L’ennemi de mon ennemi est mon ami
Chapitre 1 : L'ennemi de mon ennemi est mon ami
2380 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 05/09/2020 06:37
Roumanie, 1944. Survolant une vaste forêt éclairée par la lune, un avion-cargo militaire s’effaça peu à peu, se dissimulant dans le ciel Transylvanien.
- Camouflage actif, annonça le copilote depuis le cockpit.
À son bord, le pilote et le copilote transportaient six soldats de la Section Scientifique de Réserve, une agence américaine top-secrète créée par les Alliés afin de combattre les Nazis. Ces hommes faisaient partie des Commandos Hurlants, une équipe formée par le héros national Capitaine America, alias Steve Rogers, qui avait pour mission de secourir des Alliés faits prisonniers par l’organisation Hydra, la division des armes spéciales Nazi.
- Dans 1000 mètres, Morita et moi descendons, rappela aux autres Timothy Dugan, qu’on appelait affectueusement « Dum Dum ». Barnes et le Capitaine sautent dans 2000 mètres, et enfin Sawyer et Pinkerton dans 3000 mètres.
Les sergents Timothy « Dum Dum » Dugan et James « Bucky » Barnes, le capitaine Samuel « Happy Sam » Sawyer et les agents Jim Morita et Percival « Pinky » Pinkerton étaient sous les ordres de Capitaine America. Ils avaient été envoyés en Transylvanie par la SSR pour trouver et libérer des soldats mystérieusement disparus au combat, vraisemblablement capturés par Hydra.
- On reste en silence radio et on se retrouve au point de rendez-vous dans cinq heures, continua le sergent Dugan.
- Pourquoi ils nous envoient en mission d’infiltration en pleine nuit avec la bannière étoilée qui fait la lampe-torche? ironisa Samuel Sawyer en levant les yeux vers le chef d’équipe.
- Sûrement pour apporter l’espoir et l’immense générosité américaine aux prisonniers! clama de vive voix et en levant le poing Jim Morita.
Steve ne put s’empêcher de baisser la tête et d’esquisser un sourire gêné en entendant cette semi-blague de son compagnon d’origine américano-japonaise. L’ambiance de guerre s’allégea un peu, chacun tentant de ne pas rire de l’ironie de la situation.
- Et pour combattre Dracula, le Roi des Vampires, enchaîna Percival Pinkerton. Il paraît que son château est tout près d’ici.
- Mais oui, des vampires… cracha Dugan avec sarcasme. Dracula n’est qu’un personnage de roman inventé par Br…
- Par Bram Stoker, on le sait, le coupa Bucky Barnes. Quoi qu’il en soit, si un vampire immortel veut s’en prendre au Capitaine, il devra me passer sur le corps, humain ou vampirisé.
Bucky tapa amicalement le torse de son ami enfance qui n’avait pas encore dit un mot dans le débat.
- Un Capitaine America vampire… songea Happy Sam. Un super-soldat-chauve-souris…
- Arrivée au premier point de chute, signala le copilote.
- Vampires ou pas vampires, intervint enfin le Capitaine, la mission reste la même. Bonne chance.
- C’est ça notre chance, répliqua Dum Dum en se levant et tapant le célèbre bouclier rond aux couleurs du drapeau américain.
Jim l’imita et après avoir ouvert la porte de l’appareil, ils se parachutèrent au milieu des arbres. Le reste du voyage fut silencieux dû principalement à l’ouverture béante, les passagers restants tentant de ne pas se faire éjecter. À leur tour, Bucky et Steve se dirigèrent tant bien que mal vers la sortie et s’élancèrent l’un après l’autre dans la forêt.
Capitaine America s’avançait prudemment pour retrouver son partenaire de mission, prenant soin à chaque pas de ne pas faire de bruit. Il repéra un peu plus loin trois hommes portant l’insigne de la croix gammée qui ne l’avaient pas encore vu. Il s’approcha d’eux en gardant une main sur le pistolet à sa hanche, mais pour rester discret, il mit le premier à terre avec une prise de lutte par derrière, en assomma un autre d’un coup de bouclier, puis projeta l’arme sur le dernier qui fut propulsé contre un arbre. Le bouclier ricocha sur un autre arbre et revint dans la main du super-héros. Il s’assura que les trois hommes étaient bien inconscients avant de reprendre sa marche. Quand il crut apercevoir une forme humaine bouger entre deux arbres, il s’immobilisa et se protégea avec son bouclier, guettant les alentours et gardant le silence de crainte d’avoir été repéré par un ennemi. Alors qu’un craquement de branche derrière lui attira son attention et le fit faire volte-face, Steve sentit comme une aiguille le piquer dans la nuque. Il se retourna de nouveau, mais avant de pouvoir comprendre ce qu’il lui était arrivé, il perdit le contrôle de ses membres et ses yeux se fermèrent.
