Sentiments et Ressentiments
Chapitre 12 : Chapitre 10 - Les recherches intensives continuent
15333 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 10/11/2016 01:10
Chapitre 10 : Les recherches intensives continuent
Arrivés au poste de police avec Hinamori, Shinji et Hiyori la mirent dans la salle d'interrogatoire où ils iraient la rejoindre plus tard. En attendant, la jeune femme marinerait dans son jus. C'était peu cher payé pour ce qu'elle avait fait. D'ailleurs, les deux officiers l'entendaient crier depuis leur bureau.
_ Laissez-moi sortir de là ! Bande d'incapables !
Ces insultes étaient accompagnées d'autres amabilités du même genre. Shinji soupirait, mais quand est-ce qu'elle allait enfin arrêter de hurler comme une poule qu'on égorge ? L'inspecteur passa une main lasse sur son front. Heureusement qu'ils n'auraient pas à la supporter très longtemps.
_ Déjà une bonne chose de faite, soupira sa coéquipière en ignorant les cris de la femme au chignon. Maintenant, il ne reste plus qu'à savoir où les jumelles Kurosaki sont retenues prisonnières...
Hiyori lança un regard désabusé à son collègue avant de continuer :
_ Et quelque chose me dit que ça ne va pas être de la tarte.
En effet, la Sarugaki avait probablement raison. La prisonnière n'allait pas coopérer tranquillement avec eux, remontée comme elle l'était. Génial, que d'ennuis en perspective... Il était temps à présent d'aller interroger la suspecte, les deux policiers avaient hâte d'entendre ce qu'elle avait à leur dire.
Quelques instants plus tard, les voilà face à l'ex-fiancée du duc. Hinamori les foudroyait du regard et tentait de desserrer les menottes qui lui écorchaient les poignets.
_ Ah vous voilà enfin ! s'écria-t-elle avec humeur. Détachez-moi ! Vous entendez ?
_ Il faudrait être sourd pour ne pas vous entendre, ironisa Shinji en s'installant sur la chaise en face d'elle.
Les prunelles noisettes de la policière passèrent de son collègue à la jeune femme brune. Hiyori ne se rappelait plus depuis combien de temps le blond n'avait pas paru aussi pressé d'en finir. Signe qu'Hinamori lui tapait sur les nerfs. Rien de bien étonnant à ça, elle-même ne supportait pas sa présence.
L'Hirako posa lentement le dossier qu'il tenait dans ses mains sur la table et l'ouvrit sur deux photos.
_ Connaissez-vous ces jeunes filles ?
La prisonnière renifla d'un air méprisant, n'ayant aucune intention de répondre à leurs questions. Elle en avait déjà trop dit au château, même si elle ne savait pas qu'ils étaient présents dans une autre pièce.
Le même manège continua pendant une bonne heure, jusqu'à ce que l'inspecteur Hirako perde enfin patience.
_ Arrêtez de vous foutre de nous maintenant ! Dites-nous ce que vous savez !
_ Pas question, cracha Hinamori.
_ Vous ne voulez pas coopérer ? Eh bien, ce n'est pas si grave, lança la blonde avec une douceur trompeuse. On voulait vous mettre dans une prison pour femmes, étant donné votre position dans la société mais si vous refusez de nous parler, vous irez dans une prison mixte, acheva-t-elle sans lever la voix.
Shinji trouvait que l'idée de sa collègue méritait vraiment d'être approfondie. Cette femme ne voulait rien dire, soit. La menacer était sans doute le meilleur moyen d'obtenir des réponses.
_ Les hommes dans les prisons sont de vrais barbares, commença le blond, calmé. Depuis combien de temps n'ont-ils pas eu de femmes, à votre avis ?
Le visage d'Hinamori commençait à perdre de sa superbe devant cette menace voilée. Ils n'oseraient tout de même pas faire une chose pareille ? Mais à voir leur expression déterminée, elle en doutait. Non, elle ne voulait pas finir comme une vulgaire prostituée.
_ Vous... vous le feriez vraiment ?
Le poisson mordait enfin, jubila Hiyori. Mais elle ne montra rien de ce qu'elle ressentait et lui répondit du tac au tac :
_ Sans aucune hésitation.
La femme au chignon se mordit la lèvre, désemparée. Si seulement elle avait su que cette histoire finirait comme ça, jamais elle ne se serait laissée convaincre par son père de mettre leur plan à exécution. Mais avec des si, on pouvait refaire le monde et il était trop tard pour revenir en arrière.
Les deux officiers scrutaient attentivement son visage et furent presque soulagés de voir des larmes de frayeur dans ses yeux. Ainsi donc, cette femme n'était pas dépourvue de tout sentiment, même s'ils étaient mués par l'égoïsme.
_ Pouvez-vous imaginer ce que Yuzu et Karin Kurosaki vivent en ce moment ? Elles doivent avoir peur de ne pas être retrouvées vivantes... Mettez-vous à leur place ! cria Shinji, hors de lui.
_ Je ne pensais pas que ça irait si loin, confessa Hinamori en baissant la tête.
Les policiers savaient par le duc Hitsugaya qu'elle était douée pour jouer la comédie, aussi ne se laissèrent-ils pas prendre au piège de sa prétendue innocence.
_ Pourtant, je crois me rappeler que vous avez dit au duc que, quand vous avez vu Karin Kurosaki enfermée dans le cachot avec sa sœur, c'était un des plus beaux jours de votre vie, fit remarquer cruellement Hiyori.
La blonde ne supportait pas les personnes qui faisaient tout pour sauver leur peau de manière lâche. Elle s'en rendait compte à présent : cette femme allait tout faire pour leur mettre des bâtons dans les roues.
_ Où sont Karin et Yuzu Kurosaki ? interrogea Hirako en claquant ses mains sur la table. Je sais que vous êtes au courant.
_ Je ne sais rien du tout, nia-t-elle en bloc.
Comment allaient-ils la faire parler ? Apparemment, la menace de la prison mixte ne suffisait pas pour la faire flancher. Mais une petite idée parvint à Shinji.
_ Si vous nous aidez, je pourrais parler au procureur et faire en sorte que votre peine soit moins lourde.
La brune leva des yeux pleins d'espoir vers le policier. Mais elle se reprit, non il ne fallait rien leur dire. Du moins pas tant qu'elle ne serait pas sûre que Karin Kurosaki avait définitivement disparue de la surface de la planète. Si elle n'avait pas pu devenir duchesse, cette peste ne le deviendrait pas non plus.
_ Vous savez, vous ne gagnerez pas ce combat, alors pourquoi vous obstiner ainsi ? lui asséna brutalement Hiyori. Dites-nous ce que nous voulons savoir avant que je ne perde patience.
Shinji retint un soupir de frustration. Décidément, elle était vraiment tenace, il devait réussir à lui faire cracher le morceau d'une manière ou d'une autre. Facile à dire quand le suspect ne voulait rien savoir.
_ Où est votre père ? Et ne dites pas que vous l'ignorez, nous savons que c'est faux, déclara le blond, serrant les poings.
_ Je ne vois pas pourquoi je le saurais, ça fait un moment que je n'ai pas eu de nouvelles de lui, révéla la jeune femme en triturant ses menottes.
_ Et votre visite à sa planque, je suppose que c'est à cet endroit que sont retenues les filles Kurosaki ? devina la policière.
Qu'ils étaient lourds ! Hinamori se demandait quand elle en verrait le bout parce que ça commençait à devenir insupportable. Ils pouvaient dire ce qu'ils voulaient, elle tiendrait sa langue. Même si ça devait lui coûter très cher.
_ Parlez enfin ! s'impatienta Hiyori, prête à la frapper.
L'inspecteur Hirako posa une main sur l'épaule de sa collègue, espérant qu'elle se calme. Il l'entendit soupirer puis elle se tourna vers lui, la mine préoccupée.
_ Je ne la lâcherai pas, elle va nous cracher ce qu'elle sait, souffla la jeune femme blonde comme vidée de toute énergie.
_ Tiens bon, elle prend peur, même si elle joue les bravaches, chuchota Shinji à son oreille.
Hiyori opina du chef, elle l'avait remarqué aussi. Elle voulait jouer au plus malin, elle allait voir ce qu'elle allait voir, cette garce.
_ Manoir abandonné, c'est tout ce que j'ai à dire, trancha la prisonnière sur un ton buté.
_ Vous ne croyez tout de même pas que ça va nous suffire, quand même ? s'indigna la blonde.
_ Viens, laissons-la ici, elle va réfléchir un peu, fit le policier en prenant le bras de sa consœur.
La blonde obtempéra à contrecœur. Tandis que son collègue refermait la porte de la salle d'interrogatoire derrière lui, la jeune femme se rendit d'un pas vif dans son bureau récupérer son arme de service et prit celle de Shinji en passant.
_ On doit aller trouver les Kurosaki et le duc Hitsugaya pour leur dire ce qu'on a découvert, expliqua-t-elle alors qu'il lui jetait un regard interloqué.
_ Pas grand-chose...
_ C'est mieux que rien, allons-y.
Les deux officiers partirent au pas de course vers leurs montures et se rendirent rapidement au château ducal où ils étaient presque certain de trouver Ichigo Kurosaki.
Pendant ce temps, le duc expliquait à son régisseur le piège qu'il avait tendu à son – désormais – ex-fiancée. Ichigo n'en menait pas large, ainsi donc c'était bien elle qui avait mis en place cette machination ! Il avait vraiment du mal à le croire.
