Le pilier fragmenté

Chapitre 21 : Sweet home

3943 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/09/2021 00:59

Novembre 1717, Océan Atlantique


Il y a quelques mois, nous avions escorté notre précieux Sage jusqu’à Torres, il est actuellement enfermé dans la prison de sa demeure, espérant qu’il ne s’échappera pas encore cette fois-ci… et surtout… j’ai pu le dissuader grâce à la conversation que nous avions eut à Haïti. 


Quelques mois avant notre départ, Julien a demandé la permission à Torres de se rendre en France… pour revoir sa mère. Il le laisse volontiers et espère qu’il reviendra sain et sauf. Pour qu’il puisse s’infiltrer en France sans problème, il lui confie une fausse identité espagnole et ordonne à un groupe d’un de ses régiments de l’escorter. Ce qui lui permettra de passer les contrôles sans difficulté, sachant qu’à cette période de l’année, les contrôles sont moins nombreux, un avantage en plus. En le voyant dans cette tenue de noble espagnol, je peine à m’empêcher de rire tellement il semble… un poil ridicule. Cette tenue ne lui va guère mais tant que ça lui permet de rester méconnaissable, ça nous arrange. Après que nous avions rendu le Sage, nous avions ensuite déposé Marie-Pierre à Great Inagua en tant que gouvernante. Je lui ait présentée l’île et lui ait expliquée les tâches qu’elle aura à faire, elle m’a assurée que je ne serais pas déçue de sa personne et bien sûr, je n’ai jamais douté de son honnêteté. En plus d’être une cuisinière hors paire, cette gentille dame est une très bonne gouvernante et confidente. Notre fils, Alexandre, commence à grandir et compris encore une fois que nous allions le laisser un moment, il s’agrippait sur son père comme s’il n’allait jamais le revoir. Julien faisait tout son possible pour le calmer et le rassurer, je faisais pareil aussi et le voir ainsi nous bouleverse profondément… Il finit par se calmer et son grand-père se charge de s’en occuper jusqu’à notre retour.


D’après le quartier-maître du frégate, où nous sommes à bord entrain de naviguer depuis 20 jours déjà sous les couleurs du pavillon d’Espagne, nous devrons bientôt percevoir la Méditerranée et la côte du Sud Ouest du Portugal. Du Casse devient de plus en plus tourmenté, les autres ne le remarquent pas mais moi qui suis sa femme, ses émotions me semblent aussi transparentes que de l’eau de roche. Il sort de son bureau et observe l’horizon brumeux, encore déchaîné par quelques tempêtes. Je m’approche de lui et pose ma main sur son dos en signe de réconfort.


  • Votre humeur ne cesse de me préoccuper…


Il m’effleure du regard, il a l’air triste.


  • Je repense au moment où j’ai quitté ma famille et mon pays. Je redoute l’état de ma mère et de ma soeur. J’ignore s’ils ont reçu ma lettre, s’ils savent que je vais leur rendre visite et m’excuser de mon égoïsme.
  • Cessez de dire que vous avez été égoïste. Dis-je, furieuse. Vous êtes au courant des ravages de la guerre de succession d’Espagne, à quelle point elle a tué de nombreux hommes. Si vous n’aviez pas déserté, peut-être que cette guerre aurait eue raison de vous.
  • Tu te souviens lorsque je t’avais dis que mon oncle m’avait forcé à combattre à ses côtés ? Demande-t-il, le regard vide.
  • Oui… c’était lorsque nous étions chez votre cousin.
  • Ça n’était pas tout à fait vrai pour être clair…
  • Comment ça ?
  • Mon oncle ne m’a jamais forcé de combattre à ses côtés. J’étais tellement admiratif de sa personne jadis, lorsque j’étais enfant… je voulais prendre exemple sur lui, je voulais être aussi vaillant et talentueux que lui. Il avait déjà un grade prestigieux, mon père était seulement lieutenant carabinier et je trouvais qu’il manquait d’ambition…
  • … Ce n’est pas aussi grave que ça. Vous étiez jeune et innocent, vous avez naïvement suivit une personne pour son talent et ses competences. C’est tout à fait compréhensible. J’en suis sûr… que votre défunt père… a reconnu votre valeur bien avant que vous combattiez.
  • C’est exact. Bien que j’étais prétentieux et je manquait d’indulgence envers lui, il était fière du chemin que j’avais décidé de suivre… Et je n’ai même pas pu le remercier… un an après mon embarquement, en retournant à Montpellier… j’ai appris qu’il était mort avec plusieurs hommes en même temps, tués par un inconnu. Ma mère et ma sœur étaient dévastées… 
  • … J’imagine… ont-ils put retrouvé le coupable ?
  • Non, mais c’est moi qui a fait mes propres recherches et je l’ais retrouvé avant de m’embarquer dans la guerre de succession d’Espagne.
  • Qui était-ce ?
  • C’était un assassin.
  • Un assassin ? Qu’est-ce qu’un assassin aurait bien voulu à votre défunt père ?
  • Cet assassin m’a avoué que mon père avait tué quelques-uns de ses confrères, cependant… il n’était pas templier ou bien peut-être qu’il l’était, mais je l’ignore encore.
  • Voilà qui explique votre mépris envers les Assassins. Ça alors… vous étiez si jeune et vous avez pu venger votre père sur une affaire aussi délicate.
  • Certes… ce n’était pas une tâche simple avec mon immaturité d’antan, j’ai faillit trépassé.
  • L’essentiel, c’est que vous aviez pu faire justice et vengé votre père.