Steve rouvrit les yeux sans voir quoi que ce soit, il savait seulement qu’il était couché sur un sol dur et fait de ciment. En se relevant, il se passa la main sur le visage pour voir s’il avait les yeux bandés, mais il n’y avait rien à part son masque. Il tira dessus pour le retirer, le laissant pendre derrière son cou. Il toucha sa nuque en se demandant ce qui s’était passé, qui lui avait fait perdre connaissance. Il passa ensuite le doigt sur l’emplacement de la piqûre qui avait laissé un petit trou sensible. Il essaya de savoir où il se trouvait, de distinguer une forme ou une source de lumière, mais ses yeux allaient prendre du temps à s’habituer à la noirceur.
- Vous êtes enfin réveillé, dit soudain une voix grave et menaçante.
La voix venait du haut, mais comme si elle résonnait dans tout l’endroit.
- Capitaine… America, continua la voix.
Le dernier mot venait de juste derrière Steve. Il élança rapidement son bras par en arrière, mais ne fendit que de l’air. Il voulut agripper son bouclier par réflexe et se rendit compte qu’il ne l’avait pas, ni ça ni son pistolet.
- Qui êtes-vous? demanda-t-il à la voix.
- Quelqu’un qui est dans la même situation que vous.
La voix semblait venir d’un endroit différent à chaque phrase, comme si elle se déplaçait d’une façon immatérielle. Cette impression ne rassurait pas Steve, qui avança sur ses gardes jusqu’à arriver à un mur. Il s’y adossa pour ne plus être surpris et le longea en espérant trouver quelque chose qui l’aiderait à se repérer.
- Quelle situation? reprit-il.
- Les Nazis tuent mes hommes. Les attaques nocturnes ne nous causent pas de mal, mais nous sommes plus faibles de jour. S’ils continuent à se ruer sur nous à ce rythme, on sera perdus. Vous pouvez nous aider à les combattre.
- Pourquoi je vous aiderais? se méfia Steve.
- Vous avez un dicton, si je ne m’abuse, qui dit que « l’ennemi de mon ennemi est mon ami ». Nous avons le même objectif dans cette guerre.
Steve continuait à longer le mur prudemment. Il pouvait maintenant voir quelques mètres devant lui, où le mur se terminait. Il atteignit le coin de la pièce et essaya en vain de trouver qui lui parlait.
- Mon objectif est de sauver des prisonniers et de les ramener chez eux.
La voix ricana un instant, puis d’un coup, un morceau de mur une dizaine de mètres plus loin se leva pour laisser apparaître un couloir d’où sortait de la lumière.
- Je crois que vous voudrez sauver ce prisonnier. Ne soyez pas timide, prenez le couloir si vous tenez à ce monsieur « Barnes ».
Steve fut interpellé par le nom de son meilleur ami. Il hésita une seconde à se jeter tête première dans un piège, mais se dit qu’il ferait mieux d’en avoir le cœur net, si jamais Bucky était en danger. Il franchit l’entrée d’un étroit corridor de pierres, de chaque côté se trouvait une douve d’où sortaient des flammes qui éclairaient le chemin. Il continua à avancer lentement pendant une longue minute, jusqu’à une pièce très grande et assez sombre, bien que moins que la dernière. Il vit que deux rangées de piliers de pierres soutenaient la place, mais en regardant autour de lui, il aperçut plusieurs paires d’yeux rouges qui l’observaient dans l’obscurité. Quand il s’approchait pour mieux les voir, ils disparaissaient, il reprit donc le chemin entre les piliers. D’un coup, des flammes jaillirent du sol devant Steve, le forçant à s’arrêter. Il les suivit du regard quand elles se déplacèrent jusqu’à un cercueil posé à la verticale contre un mur. Elles éclairaient l’intérieur de l’objet, dans lequel était placé un homme.
- Bucky! lança Steve en reconnaissant son ami dans le cercueil.
Il se mit à courir vers Bucky, mais fut stoppé par d’autres flammes qui se dirigèrent à toute vitesse vers lui et s’immobilisèrent juste devant. Dans le cercueil, Bucky était sans connaissance, peut-être mort. Les mêmes yeux que plus tôt apparurent autour du cercueil, laissant Steve méfiant.
