Le bal des masques

Chapitre 1 : Une étrange serveuse

1183 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 16:11

« Le masque tombe, l'homme reste, et le héros s'évanouit.”

S.Gainsboug

 

L’enfant l’écoutait avec attention, ne quittant des yeux l’écran que pour chercher son approbation ou un conseil…

-«  Comme ça ? 

-  Oui, bien ! Tu vois c’est à ça que sert le masque en intégration graphique… A révéler la plus belle partie du visuel ! »

L’enfant souriait…  Il aimait ces petits cours dispensés à l’arrière du salon de thé, régulièrement, patiemment. Il l’écoutait parler. Peu importait le sujet. Elle lui donnait du temps,  et ça lui plaisait.

-« C’est sympa ! Mais… Félicity… »

Il hésitait… Puis la petite moue contrariée qu’elle lui connaissait si bien s’installa sur le visage du garçon :

-«  Fél… je peux pas épater Lila avec ça ! Je saurais pas le refaire…. T’as pas un truc plus… Wahou ? »

Cela la fit sourire… William n’avait que 10 ans, mais il prenait les choses de l’amour bien plus sérieusement que certains adultes.  Elle ne s’était pas étonnée de voir ce garçon choisir une serveuse gothique comme amie et conseillère….  – Par ce que tu comprends, Fél, toi aussi t’es une fille, même si tu as un look bizarre ! -

-« Humm… Si tu veux, je te montrerai comment fabriquer un appeau la prochaine fois, avec un simple bout de bois ! »

Un large sourire illumina William….

-« oh cool ! »

Il ne put s’attarder plus au salon de thé…. Son père venait de l’appeler, lui précisant qu’il quittait le travail. William devait rentrer chez lui.

Elle appréciait cet enfant… Elle ne pouvait lui accorder cette attention si particulière qu’il lui demandait aussi souvent qu’elle le souhaitait, étant tributaire des clients, mais la fin de journée se prêtait facilement à de petits têtes à têtes avec son protégé. A 19h, ses collègues prenaient le relais et lui permettaient de profiter de ses soirées. Les soirées à thème ainsi que la bonne réputation de ce salon littéraire amenaient une clientèle bien plus nombreuse que dans l’après-midi. Ses horaires lui convenaient. Elle était plus tranquille pour parler avec les clients, pouvant ainsi prendre le temps de les connaître ou de les conseiller sur un des nombres livres mis à disposition. Et sa condition physique ne lui permettait pas de courir partout comme une serveuse classique. Difficile de se mouvoir rapidement avec une béquille dans une salle bondée de monde.

Félicity passa le relais à sa collègue puis quitta le salon. Avant de sortir, elle prit toutefois le soin de disposer les flyers contenant le programme de la soirée.

-« Green Arrow, Canary… Quelle place pour l’être humain derrière le héros ?  Humm…. Dommage, ça m’aurait plu.. »

Elle se sentait trop fatiguée pour rester. Et son look tranchait un peu trop avec  celui des habitués qui venaient en soirée…  ça n’était pas un look agressif, certes, mais les cheveux noirs corbeau,  les tenues sombres  et moulantes n’étaient pas du goût de tous.

-« Fél, je crois que mon papa c’est arrow !  » lui avait dit un soir William… Il ne connaissait son père que depuis 2 ans, mais comme tous les jeunes garçons de la ville, il croyait déceler dans un retard, une attitude, un vêtement déchiré, des indices d’un papa super héros.

Sa collègue Phoebe lui avait également confié être soupçonnée par sa petite fille d’être Canary :

-«  Je ne sais pas si je dois en sourire ou m’inquiéter sur la santé mentale de cette enfant…. J’ai beau avoir un corps encore présentable, je n’ai plus 20 ans…  Et mon tour de taille ne rentrerait jamais dans du latex ! » Elle partit d’un fou rire qui se propagea à ses collègues.

Ces souvenirs firent sourire la jeune femme. Elle saisit sa béquille, salua ses collègues puis s’engagea dans la rue.

Une voix la stoppa quelques minutes après :

-« Félicity ! »

Elle se retourna, ne connaissant que trop bien cette voix. Elle ne s’attendait pas à l’entendre ici, maintenant. A contrecoeur, elle se retourna dans sa direction.

Un homme  en guenilles lui faisait face, la soixantaine passée, il faisait bien trop propre pour un homme voulant se faire passer pour un mendiant.

-« qu’est-ce que tu fais la ? Tu vas me faire repérer ! N’as-tu pas crée assez de malheurs autour de toi ? »

L’homme ne parut nullement décontenancé. Il portait beau, malgré ses vêtements. Son allure, sa barbe soignée, son attitude… Tout démontrait en lui un homme possédant une classe et une aisance naturelle.  Sa voix, forte, assurée, ne trahit aucune émotion :

-« J’ai fait attention.. . J’ai pris la place de mon chauffeur. Je ne viens jamais par ici habituellement. Tu n’as pas de raisons de t’inquiéter .

- Vraiment ? Admettons… Je suppose que ça n’est pas une visite de courtoisie.

- Non. En effet. Il y a du nouveau. Et ça te concerne. »

Malgré sa réticence, elle laissa l’homme se rapprocher à moins d’un mètre. Et l’homme parla.

 

 

 

 

Laisser un commentaire ?