Sentiments et Ressentiments
Chapitre 10 : Chapitre 9 partie 1 - L'étau se resserre
11848 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 08/11/2016 17:41
Chapitre 9 partie 1 : L'étau se resserre
_ Te voilà enfin, Ichigo !
La rousse était vraiment heureuse de retrouver son mari après une longue absence de deux jours. Son soulagement se lisait sur son visage. En effet, après la première recherche, n'ayant rien donné, Ichigo avait prévenu sa femme qu'il partait durant deux jours pour tenter de trouver quelque chose. La jeune femme n'aimait pas voir son mari dans cet état mais ne savait pas vraiment quoi faire pour l'aider, d'autant plus qu'elle aussi était très inquiète du sort des jumelles.
La voix soulagée d'Orihime le prit au corps. Jamais le roux n'aurait imaginé qu'elle ne supportait pas d'être seule. Mais avec les récents événements, il ne pouvait pas la blâmer.
_ Oui, Hime, je suis rentré, murmura-t-il en retirant ses bottes pleines de boue.
_ Arrête de t'épuiser comme ça, tu ne tiendras jamais aussi longtemps, le pria la jeune femme en le suivant dans le salon.
Assis sur le canapé, le jeune régisseur attrapa la main de son épouse et la fit asseoir près de lui. Il ne savait pas comment la rassurer mais il se devait d'essayer, par n'importe quel moyen.
_ Ne t'en fais pas pour moi, Orihime, fit-il d'un ton rassurant. Pense plutôt à te ménager, tu as besoin de repos.
Du repos... Elle ne faisait que ça depuis qu'elle avait eu connaissance de sa grossesse. Mais il ne l'aurait pas comme ça.
_ Tu n'es pas une machine, pense toi aussi à te reposer correctement... Je ne sais pas combien de temps tout ça va durer, et j'en ai déjà assez !
Sans qu'il ne put le prévoir, Ichigo vit la rousse craquer. Des larmes coulaient abondamment sur ses joues et son corps tout entier était secoué de sanglots. Dieu qu'il détestait la voir dans cet état ! Il attira sa femme dans ses bras et se mit à la bercer tout contre lui, espérant que ça la calmerait, ne serait-ce qu'un peu.
_ On va les retrouver, ce n'est qu'une question de temps, maintenant.
La future mère sécha ses larmes tant bien que mal et fit une pauvre tentative de sourire.
_ J'espère que tu as raison, Ichigo.
Le couple resta silencieux pendant quelques minutes, profitant ainsi de la compagnie de l'un et de l'autre. L'ambiance était légèrement tendue mais rien d'étonnant à cela. Aucune nouvelle depuis presque une semaine, une semaine que Karin avait été enlevée. Ne rien savoir était pire que tout. Ils vivaient en ayant une épée de Damoclès au-dessus d'eux et ils avaient peur d'apprendre une terrible nouvelle.
La même question revenait sans cesse dans leur esprit : mais qui était la personne qui avait orchestré tout ça ? Quel était son but ? Ils avaient l'impression de tourner en rond et il n'y avait rien de pire que ça.
_ Tu as une idée de qui ça pourrait être ? demanda Orihime en relevant la tête.
_ J'aimerais bien, Hime... Tout ce que je peux te dire, c'est que cette ordure ne fera pas de vieux os quand je l'aurai retrouvée.
_ Ne fais rien de stupide, promis ?
Elle avait raison, une fois de plus. Sa femme et ses sœurs comptaient sur lui, il ne devait pas faire n'importe quoi. Même si c'était plus facile à dire qu'à faire. Il devait se reprendre à tout prix, il n'était plus un gamin à présent. Mais un homme dont les sœurs avaient été enlevées pour on ne sait quelle raison.
_ Promis, Orihime, fit-il avant de partir à nouveau.
La jeune femme soupira de soulagement à cette promesse. Elle le savait : quand son mari promettait quelque chose, il ne revenait jamais sur sa parole, quelle que soit la situation. Même si le voir continuer les recherches ne la rassurait pas, Orihime se devait de faire confiance à son mari.
Le vicomte Abarai était sur le point de rentrer chez lui quand il entendit une rumeur inquiétante circuler dans le village où habitait son ami Ichigo. Il espérait vraiment que ce ne soit rien d'autre qu'un malentendu. Et si c'était vrai ? Dans ce cas, il était vraiment le pire des amis qui puissent exister sur cette Terre ! Son meilleur ami devait avoir besoin de lui et il n'était pas là pour l'aider.
_ Que se passe-t-il, Renji ? demanda la voix de Rukia provenant du carrosse.
_ Quelque chose ne tourne pas rond, c'est étrange, fit le jeune homme en regardant autour de lui. Regarde.
La jeune Kuchiki obtempéra et ce qu'elle vit n'était vraiment pas normal. Le village autrefois si vivant était comme figé. Les gens se terraient chez eux, on aurait dit qu'ils étaient morts de peur. Qu'avait-il bien pu se passer ? Un mauvais pressentiment saisit brusquement la jolie brune aux tripes.
_ Renji ! On doit aller voir Ichigo et vite !
Ni une ni deux, Rukia sortit du carrosse et monta sur sa jument blanche avant de partir à triple galop vers la maison du régisseur. Son fiancé la suivit aussitôt, étreint par la même inquiétude.
Une dizaine de minutes plus tard, ils arrivèrent enfin en vue du domicile de leur ami. En moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire, ils descendirent de leur monture et Renji tambourina à la porte.
_ Ichigo, je sais que tu es là, ouvre-moi !
Des bruits de pas se firent entendre derrière la porte et elle s'ouvrit si vite que la jeune fille sursauta.
_ Bon sang, ça fait du bien que tu sois là, murmura Orihime en serrant le vicomte dans ses bras. Rukia, merci d'être venue, entrez.
La jeune femme conduisit ses deux amis vers le salon en silence. Elle ne savait vraiment pas comment aborder le sujet.
Le visage sombre de la jeune femme n'était pas pour rassurer les deux fiancés. Jamais ils n'avaient vu la rousse dans cet état, quelque chose de très grave avait dû se passer pendant leur absence. Ce fut Rukia qui prit la parole d'une voix où perçait une inquiétude grandissante.
_ Orihime, ça va ? Tu es vraiment très pâle.
N'y tenant plus, Renji posa ses deux mains sur les épaules de la rousse et demanda avec impatience :
_ Orihime, qu'est-ce qui se passe ? Où est Ichigo ? Où est Karin ?
Les questions du jeune homme aux cheveux rouges firent monter les larmes aux yeux de la femme d'Ichigo. Que c'était difficile ! Mais elle se devait de les mettre au courant, d'autant plus que Rukia était devenue amie avec la jeune fille, ils devaient savoir.
Cette résolution prise, Orihime regarda ses deux amis dans les yeux et balança d'une traite :
_ Il y a six jours, Karin s'est fait enlever en pleine nuit, pendant qu'on dormait.
Le vicomte et la Kuchiki étaient sous le choc de cette révélation. Comment ? Pourquoi ? Qui ? Telles étaient les questions qui tournaient en boucle dans leur tête.
_ Et nous étions absents, murmura la noble en baissant la tête. Qui a fait ça ?
_ Nous ne savons pas grand-chose, leur apprit Orihime en se levant. Juste que c'est sûrement la même personne qui a enlevé Yuzu, il y a maintenant deux mois et demi.
