Mauvaise âme
« C'est impossible, dit la fierté
C'est risqué, dit l'expérience
C'est sans issue, dit la raison
Essayons, murmure le cœur. » _ W.A.Ward
Le royaume d'Assiah était bien calme en cette nuit d'hiver. Pas un seul son ne se faisait entendre, uniquement le rugissement du vent. La neige s'annonçait en ce début de mois de décembre, et les familles préparaient Noël avec une impatience ressentie. Lorsque l'on regardait par la fenêtre, les sapins demeuraient, décorés et fiers, dans leur élément. Des chaussettes étaient accrochées aux cheminées, et tout n'était que rires et joie. Les habitants n'attendaient plus que deux choses : La neige et la fameuse date du 24 décembre.
Personne ne se douterai que ce soir là, une explosion affolerait tous le monde, et qu'une dizaine d'exorcistes se précipiteraient sur le terrain. Personne ne se doutait une seule seconde ce qui c'était passé. Il paraît qu'une fois arrivés sur le terrain, les exorcistes n'eurent pas grand chose à faire, et que cela ne relevait pas de leur titre. Néanmoins, certains n'étaient pas dupes.
« _ Méphisto ! Tu peux tromper les journalistes, les habitants de cette ville, mais pas moi ! C'était quoi cette explosion hier soir ?! Et ces bouts d'humains un peu partout ? Je sais que tu es au courant de quelque chose alors parle !
_ Ma chère Shura, je t'assure que je n'y suis pour rien ! Je te l'ai dis, rien ne me tiens plus à cœur que ce monde et ses habitants. Veux-tu un peu de thé ?
_Tu ferais mieux de te tenir à carreau. J't'ai à l'oeil, Mephisto.»
La jeune femme sorti en trombe du bureau, les poings serrés. Sa chevelure blonde et rouge volant au rythme de ses pas. Elle claqua la porte si violemment qu'un tableau faillit tomber du mur.
Tout en buvant son thé dans son bureau de directeur, Mephisto souriait. Il ne savait réellement pas encore ce qui était arrivé la nuit dernière, mais cela ne pouvait être que l’œuvre d'un démon. Et cela faisait un moment qu'il s'ennuyait et que la vie ici était devenue un peu trop banale pour lui.
Soudain, son portable au nombreux goodies sonna. Il reposa lentement sa coupole ainsi que sa tasse blanche et décrocha. Il ne parût pas surpris de l'interlocuteur. L'appel fut bref, et les yeux du démon s'écarquillèrent un peu à l'annonce de la nouvelle apportée par son frère. Il le remercia, et raccrocha. Le directeur caressa son bouc en restant un instant muet, l'air pensif.
« Mara. Mara est en ville. Satan a pensé bon de te l'envoyer, tu sais comment il est... Alors, il te la confie. Il l'a envoyé à Assiah. »
A l'autre bout de la ville, loin de l'Académie, une jeune fille un peu étrange parcourait les rues. Il faisait froid, et, emmitouflée dans son manteau, elle cherchait vivement de quoi se nourrir. Elle s'arrêta devant une petite échoppe de ramen et regarda la fumée des assiettes chaudes s'évaporer dans le ciel, au dessus de sa tête. Son ventre gargouilla un peu, et observant les personnes déjà assises, elle comprit qu'elle n'aurait rien si elle ne donnait pas un peu de ce qu'ils appelaient « argent ». Elle continua donc son chemin, s'arrêtant auprès de vitrines ou d'autres échoppes. Apprenant rapidement comment fonctionnait la vie ici, elle pensa que ce n'était vraiment pas compliqué d'avoir ce qu'elle voulait pour rien. Elle continua d'arpenter un peu les rues chaudes et illuminées de décorations, ses yeux se jetant dans tous les recoins. Elle avait beaucoup d'informations à emmagasiner, mais cela ne lui faisait pas peur. D'ailleurs, rien ne lui faisait vraiment peur. Au détour d'une rue, elle fut percutée par un jeune à l'allure un peu rebelle. Elle l'insulta et le gifla. Évidement, la personne en face d'elle répondit. La jeune fille tomba au sol, dût au coup de celui-ci. Avec rage elle murmura un mot. Juste un seul. L'adolescent suffoqua, portant ses mains à sa gorge. Il se colora d'un rouge pourpre et tomba à genoux, virant peu à peu au bleu avant de s’effondrer, raide mort, sous le regard amusé et vengeur de la jeune au cheveux violet. A côté de ce cadavre se trouvait de la monnaie, elle reconnu les objets, et prit tout ce qu'elle trouva, billets y compris.
