Retour d'outre tombe
Epilogue
Personne ne vint les chercher à l’aéroport. Au bout d’une heure et demie d'attente , Buffy dévorée d’angoisse décida de partir sans Spike.
— Tu me rejoins dès que tu peux.
— Je vais chez toi ?
— Non, va directement chez Giles. J’avais demandé à Dawn de loger chez lui.
— Sois prudente Buffy.
— Ne t’inquiète pas, c’est aux démons d’être prudents avec moi.
Elle fut surprise de ne pas avoir plus de mal à le quitter. Cette histoire de calice n’était décidément pas logique. Elle héla un taxi et donna au chauffeur l’adresse de la villa de Rupert Giles. À son arrivée, elle comprit ce qui se passait avant même d’ouvrir la porte d’entrée. Elle pouvait voir du seuil quatre démons bleus frappant à grands coups sur la porte qui menait à la cave. D’un rapide coup d’œil, elle constata que le rez-de-chaussée était vide. Elle contourna la maison et se dirigea vers la fenêtre de la cave. Elle frappa doucement sur le carreau, entre les barreaux en fer forgés.
— Giles ! Vous êtes là ?
Elle fut soulagée de voir le visage de son Observateur derrière la vitre.
— Buffy, enfin ! Aide-nous à sortir d’ici !
— Dawn est avec vous ?
— Buffy, c’est toi ?
La Tueuse fut soulagée d’entendre la voix de sa sœur.
— Ne bougez pas, ils sont quatre et je n’arriverai pas à m’en débarrasser seule. Il faut attendre Spike.
— Fais de ton mieux et sois prudente. Ils sont là depuis plusieurs heures. On ne tiendra plus longtemps.
— Ne vous inquiétez pas.
Elle se dissimula dans la serre en attendant l’arrivée de Spike. Il s’écoula près d’une heure durant laquelle les démons continuèrent à tourner dans la maison. Buffy ne comprenait pas quel était leur but. Ils semblaient attendre quelque chose. Le soleil n’était pas encore tout à fait couché lorsque son vampire surgit.
— Tout va bien Buffy ?
— Je vais avoir besoin de ton aide, ils sont quatre. Méfie-toi, ils sont vraiment costauds .
— Il faut les frapper entre les yeux, sur leur espèce de verrue rouge.
— Je croyais que tu ne connaissais pas les démons corracs !
— Pas corracs, gorlacs. Et je comprends que vous n’ayez rien trouvé sur eux, vous vous êtes trompé de mot !
Buffy se sentit soudain très bête avant de se dédouaner :
— J’avais dit à Giles qu’il devenait presbyte !
— Franchement, ça ne fait pas très sérieux. Et je sais pourquoi ils sont si nombreux, c’est la saison des amours. Le démon que tu as tué devait être une femelle. En fait, chez les gorlacs, les mâles sont attirés par les femelles puissantes. Tu as tué leur femelle dominante donc ils te courent après.
Buffy grimaça en écoutant ce cours sur la reproduction chez les démons.
— Ne t’inquiète pas, ajouta-t-il devant sa mine dégoutée, si tu les frappes au bon endroit, on n’en a pas pour longtemps. Il y a des armes dans le coin ?
— Là, répondit-elle en montrant les instruments qu’elle avait déterrés en l’attendant.
— Bon, tu prends l’arbalète et je prends cette épée et ce… truc. C’est quoi ?
— Un taser.
— Ok, on y va.
Il ne leur fallut qu’une vingtaine de minutes pour venir à bout des quatre démons. Ils les attaquèrent un par un, les isolant de leur comparses en les entraînant dans différentes pièces avant de leur régler leur compte. Ces bestioles semblaient parfaitement dépourvues d’intelligence mais leur force brute compensait. Le plus difficile était surtout de viser le point minuscule entre les trois yeux. Quand tout fut réglé, ils délivrèrent les prisonniers et Buffy put enlacer sa sœur puis ses amis. Le vampire s’était mis volontairement à l’écart et observait ces effusions à quelques pas du groupe.
Alex le fixa quelques instants avant de demander d’un ton agressif :
— J’espère que tu as ramené ton âme avec toi ?