La jeune femme rousse s'interrompit un instant, le temps de leur laisser digérer la nouvelle. Elle partit dans la cuisine chercher des rafraîchissements, histoire de se rendre utile.
_ Ce n'était pas nécessaire, Hime, la rabroua gentiment Renji en lui prenant le plateau des mains. Mais merci.
Les jambes tremblantes, l'épouse Kurosaki se rattrapa tant bien que mal au dossier du canapé en prenant une grande inspiration. La fatigue, la peur, l'espoir, tout cela la rongeait de l'intérieur et elle s'épuisait à vue d'oeil.
_ Orihime !
Le cri de la brune alerta le vicomte Abarai qui rejoignit la rousse et l'attrapa de justesse avant qu'elle ne touche le sol. Bon sang ! Elle était bien trop légère ! Cette situation de stress n'était vraiment pas bonne pour elle et le bébé. Il la posa délicatement sur le canapé avant de se relever. Mais où était ce crétin Ichigo ? Sa femme avait besoin de lui ! Foi de Renji, il allait l'entendre !
Les prunelles indigo de Rukia exprimaient de la peur, suite à ce qu'elle venait d'apprendre. Karin était sa première vraie amie, elle ne se souciait pas le moins du monde de son rang social, elle ne jouait pas un rôle. Elle acceptait la Kuchiki telle qu'elle était vraiment, avec ses qualités et ses défauts et pour la noble, il n'y avait rien de mieux. Il fallait qu'elle la revoie pour lui dire toutes ces choses, il ne devait pas en être autrement.
Des larmes commençaient à perler à ses paupières mais elle les sécha d'un revers de manche. Ce n'était pas le moment de flancher, elle devait être forte pour soutenir Ichigo et Orihime.
_ Rukia, ça va ? s'enquit Renji, ayant entendu des petits sanglots.
_ Ne t'en fais pas, Renji, ça va passer, le rassura-t-elle avec un petit sourire. Pourquoi Ichigo n'est pas là ?
Le vicomte soupira en entendant cette question. Si seulement il le savait, il irait le chercher illico presto. Mais pour le moment, il devait rester auprès d'Orihime, il ne fallait pas qu'elle reste seule.
_ Je ne sais pas, seule Orihime peut nous renseigner.
_ Quel crétin ! Il va avoir de mes nouvelles !
Voyant que la rousse reprenait doucement connaissance, le rouge s'accroupit à ses côtés, suivi de sa promise.
_ Tu nous as fait une de ces peurs, tout va bien ?
Il était bien rare d'entendre de l'inquiétude dans la voix du vicomte, ce qui voulait dire qu'il était vraiment sérieux. Orihime tenta de se mettre en position assise mais fut retenue fermement par Renji qui secouait la tête.
_ Reste un peu allongée, repose-toi.
_ Désolée, Renji, murmura-t-elle faiblement. Désolée, Rukia.
La noble esquissa un sourire rassurant.
_ Ne t'inquiète pas, pense à toi et au bébé, fit-elle en posant une main timide sur le ventre rebondi de la femme d'Ichigo. On s'occupe du reste.
_ Merci, Rukia.
La Kuchiki se retourna vers Renji en lui lançant un regard entendu. Celui-ci comprit ce qu'elle désirait et il partit dans la cuisine.
_ Dors un peu, on revient.
Orihime hocha la tête et ferma les yeux. Elle avait vraiment besoin de se reposer et de savoir qu'elle n'était plus seule la rassurait.
Rukia attendit que la jeune femme rousse se soit endormie pour rejoindre Renji dans la cuisine. Elle le trouva assis sur une chaise en train de grignoter des biscuits qui traînaient sur la table. Cette image la fit sourire. Quelle que soit la situation, il ne changeait pas quand il était question de nourriture. Cela la rassura quelque peu.
La brune prit place en face de lui et piocha dans le paquet, elle aussi. Toutes ces émotions lui avaient ouvert l'appétit.
_ Qu'est-ce qu'on fait, Renji ? On ne peut pas les laisser tomber, chuchota-t-elle pour ne pas réveiller Orihime.
_ On attend qu'Ichigo soit de retour et on verra bien après, répondit-il sur le même ton.
_ Mon frère va s'inquiéter de ne pas me voir rentrer...
_ Je lui ai envoyé une lettre pour le prévenir de la situation, j'attends sa réponse.
Elle pouvait compter sur lui, il envisageait toutes les éventualités. Maintenant que Rukia était rassurée sur ce fait, le jeune homme lui prit doucement la main et prit la parole.
_ On leur annonce maintenant ?
_ Je ne sais pas, on va attendre un peu, pour le moment.
_ Tu as raison.
Soudain, le bruit de la porte d'entrée qui claque les fit sortir de leur torpeur. Le couple se demandait dans quel état ils allaient retrouver Ichigo. Ça ne pouvait être que lui qui claquait la porte de cette façon.
En entrant dans la cuisine, au lieu d'y trouver sa femme, le jeune régisseur se retrouva face à ses deux amis assis sur une chaise.
_ Renji ? Rukia ?
Le roux ne savait pas quoi penser de cette visite. Surtout qu'ils étaient ensemble, et sans chaperon.
_ Dis mon vieux, commença Renji. Comment se fait-il que tu laisses Orihime seule dans un moment pareil ?
Ichigo tourna la tête vers le vicomte et le reproche qu'il pouvait lire dans ses prunelles le toucha plus qu'il ne le laissait paraître. Son meilleur ami avait raison mais s'il restait sans rien faire pendant que ses deux sœurs étaient en danger, il deviendrait fou.
_ Vous êtes au courant, alors ? soupira le roux, connaissant la réponse.
_ Orihime nous a tout dit, intervint la brune. Elle dort sur le canapé, elle est complètement épuisée.
Son mari se sentit coupable. Elle s'inquiétait pour les jumelles et maintenant pour lui. Orihime ne devait pas supporter un tel poids sur ses épaules toute seule.
_ Où étais-tu ? le questionna Renji.
_ Parti voir si je trouvais quelque chose, mais rien.
Il n'était pas vraiment d'humeur à subir un interrogatoire mais quelque chose lui disait que c'était peine perdue. Surtout en remarquant la colère froide de la noble.
_ Hime a vraiment besoin de toi, crétin, et toi tu la laisses seule, lança Rukia d'une voix dure. Ce n'est pas le moment de jouer les Sherlock Holmes, laisse la police faire son boulot.
_ La police ? ricana Ichigo en serrant les poings. J'ai assez attendu comme ça.
Le vicomte se leva de sa chaise et se posa devant Ichigo avant de l'empoigner par le col de sa chemise. Étonnée par cette réaction qu'elle estimait excessive, la noble lui intima de le relâcher.
Ne prenant pas en compte la demande de sa fiancée, le rouge foudroya son ami d'enfance du regard. Il le fixa pendant un instant en silence puis lui asséna en réprimant sa colère :
_ Tu te rends compte que tu fais ce qu'il ne faut absolument pas faire, idiot ? Tu perds ton sang-froid, Ichigo !
_ Mais tu crois que....
_ Laisse-moi parler, le coupa Renji. Je sais que ce sont tes sœurs et que cette situation te rend fou mais tu n'es pas le seul dans cet état. Ta femme est aussi inquiète que toi et ce n'est pas bon pour le bébé.