_ Elle vous a tout avoué ? insista le roux encore sous le choc de cette annonce. Elle devait être sûre de pouvoir s'en tirer, sinon elle n'aurait rien dit.
_ Pas sûr, contra Toshiro en se postant à la fenêtre. Elle voulait peut-être montrer sa supériorité, je crois qu'elle tient ça de son père...
En tous cas, cette histoire approchait du dénouement. Mais il fallait encore retrouver Karin et Yuzu. Ichigo passa une main tremblante dans ses cheveux, se disant qu'ils n'étaient pas encore au bout de leur peine.
_ Je l'ai rencontré une fois, se souvint le régisseur. Je crois me rappeler qu'il est du genre à s'écouter parler, non ? Ce ne serait pas étonnant que sa fille soit du même acabit.
Le jeune seigneur s'apprêtait à répondre mais des coups frappés à la porte de son bureau l'en empêchèrent. Il soupira, décidément il était toujours interrompu...
_ Entrez !
C'était Shin, constata Toshiro. Et sa mine préoccupée voulait tout dire.
_ Votre Grâce, les inspecteurs Hirako et Sarugaki sont ici, ils apportent des nouvelles, lâcha le majordome d'une voix hachée.
_ Faites-les venir.
Déjà ? À moins qu'Hinamori n'ait pas réussi à tenir sa langue, songea le duc, impatient d'en savoir plus. Il jeta coup d'oeil à son employé et vit qu'il n'était pas dans un meilleur état que lui. En même temps, il ne pouvait que comprendre. La vie de ses sœurs étaient en jeu.
_ Votre Grâce, pardon de vous déranger mais... commença Shinji en entrant dans la pièce.
Cependant il fut coupé par sa collègue qui continua en levant les yeux au ciel :
_ Nous n'avons pas grand-chose à vous dire mais nous avons un indice sur l'endroit où sont retenues vos sœurs...
Hiyori avait fixé Ichigo en prononçant cette phrase. La réaction de celui-ci ne se fit pas attendre.
_ Un indice ? Mais lequel ?
Le jeune homme roux ne tenait plus en place. Depuis le temps qu'il attendait, sa patience était enfin récompensée.
_ Elle a parlé ? s'enquit le noble aux cheveux d'argent avec impatience.
_ Nous n'avons pas pu en tirer grand-chose mais on ne lâchera rien, avoua la policière légèrement mal à l'aise devant le regard insistant du régisseur du duc.
Très étonnant venant d'elle, songea Toshiro désabusé. Le contraire aurait été étrange. Mais même si elle était maligne, la police l'était bien plus encore. Elle ne ferait pas long feu.
_ Vos sœurs seraient retenues dans un manoir en ruine, c'est tout ce qu'on a pu obtenir pour le moment, termina Hirako en soupirant.
En effet, ce n'était pas beaucoup mais il fallait un début. Cependant, Ichigo sentait sa colère contre l'ex-future duchesse monter d'un cran. Décidément, elle ne reculait devant rien pour ne pas perdre la face.
_ C'est tout ce qu'elle vous a dit ? demanda le roux d'une voix un peu trop calme.
_ En effet, confirma la policière blonde. Mais on n'a pas fini de la cuisiner. En ce moment-même, deux collègues continuent son interrogatoire.
En entendant cette réponse, le frère des jumelles disparues serra les poings si forts que les jointures en devenait blanches.
_ Elle se moque de nous, c'est ça ? Je vais aller lui faire passer l'envie de se moquer de nous, moi !
Ichigo fit un pas vers la sortie mais une main d'homme le retint. Quand il se tourna vers cette personne, il vit qu'il s'agissait du duc Hitsugaya qui secouait la tête. Le roux ne manqua pas la colère qui assombrissait ses prunelles turquoises mais de le voir garder son sang-froid le calma quelque peu.
Le sentant se détendre, Toshiro le lâcha. Ce n'était pas le moment de jouer les troubles-fêtes. Il réprima un soupir de soulagement, il était moins une.
_ Nous retournons au poste mais nous vous ferons parvenir des nouvelles aussitôt que nous en aurons.
_ Merci inspecteurs, fit le duc reconnaissant.
Les deux officiers hochèrent la tête puis disparurent rapidement dans l’entrebâillement de la porte. Leur vitesse était compréhensible, car plus le temps passait, moins ils avaient de chance de retrouver les sœurs Kurosaki vivantes. Et ça, c'était plus qu'Ichigo ne pouvait en supporter.
Dommage qu'il ne se trouvait pas chez lui, il aurait frappé le mur de son poing si fort que ça aurait créé un trou, pour évacuer sa colère et son impuissance.
_ Je comprends votre colère – je ressens la même – mais essayez de rester calme, lui intima gentiment Hitsugaya. Ce n'est pas de cette façon que cette histoire va se résoudre.
Ichigo soupira. Il le savait, bien sûr. Renji, Rukia et Orihime ne cessaient de le lui répéter. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire. En ce moment, il prenait beaucoup sur lui pour ne pas laisser éclater son ressentiment vis-à-vis du ravisseur et de sa fille. Cependant il savait qu'au bout d'un certain temps, il ne pourrait plus se retenir.
Toshiro, de son côté, n'en menait pas large non plus. La femme qu'il aimait était en danger de mort et il se sentait tellement impuissant. Bon sang ! Que pouvait-il faire ? Et de penser que c'était son ex-future femme et son père les responsables de cette horreur lui donnait envie de tout massacrer sur son passage. Bien sûr, il ne le ferait pas mais ce n'était pas l'envie qui lui manquait.
Les deux hommes ne pensaient qu'à deux choses à présent : revoir les deux jeunes filles vivantes et faire payer à leur ravisseur et tous ses complices toutes ces semaines de souffrance.
Adossée contre le mur froid de sa cellule, Karin ne sentait presque plus ses membres. Elle était frigorifiée, affamée, amaigrie et blessée. Mais elle ne s'inquiétait pas plus que ça pour elle car elle se savait résistante, sa sœur Yuzu était dans un était pire que le sien.
La jeune fille n'avait pas repris conscience depuis un moment qui paraissait trop long à la brune. Elle avait beau l'appeler, la pousser pour la faire ouvrir les yeux mais rien, aucune réaction. Karin sentait que sa jumelle était au bout du rouleau et cette constatation lui faisait très peur. Elle avait vraiment peur que Yuzu ne tienne pas le coup jusqu'à l'arrivée des secours.
Oui, la cadette des sœurs Kurosaki voulait croire qu'on viendrait les sauver. Elle nourrissait cet espoir de jour en jour en espérant que ce soit la bonne. Elle voulait revoir tout le monde : Renji et ses cheveux rouges coiffés en ananas, Rukia et son mauvais caractère qui ressemblait au sien, Ichigo, son frère adoré. Et bien sûr, elle n'oubliait pas non plus Orihime, sa si gentille belle-sœur qui attendait un enfant et son père un peu débile sur les bords mais qu'elle avait appris à aimer. Enfin, la personne la plus importante à ses yeux : l'homme qu'elle aimait de tout son cœur, Toshiro Hitsugaya. Et surtout elle voulait que sa sœur fasse enfin leur connaissance.
Un léger gémissement de douleur parvint à ses oreilles et interrompit brutalement ses pensées agréables. La brune comprit qu'il venait de sa sœur Yuzu. Même inconsciente, ses multiples blessures la meurtrissaient durement.
_ Yuzu, tiens bon, chuchota-t-elle faiblement. On va venir nous sauver.
Bordel ! Son état n'était n'était pas des plus glorieux non plus, se dit Karin en grimaçant. Elle inspecta son corps avec minutie pendant quelques minutes et le constat était sans appel : elle ne tiendrait plus très longtemps, elle aussi.
De nombreuses coupures marquaient sa peau jadis blanche et sans défaut. Des ecchymoses ornaient ses bras, ses jambes. Elle était certaine d'avoir des os de cassés car depuis la dernière visite de leur geôlier, elle ne parvenait plus à tenir debout. La douleur était bien trop vive dans sa jambe gauche. Et elle se sentait de plus en plus faible à cause de la quantité de sang qu'elle avait perdu durant les séances de « jeu » de son tortionnaire.
_ Tu me paieras ça, mon salaud, grogna la jeune fille. J'espère que tu crèveras en enfer avec ta garce de fille.
Karin tenta de trouver une meilleure position mais c'était peine perdue : chaque mouvement la faisait souffrir le martyre. Un voile noir apparut devant ses yeux sombres.
_ Non... je ne dois pas perdre conscience... répéta-t-elle comme une litanie.
La brune luttait pour ne pas sombrer dans les ténèbres de l'inconscience. Ses forces l'abandonnaient d'heure en heure, elle n'aurait pas pensé être dans un état aussi lamentable. Cette ordure ne l'avait pas loupée mais hors de question qu'elle abandonne sans se battre. Elle valait mieux que ça.
Des bruits de menottes attirèrent son attention. Karin leva péniblement la tête et remarqua avec joie que Yuzu avait ses yeux noisettes bien ouverts.
_ Ka... Karin..., c'est toi ?
_ Oui c'est moi, te voilà enfin revenue parmi nous, dit-elle la voix tremblante.
La châtaine regarda autour d'elle dans un silence pesant. Ses prunelles résignées se posèrent sur les barreaux en fer de la cellule. Yuzu tenta de pousser un soupir mais à ce moment précis, elle fut prise par une violente quinte de toux.
_ Yuzu ? Ça va ?
_ Je... je crois..., balbutia-t-elle en reprenant son souffle.
