La vérité n'a pas de prix

Chapitre 4 : Loin du capharnaüm, une source sous la pierre surgit

9927 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/12/2019 21:15

Institut Jefferson, laboratoire médico-légal, salle d'examen.

Fin d'après-midi 3


Même en plongeant la tête la première dans le travail, Brennan était toujours amer à cause de la discussion avec Booth. Elle l'avait complètement désarçonné. On lui en avait dit des horreurs ou des inepties, rien qu'au cours de ces dernières quarante-huit heures mais Booth savait bien plus de choses sur lui, instinctivement. Peut-être était-ce la raison que son rejet soit plus douloureux que celui de son ex ? Ce n'était qu'une question parmi des milliers à cause de sa collègue.


Les plus importantes concernaient le corps devant lui, Brennan énumérait lentement les côtes et phalanges présentant des coupures tout en indiquant du doigt à Zack pour qu'il les prenne en photo.

- Des coups de couteau ici et des traces étranges sur le bout des phalanges. Une première, dit-il avec étonnement.

Au même moment, Hodgins entra pour faire part de ses découvertes.

- En résumé, anxiété, dépression et nausées.

- Ta thérapie ne fonctionne pas, Hodgins, plaisanta Brennan.

- Mais non, pas moi, Cléo Eller. La zone de la pupille montre qu'elle était sous Lorazépam, Clordiazépoxine et de Méclozine chlorhydrate.

Brennan lit le rapport que lui avait remis Hodgins, en pleine réflexion.

- ...des nausées ? On peut me montrer de nouveau les os de grenouille ?


Zack installa l'écran devant eux et plaça les petits os au microscope électronique branché au moniteur.

Brennan observa dans le microscope puis sur l'écran en soupirant. Ennuyé d'être passé à côté de ce gros détail.

- C'est bien ce que je pensais... Il ne s'agit pas d'os de grenouille rousse mais d'un fétus. Cléo Eller...était enceinte.

Beaucoup de mensonges en une journée...

- Des restes de fétus... murmura Zack, aussi déçu que son mentor.

- Marteau, enclume, étrier. Des os de l'oreille d'un fétus, nomma Brennan en se pinçant l'arête du nez.

- La fille était enceinte depuis combien de temps ? demanda Hodgins, confus.

- Pas très longtemps.

- On peut tenter un relevé d'ADN pour trouver le père de l'enfant, proposa Zack.

- On peut essayer, approuva Brennan, un peu plus enthousiaste. En espérant qu'il reste suffisamment de matériel génétique.


Hodgins fit une moue dégoûtée en faisant le tour du bureau en éteignant le moniteur en passant. Il lâcha un nouveau commentaire sur le sénateur Bethlehem.

- En tous cas, ce sénateur est malin, il fait tomber enceinte une stagiaire, la tue pour le bien de sa carrière et se débarrasse du corps comme si de rien n'était.

Zack sortit de la pièce pour ne pas participer à cette séance de suppositions avec les os de fétus pour le prélèvement.

- Transformer la paranoïa en hypothèse, c'est comme utiliser un pain de C4 comme pierre philosophale.

- Et cette unité spéciale ? Je vois mal ta copine du FBI la commander sauf si ceux qui tirent les ficelles en coulisse sont sûrs de sa loyauté et de son dévouement, insista Hodgins, résistant au ton badin de son confrère.

Hodgins reprit le dossier tendu par Brennan qui le fixa du regard, intrigué par ses accusations. Il préférait écouter sa curiosité que sa colère naissante. On ne combattait pas le feu par le feu contre un homme comme lui et il était hors de question de le mettre à terre pour cette raison.

- Tu veux mon avis, Brennan ? Cette enquête échouera dans les limbes.

Brennan détestait être assailli d'autant de points de vue différents. Il n'avait pas besoin de lui pour savoir que le gouvernement mentait sans arrêt et raison de plus pour ne pas s'intéresser à la politique moderne. Le pire était qu'il avait sans doute raison. Pas sur Booth mais sur leur probable échec programmé.


Lentement, l'anthropologue allait chercher sa chaise, mit des gants et un masque pour s'asseoir près de Cléo. Le seul point de vue plus clair que de l'eau de roche. Les ossements baignaient dans une lumière forte mettant en exergue la moindre aspérité qu'il caressa encore une fois, imaginant les possibilités puis fixa les orbites de la jeune femme. S'attendait-il à une réponse ? Un clignement d'yeux qui n'existaient plus ? Et même si c'était possible, il y lirait probablement la même confusion qui régnait dans son esprit.


Pourquoi en sommes-nous arrivé là ?

"Pourquoi on en est arrivé là ?"


Il restait de longues minutes avant de quitter la salle d'examen pour aller dans la salle d'imagerie. Il observait de longues minutes la reconstitution d'Angela. Ou le seul autre point de vue le plus clair selon son jugement.



Institut Jefferson, laboratoire médico-légal, salle principale.

Soir 3


N'arrivant à rien, Brennan s'était allongé sur l'un des bancs du labo en traînant le pied vers l'avant, puis vers l'arrière, plongé dans ses pensées. Angela arriva et l'aperçut. D'un simple coup d’œil, elle comprit que son ami était perdu dans une forêt de questions et tenta de lui remonter le moral. Elle se pencha vers lui, laissant pendre ses boucles de cheveux au-dessus du visage de Brennan et chatouilla son nez pour le faire sourire un peu.


- On va boire un coup ? En termes plus spartiates : "glou glou, whou whou" ?

Brennan réagit à peine mais fit l'effort de la regarder dans les yeux, rien que pour constater à quel point elle était mignonne quand elle se faisait du souci pour lui.

- Allez, mon tout beau...

Décidément, Brennan était faible face à la moue d'Angela et s'assit sur le banc en lui laissant de la place. Angela s'installa, prête à l'écouter.

- Booth m'a dit que je ne donnais pas assez de ma personne. Ce serait mentir de dire qu'elle a tort mais de là à penser que je m'entends qu'avec des morts, c'est exagéré.

- Il y a des gens qui t'aiment aussi.

- Je m'en fiche que les femmes m'aiment aussi.

- Tu glisses souvent d'une généralité à une précision sans que tu ne remarques le lapsus ?

- Ce matin, mon ex m'a proposé du "whou whou whou" en parlant de psychologie. C'est l'une des raisons qui me pousse à détester la psychologie. Des raccourcis faciles et rien d'autre, ironisa Brennan pour ne pas trop refroidir Angela.

D'abord réticent, Brennan frôla l'épaule d'Angela, cherchant du réconfort dans une relative proximité. Cette dernière sourit tendrement et colla un peu plus son épaule à la sienne pour entendre la voix basse de son ami.

- Petra, toi, Booth, chacune d'entre vous me demande de donner du mien émotionnellement. J'ai atteint mon quota d'émotions humaines pour cette enquête avec Cléo Eller.

- T'as un quota ? C'est nouveau...


Quelque part, il espérait qu'elle ne comprenne pas. A quel point il aurait aimé ne pas ressentir tout cela. Rien ne lui appartenait, ce n'était pas comme regarder les peintures de son amie. Elle se dévoilait au monde en son âme et conscience. Cléo n'avait ni choisi de mourir, ni choisi se confier à un étranger sans le savoir. Certainement pas à ce point. Il ne violait pas son intimité. Il s'y baignait quitte à risquer la noyade.

