Le pilier fragmenté

Chapitre 23 : Adieu (2)

4386 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 16/05/2022 15:05

24 Novembre 1717, Montpellier


Il est 9h du matin et la maison semble si froide et si… inanimé. Ma belle-mère est décédé il y a presque une semaine et Sophie est retourné chez elle en compagnie de ses enfants peu de temps après. Elle a toujours été là, près d’elle et s’occupant constamment de sa tendre mère. Maintenant qu’elle n’est plus de ce monde, cela doit sûrement lui laisser un vide en elle, notamment ses enfants, qui étaient très attachés à leur grand-mère… 


Tandis que Julien, il a décidé de cacher ses sentiments. Je le sens affecté par cette tragédie mais rien ne se reflète extérieurement. D’un air impassible, il m’avoue après le départ de sa sœur, évitant de la contrarier, que c’était inévitable comme elle avait atteint un stade critique. Et de ce fait, il s’était préparé mentalement de son départ vers l’autre monde. Lorsqu’il avait avoué ses mots, je ne pût m’empêcher de lui faire une étreinte afin d’attendrir son cœur. Ça reste un être humain, et il a besoin de ce soutien émotionnel. 


Je lui ait avoué ma peine pour notre enfant, qu’il ne pourra jamais connaître sa grand-mère et qu’en plus de cela, elle aussi semblait vouloir rester en vie pour nous, pour les enfants de son fils. Mes mots l’ont troublés, lui aussi avait sentit qu’elle se maintenait en vie pour lui, pour qu’elle soit rassurée… Mais je pense qu’elle est tout de même partie soulagée, elle a put voir son fils marié, père de famille… assuré de mener une vie honorable et d’avoir une descendance. 


Les funérailles se dérouleront à 11h et Julien est décidé d’y aller et d’être présent à l’église. Même si les connaissances de Clémence et d’autres habitants reconnaîtront Julien, il décida de ne plus se cacher. Nous sommes vêtu de noir et arrivons en avance à l’église, pour l’instant, il n’y a que nous et la famille de sa sœur. Nous nous approchons d’eux puis nous embrassons, c’est la première fois que je rencontre son mari et il savait que j’étais la belle-sœur de sa femme.


Je m’assoie près d’eux et Julien part faire une prière près du cercueil de sa mère grand ouvert, apercevant son visage si endormie et pâle. Son corps est bien conservé grâce au froid, fort heureusement. Montpellier est une ville protestante et anciennement huguenote, l’église l’est donc aussi. Julien s’est convertit au catholicisme lors de son intronisation dans l’Ordre des Templiers, une condition obligatoire imposé par Laureano de Torres, lui même catholique. Il n’en a pas l’air mais c’est un homme qui reste tout de même attaché à sa religion et à Dieu, même s’il mène une vie contraire… Il lui reste un peu de foi.


Il finit sa prière et revient s’asseoir près de nous. Sophie m’observe.


  • N’ira tu pas prononcer une dernière prière à notre mère ? 
  • Euh- je… J’ignore si je le peux, compte tenu de ma religion différente de la vôtre. Répondais-je, gêné.
  • Ça nous est égal… fais comme vous le faites chez vous.


Surprise de sa réponse, je ne m’attendais pas à ce qu’elle me demande de faire une prière à la manière de ma religion. Pourtant dans leur temps, ils semblent tous hostiles à l’Islam, nous considérant comme des hérétiques. Ou peut-être, partageons nous le même mépris à notre encontre que les protestants ? Ce qui explique leur ouverture d’esprit. Je me dirige vers le cercueil et pose ma main sur les mains froides et inertes de Clémence. Je prononce mes prières et invocations en Arabe et termine rapidement, entendant des personnes entrer à l’église. 


Psst, venez !” 


Je reviens et Sophie me force à m’asseoir.


