Est ce qu'il va m'aimer ?
Chapitre 18 : La vérité n’est pas toujours facile à accepter
2416 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 17/01/2020 13:10
Il faut vraiment que j'apprenne à lui faire confiance, en fait il ne veut que mon bien.
- Ma relation avec Kate est compliqué. La jeune fille pris un moment pour reprendre sa respiration afin de s'exprimer plus clairement. Pour être honnête avec toi je suis un peu perdue, je ne sais pas si nous sommes encore le duo de choc que nous étions il y a un an. J'ai l'impression qu'elle veut s'expliquer et qu'on retrouve notre complicité d'antan mais j'ai tellement souffert à son départ que je dois aussi penser à me protéger.
- Comment ça te protéger ?
- Je veux bien te raconter comment nous nous sommes quittés mais je te préviens tout de suite après en avoir parlé je risque d'avoir besoin de bras pour pleurer ou de beaucoup d’alcool pour oublier.
- Ça tombe bien j'ai tout ça en stock et je n’ai pas l'intention de bouger d'ici.
Il est génial, pourquoi est-ce que tu en doutes d'ailleurs ?! Tu es ridicule.
Bref maintenant que tu as parlé de ça c'est le moment de vider ton sac ma fille.
- Kate et moi nous connaissons depuis plus de dix ans, mais nous ne sommes amies que depuis sept. C'est assez compliqué et mouvementé mais en gros c'était ma meilleure ennemie avant de devenir ma meilleure amie.
- Meilleure ennemie ?
- Oui j'ai inventé ce terme pour elle il y a longtemps. Bref, le fait est que nous avons toujours était lié par une passion commune, peu importe ce qu'on pouvait entreprendre on le faisait à fond, avec tout notre cœur. C'est d'ailleurs ce point commun qui nous a fait passer de meilleure ennemie à meilleure amie. Mais cette nuance ça sera pour une prochaine discussion.
- D'accord.
- Alors voilà, il y a deux ans la mère de Kate a fait une grave dépression. Je ne t’apprends rien quand je te dis que se sortir d'une dépression sans assistance médicamenteuse et sans thérapie est un chemin extrêmement compliqué voire impossible. Eh bien c'est ce qu'elle a choisi, Kate a pourtant essayé de lui proposer différentes solutions pour l'aider mais rien à faire elle voulait s'en sortir seule. Cette femme était d’une force assez incroyable, je l’admirais tellement …
- Tahiana est ce que tu as besoin d’un instant ?
- Non ça va aller. Alors pendant sa guérison Kate a tout fait pour l'aider au mieux, elle est retournée habiter chez sa mère, elle l'accompagnée partout, enfin elles ont pratiquement vécu l'une sur l'autre pendant 12 mois. C'est admirable tout ce qu'elle a pu faire pour aider sa mère à s'en sortir, mais il a bien fallu qu'elle retourne travailler et que sa mère reprenne sa vie en main. Tahiana prit une minute pour respirer avant de reprendre son discours. Progressivement sa mère qui était Directrice du Département de Recherche en Sciences Humaines et Sociales est retourné travailler et comme j'étais étudiante dans la même Université je passais souvent la voir, vérifier que tout allait bien, et puis j'en parlais Kate si jamais je constatais un problème.
- C'est toi qui as proposé tes services ou c'est elle qui te l'a demandé ?
- On a en avait discuté ensemble et la situation me convenais très bien. J'aimais beaucoup sa mère, elle m'a pas mal aidé quand je suis entrée à l'Université et quand j'ai commencé à ... euh bref, ce n’est pas ça le sujet, cette situation nous convenait à toutes les trois.
- D'accord, continue je t'écoute.
- En fait je ne suis plus vraiment sûre ... tu vas penser que je suis un monstre après ça ...
- Il y a peu de chance, mais si tu ne veux pas m'en parler je peux toujours demander Kate je crois qu'elle est encore ici.
Hein, sérieux ? Mais pourquoi fait-il ça ?
- Non, stop, d'accord je continue. Donc cet arrangement a continué pendant trois mois et puis un jour, environ une semaine avant mes examens je suis passée la voir un peu plus tôt que d'habitude, elle venait de sortir d'un cours, tout avait l'air normal, elle m'a dit qu'elle allait rester avancer sur les recherches de ses thésards. Pour être honnête ça m’arrangeait bien je voulais bosser à la BU de nuit pour continuer mes révisions au calme. Je lui ai donc proposé de repasser après la fermeture de la bibliothèque et elle était d'accord avec ça. J'ai informé Kate de notre petite modification de planning et m'a répondu qu'elle avait une réunion qui se terminerai surement assez tard.