La situation devenait désespérée. Karin ne lui dirait pas pour ne pas l'inquiéter plus que nécessaire mais sa sœur jumelle avait craché du sang en toussant. Voilà qui n'était pas de bonne augure.
_ Tiens le coup, je t'en prie, la supplia la brune, les larmes aux yeux.
_ J'essaierai... promis, assura son aînée avant de fermer ses paupières de nouveau.
_ Yuzu ? Yuzu ?
Karin commençait à paniquer, sa sœur avait de nouveau perdu connaissance. Il fallait qu'elle se calme pour ne pas empirer la situation. Elle essuya les gouttes d'eau salées d'un geste rageur. Elle n'avait qu'une seule envie : sortir de cet endroit maudit.
Une vague intense de haine comme elle n'en avait jamais connue déferla dans son corps. Oh oui, elle prendrait un malin plaisir à se venger, quand tout ça serait terminé. Elle les haïssait, tous autant qu'ils étaient dans ces ruines. Mais celui qu'elle détestait tant qu'elle ne supportait pas de respirer le même air que lui était bien sûr l'enflure qui les avait enlevées et torturées.
Comment un homme digne de ce nom pouvait-il commettre pareille abomination ? C'était contre nature ! Elle avait hâte que la roue tourne, rira bien qui rira le dernier. Un sourire empreint de haine et de vengeance s'étira sur les lèvres gercées de la jeune prisonnière.
_ Sans oublier cette garce qui voulait jouer à la plus maligne.
Ils allaient payer, ce n'était qu'une question de temps maintenant.
Le duc Hitsugaya lui ayant donné le reste de sa journée – il aurait été impossible pour les deux hommes de travailler dans ces conditions – Ichigo prit la décision de reprendre les recherches sans en informer sa femme. Il savait que dans le cas contraire, elle allait s'inquiéter pour lui alors qu'elle avait besoin de repos. Orihime était déjà assez préoccupée par tout ce qui se passait sans qu'il rajoute le reste.
Monté sur son fidèle Zangetsu, le jeune homme roux arrivait maintenant au troisième manoir en ruine qu'il connaissait non loin de chez lui. Il mit son cheval au pas, prenant le temps d'observer les alentours. Rien n'indiquait ici la présence d'hommes, aucun bruit, pas de traces de passage récentes. Cependant, Ichigo préféra tout de même aller explorer les abords de ces ruines.
Le régisseur mit pied à terre et attacha Zangetsu à un arbre encore fleuri. Après le tout, le printemps n'était pas encore terminé. Chassant ces pensées futiles de son esprit, il marcha tranquillement jusque devant la grille en fer forgé, rouillée à cause des intempéries. Il la poussa et vit avec étonnement qu'elle n'était pas verrouillée. Ni une ni deux, le jeune homme entra dans la propriété d'un pas mesuré.
Pas très loin de lui, Ichigo aperçut ce qui semblait être une rose rouge. Comme quoi, même dans cet endroit désert, on pouvait trouver une chose qui faisait revivre l'espoir. Il l'admira pendant de longues secondes.
_ Où êtes-vous, Karin, Yuzu ? murmura-t-il pour ne pas troubler le silence qui régnait ici.
À cet instant, le roux crut entendre une voix lui dire de s'accrocher toujours plus. Mais il avait sans doute rêvé alors il se remit en chemin pour tenter de trouver ne serait-ce qu'un indice.
Pendant une heure, le jeune régisseur inspecta de fond en comble le jardin et le manoir vide. La conclusion était sans appel : personne n'était retenu ici. Il poussa un soupir de découragement. C'était le troisième endroit qu'il visitait mais rien, pas d'indice. Ichigo pensait devenir fou.
_ Bordel ! jura-t-il tout bas.
Il voulut faire un pas vers son cheval attaché non loin d'ici mais ses jambes ne voulaient plus lui obéir. Décidément, son meilleur ami avait toujours raison, il voulait en faire trop. Son corps ne suivait plus sa volonté de fer. Mais le roux ne voulait pas abandonner maintenant, c'était trop tôt. Serrant les dents, il se mit lentement en marche vers Zangetsu. Son fidèle destrier hennit en le voyant arriver.
_ Toujours rien, mon beau... soupira-t-il avant de remettre en selle. Pardonne-moi, tu dois être épuisé, toi aussi.
Jetant un dernier regard sur la rose qu'il avait aperçu un peu plus tôt, Ichigo se mit route, sentant l'espoir renaître toujours plus fort. Il décida de rentrer chez lui pour se reposer un peu avant de repartir, et puis il devait annoncer les dernières nouvelles à sa femme si la police ne s'en était pas déjà chargée.
Mais sur le chemin du retour, il croisa un visage connu. L'inspecteur Hirako sans sa collègue venait dans sa direction avec cinq hommes. Les deux hommes étaient surpris de se retrouver dans cet endroit coupé du monde.
_ Monsieur Kurosaki ? Que faites-vous ici ? s'enquit Shinji en arrêtant sa monture à sa hauteur.
_ Inspecteur, vous devez vous en douter, non ? soupira le jeune homme roux.
L'officier blond leva les yeux au ciel. Il aurait dû s'en douter, il recherchait ses sœurs. Cet homme était vraiment trop impulsif, bien qu'il comprenait sa réaction. Lui-même n'aurait pas agi différemment de lui s'il avait été à sa place.
_ Je comprends mais vous devez rentrer chez vous, fit-il avec précaution. Je vous promets que nous n'abandonnerons pas tant qu'il y a encore un espoir.
Cela, Ichigo le savait. Il l'avait vu dans les yeux de son interlocuteur quand il était venu au château, le matin même. Mas c'était plus fort que lui, il devait aider aux recherches sinon il allait perdre les pédales.
_ Je veux vous aider, lâcha le régisseur d'un ton définitif.
Shinji s'y attendait un peu, à vrai dire.
_ Ce n'est pas possible, trancha l'officier.
_ Pourquoi ? Ce sont mes sœurs !
Et voilà ! Il commençait à perdre patience. Il avait plus urgent à faire que de s'occuper d'un homme inquiet et remonté. Mais il ne se voyait pas batailler avec lui, d'autant plus qu'il était épuisé par toutes ses recherches infructueuses. Il espérait que Hiyori s'en sortait mieux que lui au poste.
_ Monsieur Kurosaki, s'il vous plaît, soyez raisonnable, soupira Hirako.
Ichigo resta coi pendant quelques instants. Il lui avait demandé d'être raisonnable ? Cette bonne blague !
_ Raisonnable ? Vous voulez que je sois raisonnable ? cria-t-il presque en serrant les poings. Je ne peux pas ! Pas quand la vie de mes sœurs cadettes sont menacées !
Les yeux noisettes du roux lançaient des éclairs. Pourquoi fallait-il donc que lui, Shinji, se coltine les plus têtus ? C'était à se demander si quelqu'un là-haut n'était pas contre lui. Il se frappa le front avec la paume de sa main droite. Comment argumenter contre un homme pareil ? Le blond n'en avait pas la force, pas dans l'état actuel des choses.
_ D'accord, d'accord, souffla Hirako en levant les mains en un geste d'apaisement. Je vais vous donner deux endroits à aller fouiller.
Il valait mieux qu'il cède parce que sinon, il en avait encore jusqu'à demain. Et la situation était assez préoccupante comme ça sans y ajouter ces tensions.
Calmé, Ichigo écouta attentivement l'officier lui donner ses indications. Il connaissait les lieux qu'il devait vérifier, surtout un car c'était ici que Renji et lui allaient jouer quand ils étaient encore enfants. La demeure abandonnée se trouvait non loin de chez son père. Il en profiterait pour lui rendre une petite visite et lui apprendre ce que la police a découvert.
En supposant qu'il soit chez lui, bien sûr. En effet, Isshin était médecin et à ce titre, il était appelé de tous les villages environnants pour soigner des malades. Et le fait que ce soit un seigneur – bien que sans titre de noblesse – faisait qu'il était très demandé.
_ Merci, inspecteur Hirako et désolé, lâcha Ichigo en baissant les yeux.
_ Pensez-vous, j'en ai vu d'autres, le rassura Shinji avec un clin d'oeil. Bon, il faut y aller, à présent. Transmettez-moi les nouvelles.
Le jeune régisseur lui fit un signe de tête, montrant qu'il l'avait bien compris. Il se retourna et s'apprêtait à partir quand la voix du blond retentit derrière lui.
_ Je suppose que vous avez vérifié le manoir qui n'est pas loin d'ici, n'est-ce pas ?
_ En effet, mais je n'ai rien trouvé, révéla le roux. Rien ne vous empêche d'y aller vous-même.
Le policier esquissa un petit sourire amusé.
_ J'en avais bien l'intention.
Les deux hommes se comprenaient sans avoir besoin de se parler. Après un dernier regard, Shinji donna le signal du départ à ses hommes qui étaient restés en retrait.
Une fois les policiers partis, Ichigo poussa un soupir de soulagement. Il avait bien cru que Hirako ne céderait jamais. Heureusement qu'il était obstiné quand il avait décidé quelque chose parce que dans le cas contraire, jamais l'inspecteur ne lui aurait permis de faire une chose pareille.
_ Désolé, Zangetsu, mais je vais te demander un dernier effort, le prévint son maître.
Le cheval noir hennit doucement, comme s'il avait compris. Sur l'impulsion de son cavalier, Zangetsu commença à marcher tranquillement. Mais au bout de quelques minutes, Ichigo le mit au trot. Bien que son cheval soit résistant, il ne voulait pas le pousser au delà de ses limites.