Brennan approcha son visage vers celui d'Angela, baissant encore un peu la voix, prêt à se confier. Angela ne reculait pas, visiblement habituée à cette proximité.

- Cléo Eller est réelle pour moi, autant que toi. Je n'ai vu que ses os et pourtant, c'est comme si elle faisait partie de ma vie. Quand Cléo avait sept ans, elle s'est cassé le poignet. A cet âge, on apprend à faire du vélo, elle a du subir une chute alors qu'elle pédalait. Deux semaines après, à peine libérée de son plâtre, elle ne s'est pas laissée faire et a enfourché de nouveau ce vélo...pour se casser le poignet. Encore.

Brennan rit doucement, en imaginant la scène, les nerfs à vif à cause de la fatigue et de cette impression d'être le seul à comprendre la victime. A être dans une vie passée comme s'il en avait toujours fait partie sans que personne ne le remarque. Angela rit doucement à son tour, le tirant de sa morne rêverie.

- Ses parents devaient être morts d'inquiétude alors qu'elle n'apprenait pas à faire attention mais on ne peut pas dire qu'elle n'était pas une battante. Même pendant sa grossesse, peu avant son assassinat, elle était si déprimée que le simple fait de s'arracher du lit était un combat quotidien. Et il n'y avait personne pour se soucier d'elle car elle n'avait pas fait attention en ayant des rapports sexuels. Même seule, elle voulait vivre, Angela...

- Tu t'impliques trop, mon chou...

- Inquiétude ou science douce encore une fois ?

Angela prit le bras de Brennan alors qu'il gardait ses mains jointes sur un de ses propres genoux. Il se laissa faire, tolérant la nature tactile de sa meilleure amie.

- Alors ne disons pas de gros mots mais dis-toi qu'au-delà des os durs, il y a des gens tendres parfois.

- Comme toi, par exemple ?

- Exact. Alors, je comprends que tu ne fasses pas confiance en une science douce mais tu peux me faire confiance, d'accord ? Je vais te donner un petit conseil.

- "Glou glou, whou whou" ? En trouvant une femme pour le dernier "whou" ?

Angela sourit, amusée et serra un peu plus le bras de son ami pour le rappeler à l'ordre gentiment.

- On se connaît depuis plus d'un an, je suis la preuve que tu peux donner de ta personne et ne pas le regretter. C'est même parce que tu as fait ça qu'on est amis depuis tout ce temps. T'as eu le courage de me livrer des confidences que tu n'avais pas du tout envie de dire, ni d'entendre encore une fois. Tente avec Booth et si ça ne marche pas, je la bouderai comme Zack.


Brennan sourit, réconforté et regarda en l'air tout en se massant le cou. Il était un peu gêné de s'être comporté comme un enfant mais Angela avait assuré. Comme toujours.

- Petra m'a dit la même chose ce matin mais pas comme tu l'as fait. Tu es vraiment bien plus sensée et compétente qu'elle.

- Tu sais pourquoi je suis ta meilleure amie !

- Si je veux être compétent aussi, il va falloir que je me bouge les fesses. Ça te dit qu'on "glou glou, whou whou" à la fin de l'enquête si on réussit ? Histoire de motiver ?

- Je croyais que tu préférais "whou whou whou".

- En fait, le "glou glou" avec toi est suffisamment convainquant. C'est mieux que de "whou whou whou" avec n'importe qui.

Angela éclata de rire puis accepta d'un sourire rayonnant. Elle l'aida à se lever et lui proposa de le conduire chez lui pour qu'il ait une nuit de sommeil bien méritée.

Il n'avait plus sommeil mais il n'allait pas faire l'enfant gâté cette fois.



Sénat, Bâtiment Hart

Matin 4


On ne peut plus direct, Brennan passa la vitesse supérieur seul en allant droit vers le sénateur Bethlehem. Patient, Brennan attendit dans le hall bondé de personnes pressées aussi froides et inexpressives que le marbre omniprésent. Enfin, ses yeux de renard reconnut le visage du sénateur, vint à son encontre et se heurta à son indifférence ainsi qu'à son assistant, Ken Thompson. Imperturbable, l'anthropologue se présenta de manière concise et en fit de même sur la raison de sa venue.


- Je ne comprends pas pourquoi le directeur adjoint du FBI vous a demandé de parler au sénateur au lieu de le faire en personne, scanda Ken, irrité.

- Sans doute parce que je suis la personne qui a découvert la grossesse de Cléo Eller, affirma Brennan, fier de lui.

Il obtint enfin un regard de la part du sénateur, mâchant son chewing gum comme un bovin. Il sembla étonné et prit la parole.

- Vous pouvez l'établir à partir d'un squelette ?

- Et des restes de fétus, l'évidence même, railla Brennan, tentant d'arracher une émotion prouvant un peu plus de culpabilité. A présent, la question est de savoir auquel de vous deux dois-je présenter mes condoléances ?

Booth avait raison, c'était plus compliqué d'obtenir la vérité au milieu des menteurs. Le pire était de garder son sang froid sachant qu'un des deux mentait forcément, voire même les deux ensemble. Brennan les jaugea tour à tour. Les deux hommes se regardèrent, placides.

- Etes-vous prêts à vous soumettre à un test ADN ?

- Écoutez, je vous conseille de ne rien dire tant que votre avocat n'est pas présent, le sujet est sensible, avisa Ken Thompson à son patron, comme s'il n'était pas concerné.

- Et je vais suivre ce conseil, dit-il tout fier, comme si c'était son idée.


Au moins, il avait plus que le mode bovin en matière d'expression faciale mais à le voir jeter son chewing gum à la poubelle, Brennan pouvait constater qu'il avait aussi le cerveau d'un ruminant. Il se précipita pour s'en saisir devant les deux hommes médusés.

- J'aurais voulu que vous vous soumettiez à un test ADN de votre plein gré mais votre salive suffira amplement, minauda Brennan.

- Attendez, il vous faut un mandat ! s'exclama le sénateur. Ken ? Il lui faut un mandat !

Ken s'exécuta et se saisit du bras de Brennan. Quel dommage qu'il était plus petit et qu'il n'avait pas du tout le gabarit de l'agent de la sécurité du territoire, cela semblait trop facile. L'anthropologue se contenta s'asséner un coup de coude dans les côtes, pas trop fort, pour lui couper le souffle. Comme une masse, Ken lâcha prise et se recroquevilla sur le sol, cherchant à reprendre sa respiration.

- Je reste à votre entière disposition par téléphone à la moindre question, sénateur ! Bonne journée ! déclara Brennan avec flegme, le sourire en coin.


Mollement, le sénateur s'approcha de son assistant pour voir s'il allait bien. Plus par gêne que par empathie.


Bureau du secteur de Washington

Bureau Fédéral d’Investigation

Matin 4

Brennan et Booth furent convoqués dans le bureau du directeur adjoint Cullen, énervé par la situation. Il était sûr que ça allait déraper mais il ne voulait pas brider l'agent Booth. Elle avait de l'intuition et pour lui, Brennan n'était qu'un laborantin de plus lâché dans la nature, bon qu'à gêner une investigation qui ne demandait qu'une chose : devenir une bombe médiatique. Les bras croisés, il avertit fermement le consultant. Au moins, il ne souriait pas. Cullen aurait été bien plus en colère dans le cas contraire.