Plus j'y repense et plus je réalise que je suis un monstre ... Comment est-ce qu'il pourrait avoir envie de rester auprès de moi après ça ...
La jeune fille regardait dans le vide puis après avoir essuyé les quelques larmes qui commençait à couler repris son histoire.
- A 22H30 le gardien est arrivé pour nous demander de partir car il allait fermer le bâtiment, j'avais eu une longue journée et la BU se trouve à l'opposé du bâtiment des Sciences Humaines. Alors j'ai envoyé un message à Kate et elle m'a répondu que de toute façon elle venait de sortir de son bureau, elle n'en avait pas pour longtemps. Je suis donc rentrée chez moi et je suis directement allé me coucher. Trente minutes plus tard mon téléphone n'arrêtait pas de sonner, Kate me demandait de venir la rejoindre à l'Université. Arrivée là-bas j'ai tout de suite compris ce qu'il venait de se produire. Je savais que j'étais responsable et que ...
- Tahiana qu'est ce qui s'est passé ?
- Il y avait des camions de pompiers et des voitures de polices partout, je voyais les étudiants autour de moi qui avaient l'air terrifiés et surtout j'ai vu Kate en train de discuter avec un agent de police. Là à cet instant j'ai su, j'ai vu dans ses yeux que quelques choses s'était brisé en elle. Quand elle m'a aperçu elle n'a pas bougé, son regard était noir et elle avait perdu la joie qui habituellement émanait d'elle. Quelques minutes plus tard ce même agent de police est venu me parler pour prendre ma déposition. Il m'a expliqué qu'à 22H45 la mère de Kate s'est jeté du toit de son bâtiment, que c'était un employé de nettoyage qui l'avait vu tomber et qu'il a immédiatement prévenu les secours.
- C'est un suicide, Tahiana comment est-ce que tu peux croire que tout ceci est ta faute.
- Il faut 7 minutes pour aller de la bibliothèque au bureau de sa mère, si j'avais eu le courage de faire mon devoir de meilleure amie j’aurais peut-être pu l'empêcher de faire ça.
- Mais tu n'en sais rien. Malheureusement dans ce genre de situation les proches peuvent rarement éviter les drames. Si tu y étais retourné ce soir-là, qui te dit qu'elle n'aurait pas fait la même la chose le lendemain ?
- Rien ... Mais le fait est que c'est après ma décision de rentrer qu'elle a fait son suicide ... Et je ...
Le Docteur Bull s'avança lentement pour prendre sa fille dans ses bras afin qu'elle puisse pleurer contre lui.
- Tu n'étais pas responsable d'elle. De toute manière elle avait choisi de ne pas se faire aider, vous avez fait de votre mieux pour la soutenir mais parfois ça ne suffit pas.
- Je sais, mais c'était une femme tellement incroyable avant sa dépression, elle ne méritait pas ça.
La jeune fille commençait à reprendre doucement ses esprits quand son père lui proposa de continuer à raconter son histoire.
- Après cette soirée je n'ai jamais revu Kate.
- Jamais ?! Tu veux dire qu'elle est partie d'un seul coup ou tu n'as pas essayé de la revoir ?
- Ce que je veux dire c'est que plusieurs jours plus tard quand j'ai essayé de la recontacter pour voir comment elle allait ou pour lui proposer de l'aider, j'ai constaté qu'elle avait démissionné, quitté son appartement et que personne n'avait eu de ses nouvelles depuis la mort de sa mère. J'ai tout essayé pour prendre de ses nouvelles, les appels, les textos, les réseaux sociaux, sa famille, ses amis, tout. Mais rien à faire, je n'ai eu aucune nouvelle d'elle jusqu'à ce matin lors de l'audience ...
- Oh et qu'est ce tu en penses ?
- Ce que j'en pense, sérieusement ?! J'en pense qu'après sa disparition et la mort de sa mère je suis tombée en dépression car je n’arrivais plus à me supporter, mes parents ont dû me faire interner pendant deux semaines et pour couronnée le tout c'est un accident de moto qui m'a appris que mes parents biologiques n'était finalement pas mort. Tout ça bien sûr sans la présence de ma meilleure amie, qui était à ce moment-là la seule personne à qui j'avais envie de parler. Mais non, non elle a préféré aller refaire sa vie ici à New York pendant que moi j'attendais son retour ...
- Pourquoi est-ce que tu t'énerves maintenant ? Et contre moi en plus de ça.