Alors qu'il disparaissait entre les arbres bourgeonnants, le jeune homme roux adressa mentalement une prière à ses deux petites sœurs. « Karin, Yuzu, tenez bon, j'arrive. »
Hiyori Sarugaki, celle qu'on disait être une petite terreur, n'arrivait vraiment à rien avec cette folle. Ce n'était pas faute de tout essayer mais on aurait dit que l'ex-future duchesse savait comment faire pour l'énerver.
Heureusement qu'elle avait fait appeler le duc Hitsugaya. Lui réussirait sans doute à la faire parler, de gré ou de force. Encore fallait-il qu'il daigne pointer le bout de son nez. Ah ! Quand on parlait du loup ! La jeune femme alla aussitôt à sa rencontre, le soulagement se montrant sur son visage crispé.
_ Merci d'être venu, Votre Grâce, fit-elle avec un léger sourire.
_ Je vous en prie, ça avait l'air urgent, répondit le duc aimablement. Que se passe-t-il ?
_ Venez, suivez-moi, je vais vous expliquer.
En entendant les explications de la jeune policière, Toshiro fronça les sourcils. Ainsi donc, elle voulait qu'il fasse parler son ex-fiancée par tous les moyens.
_ Si j'ai bien compris, elle n'a toujours rien dit, lança-t-il en arrivant devant la porte de la salle où était retenue Hinamori.
_ En effet.
La blonde ouvrit la porte et s'effaça pour laisser le duc Hitsugaya entrer à l'intérieur.
_ Je serai à côté, annonça Hiyori avant de fermer la porte et de se poster dans la petite petite d'où elle pouvait tout voir et entendre.
Elle espérait qu'il arriverait à lui faire cracher tout ce qu'elle savait mais ça n'allait pas être une partie de plaisir.
Dans la salle d'interrogatoire, Toshiro n'avait pas bougé d'un poil. Il ne lâchait pas la brune au chignon du regard. Apparemment, elle n'avait pas encore remarqué sa présence, ou alors, elle faisait semblant aussi.
Quand la prisonnière releva la tête, elle crut voir son ancien promis devant elle. Mais ça n'avait aucun sens, jamais le noble duc Hitsugaya ne mettrait les pieds dans un tel endroit. Cependant, Hinamori fut bien obligée de revoir son jugement quand elle entendit la voix froide du duc l'appeler.
La jeune femme réprima un frisson en le regardant dans les yeux. Ses prunelles de glace la foudroyaient sur place. Il était toujours aussi intimidant mais ce n'était pas ça qui allait la faire changer d'avis. Elle ne dirait rien à personne, dut-elle en souffrir. Elle calma les battements accélérés de son cœur et lança avec toute l'ironie dont elle était capable :
_ Ça alors, vous ici ! Quel bon vent vous amène ?
Le jeune homme aux cheveux d'argent ne se sentait pas d'humeur très patiente donc il alla droit au but :
_ Ne jouez pas à la plus maligne avec moi, l'avertit-il d'une voix sourde. Vous le savez parfaitement.
_ Ah mais oui, bien sûr ! fit-elle mine de comprendre. Vu que ces imbéciles de policiers n'arrivent pas à me faire parler, ils vous ont appelé, c'est ça ?
Toshiro ferma brièvement les yeux. Elle le prenait vraiment pour un imbécile. Il inspira profondément pour reprendre son calme puis plongea ses prunelles menaçantes dans celles de la jeune brune.
_ Je pense que vous n'ignorez pas que je peux faire de votre vie un enfer, susurra-t-il lentement.
_ Je le sais mais je prends le risque, le provoqua-t-elle ouvertement.
Le duc avait l'impression qu'elle ne l'avait pas bien compris. En effet, elle souriait, sûre de sa victoire. Non, il fallait pas qu'il perde son calme, même si le temps était compté. Il tapa des mains sur la table, faisant ainsi sursauter Hinamori qui ne s'y attendait pas. Le corps tendu comme un arc, Toshiro darda sur elle un regard qui la glaça jusqu'à l'os.
_ Vous en êtes sûre ? Alors dans ce cas, je vais faire en sorte qu'on vous conduise dans le quartier le plus mal famé de la capitale...
Il s'interrompit un bref instant, le temps de savourer son effet, puis reprit, plus menaçant que jamais :
_ Mais vous risquez de disparaître pour de bon. Ce n'est pas ça que vous voulez, n'est-ce pas ?
La brune au chignon écarquilla les yeux, pleine de frayeur. Il oserait mettre sa vie en danger ? Ce n'était pas bon ça, car elle savait qu'il le ferait vraiment. Le duc Hitsugaya n'avait qu'une seule parole, c'était quelque chose qu'elle savait fort bien pour avoir été sa fiancée pendant presque trois ans.
De l'autre côté de la vitre sans teint, Hiyori admirait le jeu d'acteur du duc Hitsugaya. Elle n'aurait pas su qu'il jouait la comédie, elle serait tombée dans le piège, elle aussi. Et la suspecte ne faisait plus la fière, à cet instant. Elle avait peut-être enfin compris qu'il était temps de mettre carte sur table.
_ Non ! Vous ne pouvez pas faire ça ! s'écria Hinamori, morte de peur.
_ Ah vous croyez ?
Toshiro se pencha vers la jeune femme par dessus la table pour accentuer son effet.
_ Alors, dites-moi où se trouvent les sœurs de mon régisseur et votre père, ainsi je reconsidérerais la question.
L'ex-future duchesse n'en menait pas large. Bon sang ! Elle était coincée ! Si elle ne disait rien, c'en serait fini d'elle. Elle ne savait plus quoi faire pour gagner du temps. Le duc était trop fort pour elle.
Mais quelle idée elle avait eu de tout dévoiler au château ? Si elle n'avait pas parlé, jamais elle ne se serait fait prendre aussi facilement. Elle aurait dû plus se méfier de celui qui était encore son fiancé, à ce moment-là. « Désolée, père, je ne peux pas faire autrement » , songea-t-elle en retenant quelques larmes. « J'espère que vous me pardonnerez pour ce que je vais faire... »
La brune au chignon se rappela soudain d'un détail qui avait toute son importance. Si Karin Kurosaki n'était pas morte au moment où elle serait retrouvée, tout ça n'aurait servi strictement à rien. Le duc Hitsugaya pourrait faire d'elle sa duchesse ! Il en était hors de question !
_ Je ne sais pas où ils sont, murmura Hinamori. Je l'ai déjà dit à la police.
Toshiro avait l'impression qu'il n'était pas au bout de ses peines. Mais il n'en était qu'au début, elle allait voir comment il s'appelait. Surtout qu'il avait remarqué sa faiblesse.
_ Arrêtez de me prendre pour un imbécile, gronda le jeune homme aux yeux turquoises. Ce matin, au château, vous m'avez dit que vous vous êtes rendue à la cachette de votre père, où est-elle ?
Hinamori ne se faisait pas d'illusions, elle n'allait pas tenir très longtemps à ce petit jeu. Mais elle devait lutter jusqu'au bout et c'est ce qu'elle ferait.
_ Je ne sais pas, j'avais les yeux bandés.
_ J'ai du mal à vous croire, ironisa le duc en croisant les bras sur son torse.
_ Peu importe...
L'impatience du jeune duc montait de seconde en seconde. Il la sentait atteindre sa limite. Il ne voulait pas perdre son sang-froid devant cette femme aussi rapidement mais là, il lui faudrait un miracle pour y arriver. Toshiro serra le dossier de la chaise devant lui en tentant de reprendre le contrôle de lui-même.
_ Je crois que vous ne comprenez pas une chose, ma chère, commença-t-il après quelques secondes de silence. C'est que je ne suis pas venu pour rien, donc vous allez parler... De gré ou de force.
Oh non ! Dans l'esprit de la brune, un signal d'alarme se mit en route. Quand son ex-fiancé parlait de cette manière trop calme et mesurée, ça annonçait généralement une tempête de colère. Et dans son for intérieur, elle savait que cette fois-ci ne serait pas une exception. Elle devrait se préparer.
_ Il s'agit de deux vies humaines ! Vous ne comprenez pas ? hurla le duc, hors de lui.
Et voilà, il avait perdu son calme ! Enfin, ce n'était pas plus mal, se dit-il en voyant l'expression effrayée du visage de la prisonnière. Hors de question de lâcher cette fichue chaise parce que sinon, c'était autour du cou de cette folle que ses mains se poseraient. Et il voulait éviter ça, surtout en pensant à l'endroit où il se trouvait.
Dire qu'Hinamori avait peur du duc était un euphémisme. Il la terrifiait ! Elle ne l'avait jamais vu dans cet état, lui qui était toujours si calme et pondéré. On aurait dit un autre homme. Bon sang ! Son cœur avait manqué un battement. Elle songea soudain qu'il était plus sage de compter cet homme parmi ses amis plutôt que parmi ses ennemis, il était redoutable.
Ça y est ! Elle n'avait plus d'échappatoire parce si elle continuait dans cette direction, elle ne ferait pas long feu. Elle devait parler.
Le lendemain après-midi, Orihime se trouvait dans sa cuisine en compagnie de Renji et Rukia mais elle ne se sentait pas très bien. La fatigue s'accumulait et elle ne parvenait pas à reprendre des forces, malgré son bon appétit.
Ses deux amis venaient d'arriver à l'instant et allaient sans doute dîner avec elle et son mari, le soir-même. C'était devenu une habitude depuis quelques jours. Il était hors de question de les laisser seuls en train de ruminer leurs idées noires.