Les paroles de Renji frappèrent Ichigo de plein fouet. Bon sang ! Mais quel imbécile ! Il ne valait pas mieux que l'enflure qui retenait ses sœurs cadettes prisonnières. Son ami avait complètement raison. Il avait perdu son sang-froid et c'était la pire des choses à faire.
_ Tu as raison, ça ne sert à rien de m'agiter dans tous les sens comme un idiot, acquiesça le régisseur en reprenant son calme. Et surtout, ça n'aide pas Orihime de me voir comme ça.
Rukia poussa un soupir de soulagement en constatant que son futur mari avait réussi l'exploit de le raisonner. La jeune femme brune se leva à son tour et se mit au côté du roux avec un sourire.
_ Tu sais, Karin est tellement bornée qu'elle doit lui en faire baver, ajouta-t-elle avec un clin d'oeil. Ce n'est pas ta sœur pour rien.
Ichigo esquissa un léger sourire à cette remarque. Sûr que le ravisseur allait en voir de toutes les couleurs avec elle. Cette idée le rassura un peu, il savait qu'elle ne se laisserait pas faire si facilement.
_ Mais il n'empêche qu'on ne sait toujours rien, soupira le frère des jumelles en s'asseyant à son tour.
La phrase d'Ichigo jeta un froid dans la pièce. Rien n'était plus vrai, malheureusement, songea tristement la Kuchiki. Mais il ne fallait pas partir perdant.
_ Ce n'est pas le moment de penser à ça, l'arrêta la jolie brune. Il faut commencer à réfléchir sérieusement à qui pourrait être responsable de l'enlèvement de tes sœurs, de manière objective.
Le jeune régisseur leva un regard intéressé vers la seule femme présente dans la pièce. Elle n'avait pas tort mais ce n'était pas vraiment facile, surtout quand il était ici question de vie et de mort. Lui, ce qu'il voulait, c'était débusquer le responsable de tout ça et le lui faire payer, en dépit des conséquences. Bien sûr, ce n'était pas une solution mais ça le soulagerait de toutes ces semaines de souffrance.
_ Et aussi, pour quelle raison la lettre de menace était adressée directement au duc Hitsugaya, continua Renji en croisant ses doigts. D'une manière ou d'une autre, je pense qu'il est la raison principale pour laquelle on s'en serait pris à tes sœurs.
Quand il y réfléchissait sérieusement, Renji ne parvenait pas à une autre conclusion. Rien n'était logique dans cette affaire. Il fallait donc être plus malin que le ravisseur des jeunes Kurosaki. Mais il avait tellement de coups d'avance que ce ne serait pas très facile.
Ichigo ne connaissait personne dans l'entourage du duc qui serait assez cruel pour faire une chose aussi horrible. Même si il n'aimait pas la future duchesse, il l'imaginait assez mal compromettre ainsi ses chances d'accéder au titre qu'elle désirait si ardemment. À moins qu'il ne la surestime mais il en doutait.
_ Ichigo, tu es rentré ? fit la voix fatiguée de sa femme depuis le seuil.
_ Oui Hime.
Il était décidément aveugle aux choses et aux personnes qui l'entouraient depuis ces événements. Le roux remarqua enfin les stigmates de la fatigue et de l'inquiétude sur le visage naguère si souriant d'Orihime. « Ichigo, tu n'es qu'un crétin doublé d'un imbécile ! » se blâma-t-il. Le jeune homme se leva sous les yeux de ses deux amis et alla soutenir la rousse qui chancelait sur ses jambes. Il la fit asseoir à ses côtés en prenant ses mains dans les siennes.
_ Je suis désolé, Orihime.
Elle écarquilla ses perles grises. Mais enfin pourquoi demandait-il pardon ?
_ A partir de maintenant, je resterai plus souvent avec toi.
_ Ce n'était pas la peine de t'excuser ainsi, Ichi, fit-elle doucement. J'aimerai tellement faire plus pour toi.
Voyant que des sanglots silencieux secouaient le corps de son épouse, Ichigo la serra contre lui pour la rassurer.
_ Ta présence me suffit amplement, c'est parce que tu es là que je ne perds pas les pédales.
La rousse sourit à travers ses larmes en écoutant la remarque de son mari. Elle s'attendait à ce qu'il lui dise ça, ce n'était pas une surprise. L'expression courroucée sur le visage du vicomte aux cheveux rouges lui arracha un petit rire.
_ Et moi, je ne compte pas ? s'insurgea-t-il en croisant les bras.
Rukia lui donna un petit coup de poing dans l'épaule avant de soupirer.
_ Ne sois pas si susceptible, tu vois bien qu'Ichigo te fait marcher, fit-elle moqueuse.
La jeune femme brune n'avait pas manqué le clin d'oeil fait par son ami à son intention. Même si la situation était critique, il n'avait pas perdu son sens de l'humour.
Orihime, encore entre les bras protecteurs de son homme, remarqua l'heure tardive et poussa un petit cri.
_ Oh non ! Le dîner, rien n'est prêt !
_ Ne t'affole pas pour si peu, la calma Ichigo. Si on s'y met tous, ce sera du gâteau. Renji, Rukia, vous mangez avec nous et pas de discussion.
_ Nous n'avions pas l'intention de refuser, n'est-ce pas Renji ? l'interrogea la brune.
_ C'est bien vrai, confirma le vicomte Abarai.
En une demi-heure, un repas vite fait bien fait fut préparé par tout le monde, même si le rouge avait rechigné un peu. Après tout, c'était plus drôle de le manger que de le préparer.
Sur la table de la salle étaient disposés de nombreux sandwiches – connaissant le très gros appétit de Renji, il n'en fallait pas moins – composés de crudités, tranches de jambon, mayonnaise, etc. Orihime et Rukia s'étaient chargées de préparer une salade de tomates, concombres, pommes de terre, sous l'oeil gourmand d'une certaine personne. Et pour le dessert, Ichigo avait préparé la veille des crèmes brûlées.
Pendant le repas, Ichigo remarqua le manège de son ami et de la brune. Mais qu'est-ce qu'ils mijotaient, tous les deux ? Ils se lançaient des regards entendus, pour une raison connue d'eux seuls.
_ Vous ne nous cacheriez pas quelque chose ? lâcha soudain le régisseur.
_ Je ne sais pas si c'est vraiment le moment de vous annoncer... commença Renji sérieusement.
_ Crache le morceau, le coupa le roux en posant sa fourchette. Je ne suis pas aveugle, j'ai vu que vous trépignez tous les deux d'impatience.
_ Je ne trépigne pas ! s'indigna Rukia.
Décidément, le tempérament de la Kuchiki ne s'améliorait pas avec le temps mais c'était un tel régal de la faire enrager qu'Ichigo n'hésitait pas, quand il en avait l'occasion.
_ On voulait vous le dire avant mais bon voilà : Rukia et moi sommes enfin fiancés, annonça le vicomte fièrement.
Les deux Kurosaki restèrent sous le choc pendant un bref instant. Ce fut l'exclamation d'Orihime qui déclencha tout.
_ Mais c'est génial, ça ! Toutes mes félicitations !
_ Le duc Kuchiki a daigné t'accorder la main de sa sœur, et bien bravo, mon vieux, le félicita à son tour Ichigo.
Le temps d'une soirée, ils en oublieraient presque le danger qui les guettait dans l'ombre. Rien ne valait une bonne nouvelle pour remonter le moral de tout le monde en temps de crise. C'était ce qu'avaient découvert Ichigo et Orihime, vraiment heureux pour leurs amis qui attendaient cette nouvelle depuis si longtemps, à présent.
