Reposer en paix

Chapitre 1 : Reposer en paix

Chapitre final

2297 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a plus de 5 ans

Ce texte a été écrit dans le cadre du défi Secret Santa, et je l'offre à Ladévoreusedelivre :) J'espère que ça plaira ^^ Bonne lecture.


REPOSER EN PAIX

Buffy s’était lancée dans une course effrénée contre la montre afin de sauver sa sœur Dawn qui était blessée et attachée en haut d’un échafaudage surplombant toute la ville de Sunnydale.

C’était Gloria, une déesse chassée de sa dimension démoniaque, qui était à l’origine de tout ça. C’était une très belle femme, comme toutes les déesses, mais beaucoup trop sûre d’elle, superficielle et centrée sur elle-même. Elle était tellement puissante et méchante que les pairs de son monde n’avaient rien trouvé de mieux que de l’envoyer sur Terre. C’était certes sous l’apparence d’un humain inoffensif, mais elle avait trouvé le moyen de reprendre sa forme originel, donc autant dire que le supplice qui lui avait été infligé n’était pas du tout efficace.

Pour éviter que Gloria puisse revenir dans sa dimension démoniaque, des moines avaient créé une clef avec le sang de la tueuse, et l’avaient ainsi transformé en jeune fille, Dawn. Ils l’avaient envoyée sur terre en tant que sœur de Buffy, allant jusqu’à créer des faux souvenirs d’elle pour que personne ne se rende compte de sa véritable nature.

Aujourd’hui Buffy savait ce qu’était Dawn, mais son amour de sœur était bel et bien présent. Elle ne pouvait donc pas se résoudre à la perdre.

Buffy, retrouva donc Dawn en haut de l'échafaudage. Un énorme vortex s’était ouvert sous leur pieds, laissant entrer dans leur monde des monstres effrayants ressemblant à des dragons. Le temps pressait, il fallait coûte que coûte refermer cette porte inter-dimensionnelle et le but de Buffy était de non seulement sauver le monde mais aussi Dawn.  

Mais les deux sœurs savaient très bien ce qu’il fallait faire pour arrêter cet apocalypse. Il fallait que le sang de la clef arrête de couler et pour cela, Dawn était prête à se sacrifier. Après tout, elle était consciente qu’elle n’était tout simplement pas de ce monde. Pourtant, les souvenirs créés par les moines lui semblaient tellement réels. Elle se souvenait des fois où son père les amenait, Buffy et elle, faire de la patinoire, ou quand sa mère l’emmenait chez le coiffeur et qu’au retour elles allaient manger une glace…

Pendant que Dawn annonçait à sa sœur qu’elle n’avait d’autre choix que de mourir, Buffy fut assaillie de flash-back qui lui rappelèrent son pèlerinage dans le désert pour trouver un sens à ce rôle de tueuse qu'on l'avait forcé à endosser.

"La mort est ton cadeau, lui avait dit la première des tueuses."

Dès que cette phrase eut fini de résonner dans sa tête, tout était à présent clair pour elle. Le sort en était déjà jeté. Elle regarda au loin le soleil se lever, et comme une illumination, elle comprit immédiatement ce qu’elle devait faire. Elle adressa alors ce message à sa petite sœur :

"Écoute moi Dawn, s'il te plaît. Je t'aime. Je t' aimerai toujours... Mais j'ai une tâche à accomplir. Dis a Giles que j'ai enfin compris. Que tout va bien. Dis à mes amis que je les aime. C'est à toi de prendre soin d'eux maintenant. Prend soin de chacun d'entre eux. Il faut que tu sois forte. La chose la plus difficile sur cette terre, c'est d'y vivre. Alors soit brave, survis... Pour moi..."

Un dernier baiser sur la joue de Dawn dévastée, et Buffy se précipita dans un sublime saut de l'ange dans le vortex.

Au fur et à mesure que la tueuse s'approchait de la porte inter-dimensionnelle, elle sentit le contraste brutal entre l'air frais de la fin de la nuit, et l'air chaud que dégageait cette source d'énergie. Une fois dedans, elle eut l'impression de brûler vive, comme si elle était en proie à des flammes. Malgré une douleur intense, elle fut surprise de voir à quel point ses pouvoirs de tueuse rendaient sa constitution hors du commun, puisqu'elle lui permettait d'être encore en vie. Puis des éclairs arrivèrent droit sur elle, traversant de part et d'autre chaque parcelle de son corps. Et encore une fois, elle subissait sans fléchir. Jusqu'où son corps pouvait-il survivre ? Etait-elle invincible ?

