Est ce qu'il va m'aimer ?
Le matin du départ d’Ethan, pour le Canada de leur enfance, le jeune homme déposa une note, à l’intention de sa petite amie, dans laquelle il la remercie pour la soirée d’hier et lui promettait qu’ils vivront d’autres soirées inoubliables comme celle-ci peu importe combien de kilomètres allés les séparer.
C’est trop mignon. J’ai peur que ça ne soit pas très réaliste mais c’est déjà bien de l’imaginer.
Seule chez elle Tahiana se décida d’appeler Benny pour l’inviter à prendre un café avant leur journée de travail. Contre toute attente l’avocat du TAC accepta la requête de sa nièce et lui proposa de passer la prendre pour l’occasion. En attendant sa voiture la jeune fille enregistra un petit message vidéo pour souhaiter un bon retour sur sa terre natale à son petit ami. Cinq minutes plus tard le chauffeur de Benny sonna à la porte pour indiquer sa présence en bas de l’immeuble.
Allez, il faut qu’on fasse un petit effort si on veut faire avancer cette situation. J’espère au moins qu’il est dans de meilleur disposition que la dernière fois où nous nous sommes parlé.
- Salut Benny.
- Bonjour.
Sans même regarder sa nièce le jeune avocat resta accoudé contre la fenêtre pour regarder à l’extérieur de la voiture.
Quel mur. Cette situation est vraiment trop malaisante, s’il te plait Benny fait un petit effort.
Le trajet entre le studio de Tahiana et le café où ils avaient leurs habitudes paraissait interminable. Le silence pesant était parfois interrompu par des échanges de klaxons entre les automobilistes New Yorkais en colère.
Benny je t’en prie dit moi quelque chose.
- Pourquoi est-ce que tu as accepté mon invitation si tu n’avais pas m’intention de me parler ?
- C’est toi m’a invité, je pensais que c’était à toi d’ouvrir le bal.
Il n’a pas tort.
Mais ce n’est pas comme s’il faisait mine d’avoir envie de me parler.
- Tu sais pourquoi j’avais envie qu’on se voie ce matin ?
- Je m’en doute. Le jeune avocat regardait toujours par la fenêtre le paysage qui défilait devant lui.
- Benny tu pourrais peut-être faire l’effort d’être moins froid, je ne t’ai pas proposé ce rendez-vous pour parler toute seule.
- Ecoute Tahiana je ne sais pas ce que tu as depuis quelques jours mais tu t’emportes pour un rien et ça ne te ressemble pas d’être comme ça.
Comment sais-tu ce qui peux me ressembler ou non, tu me connais depuis 20 minutes.
- Oh parce que tu as surement pleins de moyens de comparaison pour savoir ce qui me ressemble ou pas.
- Tu veux vraiment qu’on avance sur ce terrain-là.
- Je ne sais pas mais pourquoi pas, si le seul moyen d’avoir une conversation avec toi en ce moment est de parler fort et d’être hors de moi alors allons-y.
- Tahiana tu es ridicule là et je ne suis pas venu ici pour ça alors si tu veux je peux aussi partir tout de suite.
Non reste.
- Benny attend, écoute je suis désolé de m’être emporté comme ça.
Non convaincu par les excuses de Tahiana le jeune avocat attendait que sa nièce s’ouvre à lui au sujet des raisons de son comportement.
Après tout il n’a pas tout à fait tort, même moi je ne me reconnais plus, en même temps entre lui, Ethan, Kate, et mes deux boulots je ne sais plus où donner de la tête.
- C’est vrai tu as en partie raison mais comprend moi cette situation est en train de me rendre dingue. Il y a une semaine on pouvait tout se confier et là j’ai l’impression que nous sommes deux étrangers l’un à côté de l’autre.
Visiblement plus ouvert à la conversation, Benny pris soin d’ouvrir la portière de sa nièce pour l’inviter à le suivre.
- Allez viens Tahiana, on va se poser pour en discuter.
Une fois arrivé dans le café la jeune fille pris machinalement la même place face au TAC qu’elle avait l’habitude de prendre avant de rencontrer son père.
- C’est dingue il s’est passé tellement de chose dans ma vie depuis ce jour où j’ai décidé de prendre mon courage à deux mains et de monter dans vos bureaux.
- Oui j’y ai beaucoup repensé depuis quelques jours.