  • Les premiers arrivants sont là et nous saluerons après leur prières. Heureusement qu’ils n’ont pas entendu ton language, ils sont particulièrement agaçant.
  • Les Romerals… pourvu que leur père ne me reconnaissent pas. Ajoute Julien.
  • Vous n’avez pas l’air de les apprécier. Demandais-je à Julien.
  • En vérité. C’est eux qu’ils ne m’apprécient guère et je les comprends. Lorsque j’étais gamin, j’étais ami avec leur fils et ils refusaient qu’il me côtoie car j’étais insupportable, je l’entraînait toujours dans des ennuis et ils ont finit par me qualifier de mauvaise fréquentation. Dit-il, avec un léger sourire.
  • Vous êtes mature, vous reconnaissez vos torts.
  • Eh bien je suis forcé de les reconnaître, maintenant que je suis aussi père.


Les Romerals terminent leurs prières et se dirigent vers nous pour nous saluer.


  • Bonjour Sophie et toutes nos condoléances pour ta mère. Elle était aussi rayonnante que toi avant que la maladie ne la frappe, sa douceur et sa gaieté nous manquera profondément. S’exprime madame Romeral
  • Je vous remercie pour vos sincères paroles ainsi que votre chaleureuse présence…


Madame Romeral étreint Sophie, ils saluent son mari et ses enfants et parviennent à nous. Monsieur Romeral se tient devant Julien et semble intrigué, le silence règne entre ses deux hommes et monsieur Romeral semble enfin comprendre qui c’est.


  • Oh ça alors… Julien. Julien du Casse, tu avais totalement disparu nous t’avions cru mort. Pardonne moi, je devrais plutôt te vouvoyer vu le grand gaillard que tu es devenu. Lance-t-il, amicalement. Toutes mes condoléances pour votre mère, prions pour qu’elle soit auprès de votre père, aux cieux. Reprend-il sérieusement
  • Je vous remercie d’être venu.
  • Dis moi mon garçon, qu’es donc tu devenus depuis ?
  • Je vis dans le nouveau monde avec ma famille en tant qu’associé d’un gouverneur.


Julien est étonné de sa réaction et bien que monsieur Romeral semble sympathique envers lui, il préfère rester floue sur sa vie privé ne révélant pas qu’il vit dans les Indes occidentales et qu’il est l’homme de main du gouverneur de Cuba.


  • Ta famille ? Questionne monsieur Romeral.
  • J’ai une épouse et un fils. Voici mon épouse, me présente-t-il, quant à mon fils, sa famille le garde. Nous n’avons put l’emmener avec nous compte tenu de son si jeune âge.
  • Enchanté, me salue Romeral.
  • Meryem.
  • Enchanté, Meryem. L’ai-je bien prononcé ? Se soucie monsieur Romeral.
  • Parfaitement. Dis-je.
  • Je suis heureux pour toi, mon garçon. Si ton père était présent, il serait sans aucun doute fière de ce que tu es. 


Julien semble rassuré par ses paroles.


  • C’est aimable de votre part. Qu’en est-il de votre fils, Samuel ?
  • Il a lui aussi quitté Montpellier pour vivre avec sa famille à Paris, exerçant le métier de médecin. Il pensait souvent à toi et à quel point il t’affectionnait, bien que tu étais un vilain fauteur de trouble. Ricane monsieur Romeral.
  • En effet, ricane Julien, je n’étais pas un enfant très fréquentable pour votre fils qui était déjà très éveillé à son âge. Je dois dire que je suis satisfait pour lui et je ne suis pas surpris qu’il ait réussi à devenir ce qu’il voulait être.
  • C’est aimable mon garçon.


Les Romerals s’en vont se rasseoir à leur place tandis que la mère discute encore avec Sophie, d’autres familles entrent dans l’église et nous font part de leur condoléances. Le temps passe et le prêtre entame la cérémonie funéraire, l’église se remplit toujours, Clémence devait être aimé par beaucoup de monde. La cérémonie se termine et Julien, le mari de Sophie et quelques hommes se chargent de transporter en carrosse le cercueil à l’enterrement. Sophie me demande si je les accompagne, comme il n’y aura principalement que des hommes et elle pour exception. 


