Vice-versa

Chapitre 4 : Parasite

950 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 29/03/2020 14:40

- Qu'est-ce que tu fais là Fred ?

- Je suis clean. Tu avais dit que …

- Arrête Fred. Jacques m'a prévenu. Tu viens de passer trois jours en cellule.

- Justement après trois jours en enfer, j'ai bien mérité un peu de paradis.

- Tu ne rentreras plus avant d'avoir arrêté définitivement.

Et Gaëlle lui claqua la porte au nez. Ce n'était pas une surprise. Il l'avait épousé pour son caractère, mais les choses n'étaient pas toujours faciles.

- Papa ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Caïn était toujours heureux de voir son fils. Ben lui redonnait le sourire, quelle que soit la situation.

- Tu vois bien, j'essayais de rentrer à la maison.

- Tu devrais peut-être faire ce qu'elle te dit pour une fois.

Caïn attira son fils contre lui. Il avait de la chance de l'avoir. Son garçon était un gars bien, pas comme son père. Parfois il se demandait comment il avait pu participer à quelque chose comme ça, jusqu'à ce que Ben fasse une connerie et que Caïn se reconnaisse dans ce travers.

- Je dois te laisser p'pa.

- On se fait un dîner un de ces quatre.

- Bien sûr.


oOo


- Qu'est-ce que vous faites là capitaine ?

- Qu'est-ce que vous avez tous avec ça ce soir ?

- Excusez-moi mais ça vous ressemble quand même assez peu.

Caïn souffla sur le contenu brûlant de sa tasse et but une gorgée. Même s'il restait encore quelques personnes au SRPJ, la majorité des officiers avaient quitté le bord.

- Vous en voulez une ?

- Vous êtes sûr que vous allez bien ?

Il ne répondit pas, se contentant de remplir une seconde tasse pour la donner à Delambre puis s'en retourner siroter, installé dans le canapé.

- Au fait Delambre, je ne vous ai jamais demandé ce qui vous avait raccourci de moitié.

- … Un accident.

- Oui, mais quel genre ? Erreur en mission ? Plongeon dans une piscine vide ?

- Comme si ça vous intéressait.

- Si je demande, c'est bien que je suis curieux.

- Je me suis foutue au tas en évitant un gars comme vous.

- Comme moi?

- Il faisait nuit. La route était sinueuse mais je roulais à bonne vitesse. Un motard a déboulé devant moi. Je n'ai pas réfléchi, j'ai donné un coup de volant. Le gars s'est arrêté en urgence, il s'est foulé la cheville en voulant descendre jusqu'à moi avant d'appeler les secours.

- Pourquoi il serait comme moi ? Les motards ne sont pas tous les mêmes.

- Oui mais j'imagine que c'est tout à fait votre genre de rouler bille en tête dans la nuit, complètement défoncé.

Pour une fois Caïn ne sut pas quoi répondre. Il posa sa tasse encore fumante sur le coin de son bureau. Effectivement il avait déjà fait ça. Ça avait presque mal fini une fois mais il s'était rattrapé au dernier moment. Delambre était habituellement mordante mais, à l'instant, son cynisme était froid. Malgré les apparences, la blessure était toujours à vif.

- C'était soit moi, soit le motard. Et bien même si j'y ai souvent pensé depuis, je n'ai jamais souhaité que l'inverse soit arrivé.

- Tiens Fred, encore là ? Je pensais qu'après ce petit séjour en cabane tu ne remettrais pas les pieds ici jusqu'à lundi matin au moins.

- Il faut croire que je n'apprends pas.

- Tu es passé voir Gaëlle toi.

Quand Jacques s'approcha, il vit Delambre mais ce n'est pas vraiment cela qui le fit s'arrêter.

- Qu'est-ce que c'est que ça ?

- Relax Jacques. À elle, je ne lui ai mis que des feuilles de menthe.

- Comment ça ?, demanda Delambre.

- Et bien disons que Fred prend rarement d'infusions sans les agrémenter.

- Ça va Jacques, le rachacha c'est rien.

- Tu veux qu'on demande son avis à Gaëlle ?

Caïn était concentré sur Jacques mais il eut pleinement conscience du départ de Delambre. Quand ils furent seuls, la conversation coupa court.

- Tu vas rester dormir ici ?

- À moins que tu m'invites chez toi.

- Certainement pas, répondit Moretti en s'en allant.

Il ne resta bientôt plus que le capitaine au SRPJ. Il prit son temps pour installer son oreiller et sa couverture. Caïn se coucha tôt en essayant de ne pas trop penser à la deuxième tasse dont le contenu refroidissait à côté de celle de Delambre.


oOo


- Debout là-dedans.

Le capitaine se réveilla au son de la voix de Jacques. C'était devenu une habitude ces derniers jours. Caïn occupait le canapé de son bureau de manière quasi permenante, si bien que c'est l'arrivée de son ami le commandant qui le tirait des bras de Morphée.

Dans son malheur, il avait une chance. Jacques avait une boulangerie juste en bas de chez lui et ramenait gracieusement de quoi manger à son pauvre ami exproprié. Dans les bons jours, il avait des viennoiseries, le reste du temps il se contentait de pain frais. Aujourd'hui, c'était baguette.

Il était le premier, le matin, à lancer la machine à café. Il en prenait le contenu d'une tasse puis laissait couler le reste dans la cafetière.

Après ça, Caïn prenait normalement le temps de faire un brin de toilette mais, s'il en croyait le dossier posé à côté de la baguette, la douche devrait attendre.  


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