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Chapitre 2 : L'ultime recours

2250 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 25/11/2022 17:09

Après avoir quitté ses amis, Ryo déambula dans les rues de Tokyo sans but précis, sans même chercher à sauter sur les jolies femmes qu’il croisa pour une fois. Il repéra quelques-uns de ses indics et leur demanda s’ils n’auraient pas vu Kaori par hasard. Tous connaissaient la jeune femme pour être la partenaire de City Hunter mais lorsque Ryo leur posa la question, tous avouèrent qu’ils ne voyaient pas qui était Kaori. Aucun ne la connaissait. Il continua de marcher, un poids lui comprimant la poitrine.

Il n’y avait plus qu’une réponse possible à tout ça : Kaori n’existait pas. Il n’avait pas encore tous les détails sur le pourquoi du comment mais dans ce monde-là, elle n’existait pas. Après avoir échafaudé tout un tas d’hypothèses ses dernières heures, il en conclut qu’il avait atterrit dans une sorte d’univers parallèle dû à une faille temporelle ou quelque chose dans ce genre-là dans laquelle les choses étaient différentes.

Parce qu’elle devait forcément exister quelque part, de ça il en était sûr. Il n’avait pas rêvé son odeur, la couleur de ses cheveux, sa voix. Il n’avait pas rêvé de la douleur provoquée par la massue ni des nuits passées sur le toit de l’immeuble, saucissonné dans un futon. Dans un autre monde que celui-ci, elle avait été City Hunter, elle avait été sa partenaire et avait partagé plusieurs années de sa vie avec lui. Mais ici, la vérité était tout autre. Que s’était-il passé pour qu’il en soit ainsi ?

Dans tous les cas, si Kaori n’avait pas sa place dans ce monde, il ne la reverrait jamais. A cette pensée, complètement abattu, il arrêta d’avancer. Il ne la reverrait jamais… Non ! Il manqua de souffle et son cerveau tournait à vide sur cette unique pensée. Jamais. Jamais. Jamais…

Mais ce n’était pas tout ce qu’il méritait après tout ? Il aurait dû s’estimer heureux déjà de l’avoir à ses côtés rien que pour lui pendant toutes ses années, au lieux de ça, il avait tout foutu en l’air en la blessant une fois de plus. Une fois de trop.

Plus jamais…

Il se passa une main sur le visage. Il se rendit compte qu’il tremblait. Il n’existait qu’un seul moyen pour la revoir. C’était de retourner là d’où il venait. Dans le monde où Kaori existait. Comment y arriver ? En prouvant qu’il le méritait ? Qu’il méritait cette seconde chance ? Mais est-ce que ça serait suffisant ?

Il cligna des paupières plusieurs fois afin de remettre de l’ordre dans ses idées et prit enfin conscience de l’endroit où il se trouvait. Ses pas l’avaient mené instinctivement vers la gare de Shinjuku, devant le tableau des messages. Pas de XYZ pour City Hunter. Il eut un petit sourire, hésita quelques secondes et s’avança vers la surface noire du tableau recouverte de messages. Il prit une craie et traça les lettres clés pour ceux qui ne savait plus vers qui se tourner, pour qui s’était l’ultime recours.

X

Y

   Z…



Il était rentré chez lui – enfin si on pouvait appeler ça chez lui maintenant – alors que le soleil commençait à se coucher. Il n’avait pas mangé de toute la journée et n’en avait pas éprouvé le besoin. Il se servit un verre de whisky et s’assit sur le rebord de la fenêtre. Il leva la tête. S’était magnifique. On aurait dit que le ciel prenait feu, embrasé par le soleil. Au-dessus des gratte-ciels, très haut et intouchable, s’élevaient des nuages orangés fait de flammes. Bientôt, la nuit tomberait et cette journée serait définitivement terminée.

Il espérait se réveiller demain en s’apercevant que ce n’était qu’un cauchemar et que Kaori était là. Il se mit tellement à espérer que lui aussi s’embrasa, son esprit s’enflamma et son cœur se gonfla tant d’espoir qu’il était prêt à exploser. Il but une gorgée afin de réattérir sur terre, en vain. Il lui tardait de se coucher et d’être demain et de reprendre sa vie normale.