Il contemple les vagues en dessous et joint ses mains, tiraillé par un chagrin qui le ronge.


  • J’ai certes rendu justice… mais je ne pourrais certainement jamais oublier… le regard de ma mère lorsque je lui annonçait ma désertion. C’était une double peine pour elle. Elle ne voulait pas me perdre à mon tour. Elle me serrait fort sans me lâcher pendant que je préparais mes affaires et mes armes. Admet-il, chagriné et perturbé.


… c’est terrible. Le moment devait être terrible à vivre. Je reste muette, ne sachant comment le consoler.


  • Il soupire. J’espère qu’elle ne ressentira pas de la déception envers moi lorsque je me présenterai à elle…
  • J’en doute fort. Comment vous m’aviez décrit sa réaction à votre desertion, elle avait l’air de beaucoup vous y tenir. Je crois qu’elle vous accueillera autrement.
  • Tu le penses ?
  • Oui, sincèrement. Je suis aussi une mère, je la comprends parfaitement.
  • Espérons que ce soit vrai. Dit-il en se dirigeant vers le gouvernail.


Julien prend les commandes du navire, il aime parfois naviguer par lui même, ça l’apaise.


Deux jours sont passés et nous avons enfin passé le détroit de Gibraltar. D’après les estimations du capitaine, nous devrons arriver à Montpellier ce soir, au plus tôt. Pour l’instant, le capitaine convainc chaque navire qui nous croisent, en leur montrant l’autorisation de gouverneur de Cuba.


Il doit être environ 22 heures et nous arrivons à Montpellier, nous n’avons pas encore foulé la terre et nous sommes encore entrain de nous faire inspecté par des soldats français. Ils suspectent notre arrivée, ce qui n’est pas rassurant. La raison de notre séjour les convainc moyennement, bien que le capitaine s’est bien expliqué avec un accent correcte, qu’ils disposent de marchandises de sucre et de rhum pour le comte de Juvignac. Ils analysent la lettre du gouverneur et les autres soldats entrent dans la cale, vérifiant si ce commerce ne provient pas d’une contrebande. 


  • Rien d’alarmant lieutenant. S’exclame un soldat, en ressortant de la cale.
  • Bien, qui est le commerçant parmi vous ? Nous demande le lieutenant.


Julien et moi nous déplaçons vers lui.


  • Nous sommes deux. Dis-je en francais, en compagnie de Du Casse.
  • Qu’à-t-il ce monsieur ? Me demande malencontreusement le lieutenant.
  • Oh euh, il est muet. Je me charge donc de transmettre ce qu’il souhaite dire. Dis-je en prenant un air superficiel.


Julien a décidé de jouer le muet comme il ne souhaite pas griller sa couverture de français, il ne maîtrise pas non plus correctement l’espagnol, ce serait trop remarquable qu’il n’en est pas un.


  • Et qui êtes-vous ? Me demande-t-il en observant mon accoutrement berbère, paré de bijoux tribals.
  • Je suis sa femme et je l’aide pour son commerce.


Je suis ridicule, faites à ce qu’il ne remarque rien du tout, pitié.


  • Voilà des gens bien étranges, mon ami. Plaisante-il auprès de son collègue.


Il se moque de nous en plus.


  • Normalement je ne vous autorise pas à passer avant l’approbation du comte… mais comme vous m’avez l’air aisés alors… nous aimerions une contrepartie. Ajoute-il malicieusement.


Fort heureusement, nous sommes tombés sur des corrompus. 


  • Bien sûr, combien souhaitez-vous. Souriais-je.
  • Cent livres pour chacun de nous.