Le lendemain midi, Orihime avait repris un peu de couleur et préparait le déjeuner de son mari qui ne devrait plus tarder à rentrer du château. Le duc étant revenu la veille au soir, Ichigo avait dû retourner travailler, bien que ce soit à contrecœur. Le jeune homme avait eu beaucoup de difficultés à laisser sa femme seule mais celle-ci l'avait rassuré, disant qu'elle allait mieux.
Et surtout, la rousse ne s'inquiéterait plus autant pour lui, car elle savait où il se trouvait. Sans compter qu'elle attendait la visite de la Kuchiki qui ne voulait pas la laisser seule, même si Orihime lui avait assuré que ce n'était pas la peine.
Eh oui, sans qu'elle n'ait son mot à dire, Renji et Rukia avaient convenu avec Ichigo qu'ils se relaieraient pour ne pas la laisser seule pendant que son mari partirait travailler. Vraiment trop protecteur mais c'était comme ça qu'elle aimait son homme.
D'ailleurs, la brune finissait de mettre la table dans la salle à manger. Ce fut à cet instant précis que la porte d'entrée causa un fracas énorme en se fermant. Le visage courroucé d'Ichigo fit comprendre à son épouse que quelque chose n'allait pas.
_ Pourquoi il faut toujours qu'elle vienne quand il ne faut pas ? s'énerva-t-il en jetant son manteau sur le canapé.
Orihime avait déjà entendu ça quelque part. La future duchesse, encore... En plus, ce n'était vraiment pas le moment de faire perdre patience au roux car il était à fleur de peau. Mais bien sûr, Hinamori n'en tenait pas compte.
_ Qu'est-ce qui se passe, Ichigo ? s'enquit-elle en allant à sa rencontre.
_ Cette idiote est encore venue prétextant une chose importante pour parler avec Sa Grâce, expliqua-t-il en fermant les yeux. Comme si on avait que ça à faire !
_ Bah alors, tu t'énerves ? se moqua Rukia en entrant dans la cuisine.
L'irruption de la noble surprit totalement le jeune homme qui restait bouche bée. Il se reprit au bout de quelques secondes en se souvenant de la raison de sa présence chez lui.
_ Tu dirais la même chose que moi si une personne venait te déranger sans cesse alors que tu as mille choses à faire, Rukia, lui fit-il remarquer un instant trop tard.
En son for intérieur, la brune convint qu'il avait parfaitement raison mais hors de question de lui dire. Après tout, elle avait sa fierté.
De son côté, Orihime écoutait la conversation sans intervenir. Ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu son mari comme ça et rien de mieux pour le moral. La dernière fois qu'il avait une dispute idiote c'était avec Karin, deux jours avant l'enlèvement.
Cette pensée assombrit son visage, la rousse n'arrivait toujours pas à comprendre pour quelle raison cela leur arrivait à eux. Enfin, elle y penserait plus tard parce que la joute oratoire entre son mari et son amie s'était calmée et qu'il la regardait tous les deux, inquiets.
_ Je sais à quoi tu penses, Hime, fit Ichigo en posant sa main sur la joue de sa femme. Garde espoir.
Les rôles s'étaient inversés, se dit Rukia en regardant le couple. D'ordinaire, c'était Orihime qui rassurait son homme.
_ Il a raison, Orihime, renchérit-elle avec un petit sourire encourageant. Karin n'est pas n'importe qui et je suis sûre qu'ils l'ont déjà compris, là où elle est. Surtout, n'oublie pas que Yuzu est faite du même bois.
La jeune femme rousse avait comme oublié ce point important. Le caractère de feu de sa belle-sœur avait de quoi faire pâlir les plus durs à cuire. Elle esquissa un sourire en imaginant ce qu'elle devait leur faire endurer tous les jours. Sûr qu'ils allaient regretter de l'avoir enlevée. Surtout si Yuzu avait été blessée.
_ C'est vrai, acquiesça-t-elle les yeux brillants de larmes.
Orihime se tourna vers le plan de travail et prit le plat de pâtes à la bolognaise posé dessus, avant d'être relayée par Ichigo.
_ A table !
Une fois que les deux femmes se furent installées, le roux entreprit de les servir copieusement. Sa femme devait reprendre des forces pour elle et le bébé qu'elle portait donc il ne lésina pas sur la quantité.
_ Ichigo ! s'écria la rousse. C'est beaucoup trop !
_ Tu ne nourris pas que toi, fit Rukia en venant en aide à son ami.
Cette remarque fit taire Orihime instantanément. Elle devait nourrir son enfant... La jeune femme posa une main protectrice sur son ventre rebondi et sentit un coup de pied.
_ Maman est désolée, mon ange, chuchota-t-elle tendrement. Elle va se reprendre.
La scène qui se jouait devant les prunelles indigos de Rukia lui porta les larmes aux yeux. Rien de plus beau que l'amour d'une mère pour son enfant. Ça la touchait d'autant plus qu'elle-même n'avait jamais connu sa mère, morte en couches.
Après le repas, le jeune régisseur partit dans son bureau chercher ce dont il aurait besoin pour aller travailler l'après-midi tandis les deux femmes se trouvaient dans le salon en train de broder.
_ Tu sais si c'est une fille ou un garçon ? demanda soudain la brune, les yeux brillants de curiosité en posant son ouvrage à côté d'elle.
Orihime se souvint qu'elle avait eu une conversation semblable avec Karin. Elle fit mine d'ignorer le pincement au cœur dû à ce souvenir. Elle répondrait donc la même chose que cette fois-là.
_ Mon instinct me dit que c'est une fille, révéla-t-elle en souriant.
_ Et Ichigo, qu'en pense-t-il ?
_ Peu lui importe, tant que le bébé est en bonne santé.
Rukia songea que c'était bien là une phrase digne d'Ichigo. C'était le plus important, après tout. Même si la brune n'ignorait pas que certains hommes préféraient avoir un garçon en premier né. Surtout dans le milieu d'où elle venait.
Puis elle songea à son frère adoptif qui n'avait pas eu de fils avec sa femme, elle ne pouvait pas concevoir sa douleur. Le nom des Kuchiki pourrait très bien s'éteindre si Byakuya ne se remariait pas mais il ne semblait pas s'en préoccuper outre mesure. Peut-être qu'il comptait sur elle, se dit-elle. Après tout si elle avait un fils, ce serait lui qui héritait du duché de son oncle.
Mais Rukia ne voulait pas d'une chose pareille ! Le chef des Kuchiki devait prendre ses responsabilités et avoir un héritier pour faire perdurer leur nom en était une, et pas des moindres.
Quand elle vit le regard interrogateur d'Orihime posé sur elle, la noble eut un sourire d'excuse avant de continuer, plus curieuse que jamais :
_ Vous avez déjà décidé des prénoms, je me trompe ?
La rousse eut un sourire empreint d'amour maternel et caressa son ventre.
_ Sora si c'est un garçon et Masaki si c'est une fille, murmura-t-elle.
La Kuchiki connaissait depuis assez longtemps le couple Kurosaki pour savoir ce que ces prénoms signifiaient pour eux. Elle ne pouvait que les comprendre vu qu'elle avait décidé d'appeler sa fille Hisana en l'honneur de sa sœur disparue, si elle en avait une un jour.