- Vous savez que je peux vous faire arrêter pour avoir menacé un sénateur des États-Unis ? Il a déposé plainte.

Brennan se renfrogna, cette idée lui paraissait ridicule. Tout ça pour ça ?

- Je vous demande pardon ?

- Bones... temporisa doucement Booth.

- J'avais donné mon accord pour qu'il aille sur le terrain mais sous couvert de votre responsabilité, gronda Cullen en pointant son index vers son agent.

- Oui, monsieur...

Brennan fronça des sourcils, comprenant qu'il n'était pas au courant de certains faits, dont la négociation sur les conditions de leur partenariat. Encore une fois, il avait parlé et agi trop vite sans tout savoir. Un partie de lui en voulut à Booth pour ne lui avoir rien dit mais Angela aurait sûrement dit qu'elle avait gardé ces détails secrets pour ne pas l'entraver et donc ralentir l'enquête. Sa raison lui dicta que ce mensonge blanc était inutile, il savait compartimenter quand il le fallait. Et elle avait transformé une condition en fardeau. Ou peut-être qu'elle n'arrivait pas à lui faire confiance...car il n'avait pas réussi à montrer patte blanche.

Ils n'étaient pas encore des partenaires, en somme. Ils apprenaient tout juste à l'être dans les pires circonstances qui soient.


Cullen appuya sur une touche de son téléphone pour faire venir un autre agent spécial nommé First dans le bureau. Il reprit :

- Je vous avais déconseillé de prendre une fouine avec vous mais vous avez insisté, vous étiez certaine.

C'était le "fouine" et l'index pointé vers Booth de trop. Brennan tenta de prendre la défense de sa coéquipière en intérim en gardant son sang froid, ne voulant pas envenimer la situation.

- Attendez, si l'agent Booth avait été avec moi lorsque je suis allé voir le sénateur Bethlehem, il n'y aurait pas eu cette plainte. On avait besoin de matériel génétique à comparer à l'ADN prélevé dans les os du fétus.

Cullen soupira.

- Qu'est-ce que je vous disais ?

Booth se contenta de fermer les yeux lentement, soupirant à son tour. Elle ne les ouvrit qu'en entendant l'agent spécial First entrer dans le bureau. Cullen poursuit.

- Demain matin, j'annoncerai la constitution d'une équipe spéciale qui enquêtera sur la mort de Cléo Eller. Cela annoncera en même temps la fin de votre enquête, agent spécial Booth et sans commander cette unité.

- Félicitations, agent First, dit placidement Booth à l'agent derrière lui sans même lui adresser un regard.

- Sans rancune, j'espère, Seeley ?

A l'absence de réponse, il demanda la préparation des dossiers. Brennan observa la scène, un peu inquiet. Même s'il détestait la maîtrise empli de froideur de son agent, sa colère était palpable dans l'air et il fut bien heureux de compter sur son formidable contrôle de soi.

- Ils seront donnés en temps et en heure.

- Merci beaucoup, agents, conclut Cullen sèchement.


Booth contracta sa mâchoire. Elle attendit patiemment le départ de l'agent First pour oser pour une ultime pirouette en se levant de son siège.

- Le Docteur Brennan a tout de même découvert quelque chose qu'on n'avait pas réussi à vérifier, le sénateur Bethlehem couchait bel et bien avec Cléo Eller.

Brennan fixa Booth du regard, trop curieux de voir jusqu'où le mensonge/réflexion allait les amener.

- Le rapport précise qu'il n'y a pas assez d'ADN dans les os du fétus, rétorqua Cullen.

- Nous savons tous les trois que le sénateur n'a pas porté plainte parce que son assistant a été agressé mais pour un simple vol chewing gum. Il ne voulait clairement pas qu'on l'obtienne et ça cache forcément quelque chose.

- Et je peux vous assurer qu'il ignorait totalement qu'il n'y avait pas assez d'ADN, rassura Brennan, ferme.

Cullen les dévisagea tour à tour. Au moins, ils faisaient front tous les deux mais il ne pouvait récompenser l'ingérence.

- Je vous conseille de retourner à votre labo et de ne plus en sortir, Docteur Brennan.

Le Directeur-adjoint mit ses lunettes pour se concentrer sur un autre dossier, n'ayant plus rien à ajouter. Il savait déjà que Booth allait continuer tant qu'elle avait du temps mais il espérait réellement qu'elle continue seule. Pour le bien de sa carrière.

- Venez, Bones, invita Booth à voix basse.

Les yeux plissés, Brennan regarda fixement le directeur adjoint et se souvint de ce qu'il avait dit à Booth. Qu'elle était assez grande pour faire obstruction à la justice toute seule. Il avait tort. La politique était le premier rempart contre l'investigation et la vérité. Ça lui faisait mal de le reconnaître mais Hodgins avait en partie raison. Heureusement par sur la possible corruption de Booth.


La vérité était proche et il espérait que Booth le savait autant que lui.

Sans rien dire de plus, il se leva de son siège pour sortir du bureau, laissant sa partenaire fermer la porte derrière lui.


- Ça ira ? s'enquit Booth à voix basse.

Perplexe, Brennan fit volte face pour scruter son visage, elle était sincère. Plus de trace de sa frustration, simplement de l'inquiétude.

- Vous êtes sérieuse ? Je vous gêne dans votre enquête et vous... Laissez tomber.

- Vous avez agi pour de bonnes intentions.

- L'enfer est pavé de bonnes intentions, c'est pour cela que je reste dans le domaine cérébral et que je devrais vous laisser agir pour de bonnes intentions.

Booth sourit très légèrement, consciente que Bones était simplement factuel mais elle prit cela comme un compliment. Cependant, il ne lui rendit pas le sourire, toujours aussi confus.

- Vous vous êtes portée garante pour moi. Pour qu'on soit partenaires.

Au tour de Booth de perdre son sourire, ne sachant quoi répondre sans être embarrassée et ils n'avaient guère le temps pour cela.

- Laissez tomber...

Au tour de Brennan d'adopter la voie positive et encourager Booth. Il avait assez fait le gamin impatient, il fallait qu'ils se concentrent même avec le peu de temps qui leur restait.

- Vous savez qu'abandonner n'est pas dans mon vocabulaire. Et vous non plus. Si vous êtes allée jusque là, c'est que vous êtes sûre que le sénateur est le coupable. Qu'avez-vous appris de plus ?

- Cullen a raison sur le fait que le sénateur est un coureur de jupons. Il a couché avec une douzaine de stagiaires. Aucune n'est morte. En attendant, nous avons d'autres pistes comme celle du stalker.

Ils n'étaient pas non plus sûrs qu'au moins l'une d'entre elles était tombée enceinte. Trop de variables. Trouver le harceleur était le choix le plus sensé et plus rapide que de trouver toutes les anciennes stagiaires.

- On va vraiment tenter de l'interroger ? Ensemble ?

- Exactement. Nous avons douze heures pour agir et nous ne serons pas trop de deux.