- Ah. Et maintenant qu’est-ce que tu en penses ?
- Tahiana ce que tu m’as dit dans cet ascenseur m’a vraiment, euh comment dire, perturbé.
- Je n’aurai pas dû dire que tu t’étais comporté comme un idiot.
- Je crois que le terme exact que tu as utilisé étais « comme un con ».
- Oui c’est vrai que c’est bien mon genre. Je suis désolé de t’avoir blessé.
- Ne le sois pas, il faut assumer ce qu’on pense, et pour être honnête avec toi ce n’est pas cette partie-là qui m’a le plus perturbé.
Ah bon ?!
- Comment ça ?
- Quand tu m’as avoué que tu m’aimais bien j’ai réalisé que je ne pouvais plus me comporter comme je l’aurais fait habituellement, j’ai réalisé que tout ce qu’on venait de se dire dans la journée avait une portée plus personnelle.
- C’est vrai et je pense que c’est aussi la raison pour laquelle ça m’a tant blessé venant de toi. Mais c’est aussi pour ça qu’on doit faire plus d’effort, parce que notre relation n’est pas uniquement professionnelle.
- Tu as raison. Tahiana je souhaiterai sincèrement que tu me pardonnes, j’ai laissé mon stress de l’affaire en cours empiéter sur notre relation.
- Moi aussi Benny je dois m’excuser, je n’aurai jamais dû te parler de cette façon surtout devant tes collègues.
- Comme ça au moins nous sommes à égalité.
Après avoir beaucoup rigolé de leur dispute des derniers jours Tahiana se demandait si elle devait parler à son oncle de son deuxième travail pour éviter à l’avenir des situations comme celle qu’ils venaient de vivre.
- Benny je dois t’avouer quelque chose.
- Vas-y je t’écoute.
- Ces derniers temps je suis pas mal fatigué car en plus de mon stage avec vous je travaille en tant que consultante externe pour la Sécurité Intérieure et ça me prend beaucoup plus de temps que prévu, surtout la nuit.
- Mais pourquoi, je croyais que ton projet était de faire de la psychologie ?
- C’est toujours le cas, mais avec Ethan qui va partir à l’autre bout du pays et mon stage qui ne me rapporte presque rien je dois bien payer mon loyer, alors je propose mes services dans un domaine où j’ai quelques connaissances.
- Tu sais que ton père, ou même moi, on peut t’aider si tu as besoin d’argent.
- Oh non, certainement pas, je refuse déjà qu’Ethan continue de payer un studio dans lequel il ne vit presque plus, ce n’est pas pour demander de l’argent à ma famille. Je vis dedans, je paye, c’est comme ça.
- Si tu veux, mais saches quand même que je serais ravi de t’aider financièrement si tu en avais besoin.
- Ravi ?
- Ce que je veux dire c’est que tu ne dois pas avoir honte de nous demander de l’aide, la famille c’est aussi fait pour ça.
- C’est très gentil de proposer, mais non merci.
- Au fait tu en as parlé à Bull de ce nouveau job ?
- Euh non, et d’ailleurs si ça pouvait rester entre nous ça serait génial.
- Pourquoi tu ne veux pas lui en parler ?
- C’est compliqué, en fait j’ai un peu peur de ce qu’il pourrait penser …
- Comment ça ?
- Quand je suis avec lui ou quand je lui parle j’ai toujours cette angoisse qu’il me rejette ou qu’il ne m’aime pas.
Je sais que j’ai l’air ridicule avec mes angoisses de gamine …
- Tahiana je pense que tu devrais te faire un peu confiance, tu es quelqu’un de génial qu’on a du mal à ne pas aimer. Je suis à peu près sûr que Bull pense la même chose.
- Merci Benny, ça me touche vraiment ce que tu viens de dire. Mais toi aussi tu es quelqu’un de trop génial quand tu ne fais pas le con tu sais.
- Ah ah, très drôle.
Leur discussion se termina sur ces quelques notes plus légères. Le jeune avocat s’excusa auprès de sa nièce et se dépêcha de rejoindre son patron qui l’attendait déjà au Tribunal pour une nouvelle audience.
Le reste de la journée se déroula presque normalement, Tahiana finissait les travaux demander par le Docteur Bull et attendait avec impatience des nouvelles de son petit ami qui devait probablement être en plein débat avec sa famille sur les 250 raisons de ne pas rester en couple avec Tahiana.