À la recherche du bonheur

Chapitre 8 : Épisode 8

Chapitre final

2033 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/07/2020 11:45

 Ce matin-là, Sabine se lève aux aurores. Cela fait plus d’une semaine qu’elle trépigne d’impatience à l’idée de cette journée. La famille a commencé à se rassembler quelques jours auparavant. Nassim et Camille sont venus avec Eva et Charlie, qu’elle doit faire attention à ne pas réveiller en sortant de sa chambre, où ils dormaient tous. Gaëlle est passée la veille et doit revenir aujourd’hui avec Ben. Élizabeth a promis de venir aussi.

Tout le monde sera là pour ses 10 ans, et pour la surprise. Rien qu’à y penser Sabine fait un bond dans les escaliers. Elle le regrette aussitôt et se fige pour voir si elle n’a dérangé personne. Voyant que la maison reste silencieuse, elle descend jusque dans le salon.

Sabine aurait voulu continuer à faire la décoration mais dès qu’elle veut mettre quelque chose en place, c’est si bruyant qu’elle ne peut pas le terminer. Après avoir fait 3 fois le tour de la maison, elle s’allonge par terre. Moby le fox-terrier de Nassim vient lui lécher le nez. Le chien est chanceux, il a le droit à une séances de caresses intensives jusqu’à ce que Sabine entende les roues de son père dans le couloir.

Selon une mécanique bien huilée, elle se cache derrière le canapé, attend qu’il l’ait dépassé pour se rendre à la cuisine puis lui saute sur le dos.

- Tiens Sabine, tu es déjà levé ?

- Oui, répond-elle fièrement.

- Tu sais que la fête ne commencera que ce midi ?

À l’évocation de la fête, elle se met à sourire. Elle s’assoit sur une chaise et se balance joyeusement d’avant en arrière. Fred lui sert son petit-déjeuner, seulement ensuite il prend lui-même le sien. Il ne se lasse jamais de regarder sa fille. Elle ressemble tellement à Lucie même avec sa peau métisse. De plus en plus, on lui fait remarquer qu’elle lui ressemble à lui, dans ses expressions et sa façon de parler. Caïn espère toujours qu’elle n’en copie pas trop.

Quand elle a exprimé le souhait, il y a 6 mois maintenant de faire une vraie fête d’anniversaire pour ses 10 ans. Ni lui, ni Lucie n’avait imaginé quelque chose d’aussi important quand ils avaient dit oui. Et encore ils avaient dû freiner des 4 fers (ce qui était plus le rayon de Lucie) pour qu’ils ne se retrouvent pas à devoir inviter la moitié du SRPJ et un quart de l’école.

Camille se lève ensuite et débarque à pas de loup dans la cuisine. Sabine la salue avec un zèle des plus prononcés. Avant même que Fred n’ait pu entretenir avec sa cadette de quelques questions qu’il s’est noté, elle est repartie prétextant une course urgente. Sabine lui souhaite bon courage.

Lucie sort alors que la porte se referme sur Camille. Elle en interroge Caïn qui ne sait pas quoi lui répondre avant de l’embrasser pour la saluer.

- Tu sais qu’il faut encore aller chercher le gâteau ?, lui rappelle-t-elle.

- Oui mais je pensais … comme tu vas au SRPJ ce matin …

- Tu avais dit que tu irais.

- Est-ce que je t’ai dit à quel point je t’aimais ?

- Oui. Mais tu iras quand même chercher le gâteau pour l’anniversaire de ta fille.

- Je peux venir avec toi papa ?

- Il faut que ça reste une surprise quand même.

- Mais si le gâteau il est dans la boite.

Elle fait jouer sa lèvre inférieure et prend des yeux implorants. Aussi impitoyable qu’il soit avec les criminels, Caïn ne peut résister. Lucie les regarde avec un sourire. Quelqu’un frappe à la porte. Avant que ni Fred, ni Lucie n’aient le temps de réagir, Sabine a couru jusqu’à l’entrée et accueille leur visiteur matinal.

- Élizabeth !

Effectivement c’est Élizabeth Stunia qui apparaît sur le perron. Elle apporte des viennoiseries et des guirlandes. Sabine s’empare vivement de ces dernières en la remerciant et laisse Élizabeth saluer ses deux collègues et amis.

- Elle est comme ça depuis quand ?, demande la légiste.

- Depuis bientôt une semaine, répond Lucie.

- Je n’ose même pas imaginer ce que ce sera pour ses 18 ans ou ses 20 ans, ajoute Fred.

- Où est Camille ?

- Tiens bonjour Nassim, bien dormi ?

- Pas mal. Et pour ma femme ?

- Aucune idée mon commandant. Elle est partie comme une flèche ce matin.

Si vague soit-elle, cette réponse paraît lui convenir. Il s’asseye à la table, saluant tout le monde et ne s’étonnant pas de voir Élizabeth. Puis Eva et Charlie se réveillent. Ils finirent de lancer la journée. Fred prend Sabine avec lui pour aller à la boulangerie. Lucie s’absente pour régler quelques affaires au SRPJ. Pendant ce temps, Nassim, Élizabeth, les enfants et Gaëlle qui sont arrivés entre-temps fignolent la décoration. Midi arrive bien trop vite.

Sabine presse tout ceux qui sont présents autour de la table. Il ne manque plus que Ben et Camille mais Sabine ne semble pas se préoccuper du tout du sort de son demi-frère, pas plus que de celui de sa demi-sœur. Imitant les grandes personnes elle prend un verre et tape dessus pour attirer l’attention. Juste à ce moment, quelqu’un frappe à la porte. Aussi vite qu’à l’habitude, Sabine y est avant tout le monde. C’est Ben, accompagné d’une jeune fille d’à peu près son âge.

