Addiction

- Vous avez les résultats des analyses que je vous ai demandé ?

Stunia se tourna vers le capitaine alors qu'il passait les portes de l'IML.

- Caïn j'ai beaucoup d'estime pour vous, je n'aime pas particulièrement quand on me mêle à des enquête personnelles.

- Mais vous l'avez tout de même fait.

- Pas pour vous, lui dit-elle en lui tendant un dossier. Pour elle.

Caïn se figea, le bras encore en l'air et la main juste posée sur les feuilles.

- Je vous avais demandé de vous limiter aux tests toxicologiques, de ne pas faire de recherches ADN. C'est pour ça que j'ai fait appel à vous Stunia !

- Je n'ai pas eu besoin de cela. Je vous connais assez pour comprendre Caïn. Vous vous mettez dans des états pareils pour très peu de personnes.

Le capitaine ne répondait plus. Il examinait ce que lui avait donné Stunia en silence.

- C'est quoi ces listes ?, demanda-t-il.

- Sur le feuillet 1 les drogues sont classées par ordre chronologique et sur l'autre elles le sont en fonction de la quantité que j'en ai trouvé dans son organisme. On peut observer 2 phases dans la consommation de … cette personne. La phase n°1 a pris fin il y a environ un mois et demi. Elle était caractérisée par une prise régulière de stupéfiants en variant très peu sur la catégorie de drogues utilisées. Puis il y a un mois j'observe une chute du taux d'agents nocifs suivie d'une reprise importante marquant le début de la phase n°2.

- Comme un sevrage trop brutal qui n'aurait pas fonctionné ?

- Exactement. Durant la phrase 2, votre sujet devient instable. Il y a quelques prépondérances au niveau des produits utilisés mais la diversification des molécules retrouvées montre …

- Elle prend tout ce qui lui passe sous la main.

- C'est ça. Son taux est très instable. Un jour l'organisme est saturé, le lendemain aucune drogue n'est prise … Fred qu'est-ce que tu vas faire ?

- Je vais la sortir de là même si pour ça je dois l'enfermer et la menotter.

- Je n'en attendais pas moins de toi.

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C'était samedi. Il était 14 heure. Caïn se tenait devant chez Lucie en espérant que Legrand ne soit pas là. Il frappa doucement à la porte avant de se souvenir qu'il y avait une sonnette. À son plus grand soulagement c'est Lucie qui ouvrit, elle était seule.

- Je peux te parler un instant ?

Au lieu de répondre, Lucie fit un pas de côté et lui laissa libre le passage. Il entra. Tout était comme avant. Rien de compromettant ne traînait, ni aucune odeur suspecte. Sauf qu'à présent il savait, il remarqua aisément les pupilles légèrement dilatées de la commandante. Il lui fit signe de s'asseoir sur le canapé.

- Tu peux m'expliquer ça ?

Il lui demanda cela en jetant auprès d'elle une copie du dossier que Stunia lui avait fourni. Lucie prit les feuilles et les observa longuement. C'eut été dans d'autres circonstances Caïn se serait dit qu'elle cherchait du temps pour trouver une réponse ou qu'elle réfléchissait mais les derniers événements ne lui firent penser qu'à une chose : elle était diminuée, ralentie par quelque chose. Et cela l'enrageait plus que tout.

- C'est un rapport toxicologique.

- Je ne t'ai pas demandé ce que c'était, je t'ai demandé de m'expliquer.

- Je ne sais pas à qui …, commença-t-elle.

- Ne joues pas à ce jeu-là avec moi ! Contrairement à toi je suis au top de mes capacités alors tu ne me la feras pas à l'envers.

- Qu'est-ce que ça peut te foutre ?

- J'espère que ce n'est pas une vraie question sinon je risque de m'énerver.

- Excuses-moi Fred mais tu es peut-être la personne la moins bien placée pour me faire la morale.

- Pardon ? Il n'est pas question d'être bien placé ou pas là. Ça te concerne toi !

- Durant toutes ces années qu'on a passé ensemble je ne t'ai jamais mis en doute au point de faire faire ce genre de tests et pourtant parfois tu l'aurais sûrement mérité.

- Très bien. Tu veux que ce soit quelqu'un de « digne » qui t'aide, pas de soucis. Le bel Aimé fera l'affaire …

- Non.

- Et pourquoi ? Moi je me contrefous de qui t'aide tant que tu arrêtes avec cette merde.

- N'en parle pas à Aimé, s'il te plaît.

- Son petit cœur risque d'être blessé ? Tu es une adulte Lucie, je ne peux te forcer à rien pour l'instant, mais souviens toi quand même de ce que Carsenti avait fait pour toi. Je te laisse une semaine avant de revenir à la charge.

- Je t'interdis de dire quoi que ce soit à Aimé !

Il se dirigea vers la porte sans rien dire. Dans son état elle n'avait aucun ordre à lui donner. Vu la situation il aurait pu déroger à l’interdiction sans aucun remord mais la ferveur avec laquelle Lucie protégeait le lieutenant lui laissait un goût amer dans la bouche. Le capitaine se demanda aussi vaguement de quoi exactement elle cherchait à le protéger avant de sortir.