En plus, Ichigo lui manquait. Il travaillait énormément, même s'il essayait de trouver un maximum de temps à lui consacrer. Tout ça n'était pas bon pour son moral et son physique en pâtissait aussi. Bien sûr, son homme continuait ses recherches, elle n'était pas stupide mais elle préférait faire comme si de rien n'était.
_ Vous voulez encore de la citronnade ? demanda-t-elle à ses amis.
_ Non merci, tout va bien, fit Rukia avec un sourire.
Renji, lui, secoua la tête pour montrer son refus. Depuis quelques minutes, il fixait son amie mais quelque chose le dérangeait. Elle était encore très pâle et n'avait pas encore repris beaucoup de poids, à en juger par sa robe ample. Si cette situation s'éternisait, ça allait mal finir, pour tout le monde.
_ Où est Ichigo ? demanda le vicomte avec un air entendu sur le visage.
Avant de répondre, la rousse posa ses perles grises sur l'horloge au dessus de la porte.
_ A cette heure-ci, il doit être encore au château.
Malgré le fait qu'il ne travaillait pas le week-end, son époux avait été fait appeler au château par le duc. Et Ichigo lui avait dit de ne pas l'attendre avant le début de soirée.
Rukia, elle, ne disait rien mais elle ne loupait rien de la scène. Et le pire de tout, c'était qu'elle ne savait pas si il y avait eu des nouvelles dans l'enquête. Ce qu'elle ne se fit pas prier pour demander à la maîtresse de maison :
_ Dis Orihime, la police a eu du nouveau ?
La femme du régisseur pensait bien que cette question serait posée à un moment ou un autre. Ce qui était tout à fait normal, en même temps.
_ Pas vraiment, soupira-t-elle en baissant la tête. Sauf qu'on sait enfin qui a fait ça.
Les fiancés ouvrirent grand leurs yeux à cette annonce. Ils avaient découvert le coupable ? Mais qui ? Et quand ?
_ Momo Hinamori, acheva-t-elle dans un murmure.
_ La fiancée du duc Hitsugaya ? s'écria la Kuchiki.
Ça alors, elle n'en revenait pas ! Comment une femme de la noblesse – une femme tout court – pouvait-elle bien commettre une pareille horreur ? La brune espérait que le duc allait rompre leurs fiançailles, il ne pouvait pas se marier avec une personne comme elle.
_ Ils ne sont plus fiancés, la nouvelle sera bientôt officielle, expliqua la rousse. Le scandale aurait éclaboussé son nom.
_ Pas faux...
Renji ne savait pas quoi dire. Mais il avait raison : le duc Hitsugaya était bien la raison de tout ça. Pourquoi s'en prendre à Karin, sinon par jalousie mal placée ? Elle était encore plus tordue qu'il n'aurait pu l'imaginer...
_ Maintenant, il ne reste qu'à trouver l'endroit où les sœurs d'Ichigo sont retenues, réfléchit le rouge à voix haute.
_ En effet, et le ravisseur aussi, renchérit Rukia.
Qui pouvait savoir ce qui avait pu arriver aux jumelles Kurosaki ? Orihime triturait ses doigts, rongée par la peur de ne pas les retrouver vivantes. D'autant plus que leur ravisseur n'avait donné aucune nouvelle depuis l'enlèvement.
À cause de tout ça, elle ne dormait presque plus la nuit et chaque journée était plus difficile que la précédente. Elle ne tiendrait plus très longtemps à ce rythme.
Soudain, la future mère fut prise de vertige. Elle se tenait la tête et se sentait mal.
_ Orihime, ça va ? s'inquiéta aussitôt le vicomte Abarai.
La jeune femme n'eut pas le temps de répondre qu'elle s'évanouit dans les bras de Renji qui l'avait attrapée juste à temps.
Une heure plus tard, Orihime reprenait enfin conscience, elle ne savait pas où elle était. Au bout de quelques secondes, elle reconnut son salon. Elle devait être allongée sur le canapé.
_ Vous voilà parmi nous, madame Kurosaki, énonça une voix d'homme qu'elle ne connaissait pas.
_ Que... s'est-il passé ? s'enquit-elle en tentant de se redresser.
_ Ne bouge pas, lui intima Renji. Tu as fait un malaise et tu as perdu connaissance, alors nous avons appelé un médecin.
La jeune femme prit quelques minutes pour assimiler ces informations.
_ Et le bébé ?
_ Tout va bien, madame, la rassura le médecin avec un sourire.
Il prit de le temps de ranger son matériel puis se tourna de nouveau vers sa patiente, d'un air affable.
_ C'est votre enfant qui vous a lancé un signal d'alarme, expliqua-t-il. Vos amis m'ont expliqué ce qui s'est passé et je comprends votre inquiétude, mais votre bébé a besoin de vous. Reposez-vous, c'est très important.
_ De toute façon, on sera là pour s'en assurer, répliqua la noble sur un ton définitif. Merci Docteur.
Le médecin sourit et prit sa mallette avant passer la porte de la maison.
Orihime était encore sous le choc de ce qui venait de se passer. Elle avait encore fait un malaise mais quelle genre de mère était-elle donc pour mettre ainsi la vie de son enfant en danger ? Des larmes de culpabilité perlèrent à ses yeux.
_ Je... je suis une... mauvaise mère..., sanglota-t-elle en posant une main sur son ventre rebondi.
Malheureuse de voir son amie dans cet état, Rukia ne put s'empêcher de poser sa tête contre la sienne. Elle lui caressait ses longs cheveux roux, dans l'espoir de l'apaiser ne serait-ce qu'un peu.
_ Tu n'es pas une mauvaise mère, enlève-toi cette idée stupide de la tête, fit Renji en s'agenouillant devant elle. C'est juste qu'en ce moment, on traverse une période difficile, il est normal de ne pas se sentir bien.
_ Renji a raison, confirma la brune. On va les retrouver, tu dois y croire.
Le meilleur ami d'Ichigo esquissa un sourire amusé avant de parler d'une voix taquine :
_ Et de toute façon, ce crétin d'Ichigo ne lâchera pas l'affaire tant que cette histoire ne sera pas terminée.
Toujours allongée, Orihime essuya ses larmes d'un revers de manche puis sourit à son tour. Oui, il avait raison. Ichigo n'abandonnerait pas ses sœurs, il y avait encore de l'espoir. Heureusement qu'elle n'était pas seule et que ses amis étaient là pour l'épauler quand son mari travaillait.
Une chose était sûre : quand on était entouré par les gens qu'on aimait, les choses paraissaient plus simples à supporter. Pour tout le monde.
Le temps était vraiment long quand on ne pouvait pas s'occuper comme on voulait. Karin savait de quoi elle parlait. Son ventre se mit à crier famine au même instant. Bon sang ! Depuis combien de temps n'avaient-elles pas mangé, sa sœur et elle ? Elle ne comptait même plus, à vrai dire. De toute façon, elles étaient nourries selon le bon vouloir de leur geôlier et celui-ci venait de moins en moins. Comme si elles n'avaient plus la moindre importance à ses yeux.
Enfin, ce n'était pas le plus important pour le moment. La jeune fille jeta un coup d'oeil inquiet à sa jumelle et elle n'avait pas repris conscience depuis la veille. Elle n'aimait pas ça du tout. Si Yuzu n'était pas prise en charge très vite par des médecins, elle ne donnait pas cher de sa vie. La vie quittait son corps à chaque minute qui passait. La brune avait terriblement peur de la perdre.
_ Yuzu, n'abandonne pas maintenant, la supplia-t-elle la voix enrouée.
Celle-ci se mit à bouger dans son inconscience, comme si elle l'avait entendue. Yuzu ne tarda pas à ouvrir des yeux fatigués sur sa cadette.
_ Karin ?
La jeune fille se tourna vivement vers sa sœur. Elle ne put réprimer un intense soupir de soulagement en constatant que ses prunelles noisettes la regardaient fixement.
_ Oui Yuzu ?
Karin se mit à sourire bêtement. Le soulagement qu'elle éprouvait était si intense qu'elle sentait des larmes perler à ses paupières. Elle les refoula aussi bien qu'elle le pouvait puis se concentra sur les paroles de sa sœur.
_ Il... il est comment, le duc... Hitsugaya ?
Ah ! Par contre, la brune ne s'attendait pas à cette question. Dire qu'elle s'efforçait de ne pas trop penser à lui par peur de souffrir, mais c'était raté. De toute évidence. Elle ne savait pas vraiment par quoi commencer, à vrai dire.
Ses mains se mirent à trembler en songeant au regard envoûtant de cet homme. Un soupir discret passa entre ses lèvres à cause du manque qu'elle ressentait. Karin aimerait le revoir, rien qu'une seule fois. Mais pour le moment, ce vœu était fortement compromis.
La voix de sa sœur jumelle la ramena à la réalité. Elle semblait toujours attendre une réponse. La brune leva les yeux au ciel, un air amusé sur son visage.
_ Tu veux savoir quoi ?
Yuzu réfléchit pendant quelques minutes. Sa sœur lui avait déjà raconté comment elle l'avait rencontré mais rien sur son physique ni sur son caractère. Sa détention forcée ne lui avait pas fait oublier qu'elle était curieuse de tout, et plus particulièrement sur ce qui touchait à sa jumelle.
_ Son... physique, son... caractère...