- Si c'est l'assassin, un harceleur doit forcément avoir gardé quelque chose de Cléo, comme l'étoile de bronze. Il l'a probablement arraché du cou de la victime.

- On garde ça en tête, le temps presse.


Booth posa sa main sur le bras de Brennan pour le presser vers la sortie, direction domicile d'Oliver Laurier. Il n'aimait pas être touché par n'importe qui mais là, il ne s'en plaignit pas. Il sentait qu'ils étaient réellement partenaires à ce moment précis. Hors de question de rompre la magie.



Appartement d'Oliver Laurier

Jour 4


Décidé à être sage, Brennan se remit totalement au jugement de Booth. Il frappa à la porte d'entrée tandis que celle-ci fit le tour pour couper toute retraite au suspect. Oliver entrouvrit la porte, la chaînette en place.

- Bonjour monsieur Laurier, j'ai un mandat de perquisition pour vous, signala Brennan tout sourire, comme s'il était un livreur.

Paniqué, Oliver claqua la porte au nez de l'anthropologue. Il se retourna pour se retrouver nez à nez devant une femme qu'il connaissait et qu'il craignait au point de vouloir choisir la fuite vers Brennan. Booth s'était glissée dans l'appartement par la porte-fenêtre sans un bruit. La mine fermée, Booth déconseilla la fuite à sa proie.

- Oliver, non...

Dès qu'il fit volte face, Booth se saisit rapidement du poignet d'Oliver pour le tordre et faire tomber son suspect. Elle entendit un craquement, elle avait tordu le poignet sans doute trop fort et contracta la mâchoire de dégoût. Elle aurait voulu que les choses soient plus simples et rapides.

- Je déteste faire cela, Oliver. Je vais lâcher un peu la pression et vous ouvrirez à mon coéquipier. Si vous tentez de fuir de nouveau, je brise votre poignet. Est-ce clair pour vous ?

Oliver ne put répondre qu'en acquiesçant vivement, en nage. Booth le tira pour le relever et poussa en gardant sa prise pour accentuer un peu la douleur. Elle n'avait pas que cela à faire. Tout tremblant, le harceleur libéra la chaînette et Bones entra en souriant légèrement à la vue de cette scène. Elle le libéra pour le laisser masser son poignet et ferma la fenêtre, sûre que l'anthropologue n'aurait aucun mal à maîtriser le suspect s'il tentait quoi que ce soit.

- J'avais pourtant demandé gentiment il me semble...

- ...vous ? balbutia Oliver, les yeux rivés vers Bones, j'ai déjà vu votre visage. Sur un livre.

- Docteur Thomas Brennan. Il est mon partenaire. Bones ? Je vais fouiller et vous l'interrogerez, coupa Booth.

- Avec plaisir ! ...mais la raison de ce revirement ?

- Oliver est trop stressé avec moi. Je l'ai déjà interrogé lors de l'enquête de la disparition de Cléo Eller.

- Et je suis toujours innocent, agent Booth.


Booth ne prit pas la peine de répondre, elle se contenta de hocher la tête vers Bones pour bien lui faire comprendre qu'elle lui faisait confiance. C'était sans doute dû aux préjugés en qualité de force de l'ordre mais elle détestait Oliver. Le genre d'homme petit et mignon avec des yeux clairs et grands, transpirant l'innocence dont la seule défense était sa lâcheté. Et c'était aussi son arme pour mieux harceler. Comment dire non à ce poupon quémandant simplement de l'attention ? Répugnant.

Elle donna le mandat à Oliver puis se mit à tâter, observer partout en commençant par sa chambre à coucher. Minutieuse, elle fouilla les livres les plus proches du lit puis s'éloignait, couvrant les étagères bon marché et trouva le livre de Bones. Neuf, forcément, il venait de sortir mais vu la position du marque-page, Oliver l'avait pratiquement dévoré. Elle jeta un énième coup d’œil sur la quatrième de couverture, les yeux étrécis et remit le bouquin à sa place. Elle n'aimait pas du tout ça...


Brennan pensait qu'il serait plus adapté pour fouiller efficacement mais il prit au sérieux sa demande. Il croisa les bras en roulant un peu son épaule pour se décrisper et commença son interrogatoire.

- L'agent Booth pense que vous pourriez nous fournir des renseignements sur son enquête en cours.

Oliver lit le mandat et regarda Brennan dans les yeux. Pendant ce temps, Booth sortait de la chambre et continua sa fouille autour d'eux sans se faire entendre.

- Une étoile en bronze ? Celle de Cléo Eller ? Désolé mais je ne l'ai pas.

- Un harceleur est comme un chasseur : il aime les trophées, provoqua Brennan, souriant en coin.

- Des petits carnets. Bones, attrapez.

Booth envoya un des petits carnets rouges entreposés et Brennan le rattrapa en lisant rapidement le titre sur la couverture.

- Une liste des saints patrons ? s'étonna Brennan en feuilletant le carnet.

- Je les distribue en échange de dons mais vous pouvez le garder, servez-vous, invita Oliver, sincère.

- C'est une bonne façon d'observer une personne puis de l'approcher facilement. Mais cela n'est efficace qu'une fois. Il me semble que vous ne vous en êtes pas resté là avec Cléo. Au point où elle a demandé une ordonnance au juge, insinua Brennan.

- Attendez, Cléo n'avait rien demandé au juge, c'était son petit ami Ken Tompson qui avait obtenu cette ordonnance. Avec l'aide de son patron, le sénateur Bethlehem. Ken se fichait pas mal de Cléo ou du mal qu'il faisait tant qu'il pouvait conserver son poste et ses poissons exotiques. Il m'a collé une étiquette de harceleur pour m'éloigner de Cléo alors que j'étais son seul ami.

Brennan perdit un peu de son flegme en plissant les yeux vers Oliver. Quelque chose l'énervait en lui. Il se focalisa de nouveau sur sa mission.

- Pourquoi avoir voulu fuir ?

- On ne met pas en colère l'assistant d'un sénateur sans avoir peur. Je pensais que vous étiez là car il vous avait envoyés. J'ai préféré fuir. Mais si vous voulez vraiment connaître l'assassin de Cléo, je vous aiderai. Demandez-moi ce que vous voulez, insista Oliver, frustré.

Le regard froid de Booth rendait plus que visible ce qu'elle aimerait obtenir de lui, des aveux complets. Brennan garda l'initiative laissée par Booth.

- Vous avez pu la tuer. On vous séparait de Cléo. Si vous ne pouviez pas l'avoir, personne ne l'aurait à votre place, siffla Brennan, la voix basse.

L'anthropologue s'approcha doucement d'Oliver, se penchant légèrement, sondant ses yeux larmoyants. Par réflexe, Oliver recula d'un pas.

- Quoi ? C'est n'importe quoi. J'aimais Cléo. Réellement, nia Oliver, stressé.

Brennan se redressa, ferma le petit livre et le rangea dans sa poche. Convaincu ni de sa culpabilité, ni de son innocence. Oliver était la terre de diatomée des suspects à ses yeux : un élément qui avait l'air de rien comme ça mais à qui lui manquait un autre élément pour faire le lien. Brennan n'avait qu'une envie, partir d'ici pour mieux réfléchir. Loin d'Oliver et du prix de son "amitié".