— Mission accomplie, bien que cela ne te regarde pas, ne put s’empêcher d’ajouter le vampire.
— Spike a son âme et rien ne pourra changer ça, précisa Buffy.
Tout le monde pensait à Angel et aux massacres qu’il avait commis après avoir vécu « un moment de paix » dans les bras de la Tueuse.
— C’est garanti, renchérit Spike un brin moqueur. Irréversible. Vous pouvez vous détendre, je ne redeviendrai pas un démon.
— Mais tu restes imbuvable.
— Que veux-tu, mon cher Alex ? Tu ne changes pas non plus. Il va falloir nous supporter, j’y suis, j’y reste. Tu devrais plutôt me remercier de t’avoir laissé la vie sauve l’autre jour. Ne me fais pas regretter ma compassion.
Main dans la main, le vampire et la Tueuse se promenaient dans le jardin de Giles. Ils avaient passé une partie de la soirée à remettre en ordre la maison et ils prenaient une petite pause avant d’y retourner.
— Le clair de lune est magnifique.
— C’est vrai, répondit Spike en passant un bras autour des épaules de sa Tueuse.
— Tu ne regrettes rien ?
— Regretter quoi ?
— D’avoir récupéré ton âme.
Spike n’en crut pas ses oreilles.
— Tu plaisantes là ? Je suis assis sous les étoiles avec toi, tu m’acceptes dans ta vie, nous avons une… relation. Je suis le plus heureux des hommes !
Il avait hésité à prononcer ce mot car en vérité, Buffy ne lui avait jamais dit qu’elle l’aimait quand Spike le lui répétait à longueur de temps.
— Tu ne seras jamais en paix.
D’une main douce, Spike l’obligea à tourner la tête vers lui.
— Buffy, ce que j’ai fait quand j’étais vampire ne me hante pas si c’est ce qui te fait peur.
— Tu ne me feras pas croire ça.
— C’est vrai pourtant ! J’étais un démon, je faisais ce que font les démons. Ce n’était pas moi, voilà tout. Je ne veux pas me sentir coupable de ce qu’a fait cet autre. J’ai de la peine pour les victimes, et encore pas toutes. Non franchement, je n’arrive pas à me sentir vraiment responsable. La seule chose que je pourrais regretter, c’est d’avoir accepté que Drusilla me change en vampire. Car ça, vois-tu, je l’ai voulu.
Il s’interrompit, semblant réfléchir quelques instants avant d’ajouter.
— Et même cela, je ne le regrette pas vraiment. Si j’étais resté un mortel, je ne t’aurais pas rencontrée.
— Je t’aime Spike.
Il sentit ses yeux s’embuer quand elle prononça ces mots qu’il attendait depuis si longtemps. D’une main légère, il remit de l’ordre dans ses cheveux soulevés par la brise.
— Si tu savais comme tu me rends heureux en me disant ça sans que ma mort ne t’y oblige.
Ils s’embrassaient tendrement quand Willow surgit devant eux. Spike dut prendre sur lui pour ne pas la mordre un bon coup. Elle venait d’interrompre le plus beau moment de sa vie et se pointait le nez enfariné.
— J’ai la solution ! L’esprit qui aurait dû revenir en même temps que Spike, il doit être resté là où il a ressuscité.
— Tu veux dire qu’il est resté avec Drusilla ? demanda Buffy.
— Non, impossible, répliqua le vampire, toujours agacé d’avoir été dérangé. Réfléchis un peu : on s’en serait rendu compte enfin ! Je suis resté un moment avec Drusilla avant de partir à ta recherche.
La sorcière semblait perplexe.
— Tu n’as même pas envisagé que Drusilla ait pu utiliser un sort différent que celui que tu as fait? lui demanda Spike, un brin ironique. Je suis un mort-vivant, une créature surnaturelle, les conséquences sont sans doute différentes pour moi et pour Buffy. Ça me semble évident !
— Et puis, ta mort n’avait rien de naturel, ajouta la Tueuse. On ne sait rien de ce médaillon après tout. Il faudrait demander à Angel.
Spike grogna.
— Franchement, est-ce si important ?
