They're all gonna laugh at you
Des flots pourpres. Du sang, à perte de vue. Et au loin, une ombre. Une forme, floue, incertaine, qui avance d'une démarche cassée. Une silhouette, rouge. Rouge comme la glaise, rouge comme le sang. Son corps entier en est recouvert de la tête au pied. Cette chose avance, sans s'arrêter.
Et sur son passage, le carnage.
Des corps inertes, des cadavres ensanglantés, des bouts de bras, de jambes, de taules froissées complètement éparpillés sur la chaussée. Des expressions de visage bloqués dans un éternelle rictus de douleur, terrifié à jamais, portant les marques d'une peur irrationnelle. Les yeux révulsés, les bouches grandes ouvertes, les traits déchirés par l'effroi. Aucun mort ne ressemble véritablement à un être humain maintenant, juste des bouts de corps, de la bouillie, des pantins gisant comme des ordures sur un sol visqueux de sang. Un sang noir, épais, poisseux, qui continue de couler dans les caniveau de Chamberlain en flamme. La ville empeste de l'odeur des cadavres en décomposition. Noyant les artères d'émanations putrides. Rien ne laisse présager la vie. L'enfer c'est abattue sur la ville et Dieu ne viendra sauver personne. On peut parfois entendre, sur le bas côté, des gémissements de douleur, des cris, des râles d'agonie et puis plus rien. La mort emportant les plus résistants.
La silhouette au loin continue de s'avancer au milieu de la chausser, entre les cadavres et les corps tremblants. Une terrible chaleur émane de cette personne. Une chaleur étouffante, qui vous provoque des sueurs et qui, d'une force mystérieuse, vous fait écrouler pas terre. Chaque mètre, la forme le parcoure avec difficulté. Pourtant, elle avance, créant le chaos dans la ville, détruisant tout sur votre passage d'un simple mouvement de bras. Rien ne lui résiste. Chaque poteau électrique tombe, chaque arbre s'abat , chaque être humain s'écroule en la voyant et ne peut rien contre.
Maintenant vous la voyez, au loin. Sa forme courbée, sa démarche boiteuse, son corps recouvert de sang noir luisant à la faible lumière jaunâtre des lampadaires encore debout. Tout son être semble poussé par une force mystérieuse. Vous voulez vous enfuir, mais vos jambes restent pétrifiez et vos yeux continuent de regarder ce spectacle sanglant. Vous apercevez son visage, il vous frappe et se grave dans votre mémoire. Chaque trait, chaque courbe s'impose violemment à votre esprit qui ne peut plus s'en dépêtrer. Un visage de bœuf, des cheveux rouge sang, des yeux grands ouverts, comme possédés et une longue robe blanche recouverte de sang visqueux. Sa main tremblante semble se tendre vers vous, mais vous restez là, bloqué dans une espèce de transe qui possède tout votre corps et vous bloque sur place. La peur vous gagne, coure dans tout votre être, s'avance au tréfonds de votre estomac déjà retourné et surgit. Mais vous savez déjà tout, vous allez mourir, oui mourir. Au plus profond de vous-même, vous le savez. Malgré tout, vous ne vous enfuyez pas, cela ne sert à rien, elle vous rattrapera toujours. Alors vous attendez que la mort arrive, que votre corps plie devant la force destructrice de cette femme. Vous ne vous souciez plus de rien. Dieu n'existe plus pour vous. Personne ne viendra, alors à quoi bon ?
Une voix, un grognement, la silhouette veut parler mais rien ne sort de sa bouche pâteuse de sang, juste un râle profond. Vous ne bougez plus, même les tremblements de votre corps se sont arrêtez, votre être a accepté le fait de mourir.
La forme lève ses deux mains vers vous et dans un cris, vous vous écroulez.
Ca y est, vous vous souvenez. Son nom...
Carrie White...