Le regard de la benjamine se fit rêveur à cette réponse, ce que la châtaine ne pouvait s'empêcher de remarquer. Elle attendit encore quelques secondes que ses idées se remettent en place dans son esprit, puis commença à le décrire aussi fidèlement qu'elle se le rappelait.
_ Ses cheveux d'argent en bataille, ses prunelles turquoises... Il est plus grand que moi, et ne sourit pas facilement.
Les prunelles ombres de Karin erraient sur l'extérieur qu'elle pouvait apercevoir de leur cellule pendant un bref instant. Puis elle reprit son récit d'une voix tremblante :
_ Il est distant et ne montre pas ses émotions mais sa voix peut se comparer à du velours. Et quand j'ai dansé avec lui au bal qu'il a donné dans son château, c'était magique. J'aurais voulu que ce moment ne s'arrête jamais.
Un sourire naquit sur ses lèvres à ce souvenir.
_ C'est d'ailleurs là que je l'ai vu sourire pour la première fois, alors qu'on bavardait ensemble. J'ai réussi à le faire sourire...
Malgré la souffrance que lui causait ses blessures, Yuzu avait ses yeux noisettes remplis d'étoiles. Sa sœur semblait tellement heureuse, perdue dans ses souvenirs. Soudain, elle vit le visage de Karin se rembrunir de façon inexpliquée.
_ Mais c'est aussi là que j'ai rencontré sa fiancée...
_ Comment est-elle ?
La brune lança un regard choqué sur sa sœur.
_ C'est à cause d'elle qu'on est là, lâcha-t-elle en soupirant. Elle est venue nous voir, le jour de mon arrivée ici...
_ Ah bon ? s'étonna Yuzu.
_ Oui mais tu ne l'as pas vue, parce que tu dormais, expliqua Karin, la mine sombre.
Non, elle ne voulait pas se rappeler de ça ! La souffrance qui l'étreignait en pensant que le duc Hitsugaya serait bientôt marié avec cette peste lui serrait le cœur atrocement. Jamais elle ne pourrait supporter une chose pareille ! Elle préférerait encore mourir... Sans se rendre compte de ce qu'elle faisait, Karin agrippa la manche de son vêtement avec une force telle qu'elle le déchira.
Il fallait qu'elle pense à autre chose, il le fallait. Puis l'image de sa famille lui revint en mémoire, comme pour chasser ses mauvais souvenirs. Le sourire et la douceur d'Orihime, ses chamailleries avec son frère, le comportement débile de son père... Tout ça lui manquait, elle voulait les revoir, eux aussi. Mais comme on dit, on peut pas toujours avoir ce qu'on veut.
_ Pourquoi... elle a fait... ça ? demanda Yuzu péniblement.
_ Par jalousie, je pense, soupira Karin en ramenant sa jambe blessée contre elle. Elle a dû avoir peur que je me rapproche trop de Sa Grâce.
Une lueur d'amertume passa dans ses yeux sombres.
_ C'est idiot quand on y pense, parce que je ne suis pas digne d'épouser le duc, il ferait une mésalliance en se mariant avec moi.
Karin retenait ses larmes avec difficulté. Cette idée lui était toujours aussi douloureuse et elle avait du mal à l'accepter. Il le faudrait bien pourtant, elle ne voulait pas lui apporter plus de problèmes qu'il n'en avait déjà. Et de toute façon, il faudrait déjà qu'il désire l'épouser et elle n'avait jamais remarqué quoi que ce soit dans comportement qui pourrait le laisser présager.
L'aînée des jumelles sentait les larmes s'accumuler à ses paupières. Elle ressentait la douleur de sa sœur comme si c'était la sienne. Elle posa doucement sa tête sur l'épaule de Karin. Elle ne supportait pas de la voir si désespérée. C'était un vrai crève-cœur.
Le corps de la brune était secoué par des sanglots de plus en plus violents. Elle ne parvenait plus à les retenir, elle les conservait depuis trop longtemps. Cet amour à sens unique lui déchirait le cœur. Bon sang, ça ne lui ressemblait pas de se laisser aller ainsi ! Il fallait qu'elle se reprenne ! Mais c'était plus facile à dire qu'à faire.
Ses yeux se fermaient tout seul, ses forces l'abandonnaient de minute en minute. La brune ne voulait pas perdre conscience maintenant, elle avait peur de ne plus être capable de se réveiller.
Elle luttait de toutes ses forces contre le sommeil qui l'envahissant quand un bruit énorme fit sursauter les deux prisonnières, qui se demandaient ce qui était en train de se passer dehors. Ce n'était pas normal, depuis qu'elle était ici, Karin n'avait jamais entendu un tel vacarme.
_ Dis, Yuzu ?
_ Oui ?
_ C'est normal, ce bruit ?
L'expression du visage de la châtaine lui fit signe que ce n'était pas le cas. De plus en plus bizarre, cette histoire. Puis un éclat de voix attira son attention.
_ Vite, il faut prévenir le maître ! cria un des hommes de main.
La bataille devait faire rage à l'extérieur car des coups de feu et des bruits d'épée se faisaient entendre. Pourquoi une telle agitation ? Pour les deux filles, c'était rageant de ne pas savoir. Et si... ?
_ Tu crois que... commença la châtaine, pleine d'espoir.
_ Je ne sais... pas, attendons d'en... avoir le... le cœur net, la tempéra Karin, à bout de force.
Mais avant qu'elle ne puisse entendre la suite des événements, la brune perdit connaissance sous les yeux effrayés de sa sœur jumelle essayant vainement de la maintenir consciente. Elles avaient toutes les deux atteint leurs limites.
Vingt minutes plus tôt, non loin de là...
L'inspecteur Hirako et ses hommes venaient de quitter un nouvel endroit. Pour changer, aucun indice n'avait été trouvé mais il n'abandonnerait pas. Il en restait deux sur sa liste et il se dirigeait vers le prochain à toute allure.
La fatigue s'emparait de lui mais Shinji n'en avait cure. Son instinct fonctionnait à plein régime et lui disait qu'il n'était plus très loin de retrouver les jeunes filles disparues. Rien que cela lui donnait la force de continuer.
_ Inspecteur Hirako ? entendit-il soudain derrière lui.
Le policier blond leva sa main droite, signe qu'ils devaient s'arrêter. Une fois tous immobilisés, il soupira discrètement. Ce n'était pas le moment pour des questions bêtes, ils avaient mieux à faire.
_ Que se passe-t-il, Lisa ? demanda-t-il tout de même.
_ Écoutez ça, vous n'entendez pas ces bruits bizarres ?
Quels bruits bizarres ? Hirako commençait à se demander si sa subordonnée n'avait pas rêvé quand il entendit distinctement des sons venant de devant lui. On aurait dit des voix d'hommes et des bruits de pas rapides. Il fit signe à ses hommes de parler tout bas, pour ne pas se faire repérer. Qui sait sur quoi ou sur qui ils pouvaient tomber ?
_ En effet, confirma-t-il en fronçant les sourcils. Il ne devrait pas y avoir âme qui vive dans ce trou perdu, ce n'est pas normal.
Tout cela ne lui disait rien qui vaille. L'officier réfléchissait à un plan qui leur permettrait de savoir rapidement si les deux Kurosaki étaient bel et bien retenues dans cet endroit sordide. Une grimace de dégoût passa furtivement sur le visage d'Hirako. Oui, il n'y avait pas d'autres mots pour le décrire. Comment pouvait-on accepter de vivre dans un tel lieu ? Tout ça le dépassait.
L'activité qui régnait ici alarma l'instinct du blond. Il ne savait pas exactement ce qui était en train de se passer mais il fallait faire vite. Des éclats de voix lui indiquèrent qu'ils étaient sur le point de changer d'endroit, mais pour quelle raison ? C'était d'autant plus suspect à ses yeux.
Puis au bout de quelques minutes, Shinji avait trouvé une idée. Il en fit aussitôt part à ses hommes d'un ton posé.
_ Voilà, nous allons nous séparer en deux groupes : Lisa avec Hachi et Love d'un côté et Mashiro et moi de l'autre. Le groupe de Lisa sera chargé de faire diversion. Faites très attention, nous ne savons pas ce qui se passe ici.
_ Et vous, lieutenant Hirako ? questionna Lisa d'un air blasé.
_ Nous allons fouiller cet endroit et je ne sais pas encore pourquoi, mais j'ai un mauvais pressentiment, lâcha Shinji, le visage sombre.
Les cinq policiers prirent le temps de se repasser le plan du blond dans la tête. Après quelques instants, le groupe de Lisa se dirigea vers l'entrée du domaine d'un pas lent et mesuré.
Quand les trois membres des forces de l'ordre arrivèrent en vue de la grille, les hommes à l'intérieur ne bougèrent plus d'un pouce. Au fur et à mesure, ils prirent même un visage menaçant.
_ Eh qu'est-ce que vous foutez là, vous autres ? fit l'un d'eux en s'approchant de la grille rouillée.
_ Vous êtes en plein déménagement, à ce que je vois, remarqua Lisa avec un sourire. Mais ce n'est pas ce qui nous amène en vérité.
Toutes les personnes présentes étaient focalisées sur la jeune femme brune, ce qui facilita l'entrée du groupe de Shinji dans le domaine. Le blond ne put empêcher un sourire amusé de naître sur ses lèvres en voyant le numéro de sa subordonnée. C'était toujours la même chose, en fait. Le blond ne pouvait nier que la brune était une belle femme, voilà pourquoi ces idiots bavaient presque en la regardant. Il écouta la suite de la conversation d'une oreille distraite tout en s'approchant du bâtiment en ruines.