- Vu que vous êtes si généreux et coopératif, je vous prends au mot. Je garde un exemplaire.

- Ce que vous voulez...Docteur Brennan, consentit Oliver en le regardant partir. sa voix un brin mielleuse.


Booth serra les dents mais ne pipa mot, se contentant de regarder fixement Oliver puis Bones et le suivit hors de l'appartement. Booth jeta un dernier coup d’œil derrière elle, méfiante puis ferma la porte dans un cliquetis discret.

Une fois dans le couloir, l'agent du FBI devait presser le pas pour rattraper Bones. Elle resta derrière lui, prudente par rapport à Oliver et soucieuse de laisser de l'espace à son partenaire visiblement sous pression.


Une fois dehors, Brennan marcha d'un pas pressé vers la voiture de Booth. Une fois arrivé, le véhicule était toujours verrouillé. Sans même la regarder, l'anthropologue tapota contre la portière.

- Vous n'avez pas dit que le temps pressait ?

Booth observa Brennan de haut en bas, jouant nerveusement avec ses clefs. Elle semblait pensive, jeta un coup d’œil vers la porte-fenêtre d'Oliver et finit par répondre.

- Vous étiez en colère mais vous vous êtes retenu. Ce que j'apprécie beaucoup. Mais pourquoi ? Je suis sûre que vous avez été plus détendu devant le sénateur et bien plus après avoir étalé son assistant par terre.

Brennan émit un petit rire nerveux et lâcha la poignée de la portière pour poser le coude sur le toit de la voiture en regardant en l'air pour se distraire. Ce brin d'humour venant de cette femme lui était salutaire. Pas qu'elle en était dépourvu, elle savait quand l'utiliser que c'en devenait charmant. Pas assez pour oublier le caractère détestable de l'obsession d'Oliver.

- Ce n'est pas mon travail de savoir quand les gens mentent, on me l'a bien fait comprendre aujourd'hui mais lui...il a menti sur un détail qui ne me plaît pas...

- Lequel ? murmura Booth, concernée.

- Il n'était ami de Cléo que dans son délire. Il ne vaut pas mieux que Ken Thompson. Même le médecin qui lui a prescrit ses anxiolytiques s'inquiétait davantage pour Cléo.

- Vous l'avez vu dans ses ossements ?

Brennan fixa Booth en fronçant des sourcils, prêt à lui balancer une réplique cinglante par pur réflexe défensif à cause de sa sensibilité exacerbée. Soudain, la sonnerie du portable de Brennan retentit sans que personne ne bouge, ni ne réagisse.


Une sonnerie. Il en avait envie cette fois, faire tonner sa colère pour oser tourner en ridicule sa profession. Il fut freiné en constatant une ombre d'inquiétude dans les yeux sombres de Booth.


Deux sonneries. Brennan crut comprendre quelque chose, il plissa ses yeux emplis de doute et d'un soupçon de compassion. Voyait-elle autant de morts que lui en fin de compte ? Non... Il ne voulait pas y croire.


Trois sonneries. Booth semblait vouloir reculer, se mettre à couvert, rompre cette conversation muette. Pourtant, ils continuaient à se dévisager, non comme deux prédateurs équivalents mais comme deux personnes refusant de se lâcher même au milieu d'une chute libre.


Quatre. Brennan décrocha son regard et son téléphone. Il y avait du nouveau sur la cause du décès. Booth déverrouilla le véhicule, entra et démarra la voiture. Brennan abrégea la conversation téléphonique et résuma rapidement l'appel pendant le trajet.



Institut Jefferson

Service d’imagerie du laboratoire médico-légal

Fin d'après-midi 4


Toute l'équipe était réunie devant l'écran. Cette fois, Booth s'était mise en retrait en arrière, les bras croisés, observant et écoutant attentivement les échanges entre les scientifiques autour des nouvelles animations sur l'agression de Cléo Eller.

- C'est un composite grossier mais ça nous aidera à voir plus clair, rassura Angela.

- Un coup de poignard est la cause du décès et non le traumatisme crânien. Entre cinq et huit coups de couteau de l'armée, je dirai que...ce coup de couteau est celui qui a été fatal, expliqua Brennan en pointant les zones pendant l'animation.

- Quand on regarde les blessures défensives, ça se confirme.

Pour appuyer ses propos, Angela zooma une portion de l'animation, le scénario en image de l'agression se figea pour mieux montrer la cause du décès.

- Zack et Angela ont pu expliquer les coupures que j'avais remarqué sur les dernières phalanges. On lui a retirer la pulpe des doigts avec le même couteau de combat. Les fragments des os crâniens et les traces d'acier laminé évoquent quatre à cinq coups de marteau d'une dizaine de kilogrammes sur un sol en ciment avec des traces de terre de diatomée. C'est le scénario le plus plausible avec les indices. Partant de là, on peut difficilement parler de crime passionnel, conclut Brennan.


Le scénario de nouveau en lecture sur l'écran, Brennan en profita pour se masser le cou en écoutant le reste de son équipe, cachant son inquiétude dû au silence de Booth.

- Cléo n'a pas vu venir le premier coup de couteau. S'il y avait eu dispute, ils se faisaient face, elle l'aurait vu venir, se hasarda Angela.

- Pourquoi avoir martelé sa tête, enlevé la pulpe des doigts, ses vêtements, ses bijoux puis coulé le corps ? demanda naïvement Zack.

- Pour qu'on ne l'identifie pas. Enfin, c'était sans compter notre intellect, s'enorgueillit Brennan.

- Si l'assassin était si soigneux, il aurait enlevé le petit livre. On a comparé la cellulose qu'on a trouvé sur le corps à celle d'un des carnets des saints. Même provenance. Il l'a donc mis dans la main de Cléo Eller pour que cet indice désigne Oliver. Un coupable tout trouvé, renchérit Hodgins.

- On ne pense pas à tous les suspects possibles : un cimetière militaire, un couteau militaire. Ça colle à son père, en espérant me tromper, soupira Angela.


Hodgins se retourna pour faire face à une Booth totalement calme et lui posa une question sur un ton hautain.

- Ça ne vous évoque pas un de ces sénateurs véreux que vous connaissez ?

- En résumé, vous voulez que j'entre en guerre contre un sénateur des États-Unis avec de jolies animations comme preuves ? rétorqua Booth.

Elle avait non seulement réussi à faire taire Hodgins mais aussi à le faire soupirer d'irritation. Une maigre consolation alors que la fin de son enquête approchait. Le reste de l'équipe fit face à Booth qui gardait son calme olympien. L'anxiété de Brennan s'accentua intérieurement, il se contenta de regarder droit dans les yeux sa coéquipière pour prendre la suite. Autant éviter que les esprits s'échauffent pour des raisons triviales.

- Il ne s'agit plus de gribouillis sur un carnet de croquis. On a réussi à croiser des éléments qui tiennent debout dans un scénario ou une suite logique de faits. Ces indices, c'est du concret, Booth.

- Nous n'avons pas l'arme du crime à laquelle relier à un suspect, pas d'ADN pour prouver qui est le père de l'enfant de la victime donc pas de mobile. Tout ça n'est pas plus solide que mon instinct.

