La Symphonie de la Nature

Chapitre 1 : La Symphonie de la Nature

Chapitre final

2314 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 18/08/2022 12:59

Castlevania : La Symphonie de la Nature


Cette histoire participe au défi Le jardin maléfique (octobre-novembre 2020) en seconde chance de fanfictions.fr


L’incertitude, une notion si simple mais si imprévisible. Un sentiment néfaste dont le destin aime s’amuser avec pour nous jouer un mauvais tour. Un même destin qui affronte la volonté d’un homme surnaturel aux responsabilités tragiques à chaque seconde. Des bruits et hurlements se font entendre dans l’enceinte d’un château vivant dont l’âme amène le chaos lui-même. Ressuscitant les défunts dans le monde des vivants pour les asservir tout en propageant sa corruption sur des créatures et végétaux criant à la guerre. Tous vaincus un à un par le son d’une épée sacrée. Son propriétaire l’utilise avec grâce mais sans émotions. Des vagues de vent renvoient les victimes six pied sous terre. Laissant la place aux ténèbres au sein d’un jardin souterrain. Os de squelettes, peau décomposée de zombies et carcasses métalliques de Duhallan servent de décoration pour les murs crêpis. Le sang sert d’engrais pour les fleurs séchés et remplace l’eau de la fontaine au centre de la salle. L’odeur résultant de ce massacre répugne le survivant qui essuie le flux sanguin coulant sur son visage avec sa cape noir et dorée. Ses cheveux longs d’argent à l’image de sa lame sont synonymes d’années de tristesse, de mélancolie et de honte accumulées pendant des siècles. Est-ce son héritage maudit qui l’obligea à se retirer des humains et ainsi oublier ses responsabilités ? Ou alors, son amour encore présent envers le père qu’il a connu. Père qui aujourd’hui, souhaite la fin de l’humanité depuis l’exécution de sa mère par le même peuple dont elle fût issue. Il ne peut pas se laisser bercer par ses souvenirs, pas maintenant. D’autres bêtes arrivent vers lui, harpies et plantes carnivores. Encore une fois il saisit son arme ainsi qu’un bouclier et danse sur cette piste macabre. Les pétales de roses volantes autour de lui deviennent toutes aussi tranchantes que ses assauts. Ses mouvements sporadiques tel un brouillard ne laissent aucune pitié.


A l’instar des victimes gisant sur le sol, le décor alentour possède un côté mystique presque envoutant à première vue. Capable d’entourlouper tous voyageurs non préparés vers un chemin infini. Un labyrinthe de buisson géant, de racines vivantes. L’épéiste est contraint à la marche, ne pouvant user de son pouvoir de métamorphose en chauve-souris pour prendre de la hauteur. Les branches n’hésiteront pas à le harceler de coup s’il ose. Son apparence humaine est plus apte à contrer une éventuelle riposte. Le temps lui semble interminable, marche-t-il depuis plusieurs minutes, heures, jours ? Il ne sait pas et s’en moque. Mais on dirait que le jardin souhaite le préserver d’un danger encore plus grand malgré son allure cauchemardesque, une chose que le vagabond ne connaît que trop bien. Il a grandi dans ce château, c’est un membre à part entière de cette infrastructure. Il en est le digne héritier et connait tous ses secrets, bons comme mauvais.


- Si seulement Castlevania pouvait rester détruit à jamais. Même un Belmont n’est pas capable de terminer cette guerre incessante.


Un clan d’ancien chasseur de vampires. L’un d’entre eux était un de ses plus proches amis, malheureusement emporté par la vieillesse le laissant seul. Et comme si cela ne suffisait pas, il semblerait que le destin souhaite le voir affronter le descendant de son ami dans un combat à mort dans un futur proche.

- Trevor… pardonne-moi mais Richter doit être arrêté. Mais… est-ce qu’une autre solution existe ?


Seul un silence de mort accompagne sa réflexion. Le guerrier fatigué, s’assoit au pied d’une espèce d’arbre inexistante en Transylvanie : le dragonnier des canaries. Il possède un air familier. Levant la tête, l’homme y voit gravée déçu un cœur avec les initiales : L + V = A.

- Mère, père… Pourquoi m’avez-vous laissé avec un tel fardeau.