100… il n’a pas fait la fine bouche. Je capte le regard de Julien qui semble aussi étonné. Je sors ma bourse d’en dessous de mon foulard attaché par dessus ma robe et je tend 100 livres à chacun d’eux. Je vis le regard du lieutenant qui semble satisfait et il finit par nous laisser passer.


  • Bienvenue en France messieurs dames. Nous accueille-t-il en nous laissant descendre de notre navire.


Les espagnols qui nous accompagnaient pendant le voyage, se chargeaient de décharger les cargaisons de sucres et de rhum qui étaient réellement destinées au comte de Juvignac, à l’ouest de Montpellier.

Julien me chuchote légèrement que nous devrons suivre la troupe avant de disparaître du champ de vision des soldats français. Nous suivons donc l’équipage jusqu’à que nous nous éloignons du port, les soldats ne prêtent plus attention à nous au loin et Julien me prend la main.


  • Maintenant. Dit-il fermement.


J’acquiesce en hochant la tête, le capitaine espagnol fait un signe de la tête à Du Casse qui signifie qu’ils se reverront.


Nous faisons route vers son ancienne maison, à pied. Avant que nous empruntions le chemin, Julien s’est changé dans un coin en retirant sa tenue de noble espagnol, il passe désormais dans une tenue plus sombre, en mode incognito. Nous continuons notre chemin et… brrr, ca faisait un moment que je n’ai pas goûté à un froid pareil, même si ma tenue est adaptée pour, cela n’empêche pas le vent glacial de parcourir ma chair. 


Julien me vit dans cet état et n’a pas hésité à rapprocher mon corps au sien, couvrant la moitié de mon corps avec sa cape brune.


  • Ça faisait des lustres que je n’ai pas ressenti ce climat glacial. Cela me fait presque du bien. Plaisante Julien.
  • Je pensais que vous appréciez plus le climat caribéen.
  • Pas faux… mais ça change de notre habitude… je pense aussi qu’il y’a une part de nostalgie.
  • Je vous comprend… Comment trouvez-vous votre ville ?
  • Elle ne ressemble plus vraiment à celle de ma jeunesse, elle a grandement été rénovée. À l’époque, ça n’était pas aussi vaste.
  • C’est vrai qu’en treize ans d’absence, tout peut se passer.
  • treize ans… Il soupire… Ça alors, je ne les aient pas vu défiler.


Nous continuons encore de marcher, le vent froid continue de nous fouetter et Julien semble se souvenir encore du chemin de sa maison, ce qui est surprenant puisque sa maison est un peu éloigné du centre ville. En étant collé à lui, je ressent légèrement son cœur battre plus rapidement que d’habitude, il doit être si stressé… je dois le rassurer.


  • Tout ira bien mon amour. Ne vous en faites pas… Murmurais-je en caressant son dos.
  • … Je te remercie du réconfort. Juste… que ça me fait tout chose.
  • Je vous comprend.


Nous arrivons enfin après environ une demi heure de marche. Son ancienne maison paraît pas grande mais pas petite non plus. Julien m’avait déjà fait part de la classe social de sa famille qui était moyenne, ils n’étaient pas très riches mais ne souffraient pas d’une quelconque misère non plus, ce qui semblait tout à fait raisonnable.


Il est un peu tard, les volets sont fermés, Julien affirme que sa mère doit sûrement être entrain de dormir, il toque légèrement puis personne n’ouvre. Il toque encore une fois et une lumière se distingue de plus en plus en dessous de la porte d’entrée. La porte s’ouvre doucement… Une femme qui semble avoir la trentaine d’années et surtout… ressemble grandement à Julien. Ce doit être sa sœur. Elle m’observe moi d’abord, intriguée, et lorsque elle pose son regard sur Julien, soudainement son visage se rétracte d’émotions. Je lui tiens sa bougie et ils s’embrassent fortement, elle pleure et Julien paraît tout aussi ému. Je les contemple et un sourire se dessine sur mon visage, c’est la première fois que je vois Julien aussi “sensible”, bien qu’il n’ait pas encore pleuré.


  • Mon Dieu Julien, mon frère… j’ai presque perdu espoir. Je pensais que tu n’allais jamais nous revoir. Murmure-t-elle avec ses yeux imbibés de larmes.
  • Jamais je me permettrais cela Sophie. Bientôt… je pourrais vous revoir autant que je voudrais sans me sentir menacé. Ajoute-il, l’air pensant.
  • Et… est-ce ta femme ? Demande-t-elle en m’observant avec ses jolies yeux bleus.
  • … Ma femme et la mère de mon fils, Alexandre. Dit-il en enlaçant son bras sur mes épaules. Meryem, voici ma soeur Sophie.
  • C’est un grand plaisir de vous rencontrer, Sophie. Saluais-je en tendant ma main.
  • Je suis impressionné par votre maîtrise de notre langue. Très enchanté Meryem et merci infiniment… pour votre dévouement envers lui. Entrez ! Entrez. Désolé de vous avoir laissé dans ce froid… que suis-je sotteMurmure-t-elle doucement.


