Il voyait l'avenir, elle, elle le voyait lui.

Chapitre 1 : Un question/réponse face à un médium.

2933 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/02/2016 23:30

Nom: Wallenstein

Prénom: Abigail

Étoile: Sirius

Âge: 17 ans

Yeux: Bleus

Cheveux: Noirs

Taille: 1m50

 

Nom: Caelfhionn

Prénom: Caelan

Étoile: Sirius

Âge: 18 ans

Yeux: Marrons

Cheveux: châtains à reflets roux.

Taille: 1m69

 

   

Abigail était une fille aux longs cheveux noirs, et aux yeux bleus à l’air timide et innocents. Elle parlait quand ça la prenait, et vivait comme dans son monde, n’écoutant que quand ça lui chantait. Parce que l’ambiance de sphere music hall lui semblait chaude et compréhensive même envers les gens reculés comme elle, elle s’y rendait tous les samedis soirs. C’est lors d’une de ces soirées, que le récit prend racine.

   La noiraude, appuyée contre le table d’un léger buffet scrutait la salle de ses iris qui semblaient joncher le monde, d’une intensité sans pareille. Elle fut réveillée de sa transe, lorsqu’une jeune fille plus grande qu’elle, dans une robe beige et dorée, dans le style victorien, à la chevelure châtain aux reflets roux posa une chaste main sur son épaule.

-Je me demande toujours à quoi tu penses, quand tu es dans cet état., s’amusa-t-elle, la fixant de ses yeux marrons rieurs.

-Je ne le sais…, confia la petite, en haussant doucement les épaules. Mon esprit les efface à chaque fois que je suis interrompue.

-L’étrangeté est vraiment ton trait de caractère dominant., charria l’autre, en souriant.

Elle ne répondit pas, les doigts resserrés sur le bord de table. Elle se remit à détailler de haut en bas la salle, sous toutes les coutumes, lorsqu’elle dériva sur le diseur de bonne aventure, lisant l’avenir à un jeune garçon à l’air d’un domestique de mauvaise classe, les yeux remplis d’espoir lorsqu’il parlait.

-Tu devrais aller le consulter, au moins qu’il connaisse ton existence., conseilla Caelan, gentiment.

Au moment où elle lui parla, il termina son entretien avec le pauvre enfant, se redressant sur sa chaise. Il tourna son regard émeraude vers les deux nobles, le dérivant sur la plus jeune. Esquissant un léger sourire, faisant signe à Abigail de s’approcher, cette dernière hésita. Poussée finalement par son amie, lentement, elle alla jusqu’à lui, s’asseyant en face de Bravat qui la détaillait, les jambes croisées.

 

{Je suis venue pour te rejoindre, toi tu n’as pas voulu me voir;

Pour ce marin sur son navire, il sera vieux le port ce soir.}

 

-Vous avez une envie dévorante de vous asseoir ici depuis plusieurs samedi soir, mais vous ne le faites pas., cerna-t-il, sur un ton presque doucereux. Voulez-vous que je vous lise votre avenir?

-C’est vous le médium, non?, rétorqua-t-elle, légèrement distante.

Il attrapa un coupelle d’eau, dans un petit rire, puis une aiguille, tendant sa main pour qu’elle lui donne son poignet.

-Le terme n’est peut-être pas le plus juste, mais c’est une bonne réponse., tonna-t-il, se penchant légèrement.

Timidement, elle osa lui donner ce qu’il voulait, légèrement méfiante sur le coup. Il lui piqua le doigt, laissant le sang se propager dans la clarté de l’eau. Après quelques instants, ses iris s’illuminèrent, puis il releva la tête vers elle.

-Vous êtes sous la protection de l’étoile Sirius., informa-t-il, plus bas. Un cas très rare, vous savez. C’est vraiment exceptionnel!

-Ah., commenta-t-elle, passive, alors qu’il passa un bracelet autour de son poignet.