Zack ouvrit la bouche, rapidement dissuadé par Brennan qui posa la main sur son épaule. Une fois assurée qu'elle ne serait pas interrompue, Booth poursuivit. Il fallait mettre les choses au clair. Ils faisaient énormément de progrès mais ils s'acharnaient à poursuivre plusieurs chimères en même temps. Elle avait tant espéré que Bones les rappelle à l'ordre mais il n'était pas dans de bonnes dispositions pour faire son travail sur le terrain et dans le labo en même temps.

- A votre avis, pourquoi le directeur adjoint veut constituer une équipe spéciale ? Pour être de taille face au public, aux médias et à un sénateur qui a le bras long, véreux ou pas. De votre côté, vous avez une fille décédée face à lui. C'est pour cela que les fouines doivent rester dans un laboratoire. Le monde autour de vous continue de tourner que vous le voulez ou non. Persistez à l'oublier si ça vous chante.

Brennan lâcha l'épaule de Zack pour réfléchir. Nerveusement, il frotta ses doigts un à un contre son pouce sans les faire claquer. Cette fois, les places étaient inversées : Brennan était celui appréhendait la colère froide de Booth. Elle était compréhensible, cette enquête était précieuse pour Booth. Et pour lui. Dans quelques heures, elle ne pourrait plus assurer au Major Eller que justice serait faite pour sa fille. Il n'y aurait plus de garantie. Il y avait des jours où Brennan aimerait être aussi efficace qu'Angela pour dire les mots justes mais son équipe était tendue, énervée face à ce qui ressemblait à de l'obstination. Brennan était à leur place il n'y avait même pas vingt-quatre heures. Dans le doute, il préférait faire lâcher du lest à tout le monde.

- Venez, on n'a plus rien à faire ici, invita Brennan d'un ton grave.


Tous s'en allèrent en laissant Booth dans la pièce sauf Angela qui jaugea Booth du regard sans animosité aucune.

- Ouah. Tendu. Il ne va pas aimer ce que je vais dire mais ça va sans doute vous montrer un autre angle de vue sur Brennan.

Booth se détendit et laissa Angela approcher. Elle était prête à entendre ce qu'elle avait à dire. Au point où elle en était, un rien pouvait l'aider.

- Ses parents ont disparu sans laisser de traces alors qu'il n'avait que douze ans. Le monde tourne autour de ça depuis des années et il s'en souvient toujours, confia Angela d'une voix douce.

- J'ai lu le dossier...

Aussitôt, Angela sourit à Booth, sans doute parce que l'artiste sensible avait senti la pointe de culpabilité d'avoir fouiner sans que Brennan ne soit au courant. Angela acquiesça d'un air entendu pour que cela reste entre elles.

- La police n'a rien trouvé, soupira Booth, sincère.

- Justement, Brennan se dit que s'il y avait eu une personne comme lui, collaborant avec les flics, ses parents auraient pu être retrouvés.

- Et vous êtes tous les deux amis ? Lui qui déteste la psychologie ?

Angela acquiesça de nouveau, rayonnante de fierté. Booth ne put s'empêcher sourire et de souffler du nez pour évacuer sa nervosité.



Stand de tir intérieur, Washington.

Nuit 4


Brennan s'entraînait au tir, concentré, prudent. Il n'y avait que lui et une cible. Parfait pour se vider la tête. Il avait au moins réussi à calmer les tensions de l'équipe et de rappeler qu'ils étaient tous des professionnels. Tant qu'il n'y avait pas eu d'annonce officielle, l'enquête était toujours à Booth. A eux de jouer tous leurs atouts. Il espérait qu'elle n'avait pas laissé tomber. Il enleva son casque et ses lunettes, se surprit à prier pour que ça ne soit pas le cas. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas prié pour une autre personne que lui-même.


A entendre le bruit feutré de talons plats derrière lui, sa prière avait été rapidement entendue. Toujours face au champ de tir, il sourit.

- Je suis si prévisible ? ironisa Brennan.

- Vous savez vous défendre au corps à corps. Que vous puissiez vous défendre avec une arme à feu me semble évident. La vie n'est jamais tendre. Autant être toujours prêt. Qui mieux que vous peut le comprendre ?

Brennan pensa de nouveau à leur discussion silencieuse devant le domicile d'Oliver. Il décida de ne pas se laisser troubler par cette réminiscence.

- Au hasard, je dirais...une ancienne ranger tireuse d'élite qui a raccroché le fusil pour décrocher un badge du FBI ?

Booth sentit qu'elle avait sous-estimé Bones. Elle sourit légèrement, cette idée ne lui déplut pas.

- Vous vous renseignez bien. Vous permettez ?

Booth s'approcha, régla le casque pour le mettre mais laissa les lunettes de sécurité de côté. Elle prit en main le revolver, il était trop lourd mais elle avait une bonne prise en main. Elle visa, tira, ne rata pas sa cible mais avait tiré avec moins de précision que Bones. Déçue de sa performance, elle contracta sa mâchoire, rabattit le casque sur ses épaules et entrouvrit ses lèvres pour soupirer lentement. C'était sûr maintenant, elle détestait cette arme. Appuyé contre la paroi du box, Bones pouffa de rire en lissant ses cheveux mi longs.

- Je suis sûr que vous tiriez mieux que ça.

- En tous cas, je m'y connais mieux en tueur que vous et le sénateur tire davantage de coups avec son pénis qu'avec une arme comme la vôtre.

Mise à part la blague freudienne, Brennan était tellement heureux qu'Angela ne soit pas là pour entendre ça.

- Et Oliver ? Il a juste failli uriner devant vous mais il fait un meilleur suspect que le sénateur Bethlehem ?

- C'est un détraqué qui reste dangereux. Un harceleur, une fois plus satisfait de son activité, peut passer à l'étape du meurtre.

- L'expérience ? Le profilage du FBI ? Votre instinct ?


Booth soutint le regard étréci et moqueur de l'anthropologue, sûre d'elle, le sourire léger en coin.

- Les scientifiques ne résolvent pas les crimes. Nous n'utilisons pas la ténacité de la même manière : à force de poser des tas de questions des centaines, des milliers de fois, écoutant chaque parole, on finit par trouver la vérité dans une tempête de mensonges.

Sans un bruit, Booth fit glisser sa main contre la paroi et s'approcha tout près de Bones.

- Et ainsi, je coince toujours le coupable. J'admets que vous êtes fort, Bones. Vous êtes le meilleur dans votre domaine mais pas dans le mien.

Brennan sentit son sourire s'accentuer, il adorait le regard de Booth qui coulait sur lui. Une chasseresse qui reconnaissait un de ses pairs et qui le défiait était excitant intellectuellement et sexuellement. Il laissa tomber la deuxième option, il ne manquait plus qu'il gâche ce délicieux moment et les dernières heures de ce qui était possiblement leur dernière enquête ensemble. Sans la lâcher du regard, il lui répondit après avoir savouré quelques secondes de proximité.

- Cléo Eller a été tuée sur un sol en ciment avec des traces de terre de diatomée. Il y a donc encore des traces de sang quelque part, peut-être dans le sous-sol du sénateur Bethlehem.

