Mes mémoires

Chapitre 39 : On doit parler

1399 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 27 jours

Depuis quelques jours déjà, j’évitais Ekko. Pourquoi ? Je ne savais pas trop, je ne me sentais pas digne de lui. Je me sentais comme… Un monstre. Une impostrice face à quelqu’un qui croyait en moi. Qu’avais-je fait ? Par quoi pouvais-je commencer ? Les scarifications que j’avais reprises, la drogue que j’avais recommencé à prendre, sans compter le poids que j’avais perdu depuis quelques semaines déjà. Par chance, j’avais souvent un sweat sur moi, mais sans ça ? C’est tout simple : on commençait à voir mes côtes. Vi l’avait senti et vu quant à Ekko? Je n’osais plus me montrer nue face à lui, j’avais bien trop honte de ce que je devenais. Je m'en voulais tellement que le mur à côté de moi accueillit mon poing tandis que je réfrénais un cri de terreur, mais aussi de douleur. J’étais comme Vi dans le fond, aussi colérique qu’elle. Les larmes aux yeux, je regardais ma main dont les phalanges étaient rouges. J’arrivais de moins en moins à me contrôler. Ça me mettait dans une rage folle et à la fois dans une peur intense. Et si je cédais ? Si je recommençais ? Je n’ai pas le temps de penser plus que je vis mon portable s’allumer et vibrer sur mon bureau : Ekko. Je ravalais mes larmes bien que ma voix restait tremblante, ce qu’il remarqua. Et je ne pus y échapper, il me demanda un rendez-vous. J’étais à la fois heureuse et terrifiée. Terrifiée à l’idée d’une confrontation, bien qu’elle soit avec la personne que j’aimais par-dessus tout, et ça, je ne pouvais pas le nier. Peut-être était-ce le moment de lui avouer ? Il se devait d’être au courant. Nous avions donc décidé de nous rejoindre au Quidom garden sous le vieux chêne.


Habillée chaudement, les mains dans les poches et mon casque sur les oreilles. J’étais tellement dans mon monde que je sursautais lorsque je vis quelqu’un débouler devant moi. Je repris mon souffle en mettant ma main sur mon cœur et en soupirant. Ce n’était autre que mon petit ami. J’enlevai mon casque et lui donnai une tape derrière la tête.


« Espèce d’idiot! J’ai failli faire une crise cardiaque !» m’exclamai-je d’un ton tout de même rieur.



« T'as qu’à faire plus attention au monde autour de toi et à mettre ta musique moins forte. J’ai gueulé ton prénom et tu m’as pas entendu !» dit-il en me tapotant le dessus de la tête gentiment. Je haussai les épaules.


« Tu sais très bien pourquoi je la mets aussi forte… »


« Oui, je le sais, c’est pour ça que je t’engueule gentiment. »


Sur ces mots, il m’embrassa et je me laissai faire en souriant. Qu’est-ce que j’aimais ses baisers, ils m’avaient manqué. Tout comme ses petites attentions et la douceur dont il faisait preuve avec moi. Putain, qu’est-ce que je pouvais l’aimer ! Pourquoi j’étais si indigne de lui ? Il méritait bien mieux que moi et je le savais.


« Allez, viens, on va chercher à manger et ensuite aller au parc.»


Il attrapa ma main et, par malchance, la mauvaise, et je sifflais doucement de douleur. Il me regarda avec un sourcil haussé, remontant ensuite ma manche et dévoilant ma main « abîmée ».


« Qu'est-ce que c'est ça ? » dit-il à la fois inquiet et... Contrarié ?


« Tu sais ce que c’est Ekko… J’ai… Juste frappé dans un mur parce que j’étais énervée… » lançai-je comme si c’était évident.


Ekko me lâcha la main et me tourna le dos et laissa tomber sa tête en arrière. Je pus l’entendre soupirer. À quoi pensait-il ? Je l’avais déçu une fois de plus ? Oui, c'était certainement ça… Je baissais la tête.


« Écoute Ekko…»


Je n’eus pas le temps de continuer qu’il me coupa la parole d’un ton plus sec et dissimulant des sanglots. Je le percevais très bien, je le connais très bien. Tout comme lui me connaissait.