J’accepte sans hésitation et je monte sur le cheval de Julien, appartenant autrefois à sa mère. C’est un cheval âgé avec une robe grise, chevelure grise/blanche et des tâches blanche sur sa face. Il se nomme Sabius, sensé en latin. Avant qu’elle ne tombe malade, Julien me disait que c’était une femme plutôt sportive et qui aimait beaucoup l’équitation. Lorsqu’il était petit, elle s’est payé ce cheval et emmenait souvent Julien avec elle en promenade. Il était très jeune mais il s’en rappelait comme si c’était hier. Julien et Sophie l’apprécient beaucoup, il rendait leur mère heureuse et était doux en sa compagnie, c’est comme un membre de la famille. Il observe Sophie et la remercie de s’en être occupé de lui, c’est grâce à elle que Sabius est toujours en vie.


Arrivé au lieu d’enterrement, un trou profond a été creusé à droite de la tombe de François du Casse et Damien du Casse, le défunt père de la famille et leur petit frère mort prématurément. Sophie choisit d’embrasser sa mère avant de la quitter définitivement, elle caresse délicatement ses cheveux et embrasse ses mains…  Je ne pouvais retenir quelques larmes, la voyant se forcer de laisser sa défunte mère partir. Sophie est enfin décidé, les hommes ferment le cercueil et procèdent à l’enterrer. Julien s’approche de la tombe de son père, qu’il avait déjà visité lors de notre arrivé en France. Je m’approche aussi, observant la stèle et remarquant y est gravé une phrase: “Garder confiance dans l’épreuve”. Un verset de l’Ancien Testament me fait savoir Julien, caressant là où est inscrit l’année de sa mort: 1695. “Ce passage avait été choisit par lui-même avant sa mort, pour nous. Ce message nous ait destiné pour qu’à chaque fois que nous le visitons, nous motive à endurer nos épreuves sans dévier.” Ajoute-il.


L’enterrement est finit, Le corps de Clémence se trouve 6 pieds sous terre et sa stèle vient d’être planté:


 “Ici repose


CLEMENCE DUCASSE 


1659 - 1717


Malgré tout, je ne perds pas confiance.

(Lm 3, 16-26)”


Je remarque que leur mère a choisit d’opter pour le même message que leur père, garder foi et endurer. Les hommes qui ont aidé à l’enterrer nous ont quitté et ont refusé d’être payé. Ce sont des gens si bienveillants, avant notre arrivée, eux et les autres habitants ont promis à Julien qu’ils ne le dénonceront pas aux autorités et au contraire, ils sont soulagés de le revoir sain et sauf. 


Nous voilà seuls Julien et moi-même, Sophie et son mari… Sophie s’assoit près des tombes de ses parents et se remémore le passé avec eux.


  • Père aimait tellement embêter mère lorsqu’elle préparait à manger, son sourire… sa voix tremblote, il savait que sa nourriture n’était pas aussi bonne mais il faisait semblant de la trouver succulente pour ne pas la contrarier… Je ne te l’ai jamais avoué Julien, lorsque tu t’es embarqué avec Oncle Baptiste, père s’était promis qu’il allait devenir meilleur pour qu’il soit reconsidéré à tes yeux. J’ignore ce que tu lui a bien pu lui dire mais peu de temps après cette promesses, il s’est fait un ennemi et s’est fait assassiné.


Julien est silencieux mais il est visiblement dépité par ses paroles.


  • Qu’as-tu dis à père ? Demande-t-elle fermement.
  • J’étais jeune et idiot Sophie… ce n’est pas le moment.
  • Je veux savoir ce que tu lui a dis pour l’avoir rendu si frustré. Demande-t-elle sèchement, avec un regard menaçant.


Je ne la reconnais plus, pourquoi s’énerve-t-elle dans un moment pareil ?


  • Je lui ait dit… qu’il ne valait rien et que j’avais honte de lui… Murmure Julien, baissant son regard.


Elle se mit à fixer le sol, elle serre ses poings, je n’ai plus la même sensibilité que quand je possédais mon pouvoir mais je sens une aura de rage émaner d’elle. 