Brennan se détacha de la paroi où il se prélassait pour se pencher vers le visage de Booth. Méfiante, elle garda une distance de quelques centimètres entre eux. Elle enleva sa main de la paroi et recula mais Brennan n'en démordit pas. Il suivait ses pas et avançait.

- L'un de nous a forcément tort. Peut-être nous deux, qui sait ?

Brennan posa sa main sur la paroi opposée du box de tir, enfermant Booth qui n'était pas du tout intimidée, gardant ses yeux sombres fichés dans les yeux bleu-gris de son collègue. Il était bien plus grand qu'elle mais il ne l'avait jamais sous-estimée. Pourtant, c'était plus fort que lui, il aimait la provoquer. Cela devint frustrant pour lui de sentir la puissance de cette femme et la voir la retenir, se limiter. Les yeux dans les siens, tout près d'elle, le sourire narquois, il tenta de la motiver à sa manière.

- Si votre suspect principal n'était pas sénateur, vous auriez fouiner sa maison de fond en comble sans la moindre hésitation.

Brennan s'approcha de l'oreille de Booth, figée dans sa suffisance légère, celle d'une guerrière digne. Il lui murmura :

- Vous avez peur de lui...


Il se remit face à elle, un peu plus résolu et sérieux tout en gardant son mordant dans sa voix.

- Les scientifiques ne peuvent pas résoudre des crimes, n'est-ce pas ? Prouvez que la police peut vraiment obtenir justice...

Brennan se sépara de Booth pour la laisser respirer, vida le chargeur de l'arme, la rangea pour la nettoyer plus tard. Ensuite, il se saisit des lunettes de sécurité et reprit délicatement le casque rabattu sur les épaules de Booth. Le tout en silence, calmement, méthodiquement tout en lui offrant un sourire malicieux.

- Faites votre travail, je serai juste derrière vous.


Bones quitta le stand. Booth le suivit du regard et une fois sûre qu'il n'était plus là, elle tira son arme de son holster, se retourna et tira deux balles. Le tout d'une précision et d'une rapidité mortelles. Elle atteignit la cible dans la tête, les yeux animés par une détermination implacable. Elle avait promis qu'elle trouverait le tueur de Cléo et le ferait.


A l'extérieur, Brennan attendit Booth près de sa voiture, inspirant et expirant profondément. Il était un peu trop excité par la discussion tendue et se concentra sur l'enquête. Il ne manquait plus que sa frustration de ne pas avoir encore résolu l'affaire se transforme en frustration sexuelle.

Seule la vérité comptait.

Booth apparut enfin à la porte du stand de tir. Brennan se sentait plus détendu et flegmatique, comme à son habitude. Booth ouvrit la portière côté conducteur pour prendre le dossier et la laissa ouverte.

- Bones, attrapez.

Surpris, il rattrapa de justesse les clefs lancées par Booth. Sa perplexité se mua en joie muselée par ses dents sur sa lèvre inférieure.

- Vous conduisez cette fois.

- Avec plaisir ! Où allons-nous ?

- Au bureau, on a un mandat à aller chercher.


Brennan sourit, fier d'elle. Il retrouvait enfin son agent très spécial.



Voiture de Booth

Nuit 4


Booth regardait les photos de Cléo, de ses parents, des suspects ainsi que les nouveaux tirages du scénario élaboré par les fouines de l'institut Jefferson. Angela avait trouvé une autre photo de la famille Eller au complet avec la fille encadrée par les bras et l'amour de ses parents.

- Ils ont l'air heureux... soupira Booth, mélancolique.

Le ton de la voix de Booth n'échappa pas à Brennan. Il n'avait pas envie d'être cynique et laissa planer un silence de quelques secondes, le temps de trouver quelque chose à dire. Quelque chose de réconfortant et assez détaché, conciliant sa nature et la situation. Tout en réfléchissant, il gardait une main sûre sur le volant et caressa ses lèvres et sa barbe par réflexe. Il opta finalement par ce qu'il connaissait le mieux, la vérité.

- Je suis toujours mal à l'aise quand on parle de la famille mais même s'ils ne s'entendaient plus avec leur fille, elle restait quelqu'un de très précieux pour eux. Ils étaient heureux au point de la pleurer avec énormément de regrets aujourd'hui, Booth...

Tout le long, l'ex soldate lorgnait sur le profil de Bones, profitant de ce moment unique où il se confiait un peu tout en gardant un calme sérieux. C'était peut-être la barbe qui le rendait plus sage ? Quoi qu'il en soit, elle sourit légèrement, le cœur un peu plus léger. Elle prit l'occasion de se reposer, fermant les yeux quelques secondes, se laissant bercer par la conduite un peu nerveuse de Bones. Elle avait tellement envie de poser des questions sur la famille de son coéquipier mais cela lui semblait illégitime et inélégant. Elle n'avait pas envie de faire comme Zack. Booth avait simplement besoin d'en savoir plus sur l'homme à qui elle confiait sa vie et la réussite de son enquête. Il avait beau être l'homme le moins ennuyeux du monde, sa propension à réfléchir, réagir et parler vite la désorientait trop souvent. Elle se noyait dans le torrent de ses paroles et pensées, passant d'un sujet à l'autre, de soleil à orage, profitant des brèves éclaircies.


- Seeley...? murmura Brennan, préoccupé.

L'anthropologue voulait être sûr qu'elle allait bien. Lui-même s'impliquait trop dans cette investigation, il n'avait pas envie que Booth s'enfonce trop profondément dans ses propres tourments émotionnels. Il ne la connaissait pas assez, il reconnaissait seulement les caractéristiques fondamentales qu'ils avaient en commun. Tout à coup, un rire étouffé le sortit de ses pensées et jeta un coup d’œil rapide vers Booth. Il lui sourit, amusé.

- Ne m'appelez pas Seeley...

- Pourquoi ?

- Personne ne m'appelle comme ça.

- Ça peut changer. Vous m'appelez bien Bones, vous.

- Ce n'est pas pareil. Et puis personne ne vous appelle Thomas.

- Si, les femmes avec qui je couche. Ou un proche quand la situation est grave.

- Raison de plus pour que chacun garde son prénom pour lui-même.

- Vous ne l'aimez pas parce que c'est un prénom masc...

Brennan se mordit la langue et continua sa phrase dans sa bouche. Il libéra sa langue en sifflant sa douleur devant une Booth médusée par son geste galant et stupide.

- Ce n'est vraiment pas facile de se retenir avec vous, Booth. J'ai un bon millier de questions à vous poser et la moindre information que j'ai, je n'ai pas envie de la garder en moi. Cependant, je veux respecter les règles du partenariat. Ça viendra tôt ou tard, conclut Brennan avec une pointe d'espoir.


Booth ferma le dossier en souriant gracieusement, touchée par ses efforts. Elle se concentra de nouveau sur la prochaine étape. La fouille chez le sénateur Bethlehem.



Résidence du sénateur Bethlehem

Nuit 4


Même à cinq heures du matin, les médias étaient en branle devant la maison du sénateur, cherchant à obtenir des commentaires sur la présence du FBI. Pour Brennan, c'était du bruit blanc et rien de plus. Il était plus intéressé sur ce que Booth allait trouver à l'aide de son mandat et de ses hommes. Observateur, il laissait ses yeux de renard vagabonder autour de la demeure et il tendait l'oreille pour suivre la discussion sur le perron. Ken Thompson, l'assistant du sénateur lisait à son patron et à sa femme ce que le FBI cherchait.