Sophie nous fait entrer, la maison est bien réchauffée par la cheminée située je ne sais où puisque nous sommes toujours à l’entrée.  J’entends des petits ronflements, je dirais même, des ronronnements d’enfants près de nous. 


  • Venez, mère nous attend dans sa chambre. Soyez silencieux, mes enfants dorment dans le salon. Nous conseille-t-elle.


Nous la suivons jusque dans la chambre parentale… La pièce est éclairée et leur mère est étendue sur un lit large, bien couverte contre le froid par une épaisse couche de vêtements et couverture. Elle parait souffrante, la peau rouge et suante, elle retourne sa tête pour nous observer et elle est stupéfaite de nous voir… de voir surtout son fils. Elle ne l’a pas vu depuis plusieurs années et elle a dû terriblement en souffrir.


Julien s’approche d’elle et elle peine à se dresser sur son lit correctement, des larmes coulent naturellement de ses yeux et elle tend son bras pour accueillir son étreinte.


  • Oh mon fils… tu nous a tellement manqué mon fils… regarde moi. Dit-elle faiblement en observant et caressant son visage. Oh… je suis si heureuse de te revoir, tu ressembles de plus en plus à ton bon vieux père… Elle continue à l’embrasser et pleurer.


En la voyant ainsi Sophie et moi, nous ne pouvons retenir nos larmes.


  • Mère… vous m’avez tellement, tellement manqué aussi. Je ne cesse de penser à vous jour et nuit. Murmure-t-il en baisant sa main. Il faut que vous me dites pendant combien de temps vous étiez malade, je vais faire tout le nécessaire pour que vous guérissez… 
  • … J’ignore si ma situation s’améliorera Julien, je vais peut-être rejoindre ton père bientôt.
  • Non mère ! S’exclame-t-il d’un ton grave. Soyez endurante… Finit-il avec une voix bien mélancolique.
  • Elle tousse… j’essaierai… pour vous, mes amours…


Elle me vit et me souris chaleureusement, elle me tend ses bras vers moi, je m’approche et elle m’étreinte fortement.


  • Comment t’appelles-tu ma belle bru. 
  • Meryem. Je suis heureuse d’avoir put vous rencontrer, belle-mère.
  • Elle s’exprime très bien en plus… Elle scrute minutieusement les détails de mon visage. Tu m’as l’air d’être une bonne femme, capable de bien t’occuper de mon fils. 


Je reste silencieuse face à ses compliments.


  • Et… je sens dans son âme et dans ses yeux qu’il t’affectionne énormément. Je me souviens très bien de la lettre qui m’a envoyé lorsqu’il t’a rencontré. Dit-elle en riant faiblement.
  • Mère… Dit-il le regard fuyant, gêné.
  • C’était la première fois qu’il vous a rencontré, lorsque vous commenciez à vous attaché disait-il. Avouait-elle en captant son regard, un sourire au coin. Il disait que son cœur s’est étrangement intéressé et attaché à toi, qu’il en était presque certain qu’il allait demander ta main et revenir vers moi, en ta compagnie.


Je suis tellement étonné par cette annonce, je n’ai jamais été au courant de cette lettre ! Malgré ça… je trouve ça tellement mignon. J’ai envie de lui sauter dessus et le couvrir de baisers, cette envie s’accentue en remarquant son regard posé sur moi, langoureux à moitié gêné.


  • Cette jolie jeune femme te donnera de beaux enfants mon fils, sans aucun doute. C’est vraiment dommage que je n’ai pas eu la chance de pouvoir voir et embrasser mon petit fils… Alexandre, c’est bien cela ?
  • En effet mère. D’ailleurs, j’ai pu t’apporter une illustration de notre fils, le voici. Dit-il en tendant un petit tableau ou y’a son petit visage si mignon et bien représenté dessus.


Sophie observe aussi le tableau de son neveu, toutes les deux joyeuses et émerveillées. 


« Qu’il est mignon… » disent-elles avec un regard attendrissant.