Il laissa encore se propager le liquide rougeâtre, en ne perdant pas son air rieur, presque provocateur.

-Votre avenir… Est un peu trouble., souffla-t-il, sans arriver à déceler. Je ne peux voir qu’une chose, le futur amoureux. C’est étrange…

Elle déglutit difficilement, en détournant le regard de cet homme.

 

{Tant pis nos amours échoués, quelle ironie onze septembre;

L’Amour est juste à accepter, pas à comprendre…}

 

Il releva les yeux vers elle, remarquant facilement son malaise soudain. Elle devait savoir à quoi il faisait allusion.

-Vous allez changer pour cette personne, parce qu’elle vous le demandera., continua-t-il, sans prendre en compte son état. Vous allez souffrir…

Il se pencha soudainement sur elle, à quelques millimètres de son visage, la faisant rougir fortement. Sa respiration se mêla à la sienne, progressivement.

-Mais vous allez aimer souffrir., conclut-il, d’une traite.

Elle se plaqua contre le dos de la chaise, désemparée. Il était complètement malade, ou quoi? Certes, elle l’aimait en secret, mais…

   Il eut un ricanement, en voyant son soudain état, puis se recula alors.

-Vous savez de qui je parle., affirma-t-il, en posant la tasse sur la petite table à côté. Ou plutôt, de quoi, n’est-ce pas?

En la voyant ne pas répondre, cela confirma ses légers doutes.

-Revenez me voir, à la fin de cette soirée., proposa-t-il, ayant visiblement une idée derrière la tête. J’ai encore des choses à vous dire, sans que la foule ne soit là.

Elle se leva d’une traite, aussi rouge qu’une tomate trop mûre. Comme un pivoine. Il semblait satisfait de l’état dans lequel il l’avait laissée. Abigail rejoignit son amie qui l’attendait, prenant une coupe entière de vin bon marché traînant par là.

-Ça avait l’air intense, entre vous., remarqua la plus âgée.

 

{Les rues sont mortes et moi je meurs de les voir mortes autant que moi;

Et le vent porte sur les écumes des voiliers blancs au fond des gares.}

 

-Il t’a dit quelque chose de particulier, pour tu boives alors que tu détestes ça?, renchérit-elle, en l’attrapant par les épaules et la retourna face à elle.

Elle secoua la tête vivement, bien décidée à ne pas en parler. Remarquant le bracelet qu’elle portait, Caelan se réjouit soudainement.

-Oh, Sirius! Tout comme moi, Abigail!, s’exclama-t-elle, rayonnante. C’est pour cela qu’il avait l’air heureux, au début! C’est tellement rare!

-Si c’est ton point de vue, Caelan…, murmura-t-elle, prenant une seconde coupe, cette fois-ci de champagne. Moi je trouve qu’il y en a un peu trop ici pour de la rareté.

-Tu es trop pied à terre, c’est désespérant., se désola-t-elle, soupirante.

 

{Le regard sur le téléphone, non je n’aurai plus de nouvelles que l’incompréhension des yeux;

Des religieux perdant le ciel.}

 

La noiraude sentait l’euphorie qui lui montait à la cervelle, elle ne tenait vraiment pas l’alcool. Au loin, Bravat fermait son “stand”, voyant qu’il n’était plus l’heure de nourrir les espoirs pour cette soirée. Terminant tout ceci, il se décida de retourner parler avec cette fille à qui il avait fait signe plus tôt, ayant une folle envie d’en savoir plus sur ce qu’elle renfermait. La repérant au même endroit qu’à chaque fois, il s’approcha pas à pas.

   Perdant un peu l’équilibre, la chaleur artificielle provoquée par ce liquide se propagea dans son sang. Son amie aux cheveux châtains tenta de la retenir, mais elle en avait trop abusé, vulnérable. Ratant à la rattraper, Caelan s’attendit à ce qu’elle tombe, mais ce fut le rouquin qui fut là pour l’en empêcher.