— On se renseignera, finit par conclure la sorcière. Mais je suis plutôt rassurée.
— Et bien tant mieux. Maintenant, peux-tu te casser, s’il-te-plait ? siffla le vampire.
— Spike ! s’exclama Buffy.
— Quoi ? J’ai dit s’il-te-plait !
Les rires et l’odeur du pain grillé emplissaient la maison. Spike finit de se doucher rapidement avant de rejoindre le petit groupe dans la cuisine. Ils avaient dormi chez Giles et le vampire trouvait étrange d’avoir pu passer la nuit avec Buffy, sous le même toit que le Scooby gang. Leur relation était devenue officielle et semblait bon gré mal gré acceptée, même si certains y mettaient une mauvaise volonté évidente. D’ailleurs, le silence se fit quand il entra dans la pièce.
— Tu veux un toast ? demanda Buffy dans une tentative désespérée pour ramener une ambiance chaleureuse.
— Oui je…
— Si ça ne vous gêne pas trop, je voudrais qu’on discute sérieusement de votre relation, le coupa Giles.
— Rupert, on peut attendre une minute ? essaya de négocier Spike.
Il avait du mal à rester serein parmi tous ces humains. Il ne les appréciait déjà pas habituellement mais il y avait en plus une animosité qui lui donnait envie de passer par la fenêtre vérifier si le soleil était vraiment dangereux pour les vampires.
— Nous n’avons que trop attendu, il faut tirer cette histoire au clair.
Non mais en quoi ça le concernait ?
— Bon allons-y ! Qu’est-ce que vous voulez ? demanda-t-il le vampire de plus en plus agressif.
— Comment vous sentez-vous quand vous êtes loin l’un de l’autre ?
— À merveille, on peut manger maintenant ?
— C’est important Spike, on doit comprendre ce qui se passe entre Buffy et toi, se crut autorisé à ajouter Alex.
— Mais au nom de quoi ? s’écria le vampire. Ça commence à bien faire !
— Calme-toi, ça ne me plait pas non plus, mais si ça peut les rassurer… intervint la Tueuse.
Il se calma immédiatement et Buffy s’exprima.
— Tout va bien Giles. En fait depuis qu’on s’est retrouvés, je ne ressens plus aucun malaise. Hier, on s’est séparés sans problème. Je pense qu’il a dû se passer quelque chose qui nous a… stabilisés.
— C’est exactement ça Buffy, intervint Willow, vous avez « stabilisé » votre lien. C’était une de nos hypothèses mais nous n’étions sûrs de rien. Ça aurait pu tourner très mal. On a lu des histoires d’humains qui ne pouvaient plus s’éloigner de leurs vampires, condamnés à vivre dans la même pièce que lui.
— Mais ce n’est pas notre cas.
— Non, c’est sans doute lié à vos personnalités. Vous êtes tous les deux très indépendants. Ou alors c’est dû au fait que tu sois la Tueuse. En fait, il est tout à fait possible que rien ne change entre vous.
— Possible mais pas certain ? demanda Spike.
— Franchement, je ne crois pas qu’il y ait de soucis à se faire, répondit la sorcière.
Elle eut un regard appuyé en direction de Giles et d’Alex avant de conclure :
— Vous pouvez vivre votre lune de miel.
Spike et Buffy se regardèrent, gênés. Ils n’avaient pas envisagé la suite de leur histoire. Ils étaient loin d’être naïfs : trop de choses les séparaient.
— Pitié Willow, je ne veux pas en entendre plus ! gémit Alex.
— Moi, ça me va, j’aurais pu tomber sur bien pire comme beau frère.
— Tu plaisantes Dawn ? demanda le jeune homme, c’est Spike ! Y’a rien de pire !
Le vampire leva les yeux au ciel puis quitta la pièce. Buffy laissa la bande discuter défauts et qualités vampiriques et le suivit dans le salon. Assis sur un fauteuil en cuir, il allumait la télévision et commençait à zapper. Elle se pencha vers lui, et le sentit frémir quand elle approcha ses lèvres de son oreille, lui susurrant d’une voix moqueuse:
— Et là, tu es sûr de ne rien regretter ?