L'homme choisit, l'esclave obéit
Dans les profondeurs de son bureau, Andrew Ryan laissait son regard se perdre par une des baies vitrées. La ville semblait endormie. Paisible même. En temps normal, il aurait passé des heures à regarder Rapture. Sa ville. Sa création. Sa seule vision et le salut de l'humanité toute entière. C'était sans doute ce qui se rapprochait le plus d'une fille pour Andrew.
Ryan n'était pas peu fier de son oeuvre. Il avait tant travaillé...quelquefois, il avait même été tenté d'abandonner. Mais il ne l'avait pas fait. Il avait choisi l'impossible et l'impossible s'était révélé possible. Il avait désormais soixante ans. Plus d'un demi-siècle. Il n'était plus un jeune homme.
Ryan pivota pour vérifier si tout était en ordre : la sécurité était bien désactivée, la Vita-Chambre débranchée...parfait. Tout devrait donc bien se passer. Pris d'un dernier doute, il je ta un oeil au compteur de l'antichambre : l'autodestruction serait effective dans une dizaine de minutes. Parfait. Vraiment parfait.
Ryan esquissa un demi-sourire. Il n'avait jamais pensé être si calme à quelques minutes de sa mort. Au moins, il aurait la satisfaction de mourir avant de voir sa ville engloutie à tout jamais. Ryan s'était senti triste lorsqu'il avait du prendre sa décision. Mais il préférait de loin voir Rapture détruite qu'entre les mains d'Atlas. Exactement comme avec son Arcadie à la surface. Les parasites ne méritaient pas de prendre ce que les hommes avaient bâti. Et Atlas...ce dernier était le roi des parasites. Ce qu'avaient fait Atlas et ses acolytes était impardonnable. Au moins, Suchong était déjà mort, massacré par le fruit de ses expériences et Tenenbaum avait pris conscience de ce qu'elle avait fait et tentait de sauver son âme, si tant est qu'elle en ait encore une.
Ryan ne tenait pas vraiment ces derniers pour coupables. Ils avaient suivi leurs idéaux, c'était tout à fait noble de leur part. Non, le seul veritable fautif était Atlas. C'est lui qui avait transformé le rêve qu'était Rapture en cauchemar. Mais il était temps d'intervenir. Bien que ce fumier était insaisissable, il mourrait dans -Ryan jeta un oeil à la minuterie- huit minutes. Huit petites minutes séparaient Atlas de sa fin. Il mourrait avant d'avoir compris ce qui se passait. Il ne fallait surtout pas qu'il mette ses plans à exécution : le nom de Ryan serait souillé, Rapture spoliée. Une goutte de sueur le fit douter un instant mais il haussa les épaules. Dans peu de temps, tout serait fini. Tout le monde mourra, lui-même y compris.
Il alla saisir son club de golf et commenca ce qui devait être sa dernière partie. Et tout en faisant cela, une foule de souvenirs le submergea...