  • Il a les mêmes yeux et le même regard que son père, même le nez. Julien avait le même lorsqu’il était bébé. Et ses cheveux sont si noirs, cela vient de sa mère, pas de chez nous. Et ses grosses joues et sa petite bouche olala… Commentent entre elles. On vous remercie énormément pour ce cadeau… J’espère être encore vivante pour pouvoir le voir… Se lamente leur mère.
  • Courage, vous allez l’être si vous combattez cette maladie. Vous le verrez avec un petit nouveau, j’en suis sûr. Annonce-t-il avec un léger clin d’œil.


Leur mère, Clémence, est prise d’une fâcheuse toux, Sophie l’aide à se reposer et nous demande d’aller sommeiller aussi après cette longue route passée en mer. Julien lui embrasse le front et nous sortons de la pièce, bien qu’il soit un peu tard, nous ne supportons pas de rester un moment de plus en étant sales. Julien m’informe qu’il reste peut-être encore les fameux « Bains de Montpellier », il fréquentait parfois cet endroit jadis, il disait que c’était l’endroit idéal où il aimait se reposer et se ressourcer après avoir combattu en mer.


Je le suis donc sans hésiter jusqu’au centre ville qui est encore actif, les gens sont encore debout, même dans un temps pareil. Nous passons vers une rue étroite parsemée de pentes, nous croisons des clochards assis par terre, bourrés, et pas très affectés par le froid. Julien lâche un bruit de sa bouche, exprimant son dégoût.


  • Ma ville natale ne s’est pas débarrassé de cette mauvaise habitude. Dit-il en leur jetant un regard noir.
  • L’alcool…
  • Ces ivrognes ne savent se tenir tranquille lorsqu’ils boivent. Ça me débecte.
  • N’est-ce pas un moyen éphémère d’échapper à leurs conditions ?
  • Il ricane. Très juste. Pathétique…


Il méprise vraiment les personnes qui n’évoluent pas de leur plein gré.


On entre dans ce bain publique et un vieux monsieur nous accueille.


  • Bonsoir, désirez vous un bain solitaire ou à deux ? 
  • À deux. Répond Julien en sortant quelques pièces.


Je remarque le regard étrange du monsieur, comme si son visage lui semblait familier.


 Il recueille dans sa main les pièces posé sur le comptoir par Julien. Il nous emmène dans une pièce fumante et agréablement chaude et confie la clé de la porte à Du Casse. Nous nous déshabillons, Julien n’enfile pas le linge de bain et préfère rester nue « afin de se sentir proche de moi et de ma peau. »


On se trempe et se détend enlacé l’un à l’autre.


  • Que c’est bon… Dis-je en soupirant profondément.
  • Ah… certes. Répond-il en soupirant aussi.
  • Avons nous une chambre dans votre maison ? 
  • Je pense que mon ancienne chambre est vide mais je crains que le lit ne soit pas adapté pour nous deux. Il faudrait racheter un lit plus approprié. Dit-il en me caressant les cheveux. J’aimerais aussi ma chérie qu’on profite de ce moment pour prendre du bon temps, nous devrons désormais faire cela ailleurs, cela me gênerai fortement de le faire en la présence de ma famille. Finit-il en agrippant mon postérieur.
  • En effet, je ne désire pas non plus le faire près d’eux… allons-y. Finissais-je en m’aggripant sur lui.


Nous nous amusons sensuellement dans ces bains, en faisant attention à ce que le propriétaire n’entend pas nos ébats.


Lorsque nous avions fini, nous nous rhabillons et en sortant de notre pièce, le propriétaire nous demande si nous avions bien profité.


  • C’était superbe. Répond-il en me fixant d’un regard séducteur.


Nous nous apprêtons à sortir et le vieux monsieur l’interpelle.


  • Il me semble vous avoir déjà connu… Dit-il, perdu dans ses pensées.


Julien l’observe, muet.


  • J’ai du mal à m’en souven-
  • Monsieur vous faites erreur, je ne vous aies jamais connu. Affirme-t-il fermement.


Puis nous quittons les lieux. 


  • Le connaissez-vous ? Demandais-je, intrigué.
  • Oui, il me voyait souvent auparavant. Il me reconnaît difficilement et tant mieux, je ne lui accorde aucune confiance. Dit-il impassiblement.
  • C’était drôle comment il s’efforçait de se souvenir de vous.


Julien acquiesce et ricane.


Nous faisons route vers sa maison après avoir agréablement exfolié nos corps qui étaient souillés. En rentrant, nous finissons par dormir sur le surplus de couvertures dans son ancienne chambre, nous nous collons pour croître notre chaleur corporelle afin de sommeiller paisiblement…


À suivre…

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