Recueil sur le thème d'arcane
« Mère,
J’ai bien lu votre lettre. Je ne sais pas quoi en penser. Peut-être ne nous sommes-nous jamais comprises toutes les deux? Peut-être que… Que c’est ma faute? Peut-être avons-nous simplement des torts que nous nous cachons Nous nous cachons toutes les deux? L’amour que vous avez essayé de me donner sans parvenir à me le montrer de la bonne façon m’a profondément marqué et fait souffrir, mais pourtant, je ne vous en veux pas. Cette allure froide que vous dégagiez était due à votre poste de conseillère, je le sais, vous avez raison. Dans le fond comment vous en vouloir, n’est-ce pas? Et pourtant quelque chose me tourmente. J’ai toujours pensé que vous ne m’aimiez pas à cause de mes choix de vie. Vous vouliez toujours que je rentre dans le moule, enfin, dans celui que vous aviez construit pour moi à ma naissance. Alors… Je vous prie de m’excuser. De m’excuser de ne pas vous avoir écoutée, mais je voulais vivre ma vie différemment. Je ne voulais pas que l’on décide pour moi, ce que vous faisiez et ce à quoi je m’opposais fermement. Oui, vous étiez contre tout ça, je suis désolée que vous vous en rendiez compte maintenant… Je sais très bien que vous aviez peur pour moi si je devenais pacifieuse, pourtant c’était mon rêve depuis l’enfance. Mais je dois vous remercier pour une chose, vous me permettiez de prendre des cours de tir malgré vos réticences. Je vous en remercie infiniment. Maintenant que j’écris cette lettre d’adieu qui vous est dédiée, vous, l’une des personnes les plus chères à mon cœur, ma vie, mon âme.
Cette lettre que père m’a tendue en même temps que la clé des Kiramman m’a profondément fait mal. Je réponds à celle-ci non pas parce que je le dois mais surtout parce que je le veux. J’ai besoin que vous la lisiez. Alors… J’écris, je l’écris sur le marbre de votre tombe où les pétales de violettes tombent en cascade. Cet endroit… Il a toujours été un lieu propice à nos discussions. Nous ne nous disputions jamais ici et j’aimais ça. J’aimais profondément ces instants mère/ fille parfois silencieux mais tellement significatifs. On dit que certains silences valent mieux que des mots. C’était le cas dans ce jardin. Pourtant à présent je regrette de n’avoir pu profiter pleinement de ces moments. Je les chérissais pourtant tellement mais c’est ainsi, je ne peux pas revenir en arrière.
Et si je le pouvais… Que pourrais-je bien faire hein? Que pourrais-je dire? Je doute. Oui de tellement de choses dont ce que vous évoquez. Mais cela, je ne le vis pas comme de la sagesse, bien que, vous avez raison, je dois en posséder… Enfin… Un peu? Non je ne sais pas, en réalité pas du tout, mais vous avez toujours eu le sens de l’observation alors pourquoi ne pas y croire? Vous croire enfin après votre mort. C’est… ce que vous trouveriez peut être impertinent? Et père? Qu’en penserait-il? Pourquoi me torture-je l’esprit ainsi alors que vous n’êtes plus là? Vous laissez un vide si grand que je ne sais pas comment le combler. Je ne serai jamais la Kiramman que vous souhaitiez avoir. Et pourtant… Pourtant vous le pensez et cela… Cela me torture l’esprit, le cœur, l’âme. Vous croyiez donc finalement en moi? Pourquoi ne pas me l’avoir prouvé de votre vivant? Je ne comprends pas… Et ce poids. Ce poids qui m’écrase depuis que vous êtes partie, c’en est presque insurmontable.
Si vous saviez à quel point je m’en veux de ne pas vous avoir aimée à votre juste valeur. Seulement, j’étais une enfant qui vivait avec une mère absente, une mère qui vivait pour son travail et qui était bien trop stricte pour aimer son enfant. Du moins, c’est ce que je pensais. Peut–être était-ce vrai, mais vous l’avouez vous-même. Vous n’étiez pas là pour passer du temps avec moi à cause de votre statut de conseillère. Pourtant, je vous ai aimé de tout mon cœur et jamais cet amour envers vous ne s'éteindra.
Je vous écris donc cette lettre en espérant que les anges vous la donnent.
«Ma très chère fille,
Si tu lis cette lettre c’est que je ne suis plus de ce monde, mais aussi que tu as reçu la clé Kiramman. Je sais que tu en feras bon usage. Tu as toujours été quelqu’un de fort et je suis fière de toi. Je m’excuse de n’avoir pas été la mère idéale que tu aurais sûrement voulu que je fusse. Mais sache que dès ta naissance ma vie a changé. Être mère a pour moi été un cadeau tombé du ciel et ce cadeau n’était autre que toi. Si tu savais comme je t’ai aimée. Je sais que je n’ai pas été la mère parfaite, exemplaire. Je te dictais ta vie sans voir le mal que cela pouvait te faire. Seulement j’avais bien trop peur pour toi. Pour moi tu es toujours restée le bébé qu’on m’a donné une fois que j’avais accouché. Un être fragile qu’il fallait protéger par tous les moyens. Seulement, je savais, dans mon for intérieur que plus tu grandirais, moins tu aurais besoin de cette protection. Et j’avais raison. Tu es devenue une jeune femme aussi belle qu’intelligente et forte. Je suis fière. Fière de ce que tu es même si je ne l’ai jamais montré.
Je suis consciente de ne pas avoir été une mère présente, mais s’il te plaît… Ne doute plus de mon amour envers toi car je t’ai toujours aimé comme j’aimais ton père. Je sais que je ne suis plus là, plus à tes côtés pour te le prouver mais de là-haut je veillerai sur toi, je t’en fais la promesse. Malheureusement, bien que je t’aimais… Mon travail obscurcissait mon besoin de passer du temps avec ton père et toi, c’est pour cela que bien que je n’aimais pas ça, je t’ai laissé prendre des cours de tir. Pour que tu sois heureuse et pourtant, je savais que ce cadeau ne me remplacerait pas. Cela n’était qu’une sorte de subterfuge pour te montrer que j’étais là et c’était vrai mais, je savais que tu aurais préféré autre chose. Comme… Une mère présente pour sa fille. Une mère aimante et affectueuse. Je l’aurais été crois moi, mais j’aurais eu besoin de temps pour apprendre à faire ça, après tout tu étais mon seul et unique enfant.
Mon Dieu comme j’aurais aimé être là pour toi… Je n’aurais pas eu à écrire cette lettre pour que ton père te la donne. J’aurais enfin pu comprendre ce qu'étaient les mots enfant et amour? Peut-être qui sait? Ce dont je suis sûre c’est que j’aurais passé le plus de temps possible avec ma fille, mon joyau, toi, ma descente. Je suis désolée de laisser reposer tout ça sur toi mais tu es une Kiramman. Les femmes de cette famille ont toujours été des forces de la nature. Et je sais que tu pourras surmonter ma perte. Quoi qu’il arrive tu sauras faire les bons choix pour sortir indemne de toutes les embûches, tous les obstacles et que ton statut de pacifieuse fera honneur au nom Kiramman.
Je sais que tu doutes de tes droits de naissance, Caitlyn. C’est une preuve de sagesse. Mais n’oublie pas. Tu es une Kiramman.