L’absence de sa partenaire commençait peu à peu à se faire sentir et il devait bien avouer qu’elle lui manquait. Encore un peu et il en viendrait à regretter les massues. Il sourit. Non, il ne fallait pas trop pousser quand même. Il fouilla du regard la ville en contrebas. En espérant la voir peut-être. En espérant la voir se diriger vers lui. En espérant la reconnaître parmi les dizaines de silhouettes qui se pressaient sur le trottoir. « Où es-tu Kaori ? » murmura-t-il.

Il s’arracha de ses pensées et se dirigea vers la chambre de sa partenaire, son verre à la main. Autrefois – dans une autre vie semblait-il – sur la porte était accroché un petit panneau indiquant « chambre d’ami » et un autre « chambre de Kaori ». Kaori s’était installée dans la chambre d’ami afin de dormir avec les clientes, prévoyant ainsi toutes les visites nocturnes de Ryo. Mais maintenant, plus aucun panneau n’était suspendu par un petit clou. Il n’y avait rien d’autre que du vide.

Il poussa la porte et entra dans la pièce plongée dans l’obscurité. Il s’assit sur le bord du lit et posa son verre sur la petite table de chevet juste à côté. Puis il s’allongea de tout son long et mit ses mains derrière la tête.

Il ferma les yeux et se laissa bercer par le silence. Un silence pour le moins inhabituel. Même l’odeur de Kaori avait déserté les lieux. Il n’y avait plus aucune trace d’elle, ce qui renforçait encore plus sa théorie… Mais pour l’instant, savoir que s’était l’ancienne chambre de Kaori pouvait suffire. Il s’endormit un peu plus tard en se promettant de tout faire pour la retrouver.


 Il se réveilla le lendemain matin en se demandant tout d’abord où est-ce qu’il se trouvait. Une chambre, quasiment vide. Il grogna et tourna la tête. Il aperçut le verre, toujours posé sur la table de chevet et dont il restait un fond de Whisky. Il se passa une main dans les cheveux. Ce n’était pas un rêve. Kaori n’existait vraiment plus. Il était atterré de le constater et de l’admettre mais il était aussi déçu d’avoir osé espérer que ce n’était qu’un cauchemar. Le réveil n’en était que plus brutal.

Il grogna à nouveau et referma ses yeux pour échapper à la réalité… qui ne tarda pas à le rattraper. Alors il soupira et capitula. Pour se convaincre de se lever, il se dit que rester au lit ne servirait à rien et que ça ne ferait pas avancer les choses.

Après une douche rapide, il se dirigea vers la cuisine, mort de faim. La veille, il n’avait rien avalé du tout et il était temps d’y remédier. Il se prépara un petit déjeuner avec ce qu’il trouva – il était temps d’aller faire une ou deux courses – et une fois complètement rassasié, il sortit pour aller dans l’immeuble dans face.

Il frappa à la porte de l’appartement de Mick, ne sachant pas trop ce qu’il cherchait. Peut-être qu’il voulait juste un peu de soutient de la part d’un ami. Il pourrait se confier à Mick et tout lui raconter même s’il y avait de fortes chances pour que celui-ci se foute de sa poire.

 A sa plus grande surprise, ce ne fut pas l’américain qui ouvrit mais un homme d’un certain âge qu’il ne connaissait pas. Un ventre proéminent, des cheveux gris et lisses tirés en arrière, il se s’agissait vraisemblablement pas de Mick Angel. L’homme le regardait par-dessus ses lunettes à fine monture et attendait patiemment que Ryo se manifeste.

— Bonjour, fit Ryo, je cherche Mick Angel. Il habite ici normalement.

— Vous devez vous tromper, lui répondit l’homme en secouant la tête, il n’y a pas de Mick Angel ici.

— Vous êtes sûr ? insista Ryo. Et aux autres étages ?

— Désolé monsieur, mais à ma connaissance, aucun Mick Angel n’habite dans cet immeuble. Avec un nom pareil, je m’en serais souvenu !