Mais un coup frappé à la porte interrompit cette ambiance presque joyeuse. Ichigo se leva lentement et se dirigea à pas de loup vers la porte d'entrée avant de regarder dans la serrure. Avec un soupir de soulagement, le jeune homme ouvrit le battant et se trouva face à l'inspecteur Hirako qui était venu seul.
_ Bonjour, inspecteur, le salua-t-il avant de le laisser entrer.
_ Monsieur Kurosaki, j'ai des nouvelles, annonça Shinji de but en blanc.
Alors qu'il conduisait l'inspecteur de police dans le salon, le frère des jumelles s'arrêta net en entendant ce qu'avait dit Hirako. Il se retourna vivement vers l'officier, le visage blême.
Mais avant que le jeune régisseur du duc n'ait pu dire un mot, le blond l'arrêta d'un geste avant de prendre la parole d'une voix posée.
_ Allons dans le salon, il vaut mieux que vous soyez assis.
La mine du policier était bien sombre, songea Ichigo sans mot dire. Il conduisit Shinji dans le salon où se trouvaient déjà Rukia et Orihime, qui devisaient calmement. Le policier les salua d'un signe de tête avant de prendre place sur le canapé.
L'inquiétude du roux était à son comble quand l'inspecteur Hirako leur fit enfin part de ce qui l'amenait ici, le visage sombre.
_ Apparemment, des témoins auraient aperçu une jeune femme ressemblant étonnamment à votre sœur Karin dans les environs de la capitale,fit le blond en croisant ses doigts. Elle serait accompagnée d'un homme brun, assez grand, d'après eux.
_ Les avez-vous interrogés ? s'enquit la brune après un long silence.
En effet, Rukia avait remarqué que ses deux amis étaient sous le choc après cette nouvelle. Elle ne pouvait pas les blâmer, elle aussi était à la fois inquiète et pressée de savoir la vérité.
_ En effet, mais ce n'était pas assez précis, leur apprit Shinji. Cependant, une équipe de trois policiers sillonnent la capitale en civils dans l'espoir d'avoir des indices.
Une main sur le cœur, Orihime posait un regard brillant d'espoir sur son mari. Elle avait l'impression de voir le bout de cette histoire. Même si elle se doutait bien que ce ne serait pas aussi simple. En tout cas, cette nouvelle mettait un baume sur son cœur.
Ichigo prit la main de sa femme, lui aussi en proie à un espoir incontrôlable. Pourvu que ce soit la bonne, se dit-il en fermant brièvement ses yeux.
_ Cet après-midi, je vais interroger l'employeur de votre sœur Yuzu, vu qu'il est la dernière personne à l'avoir vue, révéla l'officier en se levant.Dès que j'ai des nouvelles, je vous avertis aussitôt.
_ Merci, inspecteur, souffla le roux en le raccompagnant à la porte.
_ Au revoir.
Après le départ du policier, Ichigo referma la porte et retourna dans le salon. Il prit place lourdement sur le canapé avant de soupirer. Enfin du nouveau, il en avait fallu du temps. Surtout qu'ils ne pouvaient pas se payer le luxe d'en perdre plus.
Avisant sa femme qui versait des larmes en silence, le jeune homme se hâta auprès d'elle avant de la prendre dans ses bras.
_ Qu'est-ce qui se passe, Hime ?
_ Je suis soulagée, le rassura-t-elle en souriant. L'enquête avance enfin.
Même si la Kuchiki ne participait pas à la conversation, son soulagement était palpable. Elle se permit même un soupir. Il avait fallu six jours pour enfin trouver une quelconque piste. Rukia espérait vraiment qu'elle mènerait quelque part.
_ Soyons prudents, tout de même, fit-elle en s'approchant du couple enlacé. Attendons d'avoir des nouvelles sûres avant de crier victoire.
_ Pourquoi ça ? s'étonna la rousse en écarquillant les yeux.
_ Il pourrait s'agir tout aussi bien d'un canular, comprit Ichigo. Le ravisseur pourrait faire circuler de fausses rumeurs pour brouiller les pistes.
_ Ce n'est pas impossible, confirma la brune, la mine préoccupée.
Deux heures après la visite de la police, Ichigo se trouvait au château, dans le bureau du duc Hitsugaya. Les deux hommes travaillaient en silence, dans un calme olympien. De temps à autre, les prunelles turquoises du jeune seigneur se posaient sur son régisseur. Il le trouvait nerveux et il le sentait déconcentré.
_ Que se passe-t-il, Kurosaki ? demanda-t-il soudain. Vous semblez à bout de nerfs.
La voix du duc arracha le roux à ses sombres réflexions. Depuis combien de temps était-il perdu dans ses pensées ?
_ Désolé, Votre Grâce, fit le roux, penaud.
Le duc Hitsugaya balaya cette excuse de la main, signe qu'il ne lui en voulait pas. Après tout, qui ne serait pas déconcentré dans une telle situation ?
_ C'est juste que nous avons reçu des nouvelles, apprit-il à son employeur.
À ces mots, le cœur de Toshiro manqua un battement. Quand ? Ce fut sa seule pensée sur le moment. L'inquiétude qu'il éprouvait pour la femme qu'il aimait le tuait à petit feu, l'empêchant même de dormir une nuit entière. Il ne pouvait s'empêcher de penser à ce qu'elle endurait entre les mains de ce fou furieux. Et c'était plus qu'il ne pouvait en supporter.
Lisant clair dans le regard inquiet d'Hitsugaya, Ichigo consentit à lui expliquer plus en détail ce qu'il avait appris.
_ Il paraîtrait que quelqu'un aurait vu Karin accompagnée d'un grand homme brun se diriger vers la capitale. L'inspecteur Hirako et ses collègues tentent d'en apprendre plus mais aucun n'a pu identifier Karin formellement.
_ Vos sœurs seraient donc à la capitale ? s'enquit fébrilement le noble aux cheveux d'argent.
_ C'est une possibilité à ne pas écarter...
Toshiro se sentit mal. Dire que deux jours plus tôt, il se trouvait là-bas. Il sentait coupable, terriblement coupable. Bien sûr, il ne pouvait pas le savoir mais c'était irrationnel. Le jeune seigneur ne se reconnaissait plus. Où était passé son sang-froid et son calme légendaire ? Lui qui ne s'était jamais laissé guider par ses émotions se sentait emporté par la vague qu'elles généraient en lui.
_ Bon sang ! jura-t-il en cognant son poing contre son bureau. À croire qu'il veut nous rendre fou.
Ichigo ne répondit pas mais il pensait à la même chose. Il ne savait pas que cette histoire tenait tellement à cœur au duc pour que cette annonce provoque chez lui une réaction aussi virulente. Il ne connaissait pas du tout Yuzu et il n'avait pas assez fréquenté Karin pour qu'elle lui soit proche.
D'ailleurs, lui-même avait failli tomber dans le piège. La dispute avec Renji lui avait remis les idées en place et il en avait besoin. Le jeune régisseur vit son employeur se lever et se poster devant la fenêtre.
_ Votre Grâce ? l'appela-t-il étonnamment calme.
Toshiro ne l'entendit même pas. Complètement perdu dans ses pensées, il songea soudain à la lettre envoyée par son père post-mortem. Maintenant il en était sûr : tout avait un lien mais ne restait plus qu'à trouver lequel. La situation était encore plus compliquée qu'ils ne pouvaient tous l'imaginer.
_ Comment ai-je pu ne pas y penser plus tôt ? Kurosaki, j'aurai besoin de votre avis sur ceci, fit le duc en sortant une feuille de papier de sa redingote.
