Mes mémoires

Chapitre 41 : D'où je viens

1653 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 9 jours

J’avais tenté de me suicider, ce n’était pas rien. Cela montrait ma réelle détresse, bien que je ne l’aie pas exprimée de vive voix. Ça plus ma fugue avait tiré la sonnette d’alarme, même chez mes parents. Ils s’inquiétaient bien plus à présent. Si seulement je ne m’étais pas loupée… Non. Il ne fallait pas que je pense à ça. J’étais restée à l’hôpital quelque temps où je voyais chaque jour le docteur Donovan. Ces séances duraient moins longtemps que d'habitude, mais elles étaient… Plus intenses ? Oui, évidemment, vu que c’était un peu tous les jours, mais j’étais à bout. Je n’en pouvais plus de parler, j’aurais voulu qu’on me coupe la langue pour que je ne puisse plus parler, ça me ferait moins mal d'expliquer pourquoi j’avais fait toutes ces choses. Et depuis que le psy avait su que j’étais une hybride, il s'intéressait un peu plus à moi. Réalité ou paranoïa ? Je n’en savais rien, les médicaments me bouffaient presque entièrement le cerveau. Sauf lorsque j’étudiais, là, tout allait bien et je me sentais bien. Se focaliser sur une tâche pour oublier le monde extérieur, voilà ce que je faisais au maximum.


De retour à la maison, nous faisions comme si de rien n’était. À vrai dire, nous n’en parlions pas. Je pense que tout le monde voulait passer à autre chose et ça m’allait parfaitement. Mais, je ne savais pas réellement, il y avait quelque chose dans l’air qui me disait qu’il allait y avoir une chose qui allait se passer, mais quoi ? Aucune idée. Depuis que la prise de sang avait bien prouvé que j’avais plus de gènes animaux qu’humains, D’une black mamba plus exactement, d’où mes mues et certaines de mes capacités. Je me disais que je pourrais comprendre encore plus les hybrides, ce qui me faisait grandement plaisir, même si Vi avait semblé réticente au fait que j’en sois une. M’accusant de vouloir renier cette part de moi et de nous renier tout simplement. Mais, de toute façon, mon hybridation ne se voyait pas, je n’avais pas à m’en faire. Pourquoi ma sœur s'était mise autant sur la défensive ? J’avais l’impression qu’elle subissait plus qu’elle n’en était fière. Pourtant, elle le revendiquait : elle aimait être une hybride, dans ce cas alors ?  Par pure rébellion envers la race humaine ? Enfin. Revenons-en au présent. Ma sœur avait posé mes affaires dans ma chambre et j’ouvris la fenêtre pour humer l’air frais. Nous allions parler de ma tentative avec ma sœur, mais au final, non. Pas le temps pour ça. Nous étions déjà appelés par notre père.


« Les filles! On doit parler d’une chose sérieuse tous les quatre » avait-il dit d’une voix forte pour être entendu jusqu’à l’étage. Que voulait-il dire au juste ?



Une fois en bas, nous vîmes notre mère assise et notre père contre le mur, nous regardant.


« Nous devons vous parler de ce que sont réellement les zengothiens et ce qu'il s'est passé entre nous et les humains.»


Ma sœur et moi nous regardions. Que voulaient-ils nous raconter, au juste ? On savait très bien que l’entente était sur un fil tendu entre nos deux races, alors pourquoi creuser dans le fond ? 


«P’pa on connaît l’histoire, ça va…» 


Lança Vi d’un ton presque las. Seulement…


«Non Vi, justement, tu ne sais pas.»


Son ton était des plus sérieux et l’on commençait à se demander si c’était vraiment si grave que ça.


«Il y a plus d’une centaine d’années maintenant, les zengothiens vivaient en parfaite harmonie avec la nature. Leur terre leur appartenait, il n’avait pas une grande technologie, mais pour eux, peu leur importait, ils avaient : la terre qui était l’essence même de… Leur pouvoir grâce à l’hybridation.»


Nous, nous regardions avec ma sœur puis froncions les sourcils.


