BioShock Beyond – Tome 1 : Une histoire des profondeurs

Chapitre 6 : Épilogue et postface

Chapitre final

1575 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 21/07/2021 16:02

Epilogue

Ryan avait raison, en fin de compte : à Rapture, j’étais devenu un parasite. Nous l’étions tous. Chacun, à notre manière, nous avons suivi les règles perfides de cette ville et nous avions tous perdu. De l’argent, des droits, des libertés, des êtres chers. Tout cela nous avait été confisqué, pris, volé. Nous étions devenus des parasites. Cette ville nous avait transformé. J’avais perdu ma femme à cause d’elle. Mais ce que je ne soupçonnais pas, c’est qu’une autre destinée m’attendait. Que me réservait l’avenir à ce moment-là ? Je l’ignorais. En revanche, quelqu’un d’autre le savait. Un jeune homme, qui allait devenir mon ami. Alan DeWitt.

Notre remontée à la surface avait sonné comme une délivrance, plutôt comme une seconde naissance. Alan m’avait raccompagné jusqu’aux côtes islandaises, à plusieurs kilomètres du phare. C’est sur ces côtes que nous fîmes nos adieux, après qu’Alan m’eut assuré qu’il serait là, si jamais j’avais besoin de lui. Je le croyais sincèrement, mais je pense qu’il savait tout comme moi que mon avenir semblait déjà écrit.

A l’aéroport de Reykjavik, je pris le premier avion pour les Etats-Unis grâce au peu d’argent que j’avais réussi à marchander avec des islandais, qui connaissaient l’existence de Rapture et qui avaient bien voulu m’échanger des dollars rapturiens, que m’avait laissé Alan, contre des couronnes islandaises.

L’arrivée aux abords de mon ancienne demeure fut brutale et choquante à plus d’un titre. Notre maison était en ruine. Tout ce qui restait de mon ancienne vie avait été détruit. En cet instant, ma femme occupait toutes mes réflexions. Que devait-elle penser de tout cela ? Je n’en savais trop rien. La vue de cette bicoque pleine de moisissure me désespérait. A l’intérieur, tout était absolument comme nous l’avions laissé. Comme si le temps s’était arrêté.

Rapidement, je me mis à chercher du boulot et je trouvai un poste dans un chantier de la région en tant que charpentier. J’appris sur le tas tout ce qu’il fallait savoir sur le métier, ce qui me fut fort utile pour m’occuper de ma maison. En moins d’un an, j’avais réuni le savoir et les matériaux nécessaires pour rénover notre maison.

En 1960, alors que je travaillais sur la rénovation du toit, un étranger vint me voir pour discuter. Il était accompagné d’une petite fille, toute timide, à la robe bleue, presque en lambeaux et au visage barbouillé de crasse. Malgré les horreurs qu’elle avait dû vivre, elle avait le regard doux et tendre. Ces cheveux bruns et bouclés dépassaient çà et là de sa queue de cheval.

Cette petite fille, je l’avais déjà vu. A Rapture, en 58. J’étais au bar avec Booker DeWitt, quand nous avions aperçu deux petites filles, traînant pas loin de l’entrée, l’air paumé. Quand nous avions voulu nous approcher, elles s’étaient enfuies, de peur que nous leur voulussions du mal. L’une d’entre elles avait retrouvé Booker quelque temps plus tard et il l’avait adopté. Elle s’appelait Sally. Quant à la deuxième petite fille, je l’avais revu traîner du côté de mon ancien atelier photo. Je n’avais pas osé l’approcher à nouveau. Puis, je l’avais perdu de vue. Jusqu’à ce que cet inconnu se montre devant chez moi.

Il portait un vieux pull à col roulé blanc avec des motifs géométriques et un pantalon tout usé. De grosses cernes avaient élu domicile sous ses yeux et il paraissait avoir vécu l’enfer. Il n’en fallu pas plus pour que je comprenne quelle ville il avait visité ces derniers temps. Il se présenta comme un certain Jack Ryan. Il me demanda d’abord s’il ne s’était pas trompé d’endroit, avant de m’expliquer ce qu’il avait vécu. Une histoire pour le moins rocambolesque, qui raviva cependant des souvenirs en moi. Qui plus est, je compris enfin que Sullivan avait raison sur toute la ligne : Andrew Ryan avait eu un fils. D’après ses dires, Rapture avait atteint les sommets de la déliquescence. Je n’osais imaginer à quoi elle pouvait ressembler à ce moment précis.

