Le kraken

Chapitre 1 : Le kraken

Chapitre final

4179 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 18/06/2019 10:42

Angel, on a un problème !


Le directeur fraîchement promu du cabinet Wolfram et Hart, assis à son bureau, leva la tête de son parchemin et regarda l’Observateur qui entrait, une pile de documents à la main, un bocal coincé sous le bras. Il était suivi de Fred qui agitait un appareil bizarre qui clignotait de diodes multicolores.


— Je t’écoute, Wesley.


Angel avait l’impression que depuis son arrivée ici, les problèmes s’accumulaient en masse, ce qui, s’il était honnête, ressemblait étrangement à l’ensemble de sa vie. Toutefois s’il avait une nouvelle difficulté en vue, il était ravi de l’interruption de sa lecture : celui qui avait écrit le parchemin aimait le style pattes de mouche, et il essayait de déchiffrer depuis cinq minutes si l’auteur avait voulu écrire : dix vierges, ou dix cierges.


C’est au sujet des égouts. Plusieurs signalements faits à la police rapportent qu’une créature étrange circulerait dans les sous-sols de la ville – Wesley leva un doigt pour couper Angel qui s’apprêtait à intervenir – Oui je sais, ce n’est pas de notre ressort, mais dans le dernier témoignage en date, l’homme a eu la main tranchée net, par ce qui semblerait être (l’Observateur consulta les documents qu’il avait apportés) … une lourde grille en fer de type médiéval. Et en plus de sa main, ceci a été trouvé à côté de la grille en question.


Wesley extirpa le bocal de sous son bras, il était rempli d’un liquide clair, sûrement du formol supposa Angel. À l’intérieur, flottait un morceau de tentacule violet, avec des ventouses rose clair qui suintaient d’un liquide noir. La surface interne dudit bocal était couverte de pétales d’un rose rouge éclatant.


Ce n’est pas radioactif, ni d’origine extra-terrestre, je le confirme. C’est définitivement une signature magique ! s’exclama Fred en tapotant son appareil lumineux.


D’accord, si je récapitule, un kraken magique vivrait dans les égouts de Los Angeles, il se cacherait derrière une grille en fer, et il cultiverait des roses ? s’interrogea Angel.


Eh bien pas un kraken à proprement parler, le tentacule dans le bocal, n’en est pas vraiment un…


Oui c’est un composé d’eau, d’oxygène, d’azote, de carbone, de silicium… énuméra Fred.


Autrement dit c’est un morceau de corps humain, conclut Wesley.


Le silence se fit dans le bureau. Chacun essayant d’interpréter comme il le pouvait les conclusions de Fred et Wesley.


Donc, on est en train de dire, qu’un humain qui a l’apparence d’un kraken, si j’en juge ce tentacule, vit dans les égouts. Et qu’est-ce que je suis censé faire ? demanda Angel à l’assemblée.


Tu dois aller délivrer Belle, ça me semble évident !


Angel soupira d’agacement. C’est qu’il avait presque oublié l’espace d’un merveilleux instant, l’existence de Spike, cet avorton qui lui pourrissait la vie à Los Angeles depuis qu’il était sorti d’une amulette.


Ne raconte pas n’importe quoi ! s’exaspéra-t-il en se tournant vers l’ex-fantôme qui était entré là comme dans un moulin et qui se trouvait maintenant assis sur le coin du bureau. Et d’abord qui est cette Belle ? Et ne t’assois pas ici !


Tu ne sais vraiment rien sur rien, idiot comme au premier jour ! Belle du conte de fée, la Belle et la Bête, quoique je me demande, si le kraken ne serait pas la belle et toi la vilaine bête. Hum… fais voir un peu ta tête - Spike se pencha vers Angel – Oui ! Tu es définitivement la Bête, ce monstre hideux qui vit comme un reclus, coupé du monde extérieur, pleurant sur sa vie passée…


Je ne vis pas coupé du monde ! Et je ne pleure pas sur ma vie passée ou autre chose ! Je ne pleure pas du tout en fait ! se hérissa Angel en se levant prestement de sa chaise. Et sors de là !


Mais regarde-toi, avec cette hideuse face, je suis sûr que tu pleures la nuit, ouin ouin la prophétie Shanshu, singea Spike en s’essuyant les yeux avec les poings fermés.


Je t’ai déjà dit que je ne pleurais pas ! cria Angel, faisant le tour de son bureau.