Avant de devenir un cauchemar vivant c’était l’une des cachettes préférées du jeune prince. Là où la lumière bienveillante terrassait l’obscurité. Là où les animaux comme des lapins, écureuils ou oisillons couraient et chantaient paisiblement. Ils ne sont plus que des mutations d’horreur éparpillés sur le sol, surplombés par les lampadaires cassés. Même les barrières et rampes en métal d’escaliers sont couvertes de rouilles. Le constat est pauvre, plus personne n’est venu ici en plus de cent ans.


- As-tu laissé pourrir cet endroit en toute âme et conscience père ? Es-tu parti si loin dans le néant que tu ne tiens plus à préserver le jardin que mère chérissait ?


Il continue de profiter de ce court moment de paix pour se remémorer son enfance avec ses géniteurs, dans cet éden. Il ignore si l’adrénaline de son dernier affrontement lui joue des tours dans sa tête mais il suit du regard la silhouette de son lui du passé avec le fantôme de sa famille.

« - Maman maman regarde ! Le potager grandit à vue d’œil !

- La nature nous remercie pour l’avoir entretenue tous les jours Adrian.

- Est-ce que les plantes peuvent nous entendre ?

- Evidemment. Ce sont des êtres vivants comme nous. C’est pour ça qu’il faut être attentionné.

- Mais… on marche souvent sur de l’herbe. N’est-elle pas en colère ?

- Elle est très généreuse envers les âmes pures. Quoi qu’il arrive pardonne et respecte toujours ton prochain. »


Cette vision mélancolique s’évapore tel un nuage et rétablit l’espace vert maléfique. Un petit sourire triste parcourt les lèvres de l’élu.

- Pardonner son prochain… Pourquoi LUI n’a pas pu en faire autant.


Il se lève difficilement, un dernier regard perçant ce vestige du passé avant de continuer son chemin jusqu’à entendre une voix sèche et rugueuse derrière lui.

- Ne me laisse pas…

Un brasier ardent commence à recouvrir l’entièreté de la zone, réduisant à l’état de cendres toute l’arborescence. La terre se soulève pour créer une croix de bois auquel une femme aux cheveux blonds longs y est attachée.

« - Non…

- Adrian… Aide-moi !

- Tu n’es pas réel ! Encore une fois Castlevania essaie d’entrer dans ma tête. »


Celle-ci se libère de ses entraves et marche vers son fils, toujours recouvert d’une aura de feu faisant doucement fondre sa peau. Les détritus coulant sur sa robe blanche. Elle avance à petits pas écrasant les fruits et légumes du potager abandonné.

« - Viens à moi. Tu n’as plus besoin de souffrir seul.

- Je ne souhaite rien de plus que de pouvoir te serrer dans mes bras. De pouvoir enfin obtenir la paix éternelle.

- Mon fils…

- Mais tant qu’il est en vie je ne peux pas faire marche arrière. Je suis désolé. »


L’épée libre de son étau coupe d’une traite ce décor illusoire pour révéler un champignon géant aux yeux sans pupilles avec une bouche remplie de dents tranchantes. Des spores s’échappent de son corps à chaque seconde. De petites particules capables de réveiller vos plus profonds cauchemars. L’héritier se lance dans la bataille sans aucune hésitation. Coupant sa respiration, il ne fait qu’une bouchée de cet ennemi. Il ne laissera personne ternir la mémoire de sa mère.


- Vive… le seigneur Dracula…


Les dernières paroles du monstre mourront avec lui. Adrian vient de rompre définitivement avec son passé. Le cœur qu’il a gravé dans le marbre ou plutôt sur ce champignon mutant est totalement détruit. Tout ce qu’il reste est un homme guidé par sa destinée.

- Adrian Fahrenheit Têpes est mort avec Lisa Têpes cette nuit-là. Je suis Alucard désormais. Allié du clan Belmont, ennemi de Vlad Têpes le comte Dracula.


S’approchant vers la sortie, sa main, posée sur le manche ressent un froid intense à l’image de l’ambiance qu’ont inspirée les derniers évènements. Ignorant cette sensation, il s’apprête à partir mais se fige après avoir ressenti une présence, celle d’une adolescente de dix-sept qui elle aussi souhaite sauver le dénommée Richter Belmont. Une femme aguicheuse qui ne le laisse pas indifférent. Son visage, ses cheveux blonds et sa tenue verte telle la nature a un effet apaisant sur lui.