  • J’ai plutôt honte de moi même, je m’en veux de lui avoir dit ça… le pire, c’est que je n’ai même pas pu m’excuser car il n’était déjà plus là. Avoue-t-il avec tant de remords.


Sophie se lève soudainement et le gifle. Je m’approche d’eux et tente de calmer les tensions, son mari l’attrape. Julien la fixe dans les yeux, il ne réagit pas.


  • Je le savais. Tout est de ta faute ! Il avait changé, il voulait prouver quelque chose alors que nous l’ignorons moi et mère, mais c’est par ta faute qu’il s’est voué à la mort alors qu’il ne s’était jamais fait d’ennemi. Contrairement à toi, qui t’es tourné à dos ta propre patrie. Après sa mort, tu as décidé de t’en aller pour toujours, tu as brisé mère comme tu as brisé père. Il n’y avait pas une nuit où elle n’avait pas pleuré depuis ton départ, elle était anéanti par l’assassinat de père mais ton abandon l’a achevé. Et sais-tu ce qui la rendu malade ? C’est cette profonde tristesse qui la rongeait sans cesse ! Mais ton cœur est trop noir pour que tu le comprennes. Crache Sophie.


Julien reste silencieux et endure, il parait plus impassible comparé à il y a quelques instants.


  • Leur morts ont été précipités par ta faute, tu détruis tout ceux qui sont autour de toi. Moi même je vais finir par être victime de ton égoïsme… Tu fais plus de victimes que de bien, tu n’es rien d’autre qu’un sale égoïste, un criminel. Tu es un monstre. Profère violemment Sophie.
  • Je t’interdit de l’insulter de la sorte. Ton frère est bien plus empathique que tu ne le crois, s’il était si égoïste, il ne serait pas revenu en France, risquer sa vie pour revoir votre mère. Rétorquais-je sans hésiter.
  • Tu n’es pas concerné par cela, ce ne sont pas tes affaires ! Me gronde Sophie.
  • Comprends-tu que ce n’est absolument pas le moment de demander des comptes ? Vous êtes en deuil ! Tu devrais méditer sur les messages inscrits sur leur stèle. M’exclamais-je en tentant de la ressaisir.
  • Tu ignores notre vie passé avec nos parents, avec lui. Tu ne peux pas comprendre tout le mal que j’ai enduré aux côtés de ma mère, seules et livrés à notre triste sort a cause de son propre fils. 
  • Tu aurais donc préféré que ton frère périsse au combat ?
  • Elle me fixe dans les yeux d’un regard méprisant. Personne ne l’a forcé à combattre, c’était son choix. Il n’avait qu’à assumer jusqu’au bout. Meryem, je te le demande une dernière fois, tais toi. Tu n’es pas concerné.


C’est injuste le traitement que subit Julien, ses intentions étaient bonnes et le voilà blâmé pour des erreurs de jeunesse, qu’il regrette profondément. Lorsque je m’apprêtais à le défendre, Julien m’interrompt en hochant la tête de droite à gauche.


  • Avoue ce que tu souhaites réellement me dire, qu’on en finisse. Incite Julien.
  • Mère était bienveillante et patiente, quoi que tu fasses elle t’aurait toujours pardonner, mais ce n’est pas mon cas. Tu n’es plus le bienvenu ici, ta présence a apporté beaucoup trop de dégâts et je souhaite y mettre un terme pour de bon. Admet-elle fermement.
  • Sophie, ne fais pas ça… Murmure son mari, qui était très silencieux.
  • Allons Sophie ! Tu ne peu-


Julien m’interrompt en serrant fortement ma main.


  • Depuis quand réfléchissais-tu sur cette décision ? Questionne froidement Julien.
  • Depuis que mère est tombé malade… Je me suis juré que je ne te pardonnerai pas. Je tiens à toi car nous sommes liés par les liens du sang, mais je ne te souhaite plus parmi nous. Finit-elle, d’un air plus apaisé, comme si elle était rassuré par ce qu’elle venait d’admettre.
  • Je te remercie pour ton honnêteté. J’espère que mon absence t’aidera à soulager tes peines. 