 

{Les avenirs perdent futurs et les présents jamais ne durent;

Les amours conjuguent au passé “Quiconque a cru qu’ils s’aimeraient?”}

 

-Oh, quelle chance que vous étiez là!, remercia la plus âgée, se précipitant à son “chevet”.

La redressant un peu, le médium la laissa lui tomber dans les bras. Elle ne réalisait pas encore qui venait de lui éviter la chute.

-Excusez-moi, mais j’aimerais vous l’emprunter., quémanda-t-il, en dévisageant la noble. Puis-je?

-Je ne suis pas celle à qui il faut demander, mais dans mon avis personnel, je peux vivre sans sa compagnie le temps de quelques instants au moins., répliqua-t-elle, en tournant les talons, rejoignant un groupe de quatre personnes discutant entre elles.

Satisfait d’être enfin tranquille, il lui saisit la main, la remontant, puis passa un bras autour de sa taille. Ses yeux voyaient troubles, se stabilisant après plusieurs longues minutes.

-Abuser de vin ou d’autres mets tels que cela n’est pas bon lorsqu’on ne sait point se contrôler., fit-il, en la scrutant de ses iris vertes.

 

{Et nous ne nous aimons plus, ou du moins nous l’avons perdu;

L’indestructible que le temps prend plaisir à tuer parfois.}

 

Elle essaya de se dégager, mais une force dont elle ne trouva pas la provenance le retint auprès de lui. Abigail retenait presque son souffle, reprenant conscience au fur et à mesure. Pourquoi ne pouvait-elle pas esquisser un mouvement?

-Savez-vous danser ce que l’on danse ici?, questionna-t-il, doucement.

-Drôle de question, pour quelqu’un qui savait que je traînais par-ci depuis plusieurs samedis soirs., cingla-t-elle, ayant l’air de plaire avec sa réponse.

Il l’entraîna vers l’arrière, en plein sur la piste. Des gens s’y attardaient déjà, que ce soit avec ou sans partenaire.

-Après m’avoir obligée à me saouler au bar, vous venez constater mon état par sadisme ou quiétude?, s’enquit-elle, arquant un sourcil.

Il la fit tourner, son dos se plaquant contre son torse. Il s’approcha de son oreille, attendant quelques instants, avant d’y chuchoter un:

-Un peu des deux, je crois…

Dans un pas réfléchi, il la fit se remettre face à lui. Son visage semblait vraiment ailleurs. Il jouait facilement avec ses nerfs, cela le distrayait.

 

{Pourquoi tu ne veux pas me parler? Tu as sans doute tes raisons…

Ces choses dures à accepter, quand on a perdu la passion.}

 

-Que vouliez-vous me dire d’autre, Bravat?, demanda-t-elle, l’air impatiente. Est-ce pour me torturer encore un peu que vous avez fermé la bonne aventure?

-En partie, oui., confirma-t-il, calmement. Ce que je voulais vous dire?

-Vous l’avez affirmé, il y a moins de vingts minutes.

Un sourire énigmatique étira ses lèvres, tout en bougeant au rythme de la musique desservie ici avec elle.

-Parlez m’en un peu, de cette personne que vous aimez., s’amusa-t-il, la figeant un peu sur place.

Il savait qu’elle pouvait réagir comme ça. Il attendait de pied ferme sa réaction, bien décidé à tout savoir sur quelqu’un qui lui résistait par rapport à sa voyance. Il avait pourtant vu plus qu’il n’en avait dit.

 

{Alors va pour l’indifférence, va pour ces choses qui n’ont de sens,

Que le silence qu’on leur fait dire et les rimmel dans les sourires.}

 

-Alors?, incita-t-il, en se baissant un peu à sa hauteur. Oh, ai-je oublié de préciser que je ne vous lâcherai pas avant d’avoir une bonne réponse?