En fait, ça se tient, dit calmement Wesley, coupant Angel qui criait et Spike qui imitait les pleurs de l’autre vampire.


Cela désarçonna tout le monde, et les deux autres se turent en regardant l’Observateur qui remontait ses lunettes du bout de son index.


Mais pas du tout, c’était de la conjonctivite, je ne pleurais pas, marmonna Angel.


Le monstre pourrait être un humain piégé par une quelconque magie dans le corps d’un kraken… L’égoutier qui a eu la main tranchée a parlé d’un château fait de roses derrière la grille. Il aurait voulu en cueillir une, et c’est comme ça que sa main aurait été coupée, poursuivait Wesley sans s’occuper de cette histoire de conjonctivite. Ça pourrait tout expliquer.


Vraiment ? Tu y crois à cette histoire de conte de fée ? demanda Angel.


Que ce soit l’explication ou pas, on ne peut pas laisser une telle chose se balader dans les égouts, et attaquer les gens comme ça. Surtout que Gunn, grâce à ses contacts, a trouvé plusieurs histoires similaires depuis le début de l’année. Il m’a rapporté des témoignages relatifs à des membres coupés, et d’histoires fantaisistes sur des poulpes. Tous parlent du même endroit : des égouts. Ceux-ci  ont une particularité, ils sont directement connectés à l’aqueduc qui relie Los Angeles à la rivière Owens, et donc à l’océan. Il faut que tu ailles voir, conclut l’Observateur.


Très bien, j’irai, mais, j’emmène Spike avec moi, dit-il en se tournant avec un sourire sardonique vers celui-ci. Après tout, tu es le spécialiste des contes de fées.



Rappelle-moi pourquoi on est là déjà ?


Angel soupira et roula des yeux pour la soixante-douzième fois depuis le début de la journée. Aller déloger une créature féroce à trois heures du matin était une mauvaise idée, chasser ledit monstre dans les égouts était une très mauvaise idée, mais faire le tout accompagné de Spike devenait synonyme d’apocalypse. Est-ce que Wesley avait perdu la tête ?


Spike n’eut pas le temps de protester qu’il fut emmené pour une balade dans les égouts. Ça faisait une demi-heure qu’ils tournaient en rond dans les tunnels, et hormis des rats et des ordures, aucune trace du kraken ou d’un autre humain.


Angel avait décidé d’y aller la nuit, favorable aux deux vampires, pour être les plus discrets possible. Mais c’était sans compter sur Spike, qui une fois de plus, s’égosilla dans le noir des tunnels.


Qu’est-ce que c’est que ce machin ! s’écria fortement l’emmerdeur attitré d’Angel.


Quoi encore ?


Y’a un truc gluant qui colle à ma chaussure.


S’arrêtant de marcher, Spike leva sa jambe : un long filet visqueux verdâtre allait de sa semelle au sol. Il secoua son pied mais impossible de déloger la substance de sa botte noire.


Vraiment Angel, je mettrai sur ma note de frais une nouvelle paire de pompes, je suis sûr que ce truc est…


Spike… ferme-la un instant, signifia l’autre, est-ce que tu entends ça ?


Son visage avait pris sa forme vampirique, toute sa posture avait changé, en instant il était revenu sur ses gardes.


Spike reposa son pied et leva la tête, la même concentration pouvait se lire sur ses traits. Il entendit enfin ce dont Angel voulait parler. Un bruit répétitif, une sorte de claquement régulier, qui lui évoquait un pont-levis qu’on remontait. Il prit aussitôt son aspect de vampire, la chasse était ouverte.


Côte à côte, ils évoluèrent pas à pas, silencieusement, seul le bruissement de l’eau qui s’écoulait se faisait entendre. Angel était à présent aux aguets. Il n’avait vu dans cette affaire qu’une occasion de s’échapper de son bureau, sans prendre ça très au sérieux. Il avait emmené Spike, qui avait étonnamment accepté de le suivre, peut-être qu’il n’était pas le seul à avoir besoin de distraction. Finalement, ils allaient trouver quelque chose, et il n’était pas contre une bonne bagarre.

À mesure qu’il avançait, Angel détectait maintenant, une forte odeur de parfum de rose s’imposait. Spike grogna à ses côtés, il en déduisit que lui aussi pouvait la sentir, et que l’égoutier n’avait pas perdu la raison. Ils débouchèrent dans un vaste carrefour, composé de plusieurs tunnels ayant la forme d’une arcade. Sans hésiter, ils s’engagèrent vers le couloir le plus à droite. Marchant prudemment, ils avancèrent doucement vers l’entrée. Angel pila et Spike eut l’impression de se fracasser le nez contre un mur en butant dans son dos.