- Qu’est-ce que vous lui avez fait? demanda-t-il, énervé et craintif.
- Il est vivant, seulement endormi en attendant que je change d’idée, répondit la voix. Si vous acceptez mon offre, je le libérerai, mais si vous refusez, vous pouvez lui dire adieu maintenant. Sans oublier vos quatre autres compagnons que mes hommes ont déjà repérés sur mes terres et surveillent en attendant mes ordres.
Steve fut surpris par la déclaration de la voix, il savait où se trouvaient les Commandos Hurlants et les avait dans sa ligne de mire. Il ne voulait évidemment pas condamner ses frères d’armes et amis, mais il ne voulait pas non plus se lancer dans une bataille si elle était contraire à ses principes.
- Je veux d’abord savoir avec qui je vais combattre, dit-il avec assurance.
Une paire d’yeux rouges apparût à ce moment devant le soldat, mais cette fois, ils étaient plus gros et s’approchaient lentement. Un homme sortit de l’obscurité, révélé peu à peu par les flammes. Il mesurait presque deux mètres au moins et souriait de toutes ses dents. En se rapprochant, ses traits se clarifiaient de plus en plus pour Steve. Il distingua d’abord ses dents pointues qui rendaient son sourire menaçant, encore plus que son regard rouge sang qui le fixait. Puis il vit ses oreilles également pointues, ses cheveux blancs attachés en queue de cheval et finalement sa peau grise et blême. Son armure écailleuse rouge surmontée de pics, ses gants se terminant par de grosses griffes acérées et la longue cape noire cachant ses épaules et son dos terminaient de le rendre largement intimidant, même pour Capitaine America en personne. Une chose était sûre pour le surhomme, cet homme n’était certainement pas humain.
- Voilà, dit le non-humain en levant les bras pour s’afficher. Vous pouvez m’appeler Comte Dracula.
Steve fit un pas en arrière en entendant son nom. D’abord, il ne le crut pas, se disant que les vampires ne pouvaient pas exister. Mais il se dit ensuite que ça expliquerait tout ce qui s’était passé depuis qu’il s’était réveillé.
- Dracula? Ce n’est qu’un personnage, contredit Steve, inventé par un écrivain pour son livre.
- Ah oui, cette aventure avec Monsieur Jonathan Harker, dit le Comte en souriant de plus belle. Une histoire bien exagérée, mais qui ne m’empêche pas pour autant d’être bien réel. Je suis en effet un personnage, mais vous en êtes un aussi. Nous sommes tous deux des légendes à l’extérieur de notre pays, Capitaine. Et pour ma part, c’est mieux comme ça. Je ne contrarie personne tant que personne ne me contrarie. C’est pourquoi je vous demande votre aide. Avec vos alliés, vous pouvez m’aider à repousser les forces des Nazis et en retour, je m’engage à ne tuer aucun de vos soldats. Ma seule condition est que personne ne doit apprendre mon existence ni celle des vampires. Vous me voyez donc obligé de vous retirer votre mémoire des événements une fois le problème réglé, ainsi qu’à tous ceux qui me découvriraient.
Steve avait réfléchi à ce « problème », comme disait le vampire. Il était forcé d’accepter s’il voulait sauver Bucky et les autres, c’était tout ce qui comptait en ce moment.
- Vous ne me laissez pas vraiment le choix… dit-il en regardant son ami dans le cercueil. Mais j’ai aussi une condition. Laissez-moi toute ma mémoire et en échange, vous pourrez me redemander mon aide si la situation se reproduit. Je vous donne ma parole que votre secret sera bien gardé.
- Vous avez l’air sincère, dit le Comte en hésitant. D’accord, j’accepte votre condition.
Dracula tendit la main à Capitaine America pour sceller l’entente. Après une seconde d’hésitation, il se résigna à la serrer. Le vampire claqua des doigts, suite à quoi des paires d’yeux se montrèrent encore au fond de l’obscurité. Il en sortit cette fois trois petites créatures noires faites entièrement de fumée, mais tangibles puisque deux d’entre elles tenaient le bouclier du Capitaine et la troisième avait sa ceinture avec son pistolet. Elles lui apportèrent ses affaires que Steve saisit avec incertitude. Alors que les créatures se refondaient dans la noirceur, le super-héros se questionna à savoir s’il avait fait le bon choix.