Elle se tut un long moment. Elle lui trouvait tous les défauts du monde, mais elle ne pouvait se détacher de lui. Étrange, non? Baltringue, plutôt.

-Si vous êtes si silencieuse, je vais faire les questions/réponses., prévint-il, serrant la pression autour de sa taille.

Ils tournèrent, manquant de rentrer dans un couple qui était ivre comme plus possible. Abigail rougissait énormément, devant son attitude.

-Bien… Si c’est votre choix., abdiqua-t-il. Pourquoi réagir d’une telle façon lorsque je vous parle de cette personne?

Elle tourna la tête, refusant de lui dire quoi que ce soit.

-C’est parce que c’est quelqu’un que je connais., rétorqua-t-il, la faisant déglutir. Je peux continuer de cette manière pendant longtemps, vous le savez?

-Pourquoi hésitiez-vous à vous asseoir en face de moi?, renchérit-il, en la voyant enfouir sa tête contre son torse.

 

{La nuit s’agite, on n’est pas quitte,

L’horreur des injures, je te jure, on aurait dû passer tout passer tout ça,

Recoudre un peu nos déchirures.}

 

Non, vraiment, ça l’amusait atrocement le contrôle qu’il avait sur son humeur. Lui relevant le menton avec ses doigts pour qu’elle plonge encore ses pupilles bleus dans les siennes, il riait sous sa cape.

-Je vous en prie, n’y répondez pas…, supplia-t-elle, complètement gênée.

-Comme votre bon gré., abdiqua-t-il, en opinant. Dois-je continuer, ou est-ce suffisant?

Nouveau silence entre eux. Il l’interpréta comme un “non”, mais ne comptait pas se gêner pour continuer à la faire dérailler un peu. Sans prévenir, il la fit tournoyer et basculer en arrière. Il la rattrapa, dans un cambré arrière. Ses deux bras, à cause de la surprise, étaient enroulés autour du cou de Bravat. Le front du rouquin se colle contre celui de sa partenaire, provoquant.

-Et si cette personne était la personne juste en face de vous?, déblatéra-t-il, restant un instant comme ça.

-Que…!

-Je me trompe?, railla-t-il, satisfait. Après tout, non, puisque c’est moi le ‘médium’, n’est-ce pas?

Il reprit la danse. Elle ne parlait plus du tout, se contentant de suivre habilement et parfaitement ses pas.

 

{Mais la mémoire, non, n’est pas neuve, et ma violence n’est pas nouvelle;

Ces écorchures au fond de moi, au goût d’enterrement parfois.}

 

-Lâchez-moi., quémanda-t-elle, un peu sèchement.

-Mais vous n’en avez pas envie., contredit-il, doucement.

Elle ouvrit la bouche pour parler, mais le referma, n’ayant pas le moindre argument contre lui et ce qu’il venait de dire. Il tournoya encore, et elle remarqua qu’ils se trouvaient en dehors de la piste.

-Je ne suis pas quelqu’un qui brusque., confia-t-il, posant une main sur chacune de ses épaules.

Il se baissa à sa hauteur, et déposa un baiser au coin de ses lèvres qui dura quelques secondes. Elle rougissait encore plus qu’avant, puis il descendit ses paumes le long de ses bras, pour entrelacer leurs doigts. Se reculant d’elle, il laissa leur contact glisser, puis il fit fit quelques pas à reculons, avant de la laisser tranquille.

-Bravat…, souffla-t-elle, alors qu’il lui adressa un léger signe de main, disparaissant dans la foule.

Son air énigmatique ne le quitta pas, tandis qu’il l’observait du coin l’oeil.

-Ce n’est que partie remise., promit-il, à demi-voix.

{New-York a mis son manteau blanc, et moi j’ai rangé mes couteaux;

Un jour tu sais, tu reviendras, pour un café ou quoi que ce soit.}

 

Laisser un commentaire ?