Ce fut alors une décharge dans sa tête qui lui fit perdre conscience et enfin, lorsqu'un des éclairs toucha son cœur, ce fut la fin.

Quelques instant après, ou peut-être une éternité, il était impossible de le savoir, Buffy rouvrit les yeux, et constata qu'elle se trouvait dans un espace blanc infini. Aucun contour ne se dessinait à l'horizon. Aucun mouvement ne se faisait sentir. Elle était seule. Seule mais sereine, car elle ne ressentait plus de douleurs ou d'angoisse. Elle ne ressentait que du positif, du bien-être, elle n'avait plus ressenti ça depuis qu'on lui avait imposé ce rôle de tueuse. Pendant qu'elle savourait cet instant de plénitude, elle entendit une voix douce, familière et étrangère à la fois.

"Bonjour Buffy."

Cette phrase résonnait dans l'espace infini dans lequel elle se trouvait, alors qu’aucun obstacle n’avait l’air d’être là pour en répercuter le son. Elle se leva et fit un tour ou plusieurs sur elle-même, il n'y avait aucun point à fixer, jusqu'à ce qu'un semblant de silhouette se dessine au travers d’un léger brouillard aussi fin que de la buée. Buffy savait d'ores et déjà de qui il s'agissait. Cela ne faisait aucun doute, la tueuse était au paradis. Ou du moins c'était la seule comparaison qu'elle était capable de faire, car cette silhouette, c'était sa maman.

Sa maman, Joyce Summers, était une très belle femme avenante et douce. Elle savait se montrer stricte mais juste. Elle était morte d'un anévrisme alors que ses examens concernant son cancer ne laissait présager que du positif. Elle l'avait découverte inerte sur son canapé, les yeux ouvert fixant un point invisible. Elle avait tout essayé pour la ranimer, mais il était trop tard. Pour la première fois elle s' était sentie inutile et incapable. Elle qui sauvait des vies tous les jours, elle n'avait pas pu sauver sa propre mère.

Perdue dans ce souvenir dont elle ne ressentait même plus la douleur, Buffy ne s' était pas rendue compte que sa maman était venue à sa rencontre pour la serrer dans ses bras. Elle resta un instant immobile et quand elle réalisa ce qui était en train de se passer, elle resserra à son tour son étreinte.

"Tu m'as tellement manqué, Buffy.

—    Toi aussi maman, répondit Buffy dans un sanglot étouffé."

Après une grande inspiration, Joyce Summers s'écarta pour mieux contempler sa fille.

"Si tu savais comme je suis fière de toi, dit-elle en prenant son visage entre les paumes de ses mains. C'est remarquable ce que tu viens d'accomplir, même si je ne te voulais pas si tôt auprès de moi, ajouta-t-elle avec un tendre sourire en coin."

Buffy était tellement abasourdie qu'elle ne savait pas quoi répondre. Ce ne fut qu’au moment où elle se colla contre sa mère, qu’elle se rendit compte qu'elle ne sentait aucun des deux cœurs battre. Mais peu importe, elle se contentait de regarder sa mère, qui était encore plus belle et rayonnante que dans ses souvenirs.

"Je ne te l'ai jamais dit, Buffy, car je vivais constamment dans la peur de te perdre, mais j'ai toujours admiré la force et la volonté dont tu faisais preuve tout au long de ton... travail...

—     Je n'avais pas le choix, se contenta de répondre Buffy, émue. Dawn était aussi prête à se sacrifier...

—    C'est normal, vous avez de qui tenir, répondit fièrement Joyce avec douceur. Allez ! Arrêtons de parler de tout ça. Tu m'as rejointe dans l'eau delà et j'ai hâte de te faire découvrir ce lieu qui est certes très simple mais tellement agréable! Allez viens..."

C'était ainsi que Joyce accueillit sa fille au paradis, où elle espérait, qu'elles pourraient rattraper le temps perdu. Se retrouver dans cet univers de paix était ce qu'il pouvait arriver de mieux à Buffy. La première tueuse avait raison, la mort était son cadeau. La plénitude, la sérénité, le bonheur de revoir sa mère... Enfin elle se sentait récompensée.