Qu’est-ce que… ?


Devant lui se trouvait un parterre de roses si éclatantes qu’elles semblaient vivantes, leurs pétales étaient tels des rubis de velours, leurs tiges des pieds d’émeraude, et leur parfum dégageait une odeur voluptueuse et envoûtante. À perte de vue, les fleurs s’entremêlaient, le tout formant un château, un véritable joyau de beauté enfouie au plus profond de la crasse des égouts. Angel n’avait jamais rien contemplé d’aussi beau, l’éclat des roses brillait dans ses yeux. Il observait ce spectacle les bras ballants, totalement hypnotisé.


Eh bien, si c’est pas le truc le plus moche que j’ai jamais vu ! Même le Démogorgon est plus beau que ce tapis de fleurs moisies, et puis qu’est-ce que c’est que cette odeur qui schlingue ?! s’exclama Spike en se bouchant le nez. Allez, on traverse ça, et on taille des sashimis avec ce poulpe, j’en ai ma claque, amène-toi !


Spike commença à avancer dans le tunnel, mais voyant qu’Angel ne réagissait pas, il se tourna vers lui. L’autre vampire ne bougeait plus du tout. Totalement statufié, les bras le long du corps et les yeux vides. Il rebroussa chemin et se mit devant lui. Il l’appela plusieurs fois, agita sa main devant son visage, et pour finir ne résista pas à la tentation de lui mettre un coup de pied pour le faire réagir. Sans succès. Alors qu’il se demandait quoi faire (devait-il traverser tout seul, ou embarquer « la statue » sous son bras et rentrer au cabinet d’avocats ?) Il entendit un bruit de succion très proche, qui venait du tunnel de roses moisies.


Intrus dans ma demeure ! Hâte-toi de passer ton chemin ! Laisse-moi la créature qui t’accompagne et quitte les lieux ! s’exclama une voie caverneuse.


Spike désobéit d’un pas décidé. Hors de question qu’il reparte sans Angel ! Il voulait son combat, et en plus si ça lui permettait de l’humilier un peu plus c’était encore mieux. Il avança dans le tunnel, dont l’odeur pestilentielle lui vrillait le crâne.


Il vit la créature tapie dans un coin, soit un énorme poulpe dont les huit tentacules reposaient sur le parterre de fleurs. Son corps était d’une étrange couleur violette, comme Spike avait pu l’apercevoir dans le bocal de Wesley. Il remarqua que certains de ses tentacules avaient une couleur rose au contact des fleurs, alors que d’autres plus près du mur, étaient noirs.


Sans crier gare, l’énorme créature leva ses tentacules, et les tendit vers Spike pour le frapper. Il fit un bond de côté pour éviter les plus proche de lui, mais il retrouva acculé. L’une des pattes du monstre vint le percuter de plein fouet alors qu’il tentait de courir vers la sortie. Le kraken l’attrapa et d’un geste souple, il entoura son tentacule autour de lui et commença à serrer.


Tu crois que tu vas m’avoir comme ça ? Pfff, je suis un vampire donc je ne respire pas !


Respirer non, mais est-ce que tu brûles ?


Les ventouses du tentacule qui enserrait Spike libérèrent une substance noire et collante qui lui aspergea la moitié du visage et le haut de son corps. Le poulpe avait raison, le liquide noir commençait à lui brûler la peau. Il essaya de ne pas penser à la douleur que lui causait cet acide, alors que son visage fumait, il se concentra sur la libération de ses bras. Au bout de quelques efforts et contorsions, il parvint à en sortir un.


Il asséna plusieurs coups de poings féroces sur la chair qui l’enserrait. Le bruit était visqueux, et Spike avait l’impression de taper sur un gros bloc de gelée. La créature le relâcha pourtant aussitôt et siffla de douleur. Le vampire s’écroula au sol, il ne prit pas le temps d’examiner ses blessures qu’il se releva et fonça droit sur le kraken. Cette bestiole avait voulu le tuer, et elle avait fait d’Angel une coquille vide, il devait agir. Il ne pensa à rien alors qu’il franchit d’un bond les derniers mètres le séparant de la créature, il brandit le poing visant son œil, l’endroit le plus fragile.