Monnaie en main, elle rebroussa chemin et retourna à la première échoppe qu'elle avait vue, où les plats paraissaient si bons. Elle ne voulait pas trop attirer l'attention même si son jeu d'hier avait provoqué une explosion plus qu'à la hauteur de ses attentes. Elle ne se doutait pas qu'elle avait des pouvoirs aussi dans ce monde, et elle voulait juste les tester. Si personne ne lui enseigne rien aussi...
Elle s'assit sur un tabouret en bois, et jeta d'un air dédaigneux toute la monnaie qu'elle avait amassée.
« _J'veux ca. »
Elle montra du doigt, un des plats affiché au mur derrière lui.
« _La politesse ne te tuera pas tu sais, la jeune, dit-il sur un ton agacé
_Vous peut-être. »
Les paroles de l'adolescente furent tellement bizarre que les trois clients qu'il y avait se dépêchèrent de manger et partirent sans dire un mot. Le cuisinier ne releva pas. Avec l'explosion de la veille, la ville avait un peu replongée dans une sorte d'angoisse. Il lui posa délicatement son bol de Yakisoba et ne lui demanda pas les 2 yens qu'il manquait pour le tout. Il lui tourna le dos et nettoya ses fourneaux, jetant des coups d’œils par moment.
Une seconde personne étrange vint s'asseoir au comptoir, juste à côté de la jeune qui dévorait son assiette et commanda la même chose qu'elle. Elle n'y fit pas attention, absorbée dans son plat tellement succulent. Après tout, elle n'avait pas mangé depuis hier soir, cela faisait plus de 14h, alors oui, elle mourrait de faim. L'individu assis à côté d'elle l'observait sans dire un mot. Sa tête appuyé dans une main, un air assez décontracté, et vêtu de blanc, il prit l'assiette qu'on lui tendit sans regarder et la posa devant lui.
« _Ce plat est un délice, n'est-ce-pas Mara ? Et puis tu as réussis à trouver la meilleure échoppe de la ville. Tu pourrais tenir cela de ton tonton, lui qui adore le tourisme...
La dénommée Mara s'arrêta un instant de manger, les baguettes stoppées à quelques centimètres de sa bouche. Elle tourna lentement la tête et regarda l'homme qu'elle avait en face d'elle avec une certaine appréhension. Elle reposa ses poignets sur la table et détailla l'adulte de haut en bas.
_Papa. Je ne pensais pas que l'on se verrait si rapidement après mon arrivée. Quelqu'un t'as prévenu ?
_ Ton oncle. Tu crois que je laisserai ma propre fille errer seule et abandonnée dans les rues ?! Jamais ! JA-MAIS ! Je suis tout de suite parti à ta recherche, criant ça et là ton prénom sans obtenir de réponse. Alors, lorsque je t'ai aperçu ici, mon cœur a explosé de joie ! Avec ce style, ce ne pouvait être que toi. Mais... Qu'as-tu fais à tes cheveux ? Ça fait si longtemps que je ne t'ai pas vu ? J'ai pourtant l'impression que mon dernier passage là-haut date d'il y a un mois !
_C'était il y a trois ans. La dernière fois que tu es venu me rendre visite dans la Géhenne. Dit-elle sur un ton sec.
_Oui, oui, oh, tu sais ce que c'est le temps, les affaires, tout ceci... Mais à partir de maintenant nous allons être tout le temps ensemble ! Tu verras, je vais prendre soin de toi ! Cria Mephisto
_ Pas la peine.
_Si, si ! Allez finissons de manger et allons à l'Académie !s'exclama Pheles qui n'avait pas encore commencé son plat. »
Les apparences comptent. Dans la vie de tous les jours. Dehors, dans les rues, les restaurants, les supermarchés. Et pour quelqu'un d'aussi important que Mephisto, il ne faut pas qu'il y ai de vague. Hors, le peu qu'avait dit sa fille en parlant de la Géhenne pouvait en étonner certains, et bon nombre d'oreilles trop curieuses traînaient. Mara, loin d'être stupide, s'était tue et ils avaient fini de manger sans discuter de trop. Une limousine blanche et exubérante vint les chercher et ils montèrent tout deux dedans. La route ne fût pas longue et en vingt minutes, ils furent arriver.
