L'enfant de la Terre

• Aïe !

Lya porta une main à son front et la ramena pleine de sang. Sa tête l’élançait douloureusement là où la pierre avait atterri. En grimaçant, la jeune fille s’accroupit dans les buissons en voyant le lanceur arriver à la tête de sa bande de terreur.

Tony Pittman.

   Un garçon aux bras et au visage de gorille qui prenait un plaisir sadique à tyranniser et martyriser Lya. Et personne ne disait jamais rien à l’orphelinat. C’était pourtant là qu’elle vivait, mais tout le monde la détestait, même les adultes. Les parents susceptibles de l’adopter frémissaient où faisaient une moue de dégoût en sa présence, les autres filles la snobaient, les garçons se moquaient d’elle et les professeurs ne faisaient aucun effort pour l’aider. Lya n’avait jamais connu ses parents, mais leur en voulait de l’avoir abandonnée dans ce monde sans pitié. Jamais elle n’avait reçu la moindre parole gentille ou le moindre regard amical de la part de quelqu’un.

  Elle ne sentait pourtant pas mauvais, était polie et courtoise et était même plutôt jolie. Son visage était empreint d’une délicatesse farouche, rehaussé par la douceur de ses yeux verts et encadré de longs cheveux noirs et un teint pâle.

• Lya !!, beugla Tony, sous l’œil hilare de ses amis, viens qu’on te refasse une beauté !!

             Silencieusement, la jeune fille se recroquevilla encore plus sous le buisson. Il était affreusement proche et elle pouvait voir son visage aplati à travers le feuillage. A en juger par son air perplexe, cependant, elle devina avec soulagement qu’il ne l’avait pas vue se cacher et qu’il ne savait pas où elle était. C’était une maigre consolation, car le jeune homme semblait déterminé à l’attendre. Il s’était mit à faire les cent pas devant le buisson, le visage empourpré de fureur.

• LYA !!, hurla-t-il, VIENS ICI !!

  « Cause toujours, gros malin !! », songea-t-elle.

 Prenant son mal en patience, Lya s’allongea sans un bruit sur le parterre de feuilles et laissa son esprit vagabonder vers les feuillages qui se balançaient paresseusement au gré du vent de cette fin d’été. Elle finit par s’endormir.