_ Qu'est-ce que c'est ?
_ Lisez, vous comprendrez.
Ne comprenant pas du tout où le duc Hitsugaya voulait en venir, le jeune homme roux prit la feuille et commença à la déchiffrer. Plus il avançait dans sa lecture, plus sa stupeur grandissait. Que cela voulait-il dire ? Le vieux duc était mort depuis plusieurs années alors, comment pouvait-il tenir une lettre venant de lui ? Ichigo la relut une deuxième fois pour être certain d'avoir bien lu.
_ Vous n'êtes pas fiancé ? Mais comment...
_ Je suis comme vous, je ne sais pas, le coupa Toshiro en soupirant. Mais j'ignore comment rompre ces fausses fiançailles.
En effet, ce n'était pas une situation simple à gérer, songea le roux. L'engagement a été rendu public et il fallait une bonne raison pour qu'un homme puisse rompre des fiançailles. Seule la femme pouvait faire une telle démarche, sans forcément donner d'explication. Cela n'arrangeait pas vraiment les affaires du jeune duc.
_ Une chose est sûre : vous devez absolument ouvrir le coffre que vous a indiqué votre père, fit remarquer Ichigo sans lever la voix.
Les murs avaient des oreilles et dans une situation comme celle-ci, on ne pouvait pas vraiment savoir à qui se fier.
_ Je le ferai quand je serai certain d'être seul, annonça le duc en rangeant la lettre à sa place. Ne dites rien à personne, moins il y a de gens au courant, mieux ça vaudra.
Ichigo hocha la tête pour montrer son assentiment. En effet, si une telle chose était découverte, on pourrait vouloir se débarrasser de cette preuve à tout prix. Il ne dirait rien non plus à Orihime : elle avait suffisamment de choses à gérer comme ça sans se préoccuper en plus des soucis du noble aux yeux turquoises. Il s'en chargerait lui-même.
À quelques kilomètres de là, les inspecteurs Hirako et Sarugaki se trouvaient sur le chemin pour se rendre chez l'employeur de l'aînée des jumelles Kurosaki. Il était le dernier à l'avoir vue vivante et les deux officiers espéraient qu'il pourrait leur apprendre quelque chose. Ils arrivèrent devant un grand manoir très bien entretenu entouré d'un magnifique jardin.
En les voyant arriver, les domestiques eurent une étrange attitude. Ils firent comme si ils ne les avaient pas vus. Hiyori jeta un coup d'oeil entendu à son coéquipier qui comprit où elle voulait en venir : cette demeure n'était pas celle qu'elle paraissait être, au premier abord.
Alors qu'ils approchaient du perron, un homme sortit de l'habitation et les attendait avec le sourire.
_ Bienvenue dans ma demeure, venez, entrez donc, les invita-t-il d'un mouvement de bras.
_ Merci, Monsieur, fit Shinji en lui emboîtant le pas.
Celui qu'ils supposaient être le maître de maison les conduisit dans un dédale de couloir avant d'arriver dans une pièce lumineuse. Ce devait être le salon, songea distraitement la blonde. Cet endroit était vraiment agréable à regarder : une grande cheminée trônait entre les deux fenêtres, deux fauteuils de couleur chocolat étaient disposés de part et d'autre d'un immense canapé de la même couleur. Les murs parmes donnaient une atmosphère très reposante. Un tapis de grande facture se trouvait devant le canapé. Un vrai nid douillet.
_ Je suis l'inspecteur Hirako et voici l'inspecteur Sarugaki, les présenta brièvement le policier. Nous avons quelques questions à vous poser, Monsieur Hinamori.
_ Je vous écoute, inspecteurs, accepta-t-il en prenant place dans un fauteuil. Asseyez-vous, je vous en prie.
Les deux officiers obtempérèrent calmement. Hiyori posa la première question en fixant l'homme assis non loin d'elle.
_ Je crois savoir que parmi vos employés, il y avait une jeune fille du nom de Yuzu Kurosaki. Cela vous dit quelque chose ?
Le père de la future duchesse fit mine de réfléchir quelques instants à la question posée. Il prit un visage étonné puis demanda :
_ Bien sûr, elle était très timide et parlait très peu, je me suis toujours demandé pourquoi. Il lui est arrivé quelque chose ? Cela fait un certain moment que ma gouvernante ne l'a pas vue ici.
_ En effet, acquiesça la jeune femme. Depuis combien temps n'est-elle pas revenue travailler ?
_ Environ trois mois, je crois.
Tout concordait, songea Shinji. Il fallait jouer la carte de la prudence, après tout il était un suspect comme un autre.
_ La jeune Yuzu a été enlevée par quelqu'un, il y a quelques mois, annonça l'officier en observant les réactions du maître de maison.
L'homme semblait choqué, peut-être qu'il n'était pas au courant. Il se leva et se posta devant la fenêtre ouverte.
_ Je ne m'attendais pas à une chose pareille, souffla l'employeur de Yuzu abattu.
_ Elle vous a semblé tendue, nerveuse, la dernière fois que vous l'avez vue ici ?
_ Elle était égale à elle-même, se souvint-il. Mais je crois me rappeler qu'à un moment, elle s'était retournée vivement et semblait comme effrayée.
Voilà qui était intéressant... Mais qu'est-ce qui pouvait bien lui avoir fait peur ? Mais ils n'avaient terminé de lui poser des questions.
_ Saviez-vous que Yuzu avait une sœur jumelle ? questionna la blonde.
_ Une sœur jumelle, non je ne crois pas qu'elle l'ait jamais mentionnée, réfléchit le maître de maison à voix haute. Ça ne me dit rien, en tout cas. Pourquoi ?
_ Karin Kurosaki a été enlevée par la même personne, il y a environ une semaine, fit Hirako, le visage neutre.
_ Deux sœurs enlevées ? Mais c'est terrible ! s'écria l'homme. Croyez-vous que quelqu'un voudrait se venger de leur père ou d'une autre personne de leur famille ?
Ce pouvait être une piste à suivre mais les deux policiers étaient convaincus que c'était beaucoup plus compliqué que ça. Après tout, dans une des lettres de menace reçues par les Kurosaki, le ravisseur s'adressait directement au duc Hitsugaya. Mais une chose les frappa de plein fouet : la fille de leur hôte était fiancée avec lui.
_ Vous connaissez le duc Hitsugaya ?
Le père de la future duchesse posa ses yeux marrons sur le visage du policier. Il paraissait ne pas comprendre le changement de conversation. Mais il répondit néanmoins à la question :
_ Bien sûr, c'est le fiancé de ma fille Momo. Pourquoi me demandez-vous ça ?
_ Dans une des lettres de menace reçue par le père des disparues, le ravisseur s'adressait directement à lui, lâcha Hiyori.
La nouvelle étonna Monsieur Hinamori mais il reprit bien vite ses esprits.
_ C'est ridicule, lança-t-il sur un ton définitif. Je sais que mon futur beau-fils connaît la jeune Karin car ma fille m'a dit que le duc lui avait accordé une danse lors du bal. Mais ils ne sont pas liés plus que ça.
Hiyori et Shinji se levèrent, n'ayant plus aucune question à lui poser pour le moment.
_ Nous allons vous laisser et surtout si vous vous souvenez de quoi que ce soit, un détail même insignifiant, n'hésitez pas à nous appeler, fit l'inspecteur Hirako en tendant une carte où étaient notées ses coordonnées. Merci de nous avoir reçus.