Lorsqu'ils pénétrèrent dans l'Académie, les élèves finissaient tout juste leurs cours et il y avait de petits groupes un peu partout dans le hall d'entrée, discutant du dernier cours passé et d'autres choses banales. Mais le silence s’abattit quasiment instantanément lorsque les deux démons pénétrèrent dans l'imposant bâtiment. Des chuchotements se firent entendre un peu partout et cela montait doucement à la tête de Mara. Son père le sentant, et voulant éviter un scandale dans sa propre école, posa ses mains sur ses épaules et ils montèrent les marches du grand escalier, le directeur scandant :
« _Ce n'est que ma fille et moi ! Merci de retourner à vos activités ! »
Mais il ne fit qu'aggraver la situation, et les chuchotis reprirent de plus belle, les lycéens s'imaginant la vie quotidienne de Mephisto.
« _Une fille ? Disaient certain
_ Non mais tu as vu son accoutrement ? Elle se prend pour qui ? Murmuraient d'autres
_ Si, ils se ressemblent, c'est possible, gazouillaient-ils »
Une fois enfermé dans le bureau quelque peu en bordel, Mara prit place sur le siège du directeur avant de comprendre, au regard de son père, que ce siège était une propriété privée et qu'il était hors de question qu'il lui cède. Elle se leva en soufflant, et d'un pas nonchalant, alla s'asseoir de l'autre côté du bureau, ses jambes pendant sur l'un des accoudoir.
Malgré qu'elle ne l'ai vu que peu de fois, elle le respectait. C'était un des plus fort démon après Satan, et au fond elle l'admirait, même si elle ne voulait pas le reconnaître.
Il prit place en face d'elle, et d'un ton plus sérieux, il croisa ses deux mains, s'appuyant sur son bureau avec ses coudes. Un petit sourire en coin, il engagea la conversation :
« _Alors, ma très chère fille, qu'es-tu vraiment venue faire à Assiah ?
_ Et bien j'ai une mission. Donnée par Satan lui-même. Il m'a donc fait traverser la porte.
_ Une mission ? Explique toi plus en détail. Par ailleurs, je suis réellement content de te voir, Mara.
_ Je dois retrouver trois succubes qui ont réussit à passer la porte. Un trio, des sœurs, ou quelque chose comme ça. Et vu que je suis passée chasseuse habilité..
_ Je vois... »
Le silence ce fit un cours instant. Mephisto parût préoccupé. Tout tournait dans sa tête, cette mission lui paraissait bizarre mais soit. Imaginons que ce soit la vraie raison. Il fallait tout de même qu'il protège sa fille. Son absence plus ou moins obligatoire auprès d'elle avait fait de lui un père assez absent et il comptait bien rattraper le temps perdu.
« _ Il va te falloir une couverture, et il va te falloir être prudente. Mon titre ne me permet pas de passer tout mon temps avec toi, mais je vais faire de mon mieux. Eins, Zwei, Drei ! »
Un livre apparu dans sa main. Un livre dont le titre était « prénoms des nouveaux-nés en 1994 ». Il feuilleta quelques pages et releva vivement la tête.
« _MARIKO ! Mariko, cela te plait ?
_ Ca va. Je m'en fou un peu. Murmura Mara
_ Va pour Mariko alors. Mariko Faust. Dit-il d'un air enjoué, tu integreras la classe des exorcistes, il y a un démon, comme toi, dans cette classe. Tu ne peux pas intégrer une vraie classe. Tu iras en section spéciale. Et si on te demande, tu dis que tu veux faire exorciste, comme ton papa. J'expliquerai tout moi-même, ils ne poseront pas de question. Pour ce qui est de ta mission, tu sortiras la nuit, je sais que tu aimes ça . Et tu vivras dans un bâtiment assez isolé, le même que deux frères, dont le démon dont je t'ai parlé. Si tu as besoin de quoique ce soit, tu pourras m'appeler à tout moment.
_ Avec la télépathie ? Demanda Mara, curieuse.
_ Non, avec un portable. Où est celui que je t'avais offert ? Celui par lequel nous pouvions communiquer ?
_Euh... Laissé sur place.
_ C'est pas vrai..., Mephisto chercha dans son tiroir de gauche, et réussit à en dénicher un noir avec encore plus de goodies que sur le sien, tiens ! »
Elle le prit en main, et regarda son répertoire. Un seul numéro. Celui de son père.
« _ Tout cela te va ? Demanda Mephisto, voulant répondre aux exigences de sa fille.
_ Je pense, oui.
_Parfait ! Allons te présenter à ta nouvelle classe alors ! »