- Ce n’est pas contre toi, c'est cette situation, je suis désolé. La jeune fille pris un moment pour se calmer avant de reprendre son discours. En fait je n'ai aucune idée de la façon de réagir quand elle vient me voir avec son sourire d'ange comme si les derniers mois n’avaient rien changé entre nous ...
- Qu'est ce qui a changé ?
- Tout, moi, elle, nos vies ont changé. Je ne suis plus du tout la même depuis que j'ai réappris à vivre sans elle et je ne sais même pas si j'ai envie de ..
- Tu ne penses pas que tu sur-réagit à la situation ?
Hein, quoi ?! Je croyais que tu étais là pour moi et pas pour me juger !
- Je sur-réagit, tu sais que Kate et moi nous nous connaissons depuis que j'ai 9 ans. Pendant les trois premières années nous nous faisions "la guerre" mais après ça nous passions pratiquement tout notre temps ensemble. Tu comprends j'ai grandi auprès d'elle, et nous avons évolué ensemble, nous sommes devenus des femmes ensemble. C'était la grande sœur que je n'ai jamais eue et j'étais sa petite chouquette. Les gens nous appelaient les siamoises. C'était ça nos vies pendant plus de 10 ans ...
- Chouquette vraiment ?
- Oui ... Tahiana essayait de retenir tant bien que mal des larmes qui remplissaient ses yeux. Ce n'est pas le sujet et puis ça serait vraiment bizarre à expliquer.
- D'accord. Bon quand tu me parles de tout ça j'ai l'impression que tu es nostalgique de cette période alors pourquoi est-ce que tu hésites à redonner une chance à votre amitié ?
- Mais je suis nostalgique et c'est justement pour ça que je me méfie.
- Tu ne devrais pas mettre une barrière entre toi et tes sentiments.
- Ah bon, et comment j'aurais dû réagir à ton avis ?
- Je ne sais pas exactement mais tu ne penses pas qu'elle avait surement ses raisons pour choisir de tout quitter du jour au lendemain ?
Mais tu la défends en plus ?! Et moi ce que j'en pense tout le monde s'en fou ?!
- Je croyais qu'on parlait de moi là ?
- Et bien justement jeune fille je crois que c'est de là que vient le problème.
- Quoi, comment ça ?
- Je pense que tu es trop fixé sur ton propre jugement dans cette histoire et que tu as un peu mis de côté son point de vue.
- Tu es en train de dire que je suis trop égoïste c'est ça ? La jeune fille paraissait clairement vexée par la réflexion que venait de faire son père.
- Tahiana je n'ai pas dit ça, avec tout ce que tu as fait pour Kate et sa mère tu es loin d'être égoïste. Ce que je dis c'est qu'aujourd'hui quand elle essaye de faire un pas vers toi et tu restes fixé sur tes ressentiments de l'époque plutôt que de t'ouvrir à une discussion constructive qui pourrait vous faire avancer toutes les deux.
Il a raison, mais c'est trop dur de faire abstraction comme ça de notre vécu ensemble.
- Tu as sans doute raison mais je ne suis pas assez mature pour réfléchir comme ça. Désolé de vous décevoir Docteur Bull.
- Tahiana pourquoi tu le prends comme ça, je ne voulais pas te blesser je te donnais simplement mon avis.
- Ce n'était pas un sarcasme, je pense vraiment que les événements de ces derniers temps faussent mon jugement et que je n'arrive pas à prendre le recul nécessaire pour réfléchir comme toi.
- Oh je pensais que tu ..
- Oui je sais, j'avais bien compris.
Père et fille restèrent l’un à côté de l’autre le temps de profiter du calme de la ville à cette heure tardive et que Tahiana reprenne tranquillement ses esprits.
- En tout cas merci de m'avoir écouté, et de m'avoir laissé vider mon sac, j'en avais besoin.
- C'était un plaisir jeune fille.
- Je crois que je ne vais pas tarder à rentrer chez moi, mon patron ne va pas trop apprécier si j'arrive en retard demain matin.
- Cet homme doit être un tyran pour exiger de ses employés d'arriver aux aurores un lendemain de victoire.
- Oui c'est un peu ça. Mais ce n'est pas une victoire c'est même carrément l'inverse. Ah la la, les New Yorkais toujours trop sûr d'eux.
- Je crois que tu as raison et que tu devrais rentrer chez toi car j'ai l'impression que les bulles te montent à la tête.
- On va dire que c'est la faute des bulles. Juste pour cette fois.
***