Je l’observe en essayant de chercher une réponse à travers son regard, comment peut-il se résigner ainsi ? Son souhait était de renouer un lien fort auprès de sa famille, Sophie a attendu que sa mère soit décédée pour qu’elle lui annonce qu’il est renié. Je suis dévasté à sa place, il ne mérite clairement pas cela et sa sœur a été lâche de lui avouer le jour d’enterrement de leur mère. Nous nous attendions sûrement pas à ce que les choses se terminent ainsi mais je suis contrainte de suivre la décision de Julien. Si sa décision est de respecter son choix alors, je dois faire de même, même si je suis en total désaccord.


  • Meryem, rentrons. Tu prépareras nos affaires, nous allons retourner chez nous. 


Avant de rejoindre Julien sur son cheval, je lance un dernier regard vers Sophie, je ne peux pas partir sans avoir dit au revoir et aussi… l’inciter à y réfléchir sur sa décision. Malheureusement, elle ne semble pas vouloir que je lui dise vu comment elle nous a tourné le dos. Je monte derrière lui et Julien accélère soudainement.


Pendant que Julien galopait, je me serre fort contre lui… il ne le montre pas mais il doit être détruit. C’est une journée forte en déception pour lui, j’en veux beaucoup à sa sœur de lui avoir gâché son projet de se réunir et se faire pardonner. Je sens son cœur battre de manière irrégulière, il faudrait que je brise la glace…


  • Si vous avez besoin d’un soutien, je suis là mon amour… Murmurais-je en caressant son bras.


Il ne me répond pas… je soupire et continue de le serrer dans mes bras. Je réfléchis et tente de le rassurer: “Sachez que je serais toujours auprès de vous, quoiqu’il arrive, je ne vous abandonnerai pas et vous aimerais sans répit.” J’entend un léger ricanement venant de lui: “De même, ma précieuse, de même…”.


Julien me dépose à la maison et je rentre directement préparer nos affaires, il souhaite à ce qu’on quitte Montpellier le plus rapidement possible… Je suis seule entrain de plier nos vêtements, lui est partie rejoindre le capitaine d’un navire différent que ceux qui nous ont conduit jusqu’ici. Il tente de négocier la date du départ et ce seront des marchands français avec qui nous embarquerons en destination de Cuba.

Sophie n’a pas daigné rejoindre… cette ambiance pesante et angoissante me donne aussi envie de quitter cette ville auquel je me suis attaché.


Arrivé la tombée de la nuit et je commençais à m’endormir sur notre lit, soudainement, Julien me réveille en tapotant ma cuisse et me chuchotant “Réveille toi ma belle, il est temps de rentrer chez nous.” Je me lève et me prépare, il charge nos affaires et sécurise la maison en fermant tout à clé, je monte sur le carrosse près de lui et l’enlace, il me donne son épaule volontiers et je suis à deux doigts de m’endormir sur lui. Le silence régnait pendant notre trajet jusqu’à ce que nous arrivions au port. L’équipage du capitaine marchand arriment rapidement nos bagages et nous embarquons dans notre cabine qui appartenait au capitaine, Julien l’a soudoyé pour qu’il nous le cède. C’est quelqu’un qui a besoin de beaucoup d’intimité et il souhaite dormir tranquillement pendant ce long trajet qui nous attend.


Avant qu’on s’allonge, j’inspecte d’abord si le lit est propre, je n’accorde aucune confiance surtout à une époque où les gens se lavent peu. Le lit est en bonne état et les draps viennent visiblement d’être changé, c’est satisfaisant qu’ils fassent preuve de respect et de propreté. Je double les couvertures, il fait un froid de canard et nous souhaitons guère nous geler. Pendant que j’ajoute des couvertures, Julien contemple le paysage à travers la fenêtre sous son manteau.


  • La mer et ses vents vous ont manqué ? Lui dis-je en l’observant du coin de l’œil.
  • Ma foi, j’y pense tous les jours. J’ai passé une bonne partie de ma vie en mer, je suis donc en quelque sorte lié à elle. Rétorque-t-il, l’esprit à l’ouest.