« Non, c'est à toi de m’écouter, Jinx! Tu me mens, tu esquives nos rendez-vous, tu me parles presque seulement par sms… Tu veux quoi ? Qu’on en reste là ? Tu veux quoi ? Tu veux qu’on se sépare ? Me laisse pas dans l’ignorance, Jinx! Par pitié… Dis-le moi si tu ne veux plus qu’on reste ensemble… »


J’écarquillai les yeux et remontai la tête immédiatement. Il avait des sanglots dans sa voix. Clairement, ses nerfs avaient lâché, à cause de moi. Je le faisais souffrir… Je faisais souffrir le seul et unique homme de ma vie. Je l’entourai de mes bras, pleurant à chaudes larmes.


«Ekko! Je pourrai jamais te quitter, je t’aime trop ! Je. Si je te mens, c'est… Je sais plus où j’en suis, je… Je veux juste te préserver… »


Il se retourna.


« Me préserver ?»


Je séchai mes larmes.


« On doit parler… »


Il hocha la tête et prit mon autre main, commençant à marcher en direction du parc. Sur le chemin, aucuns mots ne furent prononcés. Ce n’est qu’une fois assis tous les deux que je sortis une clope maladroitement de mon paquet, l’allumant en tremblant. Il fallait que ça sorte, mais… Comment ? J’avais peur de le blesser encore plus que si je le quittais. Était-ce possible ? Je n’en savais rien, mais j’avais horriblement peur. Je soufflais ma fumée par le nez, les yeux clos.


« J'ai recommencé… » 


Oui, mais quoi ? Je savais qu’il ne pourrait pas comprendre et le su au moment où il inclina la tête. Je grattais la jointure de mon pouce avec l’ongle de mon index.


« J'ai… J’ai recommencé à me mutiler… »


La bombe était lâchée et sa réaction me tordit l’estomac, poignarda mon cœur d’une multitude de lames. En ce moment même, si j’avais pu sortir Abysse, je l’aurais fait. Je le regardais alors qu’il avait les yeux écarquillés et la bouche mi-ouverte. Lorsqu’il serra les poings en secouant la tête, je pus voir qu’il avait les larmes aux yeux. Je l’avais déçu comme je l’imaginais avant de lui avoir donné ce rendez-vous. Je ne savais pas quoi faire. Le serrer dans mes bras ? Il semblait tellement tendu que j’avais peur de sa réaction… Peut-être était-ce lui qui voudrait me quitter en sachant cette vérité ?


«Écoute, Ekko… Mon Amour. Je te comprendrais si tu voulais me quitter. Je t’ai déçu, je t’ai menti et je t’ai fait souffrir, tout simplement. Alors, ce n’est pas à moi de prendre la décision de terminer notre relation ici. Sache juste que…»

 

Je ne pus finir ma phrase que je sentais une étreinte autour de mon corps. Aussi soudaine que remplie d’amour torturé. Je pouvais sentir les larmes qui coulaient dans le creux de mon cou. Les larmes de peine, de douleur de l’homme avec qui j’étais en couple et cela me fit tellement mal que je le serrais moi aussi dans mes bras avec force, m’agrippant à sa veste. Des larmes commençaient à couler le long de mes joues. Nous restions dans cette position un long moment, le temps de nous calmer, ne serait-ce qu’un peu tous les deux. Notre étreinte enfin défaite, Ekko prit mon visage dans ses mains et je n’osais pas le regarder, bien qu’il me forçât à le faire.


«Regarde-moi Jinx… Je ne pourrai te quitter, d’accord ? Tu es la personne que j’aime le plus au monde. Seulement, en ce moment, je m’inquiète énormément. Il faut croire que j’avais raison. Mais on va surmonter cette épreuve à deux et même avec les autres ! On va être là pour toi, d’accord. » Il me parlait d’une voix douce, en sanglotant toujours un peu. Je hochai la tête à la fin de sa phrase.


Sanglotant toujours un peu. Je hochai la tête à la fin de sa phrase.

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