Buffy ne savait pas depuis combien de temps elle était morte. Tout ce qu'elle savait c'est qu'elle était soulagée de pouvoir parler avec sa mère de tout ce qu'elle avait vécu depuis qu'elle était devenue tueuse. Elle commença par son premier amour, Angel. Un des plus grand chapitre de sa vie. Elle lui parla de la première fois où elle était morte et aussi de la fois où elle avait appris l'existence d'autres tueuses comme Kendra et Faith. Les deux seules personnes qui pouvaient totalement la comprendre. Là encore, ça s'était mal fini. L'une était morte et l'autre avait tout fait pour lui mener la vie dure par jalousie. Riley avait totalement perdu la tête et était devenu accro aux morsures de vampire. Ce qui était bien au paradis c'est qu'elle pouvait parler de tout ça sans souffrir ou avoir de peine.

"Et Spike ? demanda soudain la mère de Buffy.

—    Comment ça Spike?

—    Vous n'avez pas eu une histoire ensemble ? dit-elle avec un petit sourire mutin. Allez, tu peux tout me dire maintenant, ajouta-t-elle avec un clin d'd'œil.

—    Maman ! s'offusqua Buffy.

—    Quoi ? Il est plutôt charmant non ? Il m'a protégé plusieurs fois, il m'aidait pour les tâches ménagères et la cuisine... Vraiment charmant !

—    On ne doit pas parler du même Spike, crois-moi, répondit-elle, douce-amère.

—    Tout ce que je sais, c'est qu'il t'a maintes et maintes fois aidée, ainsi que Dawn... Et un homme prêt à tout pour toi...

—    Oui bin je n'ai pas envie d'en parler ! Parce que sinon on peut parler de votre crise de la quarantaine à Giles et toi !

—    Oh arrête ! Quelle histoire ça a été!"

Mère et fille éclatèrent de rire. Joyce et Giles avaient retrouvé leur élan de jeunesse le temps d'une soirée, à cause d'un sort magique. Buffy n'avait jamais été aussi mal à l'aise qu’en les voyant se bécoter. Cela dit, elle considérait Giles comme son père spirituel, mais de là à ce qu’il ait une relation avec sa mère, non merci.

Soudain, en ce moment de complicité et de taquinerie, Buffy ne se sentit pas bien. Une douleur lancinante se faisait ressentir dans sa poitrine. Pliée en deux, la main sur l'endroit où se trouvait jadis son coeur, elle souffrait. Sa maman, inquiète, ne savait pas quoi faire à part rester à ses côtés. Buffy sentait des vibrations dans sa poitrine, en fait pendant un instant elle crut que c'était son coeur qui se reformait. C’était même son corps qui se reconstruisait de part en part, et la douleur était insupportable.

"Maman... Qu'est-ce qu'il m'arrive ? geignit Buffy à bout de souffle.

— Je ne sais pas ma chérie, ça va aller ne t'inquiète pas..., répondit sa mère en gardant le visage de sa fille contre elle tout en la berçant. Ca va aller, Buffy...

—    Maman..., énonça-t-elle de plus en plus difficilement."

Mais ce dernier mot resta comme suspendu dans l'air infiniment blanc du paradis puisque Buffy avait disparu des bras de Joyce, la laissant ainsi complètement désemparée.

La tueuse, quant à elle, se retrouva enfermée dans le noir complet. Un contraste désarmant par rapport à l'univers blanc dans lequel elle était il y a encore quelques secondes. Un ascenseur émotionnel qui la rendit directement hystérique.

"Un cercueil, je suis enfermée dans un cercueil ! réalisa-t-elle, prise de panique."

L'instinct de survie réapparut comme par magie. Elle fit alors appel à toutes ses forces de tueuse pour se libérer de cette prison souterraine. Elle ne comprenait pas qu'on lui ait enlevé le bonheur dans lequel elle se trouvait.

"La mort était mon cadeau ! Je l'ai compris ! Alors pourquoi ? Sortez-moi de là ! cria-t-elle dans sa tête."

Enfermée dans sa boîte, Buffy se battait contre les parois du cercueil, en commençant par arracher les morceaux de tissus intérieurs jusqu'à atteindre le bois verni. Ses peurs et ses angoisses étaient revenues comme une gifle qu'elle n'attendait pas, mais elle réussit enfin à s' échapper de son cercueil et s' effondra sur l'herbe fraîche du soir.

Pourquoi l'avait-on ramenée sur terre ? Elle était enfin en paix ! Pourquoi lui faire subir ça ? N’avait-elle pas le droit d’être enfin tranquille ? Elle ignorait pourquoi elle devait de nouveau faire face à une telle souffrance autant morale que physique, mais ce qui était sûr, c'était que cette nouvelle épreuve qu'on pouvait clairement qualifier de traumatisme, allait la transformer à jamais.




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