_ Bien sûr, au revoir, inspecteurs.
Le père d'Hinamori appela un domestique pour les raccompagner à la porte. Une fois les policiers partis, il quitta son expression triste et sourit sadiquement. « Oh non, mes petits policiers, vous ne les trouverez pas aussi facilement. Ce ne serait pas drôle, sinon. » Sur cette pensée réjouissante, il appela un de ses hommes de main d'un ton sec :
_ Kaname ?
Le sbire entra dans la pièce en refermant la porte derrière lui. Il s'agenouilla devant lui et dit, la voix qu'il voulait assurée :
_ Maître ?
_ Ils sont partis ?
_ Oui, Maître, répondit obligeamment Kaname. Que dois-je faire, à présent ?
Lentement, le sourire sadique du ravisseur des jumelles s'affadit pour finalement disparaître totalement. Il tourna le dos à son employé et soupira.
_ Nous retournons au repère, ce soir, annonça-t-il de sa voix mielleuse. Nos invitées me manquent un peu, je dois dire.
Sur un rire machiavélique, il sortit de la pièce pour tout préparer, suivi discrètement par Kaname qui n'en menait pas large. Plus le temps passait, plus il se disait que rien de bon ne sortirait de cette histoire. Mais il suivrait cet homme jusqu'au bout, sa loyauté était sans faille.
Sur le chemin du retour, Shinji réfléchissait. Décidément, quelque chose clochait mais il ne savait pas encore quoi. L'homme avait été aimable, accueillant... voire même trop. Or généralement, quand la police se pointait chez vous, ce n'était pas une partie de plaisir. Cela annonçait quasiment toujours une mauvaise nouvelle.
_ Qu'est-ce qui se passe, Shinji ? T'as l'air bizarre, remarqua son équipière.
_ Quelque chose me gêne chez ce type, grogna-t-il en se tapant le front.
_ Je suis d'accord, acquiesça la jeune femme. Il y a un je-ne-sais-quoi chez lui qui m'a mise mal à l'aise.
De plus en plus bizarre... Hiyori n'était pas du genre à être si facilement perturbée. Au contraire, avec son fort caractère, elle ne se laissait pas faire et elle savait être ferme.
Il en faisait souvent les frais d'ailleurs, songea-t-il avec amusement. Oh oui, Hirako en bavait avec elle mais elle était la meilleure partenaire qu'il avait eu. Le blond ne comptait plus les coups de poings que sa collègue lui avait envoyés dans la figure quand il l'énervait.
_ Je l'ai remarqué aussi, renchérit Shinji, l'air préoccupé. Mon instinct me dit qu'il en sait plus que ce qu'il dit.
Hiyori regarda son équipier en biais. Combien avaient-ils résolu d'affaires grâce à l'instinct du blond ? La jeune femme ne saurait le dire exactement. Elle avait même l'impression de connaître la suite, qui ne tarda pas.
_ Les gens trop gentils, je ne peux pas les voir en peinture, il faut enquêter sur lui.
Voilà, qu'est-ce qu'elle disait ! La Sarugaki réprima un soupir et opina du chef. Oui, ils devaient enquêter, quelque chose de louche se tramait et elle avait bien l'intention de savoir de quoi il s'agissait.
_ On retourne au poste, annonça Hirako d'une voix tendue.
_ Allons voir ce qu'il nous cache, ajouta Hiyori avec un air entendu sur le visage.
Les deux policiers avaient la même expression, signe que les choses commençaient sérieusement à bouger. Mais sans preuve, ils ne pouvaient rien faire malheureusement. Toutefois, ils n'étaient pas inspecteurs pour rien, s’il y avait quelque chose à trouver, ils le trouveraient. Peu importe le temps que cela prendra.
Dans le bureau ducal, le temps n'était plus au travail. Ichigo et le duc réfléchissaient ensemble sur les événements de ces dernières semaines. Enfin, même si plus ils y pensaient, plus les évènements se mélangeaient dans leur tête.
_ Pourquoi m'avoir montré cette lettre ? questionna le régisseur.
_ Une chose me turlupine, à propos de ça, avoua Toshiro, la mine sombre. Je ne sais pas trop comment expliquer ma pensée mais je crois que ma fiancée pourrait être mêlée de près ou de loin à cette histoire.
Le jeune homme roux écarquilla les yeux devant la réponse incroyable de son seigneur. Comment pouvait-il imaginer une chose pareille ? La future duchesse n'était pas si stupide !
_ Qu'est-ce qui vous fait dire ça ? reprit-il calmement.
_ Trop de coïncidences. Quand je me suis fait cambrioler, il a fallu qu'elle le soit aussi. Elle a voulu changer la date du mariage pour une raison connue d'elle seule, et que sais-je encore...
Oui mais ça ne voulait pourtant pas forcément dire que Hinamori avait quelque chose à voir là-dedans. Puis une chose lui revint à l'esprit : il était vrai que, depuis que le duc Hitsugaya avait rencontré Karin, sa promise se montrait beaucoup plus empressée auprès de son ducal fiancé. Et depuis son enlèvement, les visites avaient augmenté jusqu'à devenir journalières. Pas normal.
Ichigo commençait à comprendre pour quelle raison le jeune duc pensait ainsi. Peut-être voulait-elle éliminer celle qu'elle considérait comme une rivale sérieuse ? Enfin, c'était stupide de sa part, Karin était la fille illégitime d'un seigneur sans titre de noblesse. Si le duc Hitsugaya épousait sa sœur, il ferait une mésalliance. « Oui mais les sentiments ne se commandent pas » lui asséna sa conscience.
_ De plus, je me dois de vous avouer quelque chose, souffla le duc, la tête baissée. Je pense savoir pourquoi ma fiancée aurait pu commettre ce crime, d'une manière ou d'une autre.
_ Ah bon ? Et pourquoi ?
Toshiro inspira profondément, ne sachant comment avouer ses sentiments profonds pour une autre femme que sa promise. Et le fait que ce soit la jeune sœur de son régisseur ne lui facilitait pas la tâche, c'était le moins que l'on puisse dire. Surtout connaissant le côté ultra protecteur de son caractère...
Enfin, il fallait bien qu'il se jette à l'eau, un jour, non ? Autant aller jusqu'au bout, à présent, il n'avait plus rien à perdre.
_ Ma fiancée a dû s'apercevoir de mes sentiments pour une autre qu'elle.
Quoi ? Le duc Hitsugaya, que l'on disait froid et sans sentiment était amoureux ? Mais de qui ? Qui avait réussi l'exploit de passer à travers la barrière de glace autour de son cœur ? Ichigo n'eut pas à attendre longtemps avant d'entendre le nom de cette personne. Mais ce qu'il entendit le cloua sur place.
_ Il s'agit de votre sœur, Karin.
Alors là, si le régisseur s'attendait à ça ! Bon sang ! Il avait dû mal entendre, ce n'était pas possible. S’il n'avait pas été assis sur la chaise, il en serait tombé de saisissement.
_ De Karin ? Mais enfin... depuis quand ?
Toshiro ne pouvait pas dire qu'il ne pensait pas à cette réaction. Après tout, même lui avait encore du mal à s'y faire. Lui, tomber amoureux d'une fille sans naissance, illégitime de surcroît ? Si on lui avait dit une chose pareille, trois mois auparavant, il ne l'aurait pas cru. Mais les faits étaient là.