Etonné, Ryo n’en montra pourtant rien et salua l’inconnu. Il tourna les talons en se demandant si son ami avait disparu comme Kaori. Il partit en ville faire quelques courses – si Kaori le voyait elle n’en reviendrait pas. Il croisa Umibozu, lui aussi en train de faire des courses pour le café. Il s’approcha discrètement de lui par derrière et lui souffla :

— Bah alors ma tête de poulpe, qu’est-ce que tu fais de beau ?

Le géant sursauta et devint rouge comme une écrevisse. Il serra un peu plus ses paquets entre ses bras et regarda autour comme s’il venait d’être pris en flagrant délit de vol.

— Je… euh... Je faisais les courses.

Ryo se mit à rire bruyamment en se tapant les cuisses ce qui eut pour effet de faire fumer Umibozu par tous les pores de sa peau.

— Et tu sors habiller comme ça juste pour faire des courses ? rétorqua Ryo.

Le barmaid était bien habillé avec une chemise blanche toute propre, un veston et il avait même un nœud papillon autour du cou.

— Je m’habille comme je veux d’abord, au moins je ne fais pas aussi tâche que toi, fit remarquer Umibozu.

Ryo secoua la tête de droite à gauche mais ne releva pas l’insulte. Au contraire, il lança :

— Décidemment, Miki arrive à tous de faire faire. Un vrai petit toutou.

— C’est ça, c’est ça. Moque-toi autant que tu veux…

Le géant lui tourna le dos et s’apprêta à passer son chemin quand Ryo demanda subitement :

— Au fait, tu sais ou est Mick ?

Umibozu s’arrêta et se tourna vers Ryo. Il ne dit rien pendant plusieurs secondes, le visage impénétrable puis finit par lâcher :

— Mick est mort. Tu l’as tué lors d’un duel.

Ryo eut l’impression que le ciel lui tombait sur la tête. Il resta de longue secondes planté au milieu du trottoir, son cerveau incapable de commander quoi que ce soit. Impossible… Ce duel n’avait jamais eu lieu ! S’était Kaori qui… Kaori…

Précipitamment, il prit le chemin du retour sans un mot de plus pour Umibozu. Ce dernier se demandait ce qui clochait sérieusement chez le nettoyeur en ce moment. Il haussa les épaules. Ryo et ses mystères… Il prit la direction du Cat’s Eye pour retrouver Miki.

 Une fois rentré, Ryo posa les courses sur la table et s’assit sur la première chaise qui lui venait. La tête entre les mains, il se força à réfléchir.

Alors comme ça le duel sur le toit de l’immeuble désaffecté entre lui et Mick avait eu lieu. Evidemment, c’était la présence de Kaori qui avait changé le résultat et aucun coup de feu n’avait été échangé cette fois-là. Peu après, il avait appris que c’était son père, Kaibara, qui avait commandité son propre meurtre. Comment est-ce que tout ça s’était passé ici ? A priori, Kaori n’existant pas, il s’était battu contre Mick et avait gagné, mais ensuite ? Il repensa à son père qu’il avait tué de sa propre main, à ce bateau qui avait coulé emportant avec lui son corps sans vie. Mick avait échoué à remplir le contrat avec Kaïbara… Alors ça voudrait dire que ce dernier est toujours en vie ? Ou bien a-t-il fait le déplacement et Ryo avait dû l’affronter en duel gagnant une fois de plus ?

Ne pas savoir allait finir par le rendre fou. Il était censé avoir vécu tous ces évènements mais il ne savait plus ce qui était vrai ou faux. Comment s’en sortir ? Il devait à tout prix retrouver Kaori et avoir enfin des réponses.

Il contempla le vide autour de lui. Un appartement sans âme, voilà ce que s’était devenu. Et s’il ne retrouvait jamais Kaori ? Et si ce vide le gagnait aussi ? Il secoua la tête. Allons. C’est complètement ridicule. Il avait déjà vécu seul par le passé. Il avait l’habitude…

Afin de se changer les idées, il descendit au sous-sol faire la seule chose qu’il pouvait encore faire : tirer sur une cible et vider son chargeur, encore et encore...


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