WILD GOTHAM 3 : LE SOURIRE DU FOU
De l’eau. Il baignait dans de l’eau. Sa mère une baptiste assidue ne lui avait jamais mentionné cela, que se soit au paradis ou en enfer. Batman ouvrit les yeux afin d’en savoir plus, et vit apparaitre malgré l'obscurité des stalactites. Ainsi il se trouvait toujours dans les souterrains du comté, et était par conséquent en vie. Avec tous ce qu’il venait de vivre, il ne savait pas trop quoi ressentir. Alors il s’accrocha à sa logique et son sens de l’organisation.
De quoi son corps était-il encore capable ? Se redresser ? Oui. Se tenir debout ? Oui. Bouger les bras ? Oui. Maintenant il fallait passer à l’environnement. Sa ceinture en plus des divers gadgets contenait une sorte de nécessaire de survie comprenant entre autre un briquet, et des bougies. Batman éclaira l’endroit. Il s’agissait d’une sorte de petit lac souterrain.
« Enfin réveillé ! »
Batman se retourna et vit le corps du Joker disloqué sur des rochers. Était-ce une ruse ? Non un os ressortait de sa jambe gauche. L’un de ses bras formait en angle droit vers l’arrière. Sa tête était presque retournée. Même paralysé, totalement impuissant, le Joker ne perdait rien de son éclat. On avait même l’impression, qu’il menait encore le jeu. Il continua à parler avec familiarité, comme s’il s’adressait à un vieil ami.
« J’ai même cru que t’étais mort l’espace d’un instant. Partir sans moi quelle impolitesse. Mais bon je sais maintenant que nous mourrons ensemble. »
« Personne ne mourra. »
« Tu sais très bien que la grande faucheuse n’est pas loin. Arrêtes de mentir à toi-même. »
« Tu ne me connais pas ! » Répliqua avec rage Batman.
Comment ce monstre sanguinaire osait prétendre deviner ses pensées personnelles !
« Oh que si et avant même qu’on se rencontre. Comment crois-tu que je t’ai senti venir, lorsque tu étais derrière moi ? Après tout ce chemin pour remonter jusqu’à moi, tu n’allais pas quitter la scène avant le dernier acte. Je savais que tu étais quelque part dans l'ombre prêt à intervenir. Alors je suis resté sur mes gardes à t’attendre. Tu vois bien que je te connais. »
Être ainsi contredit donna à Batman des envies de violence. Il réalisa alors qu’il était déjà en plein combat. Le Joker l’assaillait avec ses mots, et le déstabilisait. Le problème est que vue son état la moindre contrainte physique dans le but de le faire taire, pouvait être mortelle pour le Joker. Et Batman était là pour aider pas pour tuer. Il n’avait jamais causé la mort de qui que se soit, et ne comptait pas commencer. Alors il lui tourna le dos, et s’approcha d’un rocher surélevé et au sommet plat. S’il désirait survivre, il était temps de s’atteler à la tâche.
« Tu boudes dans ton coin mon petit Batty ! Ca n’empêche pas les évidences d’exister. »
Batman étala sur la roche une copie de la carte des souterrains. Son compartiment hermétique l’avait protégée de l’eau. Ensuite il plaça à coté sa bougie et sa boussole.
« Regardes nous. Moi j’aborde un grand sourire, et toi tu dissimules ton visage. Je porte une tenue chatoyante. Tu es vêtus de noir. »
Dans un premier temps Batman tenta de localiser le point de départ de sa chute.
« C’est pareil dans nos façons de nous battre. Tu uses de tes poings avec élégance. Moi j’improvise avec tout ce qui me tombe sous la main. »
Batman butait sur un problème de taille. Il ignorait tout de la durée de la chute, puisqu’il avait sombré dans l’inconscience durant le trajet.
« Je voulais transformer le comté Gotham et toi le préserver. Que faut-il en conclure ? Nous sommes complémentaires. Nous sommes les deux faces d’une même médaille. »
Entre ses blessures, l’épuisement, ses recherches infructueuses, et les paroles de ce malade, Batman finit par craquer.
« La ferme ! » Cria-t-il en se retournant.
Puis Batman réalisa que dans sa hâte, il avait fait tomber la carte dans l’eau. Il la ramassa immédiatement mais le mal était déjà fait. De l’encre dégoulinait du papier. Le Joker émit un petit soupir de satisfaction avant de reprendre la parole.
« Allons sois bon joueur. Tu m’as empêché de mettre mon plan à exécution. En contrepartie le comté aura tout de même droit à un petit bain de sang, quand l’armée viendrait régler son compte aux indiens. Un match nul ce n’est pas si mal. »
Se concentrer sur l’analyse de la situation et une possibilité de survie, avait fait oublier un temps son état à Batman. A présent il sentait ses forces diminuer à vu d’œil. Le Joker avait raison. C’était finit. Ils allaient mourir ensemble, et demeureraient côte à côte pour l’éternité. Puis le miracle se reproduisit. Une nouvelle lumière s’ajouta à celle de la bougie.
« Deathstroke ! » S’exclama le Joker. « C’est gentil de te joindre à nous. Malheureusement tu as trop de retard. Batman tient à peine debout. Quant à moi je ne suis plus en état de tenir tout court. »
Batman regarda Deathstroke presque incrédule face à cet espoir, puis soudain ses genoux commencèrent à flancher.
« Tu vois. » Ajouta le Joker alors que le guerrier indien soutenait Batman. « Le rideau est déjà tombé. »
Deathstroke examina de haut en bas Batman avant de lui parler.
« Ne t’inquiète pas. Je sais extraire une balle. »
Suite ses mots Deathstroke allongea délicatement le blessé, dégaina son sabre, et s’adressa enfin au Joker.
« Quant à toi tu parles trop. D’ailleurs c’est ta voix, qui m’a guidé jusqu’à vous deux. Et maintenant tu vas enfin te taire. »
« Non. » Répliqua soudain Batman. « C’est ce qu’il veut. »
« L’épargner ! Tu es devenu fou. »
« Il faudrait peut-être vous décider. » Ajouta le Joker. « On n’a plus beaucoup de temps Batou et moi. »