- Salut tout le monde ! Je vous présente Sapphire. Elle … enfin c’est … c’est ma fiancée depuis hier.

Fred, qui découvre cette personne pour la première fois, s’empresse auprès d’elle pour la détailler. Gaëlle fait de même. Contrairement à ce que les gens auraient pu penser, Sabine n’est pas du tout jalouse de cette attention qui est accordé à son frère. Au contraire, elle sourit de toutes ses dents avec toujours le verre à la main. On frappe de nouveau à la porte mais cette fois-ci, les visiteurs ouvrent d’eux-même. Sabine se fige.

Ils sont 5 en tout. Camille jure un peu dans ce groupe. Sabine n’en connaît qu’un autre mais ce n’est que de l’avoir vu en photographie. La femme à côté de lui doit être sa compagne, puis leurs deux enfants. Soudain Charlie s’exclame :

- Mais ? C’est le papa coup-de-poing !

Aimé Legrand, puisque c’est bien lui qui se fait appeler de la sorte, ne l’entend même pas. Son regard est fixé sur Sabine. Cette dernière le lui rend bien. Elle n’arrête pas de se tortiller et ne sait plus quoi faire de ses mains, pourtant elle sourit. Du coin de l’œil, elle voit Lucie se rasseoir. Fred s’est instinctivement mis entre elle et Aimé.

- Tu dois être Sabine.

Elle acquiesce avec un mouvement de tête ample. Quand elle amorce une approche, le premier réflexe d’Aimé est de reculer, mais ses enfants sont juste derrière lui. Il se met à genoux pour pouvoir mieux la regarder.

- Tu ressembles drôlement à Caïn, dit-il comme si cela lui a échappé.

- Pourquoi tu es revenu ?

Aimé est brutalement ramené à la réalité par la fureur de Lucie. Elle se précipite vers eux pour éloigner Sabine de lui mais alors qu’elle essaye de la saisir par le bras, sa fille se dérobe.

- C’est moi qu’ait voulu !, s’exclame Sabine.

En entendant sa fille défendre si vaillamment un père qui l’a abandonné, la colère de Lucie laisse momentanément place à la surprise. Camille, qui est alors restée en retrait, s’avance alors que Fred traîne ses roues presque sur les pieds de Lucie.

- C’est vrai ce qu’elle dit, Lucie. Elle m’a tanné pendant des mois pour que j’appelle Aimé que je le convainc de venir ici pour l’anniversaire. Il ne voulait pas et s’est battu avec force pour y échapper mais une fois que Olivia et les enfants ont su, ils ont fait pression avec moi. Alors je vais te dire comme à lui : si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour Sabine.

À la fin de cette plaidoirie, l’audience est toute entière pendue aux lèvres de Lucie. Cette dernière s’attarde sur Camille, puis sur Fred, qui la regarde impassible, lui laissant le choix. Quand elle en vient à Sabine, celle-ci fait de minuscules bonds en continue pour contenir son excitation. Et enfin elle jauge longtemps Aimé. De la tête aux pieds. Il ne soutient pas son regard.

- Je ne peux pas, dit-elle enfin avant de s’éclipser.

Fred la suit, non sans faire d’abord signe de continuer la fête. Il n’en faut pas plus à Sabine et aux autres enfants pour s’exécuter. Ils y mettent tant d’entrain qu’ils parviennent à faire renaître l’atmosphère festive. Aimé est toujours mal à l’aise mais face aux 1000 questions que lui pose Sabine, il a très vite l’esprit occupé à autre chose.

Camille présente Olivia à tout le monde. Depuis le temps qu’elles échangent au téléphone, elles ont l’impression de déjà se connaître. Les deux enfants d’Aimé, Estéban et Amory, sont eux aussi très vite accaparés par Eva et Charlie. Sabine meure d’envie d’aller jouer avec eux mais elle a tout aussi envie de continuer à échanger avec le fameux « papa coup de poing » des histoires de son père.

Presque deux heures après leur arrivée, et le départ de Lucie, Fred reparaît. Il est seul mais sourit. Il se dirige vers Camille. Elle s’empresse alors d’appeler tout le monde à table, pendant que lui s’approche d’Aimé. Sabine en profite pour rejoindre les autres enfants. Ben aide Camille à servir tout le monde. Au coin de la pièce, Fred et Aimé échangent quelques paroles à voix basses.

Ils n’ont pas besoin de parler bas puisque les conversations vont de bon train autour de la table. Camille s’est gardée une place entre Olivia et Ben, face à Élizabeth elle-même entre Nassim et Sapphire. Legrand prend place à côté d’Olivia et Gaëlle s’assoit aux côtés de son fils. Fred et Lucie auraient dû occuper ce bout de la table mais faute de l’un, l’autre siège seul. L’autre extrémité de table abrite les enfants qui sont presque autant attablés qu’à jouer ailleurs.

À la fin du repas, la fête bat son plein. Le plan de table a été bouleversé au fur et à mesure que chacun se déplace pour parler avec les autres. Caïn discute avec Élizabeth quand il voit que Lucie est installée au coin de la pièce pour observer les évènements. Il s’excuse et part la rejoindre.

- Ça va mieux ?

- Sabine avait raison de vouloir faire cette fête.

- Déjà nostalgique ?

- Je repensais à l’époque où je ne te connaissais pas.

Fred commence à s’inquiéter. Il la jauge pour essayer de comprendre où elle veut en venir.

- Quand on s’est rencontré, je croyais que tu étais un loup solitaire.

- Parce que je ne le suis pas finalement ?

- Regarde autour de toi. Tous ces gens, la famille, une seule personne les réunit tous. Et moi je compte bien rester le plus longtemps possible au soleil avec toi.  


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