Quand il eut fini son histoire, il invita la petite à sortir de la maison (si on pouvait appeler cela une maison) avant de me demander avec humilité de m’occuper de l’enfant. Je crus d’abord que je n’en serais pas capable, mais il insista, en disant que c’était elle qui avait voulu venir ici. Cette idée me touchait profondément, mais je me demandais sincèrement si j’étais fait pour cela. Je n’avais jamais pu fonder de famille. Mais après tout, m’occuper de cet enfant, n’était-ce pas cela, mon destin ? Je compris alors que quoique je fasse, notre destin à tous les deux étaient de rester ensemble. Mon avenir n’était pas dans une vie faite d’honneur et de gloire, mais dans une vie simple et heureuse.

Et ainsi, j’acceptai sa demande, avant qu’il ne reparte vers d’autres horizons, laissant derrière lui cette petite fille esseulée. Je me penchai alors vers elle et me mis à genou. Son visage laiteux, qui n’avait jamais connu la douceur des rayons du soleil, reflétait avec ardeur l’éclat de l’astre de jour. Lorsque je lui demandai son prénom, elle me répondit qu’elle s’appelait Sarah.

Sarah. Je venais enfin d’élucider un autre mystère. La Sarah qu’Alan m’assurait avoir inventé, son amour impossible, existait bel et bien, mais pas du tout comme je l’imaginais. Après avoir lâché un sourire, je lui répondis que son prénom était magnifique. Et nous rentrâmes à la maison.

Les années passèrent, Sarah grandit, en essayant de ne plus penser à l’enfer qu’elle avait laissé derrière elle. Quant à moi, malgré mes réticences, je réussis à retrouver l’amour auprès d’Helena, qui devint ma compagne en 1972. Nous formions enfin une vraie famille. Comme toutes les filles, Sarah finit par quitter la maison familiale vers de nouvelles aventures. Après des années d’études, elle devint une parfaite ingénieure dans la Navy. Helena et moi étions des parents comblés. Puis nous devînmes des grands-parents accomplis.

Mais plusieurs années plus tard, nous fûmes contactés par des femmes qui disaient être d’anciennes amies de Sarah. C’étaient les anciennes Petites Sœurs, que Jack avait recueillies. Il était mourant : les plasmides qu’il avait ingérés et les modifications génétiques qu’il avait subies étant enfant avait affecté son métabolisme à long terme. Nous nous rendîmes sans tarder à l’hôpital dans lequel il se trouvait. Lorsque nous pénétrâmes dans la chambre, ses quatre petites filles tenaient chacune entre leurs mains l’un de ses doigts tremblants. Le pauvre homme était désormais bien vieux. Mais il était heureux. C’est cela qui importait, après tout.

Sarah et les filles se regardèrent, avec les yeux embués, pendant plusieurs secondes, qui parurent une éternité. Comme un flottement dans l’espace-temps. Finalement, elle se décida à les rejoindre et attrapa délicatement le poignet tatoué de Jack. Il se réveilla pendant quelques instants pour la regarder. Pour jeter un œil à celle qu’il avait sauvé d’une existence sans but. Elle lui sourit, il lui sourit en retour. Ils n’avaient pas besoin de parler. Puis, en fermant les yeux une dernière fois, il rendit son dernier souffle. Il quitta ce monde. En paix.


Postface

Cette histoire, dont j’ai imaginé les prémices, et à laquelle j’ai continué de réfléchir au fur et à mesure que j’écrivais, a pour héros des personnes originaux, qui sont inspirés d’autres personnages de la saga. Elle prend pour base à peu près tous les éléments canons ou semi-canons de la saga, c’est-à-dire Bioshock, Bioshock 2 et Bioshock Infinite, ainsi que toutes leurs extensions, mais aussi le livre Bioshock : Rapture. J'ai tout de même essayé de faire en sorte que les actions de mes personnages n'entrent pas en contradiction avec des éléments déjà établis dans la mythologie de la saga.

Cependant, n’ayant pas trouvé de réelle carte précise de Rapture et totalement canon, j’ai dû improviser quant aux emplacements de l’histoire et j’ai pris quelques libertés avec les déplacements et les moyens de transport au sein de Rapture.

Bioshock est une saga que j’adore au plus haut point, j’espère donc lui avoir rendu hommage avec cette petite histoire. A vous de la considérer comme canon ou non. J’espère en tout cas qu’elle vous a plu.

Maintenant, pourriez-vous laisser un commentaire pour dire ce que vous en avez pensé ou ce que vous trouvez bon et ce que vous trouvez à améliorer, je vous prie ?

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