- Ils cherchent des traces de sang, une masse et de la terre de diatomée.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? s'exclame le sénateur, irrité.

La seule réponse fut l'inconfortable silence de la part de Ken qui plia nerveusement le mandat. Brennan était désabusé : il voyait devant lui des crétins au pouvoir qui réduisaient une victime au silence avec tant d'aisance. Pas étonnant que Booth était si passionnée par l'envie de trouver l'assassin, montrant que personne ne pouvait se trouver au dessus de la loi. Ken aperçut et vint vers Brennan qui restait immobile, suivant l'assistant du regard, le sourire léger aux lèvres.

- Vous commettez une grave erreur, réprimanda-t-il à Brennan.


Insensible, Brennan repartit dans sa contemplation et laissa l'homme seul avec sa frustration. Il entendit Booth parler avec l'heureux désigné pour être à la tête de la future équipe d'enquête, le fameux agent First. Il se tourna vers eux mais décida de ne pas intervenir. Il avait déjà assez fait. Au tour des flics de faire leur travail. Il jeta un coup d’œil distrait à la foule derrière et remarqua un visage familier.

Oliver Laurier. Il le salua de la main de l'autre côté de la grille, un livre sous le bras. Brennan contracta sa mâchoire tout comme Booth le ferait. Néanmoins, il s'approcha, méfiant et énervé par la présence du harceleur.

- Vous avez vu de la lumière et vous profitez du spectacle ?

- Regardez-le. Une fois sous les feux des médias, sans son pouvoir politique, il n'est plus rien. Il aurait du quitter Cléo. Je l'aurais fait à sa place.

Lentement, Oliver fit passer le livre et un stylo à travers le portail en fer forgé. Celui de Brennan. l'anthropologue sourit d'un air mauvais et secoua la tête négativement.

- Ne jouez pas à ce jeu avec moi, vous perdrez à coup sûr... menaça Brennan ouvertement.


Il abandonna Oliver, privé de sa satisfaction, assailli de tics nerveux. Brennan vit les enquêteurs remonter quelque chose, une masse. Bonne forme, elle avait l'air de peser son poids. A comparer au labo. Autant ne pas se faire de faux espoirs. Du concret, Cléo avait besoin de concret. Brennan ignora les cris du sénateur, jurant que cette masse n'était pas à lui et guetta de nouveau Booth qui avait sans doute eu sa dose d'avertissements pour un mois. Une fois l'agent First parti, elle s'approcha de Brennan, l'air absent. Elle devait être exténuée, c'était à peine visible.

- On a la masse, Booth.

- Ce n'est pas suffisant, rétorqua Booth d'une voix faible et monotone.

- Il a bien du ciment au sous-sol, non ?

- Aucune trace de sang, pas la moindre particule de terre de diatomée.

- Donc...pas de lieu du crime, constata sombrement Brennan.

- Et pas d'arme du crime non plus.

Brave, Booth restait digne dans la défaite. D'un mouvement de tête, elle remercia silencieusement Brennan. Ce dernier serra les dents à voir Booth vaincue. Cela lui faisait si mal qu'il aurait voulu se retourner, saisir sa main et lui confier un dernier espoir. Il n'avait rien.


Booth se retourna pour regarder la maison teintée par les gyrophares. Brennan l'imita. Ils avaient sûrement la même pensée : prendre la massue trouvée et casser le précieux sol en ciment du sénateur. Juste pour se défouler.



Institut Jefferson, laboratoire médico-légal, salle de repos de la passerelle.

Aube 5


L'équipe de l'institut s'était réunie pour se concerter tout en se détendant comme ils le pouvaient. Autant ses collègues étaient persuadés de la réussite de l'enquête, Brennan se sentait impuissant, au diapason des émotions de Booth. Ce n'était pas une victoire, les suppositions de Hodgins ne lui suffisaient pas mais peut-être que son alcool artisanal l'aiderait à aller mieux.


- Ils ne l'ont pas arrêté ? Pourquoi ? s'interrogea Zack.

- Y'a la masse à comparer. Si c'est bien la même que celle qui a servi pour défigurer la victime, ils le coinceront. A l'arrestation de cette pourriture politique ! se réjouit Hodgins en tintant son bécher contre ceux des autres.

Brennan but cul sec la boisson, bien heureux de brûler sa gorge et de sentir ses yeux irrités par la haute teneur en alcool.

- Ça ne sera pas suffisant, grommela Brennan en grimaçant. Il sortira et Booth aura eu raison de tirer les oreilles de fouines que nous sommes...

Abattu, Brennan installa ses jambes sur l'autre fauteuil, jouant avec l'agitateur en verre à l'aide de sa bouche.

- Alors... On va chercher d'autres guides dans le petite livre des saints, plaisanta Hodgins pour alléger l'ambiance.

Zack avait l'air enthousiaste, sans doute à cause de l'alcool et Angela lut la page présentée par Hodgins.

- Albertus Magnus, saint patron des scientifiques...

- Je préfère Saint Thomas comme saint patron des scientifiques mais on lui a attribué les géomètres, les maçons et les architectes, ajouta Brennan.

- Je croyais qu'Albertus Magnus était le saint patron des poissonniers, remarqua Zack.

- Mais non, c'est pas le même Magnus... dit Hodgins

- Surtout que le saint patron des poissonniers est Saint Pierre et...


A ces mots, Brennan se redressa d'un coup, faisant tomber son agitateur en verre.

- Les poissons !

Brennan n'eut qu'un silence général comme réponse. Tout sourire, les yeux brillants, il se tourna vers ses collègues en ramassant l'agitateur et le posa rapidement sur la table.

- La terre de diatomée sert d'agent filtrant ! C'est ça ?

Hodgins hocha de la tête et malgré l'alcool, il arriva à réfléchir.

- Oui. Pour l'eau potable, les piscines...

- Et les aquariums ! Oliver Laurier a dit que Ken Thompson adorait ses poissons exotiques et sa carrière ! Je n'arrive pas à croire que je suis passé à côté de ça...

Zack n'avait pas l'air de comprendre le cheminement de pensée, Angela comprit surtout la bêtise que son meilleur ami allait commettre.

- Attends, tu crois aller où comme ça ? réprimanda Angela.

- Thompson a vu ce qu'on cherchait sur le mandat, il est parti détruire les preuves ! Prévenez Booth et dites-lui que je vais chez Thompson !

Brennan envoya son portable dans les bras de son amie et partit en quatrième vitesse. Hors de question de conduire rapidement et d'appeler en même temps. Ses priorités se bousculaient, son cerveau était trop rapide et le temps ne pouvait être rattrapé.

- Mais c'est quelle adresse ?! hurla Angela.

- Booth a une bonne mémoire !


Angela se reprit à deux fois avant de se lever tout en cherchant le numéro de Booth dans le téléphone portable. Elle arrangea ses mèches de cheveux, agitée. Elle n'aimait pas ça du tout.


Il n'était pas question qu'il parte combattre le crime seul dans l'équation.

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