«Je sais ce que vous vous dites : des pouvoirs? On est surhumain ? Non, pas complètement, mais nos ancêtres étaient des enfants de la nature, nature qu’ils nous léguèrent. Et ces pouvoirs donnés ? Ils nous venaient des êtres peuplant notre jeune planète : les animaux. Comment ? On ne l’a jamais su. En revanche, je sais qu'un animal choisit le corps d’un zengothien pour vivre en osmose avec lui, leur donnant des caractéristiques venant d’eux. Toi, Vi, regarde ta queue et tes oreilles de louve. Jinx… Ta mue de serpent, ton besoin d’être sans cesse dans un environnement chaud… »


Vander continuait de raconter, comme il le pouvait, ce qu’était un Zengothiens, mais à présent… Il fallait passer aux Terriens, ceux qui avaient sali leur planète en quelque sorte. Il soupira et s’alluma une cigarette en ouvrant la cigarette. Fumer ne me venait même pas à l’esprit. J’en voulais plus. Je voulais savoir l’histoire de notre planète


«Bien… Continuons. Zengoth est une planète encore jeune. Elle atteindra les mille neuf cent trente-trois ans à la fin de l’année, selon les chercheurs. Seulement, il y a bien longtemps qu’elle s’est retrouvée meurtrie, enfin, son peuple. Les humains sont arrivés il y a environ mille ans. Oh bien sûr notre peuple étant pacifiste et les humains ayant montré ce qu’ils pouvaient faire de notre planète, car la leur était morte, nos ancêtres acceptèrent de leur léguer quelques terres.»


Notre père souffla sa fumée bruyamment, ma mère le regardant attentivement. Elle savait que Vander n’aimait pas parler de ça. Mais ils savaient aussi tous les deux que la future génération devait se souvenir de leurs histoires pour léguer cette histoire à tout nouvel hybride naissant. Lorsqu’il serait prêt évidemment. Il poursuivit.


« Tout se passa bien. Pendant la première soixante dizaines d’années. En réalité, les humains n’étaient autres que des usurpateurs de la paix entre nos deux races. Bien vite, lorsqu’ils furent assez nombreux, ils menèrent un combat pour nous asservir, les zengothiens. Nous étions certes plus nombreux, mais comme je vous l’ai dit, nous étions un peuple pacifiste et nous nous reposions aussi sur les Terriens pro-hybrides. Ceux qui aspiraient à la synergie entre nos deux races. Seulement, sous peine de punition et d’éxécution pour trahison, tous se firent petits. Évidemment, des clans se formaient silencieusement. Et s’il y avait des États prêt à nous asservir, ancêtre et enfant de cette planète, il y avait des États que l’on appelait États paradis. Là où hybrides et humains coexistaient dans la plus grande harmonie, créant ainsi des couples mixtes. Comme votre mère et moi.»


Il eut un large sourire en prenant une aspiration sur sa clope, continuant.


« Seulement dans les états dans lesquels régnait le chaos pour les hybrides, il était question de se cacher à chaque instant Pour les plus chanceux, ceux dont l’hybridation ne se voyait pas ils avaient la chance de pouvoir grandir parmi les humains et avaient donc plus de moyens que pour ceux dont l’hybridation se voyait. Et pour eux… Ce genre d’États commencèrent à se servir de la population hybride comme de la main d'œuvre pour les hommes, laissant les métiers plus haut gradés aux terriens et mettant à disposition les femmes hybrides telles que des bonniches ou encore des dame de compagnie. Le pire pour elle étant d’être enfermée dans des maisons closes. Bien heureusement, ce système s’arrêta avec le soulèvement des États pro-hybrides qui avaient à présent une emprise bien plus grosse que les terriens anti hybrides ne l’auraient cru. Il y eut donc un traité de paix entre humains et hybrides pour mettre à niveau nos deux races. Si je puis dire.»


L’ours écrasa sa cigarette à la fin de son explication.


« Des questions Jinx? Vi?»


Il regarda Vi en particulier qui semblait être à la limite de l’enragement. Mais, Vander, connaissant sa fille et sachant ce à quoi elle pensait, précisa :


«Ce n’est pas un appel à la haine, Vi. Tu fais déjà partie d’un gang pro hybride et tu causes déjà des dégâts…»


Ce fut à Angelina de prendre la parole.


«Tu devrais réfléchir à tes actes. Tout détruire, faire souffrir les humains ne t’aidera en rien. Cela ne t’apportera que des ennuis. Et nous ne souhaitons pas que ça arrive. Juste… Prends sur toi…»


Vi cracha de colère.


«Et les laisser nous la mettre profonde en nous asservissant malgré ce traité sans fond? Y’a encore des expériences sur les hybrides et après, vous dites que les deux races vivent en paix?!»


Elle se leva poings serrés et Vander précisa.


«Je n’ai pas dit ça, Vi. Mais le traité de paix existe bel et bien. Il y aura toujours des gens pour aller à l’encontre de celui-ci et il faut s'y faire. Regarde… Toi même tu ne l’écoutes pas, même si tu sors avec une humaine.»


Vi grogna et je me levai pour me rapprocher d’elle et poser ma main sur son épaule qu’elle déroba.


«Lâche-moi! J’ai b’soin d’sortir!»


Et sous mes yeux ébahis, je la vis partir en claquant la porte derrière elle. Jamais elle ne m’avait repoussé ainsi… 


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