_ Mes amis et moi sommes perdus et nous vous serions extrêmement reconnaissants si vous nous indiquiez le chemin pour retourner en ville,expliqua la policière avec une moue boudeuse sur le visage.
Lisa Yadomaru jouait à merveille les jeunes filles innocentes, alors c'était la meilleure pour distraire les hommes afin qu'ils ne remarquent pas la présence de l'autre groupe. Hirako se dit qu'il avait bien fait de l'emmener avec lui en voyant les regards très intéressés des voyeurs en face d'elle.
Ces idiots se faisaient toujours prendre au piège mais cette stratégie ne fonctionnerait pas indéfiniment. Tôt ou tard, ils allaient découvrir le pot aux roses.
_ Dépêchons-nous, chuchota-t-il à Mashiro.
Sans répondre, elle accéléra le pas en suivant son supérieur. Mais quelques minutes plus tard, alors qu'ils s'approchaient de la porte principale du manoir, la jeune femme aux cheveux verts se retourna discrètement vers la scène et constata avec horreur qu'ils étaient repérés.
_ Inspecteur ! Ils nous ont vus ! l'avertit-elle avec un calme olympien.
_ Bon sang ! jura l'officier en se frappant le front de la paume de sa main. Maintenant, il n'y a plus de temps à perdre.
Tant pis pour la discrétion ! Il fallait maintenant foncer dans le tas, en espérant que les renforts n'allaient plus trop tarder. Ça faisait à présent dix minutes que le message était parti. D'après ses calculs, il faudrait au moins une bonne vingtaine de minute avant que ses collègues n'arrivent.
_ Vite, il faut prévenir le maître ! cria un des hommes présents en direction du manoir.
Le maître ? Qu'est-ce que tout ça voulait dire ? Mais Shinji y réfléchirait plus tard, il avait de la visite. Puis une autre discussion non loin de lui attira tout particulièrement son attention.
_ Il faut déplacer les deux filles avant qu'ils ne les trouvent.
_ Kaname va s'en doute s'en occuper avant qu'il ne soit trop tard.
Ça alors ! Si c'était bien ce qu'il croyait, ils avaient trouvé la planque du ravisseur complètement par hasard ! C'était trop beau pour être vrai. Mais avant qu'il ne puisse faire un seul geste, Mashiro attrapa un des deux hommes par le col de sa veste et lui demanda avec un sourire trompeur :
_ Les deux filles ? Qui ça ?
Hirako ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Même si ce n'était pas plus mal, après tout. Mashiro pouvait être complètement folle, presque autant que Hiyori. Il plaignait presque celui qui était entre ses griffes. Même si dans le cas de la blonde, il n'y avait pas de comédie. Elle était comme ça au naturel.
_ Je ne sais pas !
La jeune femme resserra davantage sa prise et plongea son regard menaçant dans celui de son captif, qui soit dit en passant, était en train de s'étouffer.
_ Tu en es sûr ? Alors, je peux me débarrasser de toi, vu que tu ne sers à rien, annonça-t-elle d'une voix presque joyeuse.
Décidément, ses collègues avaient tous ce petit grain de folie qui lui ferait presque peur. Heureusement qu'il avait l'habitude de leurs petits numéros de cirque.
_ Non, pas ça ! Je vous en supplie ! la pria le sbire en pleurant de panique.
_ Alors parle, je te laisse trente secondes.
Shinji s'était occupé d'assommer le deuxième homme présent et jeta un coup d'oeil à l'endroit où se trouvait le groupe de diversion. Décidément, tout allait de mal en pis. Voilà à présent que ces hommes sortaient des épées et des armes à feu. Ils étaient dans de beaux draps. Cinq hommes, ce n'était pas assez pour mener une opération de sauvetage ! Les renforts devaient arriver et vite !
Puis le blond vit avec horreur un homme de main du ravisseur – il en était quasiment certain – s'approcher dangereusement de Mashiro, avec une arme blanche dans sa main gauche. Il eut juste le temps de tirer un coup de feu pour le mettre hors d'état de nuire.
_ Merci inspecteur, soupira la jeune policière aux cheveux verts.
Il répondit par un signe de main, signifiant que ce n'était rien. Il s'approcha lentement de l'homme blessé et écrasa sa main trouée par sa balle.
_ Mais vous êtes malade ! vociféra-t-il en fusillant le policier du regard.
_ Tu ne le savais pas ? ironisa Shinji avant de se mettre à sa hauteur. Où sont les jumelles Kurosaki ? Où est ton fichu maître ?
En constatant que l'homme ne répondait pas, le blond appuya fortement sur la blessure avec son pied, insensible aux cris de douleurs.
_ Tu ne veux pas répondre ? Dans ce cas, je vais te trouer la cervelle, ça réglera le problème, annonça-t-il froidement.
Le blessé, toujours à terre, écarquilla les yeux à cette remarque. Oh non ! Il n'allait pas mourir pour une ordure comme lui, il en était hors de question. Il préférait encore tout dire et aller en prison, au moins il ne serait pas mort.
_ Non, c'est bon, je vais parler ! articula-t-il très rapidement.
_ Ah bah voilà quand tu veux, murmura le blond en retirant son pied. Je t'écoute.
Constatant qu'il n'avait plus le choix, le captif soupira et lâcha enfin dans un souffle :
_ Les deux filles sont dans un cachot au sous-sol, cette porte là-bas vous y conduira, montra-t-il du doigt. Et le maître a dû se planquer mais je ne saurais pas dire où exactement.
Il tourna la tête vers la gauche et acheva :
_ Son bureau se trouve derrière cette porte, juste là.
Shinji le relâcha instantanément, estimant qu'il avait dit la vérité. Du coin de l'oeil, il vit Mashiro le rejoindre après avoir assommé celui qu'elle tenait entre ses doigts. Une dernière fois, il s'adressa au blessé d'un ton menaçant :
_ Si tu ne m'as pas dit la vérité, je viendrais t'achever en personne, où que tu sois.
Sur ces paroles, le blessé perdit connaissance. L'instinct de Shinji lui dit que quelque chose ne collait pas. C'était trop facile, pourquoi le responsable ne s'était-il pas encore montré ? Mais bien sûr ! Se détournant de lui, le blond s'adressa à sa subordonnée d'une voix sourde :
_ Fais gaffe, Mashiro, l'ordure qui a enlevé les deux filles Kurosaki se trouve peut-être dans les cachots, et il n'est sans doute pas seul.
_ Oui inspecteur.
Une fois cette mise au point effectuée, les deux policiers se dirigèrent rapidement vers l'endroit indiqué. En espérant qu'il ne soit pas trop tard pour elles...
Ni une ni deux, ils accélèrent le pas jusqu'à la fameuse porte indiquée plus tôt par un des hommes de main. Shinji ouvrit la porte et passa le premier. Mais c'était quoi ça ? Franchement, il avait l'impression d'entrer en enfer.
_ Avançons prudemment, ordonna-t-il tout bas à la jeune femme.
Celle-ci acquiesça sans répondre et emboîta le pas à son supérieur. Mashiro ne se sentait pas vraiment à l'aise dans cet endroit sinistre.
_ Ils auraient vraiment besoin d'un décorateur d'intérieur, murmura-t-elle quelques instants plus tard.
Cette remarque idiote fit sourire Shinji. Venant d'elle, plus rien ne l'étonnait. Mashiro Kuna était capable de sortir des choses improbables dans des circonstances ne s'y prêtant pas forcément. Puis un bruit dans le fond du couloir attira son attention. Une voix d'outre-tombe s'éleva brusquement, comme pour les narguer.
_ Inspecteur Hirako... Ça faisait longtemps !
L'officier se retourna aussitôt et fit face à quelqu'un qu'il connaissait très bien. Pourquoi ça ne le surprenait pas ? Enfin, ce n'était pas le moment. La situation était grave.
_ Monsieur Hinamori, lâcha le blond dans un souffle.
Bien sûr, il savait que ce n'était pas là son véritable nom. Il avait vraiment bien caché son jeu, et il n'aimait pas le reconnaître mais il l'avait bien eu, sur ce coup-là. De toute façon, Shinji avait gagné et cet homme devait le savoir, même si il allait lutter sans relâche pour gagner du temps.
Mashiro se tenait dans un coin très sombre de la pièce et son supérieur lui fit signe de continuer sans lui pendant il s'occupait de leur invité surprise. Elle obtempéra sans un bruit.
_ Que me vaut le plaisir de votre visite ? fit mine de demander le ravisseur avec un sourire sournois. Laissez-moi deviner : Karin et Yuzu Kurosaki, c'est bien ça ?
Il voulait jouer au plus malin, on dirait. Ça tombait plutôt bien parce que le blond n'était pas en reste de ce côté-là.
_ Comment vont-elles ?
_ Hélas, je crains qu'elles ne soient plus très en forme, révéla le brun faussement triste. Il faut dire aussi qu'elles ne m'ont pas facilité la tâche, surtout la jeune Karin.
Hiyori avait raison : cet homme aimait vraiment s'écouter parler. Elle le lui avait raconté lors d'une de leurs précédentes conversations. Si la situation n'était pas aussi dramatique, il aurait pu en rire, tellement c'était comique.
_ Je suis navré de l'apprendre tout, comme vous allez l'être quand vous saurez que les fiançailles de votre fille sont rompues depuis hier matin.
Un pli soucieux apparut sur le visage du père de la fille au chignon. Mais il disparut tellement vite que Shinji crut l'avoir imaginé. Pour autant, il ne s'en laissa pas compter.