« - Nos chemins se croisent à nouveau, Maria.

- Ça devient une habitude à force Alucard. Et pourtant ce château est gigantesque.

- Comme je te l’ai déjà dit, cette entité à la capacité de modifier sa propre apparence à chaque apparition. As-tu trouvé un moyen de libérer Richter de son influence ?

- Pas encore…

- Je vois. »


Incapable de le regarder droit dans les yeux, elle jette son regard sur la dépouille de l’amanite, une fleur dorée a poussé suite à sa mort. Elle la cueille délicatement avant de la tenir dans ses mains.

- C’est magnifique n’est-ce pas ?

Il acquiesce silencieusement se demandant comment un tel joyau a pu naître dans cet environnement malsain.

« - Un autre mystère de la vie.

- Peut-être que ce bourdon représente l’âme de ce jardin, qui te remercie de l’avoir débarrassé de son oppresseur. »

Le symbole du renouveau, tout espoir n’est pas encore perdu. Un autre sourire s’échappe de ses lèvres, cette fois un sincère et heureux.

- Je l’espère. Laissons là se reposer en ces terres.


Tous deux avancent vers le potager cher au cœur du Dhampire, ils déposent les graines ou semences d’or dans la terre. Priant pour le retour de la bonté et la bienveillance. Au final, cet endroit n’est plus aussi terrifiant qu’il ne pensait. C’était seulement un lieu mélancolique, triste qui cherchait à obtenir le repos, comme lui.

« - Ne perdons pas plus de temps. Nous devons éviter le retour de mon père.

- Je vais me diriger vers la tour de l’horloge et toi ?

- Ce jardin lie les catacombes au colisée souterrain que j’ai déjà exploré. Je pense retourner vers la bibliothèque. J’ai besoin de parler à une vieille connaissance.

- D’accord, sois prudent Alucard.

- Toi aussi Maria. »


Il attend que la demoiselle disparaisse vers sa nouvelle destination pour saisir une feuille tombante. Il la colle sur ses lèvres pour débuter une douce mélodie. En réponse, une petite alrune humanoïde, pas plus haute qu’un nourrisson éclot des restes de la fleur dorée et câline la jambe droite d’Alucard.

- Un nouveau familier ? Mère avait raison, respecte la nature et elle t’aidera en retour.


Curieux des capacités magiques de son nouvel allié, il la laisse vagabonder comme un parent fier de voir son enfant jouer pour la première fois dans un champ ou une cour de récréation. Elle a beau être qu’un nouveau-né, les familiers magiques murissent bien plus rapidement qu’un humain lambda et surtout possède un lien psychique avec leur maître. Les mémoires et émotions du demi-vampire émeuvent la petite fille. Des larmes coulent de ses yeux, tombant sur le sol. Au contact de ce liquide oculaire, la verdure alentour se régénère reprenant des couleurs plus vives.


- Des pouvoirs de régénération. Impressionnant.


Alors qu’il souhaite laisser sa fille continuer de soigner le jardin, il sent l’arrivée de nouveaux ennemis. Le chant qu’il a exécuté n’a pas eu que des effets bénéfiques, des créatures démoniques charcutent la porte d’entrée pour éliminer le faiseur de trouble. Une erreur de jugement qui leur coûtera cher. Usant de ses propres pouvoirs, il invoque une fée protectrice qu’il assigne à la cadette. Ensuite, il se transforme en loup pour foncer avec une vitesse déconcertante vers ses proies. Ce jardin ne sera plus taché de sang et prisonnier de la mort. Il les tacle dans le couloir adjacent et n’en fait qu’une bouchée.


- Je ne suis plus seul désormais contrairement à toi père. J’ai des êtres à protéger. Mais ne t’en fais pas, je viens apaiser tes souffrances. Je serai à tes côtés lors de ta fin. Tu pourras enfin te reposer avec mère.


La solitude est un jardin sans fleur où l'âme se dessèche, les fleurs qui y poussent n'y ont pas de parfum. Dracula l’a abandonné il y a longtemps mais son fils ne compte pas prendre le même chemin. Son jardin sera une prolongation naturelle d’éléments qui composent une vie. De la joie, de la tristesse, des rires, des remords… Des hauts et des bas pour composer une symphonie naturelle harmonieuse.

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