_ Donc vous croyez que mademoiselle Hinamori aurait pu vouloir se débarrasser de ma sœur uniquement par jalousie maladive ? fit le roux après quelques instants de silence.
_ Ce n'est pas impossible, soupira le noble aux cheveux d'argent. Après tout, personne n'ignore qu'elle ne désire que mon titre et rien d'autre. Elle veut accéder au rang de duchesse à tout prix donc elle pourrait être capable d'agir ainsi pour éliminer une menace potentielle.
Mais le problème pour elle, c'était que si tout ça s'apprenait dans la haute société royale, il y aurait scandale et elle pourrait tout perdre. Y compris son fiancé, car il n'allait pas se marier avec une femme coupable d'une telle ignominie. L'honneur et le nom du duc Hitsugaya en serait terni à jamais.
_ Vous croyez qu'elle prendrait le risque de tout perdre ?
_ Allez savoir ce qui se passe dans sa tête.
Puis le roux se souvint de ce que son meilleur ami avait dit à propos de cette histoire et du duc Hitsugaya. Maintenant qu'il connaissait les sentiments que le noble aux yeux turquoises nourrissait pour la plus jeune de ses sœurs, les paroles de Renji prenaient un sens.
_ D'autant plus que le vicomte Abarai pense que vous êtes une des raisons principales pour laquelle Karin aurait été enlevée, donc cette histoire de jalousie pourrait fonctionner, réfléchit-il à voix haute. Je ne vois pas non plus pour quelle autre raison le ravisseur se serait adressé à vous dans une de ses lettres.
_ J'ai toujours trouvé ça étrange, moi aussi, avoua le duc, pensif. Mais tout de même, il faudrait qu'elle ait l'esprit dérangé pour mettre au point un plan aussi sordide.
_ C'est sûr...
Un truc ne collait pas dans cette histoire, pensa Ichigo. Quel rapport avec son autre sœur, Yuzu ? Elle était détenue depuis un moment et elle avait été enlevée bien avant que Karin ne rencontre le duc.
_ Mais dans ce cas, pourquoi ma sœur Yuzu a-t-elle été enlevée aussi ? Vous ne connaissiez pas du tout Karin, il y a trois mois, fit remarquer justement Ichigo.
Son régisseur n'avait pas tort, en effet. Mais tout ce qu'ils avaient imaginé ne fonctionnait plus, du coup. Toshiro serra les poings de frustration.
Soudain, le duc fut pris de vertiges et retourna s'asseoir sur son siège. Un flash était apparu dans son esprit, aussi précis que fugace. Il se revoyait sur une route de campagne portant secours à une jeune paysanne qui lui était rentré dedans. Le visage de la jeune fille le frappa de plein fouet. Bon sang ! C'était Karin ! Il se souvint avoir tenté de la retenir car la souffrance qui émanait de ses yeux faisait écho à la sienne.
Ichigo attendit une réponse mais seul le silence se fit entendre dans la pièce. En y regardant de plus près, le frère des jumelles remarqua que son employeur était complètement ailleurs. Ses pensées l'avaient emmené loin de lui. Puis le froncement de sourcil attira son attention. De quoi avait-il bien pu se souvenir ? Étrange réaction.
_ Votre Grâce ? Tout va bien ?
La voix anxieuse du roux parvint à faire reprendre ses esprits au jeune duc. Toshiro secoua la tête et ancra son regard turquoise dans les prunelles noisettes d'Ichigo.
_ Je crois savoir ce qui s'est passé, avoua soudain le seigneur.
Il tapa son front de sa main en fermant ses yeux. Maintenant qu'il y pensait, peut-être que tout était parti de cet instant.
Parce que, s'il se souvenait bien, Hinamori était avec lui à ce moment-là mais elle avait été retardée à cause de sa jument blessée. Elle avait très bien pu voir la scène de loin et ainsi mener sa petite enquête quand Ichigo avait retrouvé ses sœurs.
À cet instant, sa fiancée avait dû se souvenir du visage de la brune et elle avait fait le lien. Après cela, il ne lui était pas difficile de retrouver la jeune Yuzu et de l'enlever pour attirer leur attention. Tout se tenait mais il fallait à présent en avoir la preuve.
_ Je crois avoir découvert d'où toute cette histoire est partie, ajouta-t-il en levant les yeux au ciel. Je viens seulement de m'en rappeler à l'instant.
_ Je ne comprends pas, lança Ichigo perplexe. Qu'est-ce que vous voulez dire ?
Non, Ichigo ne voyait vraiment pas où le duc Hitsugaya voulait en venir. Il avait beau se creuser la tête mais il ne trouvait pas d'explication. Pourquoi était-il aussi sûr de lui ?
Toshiro expliqua tout ce qu'il avait découvert. Il ne savait pas comment le Kurosaki prendrait ça mais le plus important pour l'instant était de le mettre au courant de ses hypothèses. À la fin de son récit, le jeune seigneur était légèrement essoufflé mais il guetta la réaction de son régisseur.
Il ne le déçut pas, la surprise la plus totale se peignait sur son visage. En même temps, il le comprenait. Tous ces événements avaient le don d'être difficiles à lier entre eux. Comment auraient-ils pu imaginer une telle situation ?
_ Vous dites que... vous avez rencontré... Karin il y a deux ans ? balbutia le jeune homme roux, choqué. Je ne savais même pas que j'avais des sœurs, à cette époque, rappela-t-il. Vous êtes vraiment sûr que c'était bien elle ?
_ Certain, confirma le duc sur un ton catégorique. Son visage m'est apparu très clairement et j'ai vraiment reconnu votre sœur.
Eh bien ! Si Ichigo s'attendait à une chose pareille ! Cette histoire était complètement folle ! Comme quoi, le monde était vraiment petit...
En tout cas, cette hypothèse tenait vraiment la route, ils tenaient enfin quelque chose. Il ne restait plus qu'à le prouver mais Toshiro avait sa petite idée sur la façon dont ils allaient procéder. Il allait pousser Hinamori dans ses derniers retranchements, en espérant que ça marcherait. Il se hâta d'expliquer son plan à son régisseur qui ne manqua pas une seule parole.
_ Il faut que ça marche !
Le duc esquissa un léger sourire devant la confiance de son employé. Mais soudain, le sourire d'Ichigo disparut comme il était arrivé et il se mit à fixer Toshiro sérieusement. Il avait deux ou trois choses à lui dire et ça ne pouvait pas attendre.
_ Votre Grâce, je dois vous parler de Karin.
Toshiro hocha la tête pour lui montrer qu'il avait toute son attention.
_ Vous savez, je ne peux rien faire contre vos sentiments pour elle mais elle reste ma petite sœur. Si un jour vous la faites souffrir, duc ou pas, je vous le ferai payer.
Le duc écarquilla les yeux devant les paroles du roux. Est-ce que cela voulait dire qu'il ne s'opposerait pas à ce qu'il se déclare à Karin ?
_ Mais vous devrez demander l'accord de mon père.
Il avait sa réponse. Pas de la manière la plus orthodoxe qui soit mais c'était tout comme. Il s'en contenterait en tout cas.
_ Merci Kurosaki.
Cette mise au point enfin faite, les deux hommes se remirent au travail. Une montagne de documents les attendait et cette discussion leur avait fait perdre un temps précieux. Un léger sourire flottait sur les lèvres du duc, heureux d'avoir enfin pu se confier à quelqu'un et d'avoir mis les choses au clair.