_ Elle serait venue me le dire, si tout cela était vrai. Or, je ne l'ai pas vue depuis plus de trois jours, annonça le ravisseur confiant.
L'inspecteur Hirako devait l'avouer : cet homme était un brillant comédien.
_ Rien de plus normal, assura le policier en croisant les bras. Elle nous tient compagnie au poste de police depuis presque quarante heures maintenant.
_ Impossible, gronda le maître.
Quel délice c'était de voir la déception et la colère se peindre sur ce visage naguère si souriant !
_ Je n'en serais pas si sûr à votre place.
Comment ? Mais enfin pour quelle raison Momo avait-elle été arrêtée par la police ? Personne ne s'était douté de quoi que ce soit pendant un très long moment. Alors pourquoi maintenant ? Au moment précis où il allait poser la question, le policier se fit un malin plaisir de lui répondre :
_ Le duc Hitsugaya nourrissait quelques soupçons mais il n'avait rien de tangible. C'est alors qu'il a ouverte la boîte confiée par son père où étaient disposés des documents fort compromettants, ma foi.
Tout ça lui disait quelque chose. Puis le père de l'ex-future duchesse se rappela avec un grand train de retard que le père du duc actuel avait mené une enquête approfondie sur lui et sa famille. Bon sang ! Il était persuadé d'avoir mis la main sur tous les documents que l'ancien duc possédait.
Et quand il avait appris que Toshiro Hitsugaya avait reçu une lettre posthume de son père, il avait fouillé dans son bureau pendant son absence, espérant la retrouver avant qu'il ne la lise. Mais c'était trop tard, apparemment.
_ Et ce n'est pas tout, continua Shinji. Dans la lettre qu'il a reçue de son père, Sa Grâce a appris que ses fiançailles avec votre fille étaient nulles et non avenues. Aucun consentement écrit n'a été donné.
La déconfiture de cette ordure lui apportait un plaisir infini mais le blond restait tout de même sur ses gardes. Après tout, cet homme abject détenait encore les jumelles Kurosaki et d'après ce qu'il avait compris, leur vie était en jeu.
_ C'est ainsi que, de fil en aiguille, tout s'est mis en place dans nos esprits.
Non, ça ne pouvait pas finir comme ça ! Pas après tout ce temps passé à mettre au point ce plan qu'il estimait être infaillible. À quel moment précis il avait bien pu capoter ?
_ Il ne nous restait alors qu'à obtenir des aveux. Avec le duc Hitsugaya, nous avons mis au point un plan pour piéger votre fille et elle y est tombée de tout son long.
Hirako fit mine de s'approcher de quelques pas avant d'achever sur un ton de conspirateur :
_ De vous à moi, votre fille est un peu trop bavarde, vous auriez lui apprendre à mieux garder les secrets.
La colère du ravisseur enflait de minute en minute. Ainsi donc, sa fille avait parlé ? Il devait l'admettre, tout ça ne le surprenait pas vraiment. Il n'aurait jamais dû l'inclure dans son plan. Il inspira profondément pour reprendre son calme. Un sourire mauvais étira ses lèvres. Il n'avait pas encore perdu, Karin et Yuzu étaient encore en son pouvoir.
_ Vous semblez oublier une chose, inspecteur Hirako, énonça-t-il calmement, un peu trop peut-être.
Le ravisseur fit un signe de la main avant de continuer, content de lui :
_ Je ne suis pas tout seul dans cet endroit.
Shinji eut juste le temps de se retourner pour voir apparaître un des sbires du brun arriver sur lui avant de bloquer son geste. Il était moins deux, se dit-il en réprimant un soupir de soulagement. Un violent coup de pied dans le tibia plus tard et le voilà débarrassé de cet invité surprise, ou presque.
Derrière le père de la jeune femme au chignon, l'officier vit apparaître discrètement Mashiro. L'homme n'avait pas l'air d'avoir remarqué sa présence mais il lui conseilla silencieusement d'être très prudente.
_ Vous savez quoi ? ironisa le blond pour attirer son attention. C'est pareil pour moi.
Profitant de cette ouverture, sa subordonnée assomma le brun d'un fort coup de poing sur la nuque.
_ Vous allez bien, inspecteur ?
Celui-ci soupira en entendant la question de la jeune femme aux cheveux verts. Mais il esquissa un sourire involontaire.
_ Mieux, maintenant. Tu les as trouvées ?
Mashiro hocha la tête, la mine inquiète. Cet homme était un vrai monstre, elle avait du mal à se remettre de la vision horrible qu'elle avait eu, un peu plus tôt.
_ Oui, mais il faut faire très vite.
Alors qu'il la suivait dans le dédale de couloirs, Shinji appréhendait sa découverte. Comment allait-il retrouver les sœurs Kurosaki ? Était-il trop tard ?
Vingt minutes après, un message parvint à Hiyori, qui se trouvait encore au commissariat, comme quoi les deux jeunes filles ont été retrouvées vivantes, mais très mal en point. Le duc Hitsugaya n'avait plus besoin de cuisiner la suspecte comme il le faisait depuis plusieurs heures déjà. Elle frappa trois coups à la porte de la salle d'interrogatoire et entra sans attendre de réponse.
En entendant la porte s'ouvrir, Toshiro tourna la tête vers la Sarugaki qui affichait un visage neutre. Elle lui fit signe de le rejoindre dehors. Une fois sortis de la salle, la blonde lui fit face, une expression fébrile sur son visage.
_ J'ai reçu un message de mes collègues sur le terrain et ils ont retrouvé Karin et Yuzu Kurosaki.
Cette nouvelle le laissa hébété.
_ Mais elles ne sont pas sorties d'affaires, continua-t-elle rapidement. Leurs blessures sont nombreuses. À première vue, il est possible qu'elles aient été torturées.
Le jeune duc serra les poings de colère. Torturées ? Il fallait vraiment les haïr au plus haut point pour leur faire subir un traitement aussi monstrueux.
_ Mon régisseur est au courant ? demanda-t-il d'une voix basse.
_ Non, je viens tout juste de l'apprendre.
Dans les yeux turquoises du jeune homme, Hiyori pouvait lire du soulagement et une immense peur. La colère y avait aussi une bonne place.
Une certaine jeune femme se retrouvait maintenant seule dans la salle d'interrogatoire. Quelque chose avait bousculé la routine habituelle du commissariat car elle avait remarqué une certaine agitation parmi les policiers. La brune au chignon se demandait vraiment ce qui se passait.
Un bruit grinçant parvint à ses oreilles. La porte de la pièce avait dû s'ouvrir... En se retournant, Hinamori comprit qu'elle avait vu juste. Son ancien fiancé et l'inspecteur Sarugaki se tenaient dans l'encadrement de la porte, un air étrange sur leur visage.
Elle ne saurait dire pour quelle raison mais la jeune femme brune n'aimait leur regard triomphant. Oh non ! Ils ne les avaient tout de même pas...
_ Les jumelles Kurosaki ont été retrouvées, il y a quelques minutes par mes collègues, annonça Hiyori tranquillement, répondant ainsi à sa question.
_ Quoi ?
Pas maintenant ! C'était trop tôt ! Une fureur sans borne envahit brusquement Hinamori qui se leva de sa chaise en gardant la tête baissée. Et son père ? Impossible qu'il se soit fait capturer ! Non, elle avait beaucoup de mal à y croire.
_ Nous devons partir, Votre Grâce, fit la policière blonde sans jeter un regard à la prisonnière.
_ Je vous suis.
Quelque minutes plus tard, la brune au chignon se retrouva seule. Elle ne se doutait pas qu'ils étaient en fait juste derrière la vitre sans teint et entendaient tout ce qu'elle disait. Hinamori faisait les cent pas dans la petite pièce sans fenêtre, la haine assombrissant son regard.
_ Non, il fallait qu'elle meure ! Sale garce ! Tu me le paieras !
Essoufflée, elle s'interrompit un bref instant avant de reprendre, plus violemment que jamais :
_ Tu m'as tout pris ! Je te hais !
Toshiro était horrifié par de telles paroles. En jetant un coup d'oeil bref vers la blonde, il vit qu'elle n'était pas dans un meilleur état que lui.
Pourquoi une telle haine ? Tout ça le dépassait. Bon sang ! Il l'avait vraiment échappé belle, quand il y pensait. Cette mégère aurait pu devenir sa femme, cette idée lui glaça le sang. Le duc se détourna de cette femme, dégoûté. En arriver à de telles extrémités simplement par jalousie, c'était inconcevable. Plus le temps passait, moins il parvenait à comprendre.
Enfin, toute cette histoire était à présent terminée, si l'on pouvait dire. À présent, il fallait que Karin et sa sœur s'en sortent. Si jamais il perdait celle qu'il aimait à cause de ça, il ne s'en remettrait pas.
D'un pas vif, le noble aux cheveux d'argent sortit du poste de police après un bref signe de tête à Hiyori. Il devait tenir son régisseur au courant des dernières nouvelles au plus vite, il en avait convenu ainsi avec l'inspecteur Sarugaki qui devait rejoindre son collègue sur les lieux. Toshiro retrouva son cheval qui l'attendait sagement depuis plusieurs heures, déjà.
_ Désolé Hyorinmaru, murmura-t-il en grimpant sur son dos. Allons-y !
Sur ces paroles, Toshiro éperonna sa monture et galopa à travers champs, voulant arriver au plus vite au domicile des Kurosaki. Le temps pressait, à présent.