Je m’approche de lui et l’enlace par derrière,  il est assis et repose sa tête sur ma poitrine.


  • Et c’est pour cela que vous porter une boucle d’oreille sur votre oreille droite ? Murmurais-je en caressant là où est percé son oreille.
  • Bien deviné, mais pas que. Autrefois j’étais superstitieux, je croyais comme beaucoup de monde que me percer les oreilles augmenterait ma vue… que nenni. Elle n’a pas baissé certes mais elle n’a pas augmenté non plus.
  • Vous avez aussi oublié un dernier détail.
  • Plait-il ? Demande-il en m’observant avec confusion.
  • Vous le portez si bien. 
  • Il ricane, en effet ma jolie.


Il a l’air d’avoir déjà passé outre les évènements de toute à l’heure… ou ce n’est peut-être qu’une façade ? Dans tous les cas, je ne devrais pas lui en reparler, je ne ferai que remuer le couteau dans la plaie. Il m’attrape le bras et me fit asseoir sur ses genoux.


  • Il nous reste une dernière ligne droite avant que nous, Templiers, changions ce monde.
  • Ça y est… n’empêche, j’aimerais savoir ce que vous me garantissez après que vos desseins soient aboutis. Dis-je en le fixant dans les yeux.
  • Hm, ma belle… je te garantis un futur paradisiaque auprès de moi: prospérité, sérénité et bien sûr, je comblerai tous tes désirs… Murmure-t-il en me caressant la hanche. Quant à nos enfants, leur avenir leur sera très prometteur et je ferais tout en mon pouvoir pour qu’ils vivent dans de parfaites conditions. Nous construirons un monde ordonné et juste, libre de tous les maux qui empoisonnaient notre civilisation. Aucun de nos enfants ou petits-enfants auront la vie que j’ai vécu, c’est certain.
  • Vous avez toute ma confiance mais je veillerai tout de même à ce que vous teniez votre parole. Murmurais-je en l’embrassant.
  • N’aies crainte, ma belle, mes paroles n’étaient que purement sincères. Je ne te cache pas que j’ai grandement envie de produire un autre fruit de notre amour. Partage Julien en m’observant avec tendresse
  • Oh non il est bien trop tôt, Alexandre n’a même pas encore atteint ses deux ans. 
  • Mais tu n’es plus seule, nous avons Marie-Pierre qui t’aidera à t’en occuper.
  • Figurez vous que je compte élever mes enfants moi-même, qu’ils soient habitués et attachés à leur mère, c’est une tâche difficile et je devrais prendre mon temps sur la conception de nos enfants.
  • Oh aller ma chérie… fais moi plaisir. Nous pourrons le faire avant notre expédition pour l’Observatoire, au moins je te laisse un peu de temps.
  • C’est une plaisanterie ! Vous n’avez pas entendu ce que je vous aies dit ?
  • Baisse moi ce ton, femme. J’ai très bien entendu et si tu n’obéis pas, je ferais en sorte de t’engrosser dès ce soir. Répond-il, d’un air menaçant.
  • Ce n’est vraiment pas juste… bon, alors après l’Observatoire, pas avant.
  • C’est d’accord. Accepte Julien.


Nous discutions encore un moment jusqu’à que la fatigue nous rappelle que nous devons dormir. C’est sur ces tristes événements que Julien quitte sa ville natale, il ne perds non pas que sa mère, ce qui était prévisible d’après lui, mais aussi sa sœur, auquel il devait sûrement pas s’y attendre. Elle a eu des paroles lourdes à son encontre et je suis étonné à quel point il cache bien son ressenti, il est presque impossible de discerner s’il est affecté par son rejet ou non. Néanmoins, je pense aussi que notre rapprochement vers l’Observatoire le fait jubiler… Nous avons parcouru tant de choses et nous en sommes sortis en un seul morceau, Dieu soit loué, nous voilà déjà en route vers l’Observatoire… Serait-ce là que ma mission s’achèvera ? Vais-je retourner dans ma véritable vie ? De toute manière si je devrais faire un choix, il est déjà fait.


À suivre…


Laisser un commentaire ?