense qu'il s'est mis dans une sorte de mode veille, si tu vois ce que je veux dire. Il faut lui laisser du temps et y aller pas à pas. Kazue et moi devons encore réfléchir à la méthode que nous pourrons employer pour l'aider.


Il se tourna vers son assistante qui hocha la tête. Kaori prit une grande inspiration : 

— Compris. J'y vais en douceur et je parle tranquillement avec lui.

— Oui. Comme si vous faisiez connaissance pour la première fois. Ce qui est son cas en un sens. Et pas de massue, surtout ! Kaori ? Encore une chose. Ne t'attends pas à retrouver Ryo. Il est ... différent.

— Comment ça, différent ?

— Je confirme, la p'tite, dit soudain Falcon, appuyé au chambranle de la porte, les bras croisés sur sa poitrine monumentale.  En entrant dans sa chambre, je n'ai pas reconnu son aura.

— Comment c'est possible, ça ?


Le Doc expliqua : 

— Il a laissé derrière lui sa combativité, son agressivité. Évite de lui parler de vos activités de City Hunter, les XYZ, les armes, les missions, tout ça... Je pense que c'est trop tôt pour le moment. Il manque aussi de confiance en lui. Il a eu ... Enfin, il a eu peur de Falcon.


Kaori n'en crut pas ses oreilles :

— Peur ? Ryo ? Peur de toi ? s'étonna-t-elle en désignant Falcon du doigt.


Le géant rougit, mi-gêné, mi-vexé et gronda : 

— Oh, c'est bon, preuve qu'il débloque, c'est tout ! Si je ressemblais à un chat, je comprendrais mieux ! Hum, hum, bon je reconnais, je peux être impressionnant, c'est normal, je suis un peu trop grand pour les gens d'ici ...



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