Sans s’y attendre, il traversa le corps solide comme s’il s’agissait d’un fantôme. Et Spike était bien placé pour savoir ce que ça faisait de ne plus avoir de corps tangible. De là où il était, il voyait clairement l’extérieur, il distinguait parfaitement le château de roses pourries, et plus loin Angel qui n’avait pas bougé d’un pouce, toujours amorphe.


Mais qu’est-ce que c‘est que ce bordel !?


Bienvenue Spike.


Le vampire blond se retourna si brusquement qu’il faillit en perdre l’équilibre. Devant lui se tenait un jeune homme qui ne devait avoir guère plus de vingt ans, aussi grand que lui. Il était habillé d’une façon qui laissait penser qu’il avait deux siècles de retard sur la mode, il était vêtu dans long manteau bleu nuit, une épée rouillée pendait à sa ceinture. Il avait les cheveux bruns mi-longs, une fine moustache et un bouc assorti.


Il évoquait au vampire les pirates qui parcouraient les mers, cherchant des trésors aux quatre coins du monde. L’homme avait les mains croisées dans le dos, dans une posture non-agressive. Spike se détendit imperceptiblement.


T’es qui toi ? Et comment je me suis retrouvé à l‘intérieur de toi ? demanda -t-il.


Laisse-moi t’expliquer. Je suis un humain, je me prénomme Francis Hawkins. Je suis… Enfin j’étais un corsaire en mission pour la reine. Je parcourais l’océan pour mon royaume, avec mes hommes, nous avions pour mission de longer les côtes africaines pour ramener des esclaves, et toutes les richesses que nous trouvions. Au retour d’une traversée, nous avons été pris dans une tempête, presque tout le monde était mort, les esclaves s’étaient noyés. Il ne restait plus qu’une poignée de mes hommes et cette femme. Nous l’avions achetée sur un marché avec son enfant, elle venait d’un village reculé, c’est tout ce que je savais d’elle. Je ne connaissais pas même pas son nom.


Viens-en au fait, j’ai pas toute la nuit, s’impatienta le vampire.


  Cette femme devait être la sorcière de son village, poursuivit Hawkins. Elle a commencé à psalmodier dans une langue que je ne comprenais pas. Je pense m’être évanoui. Quand j’ai repris connaissance, j’étais dans l’océan, sous cette forme, la sorcière était morte, étouffée par une de mes tentacules. Mes hommes et mon navire avaient disparu. Comprends-tu ? Elle m’a maudit pour l’éternité, faisant de moi le prisonnier de ce corps hideux. Vois-tu ce qu’elle a fait ? Elle s’est vengée, me faisant subir sa captivité, et la mort de son enfant. Je n’ai pas vécu la vie que je devais avoir. Ma femme enceinte m’attendait au pays, elle était toute ma vie. Cela devait être ma dernière mission. Je n’ai jamais connu mon enfant, je ne sais pas ce qu’est devenue l’amour de ma vie ! Et toi ! Tu es le seul à pouvoir m’aider !


Attends une minute Oh capitaine, mon capitaine, pourquoi je ferais ça ? Je te signale que tu m’as attaqué, et que tu as transformé mon… Angel en zombie. Et puis, pourquoi je serais le seul à pouvoir t’aider ?


— Parce que c’est toi le champion.


Spike fut soufflé l’espace d’un instant. Comment ce type qui vivait dans les égouts sous l’apparence d’un poulpe pouvait-il savoir pour la prophétie ? Comment ce type pouvait-il savoir qu’il avait remporté et bu dans la fausse coupe ? C’était impossible.


— Comment…


Hawkins avait anticipé les questions du vampire. Il tendait devant lui une feuille chiffonnée.


— Cela fait plusieurs siècles que je cherche qui pourra m’aider, je n’avais aucune idée de comment faire, quand j’ai récupéré ça, il y a quelques mois. Je devais attirer ton attention pour tu viennes ici. Je ne savais pas comment m’y prendre. J’ai dû faire des choses terribles pour ça.


Spike se saisit de la feuille, il reconnu tout de suite sur l’entête le logo de Wolfram et Hart en revanche l’écriture lui était inconnue. Le message était très clair, directement adressé à Hawkins lui indiquant que seul le champion pourrait vaincre le sortilège, et que cette personne était Spike. C’était écrit noir sur blanc. Il était celui qui était désigné comme tel. Se pourrait-il que finalement la prophétie Shanshu le concerne ? Sauf qu’il ne marchait pas. Oui il avait devancé Angel lors de la course à la coupe, mais c’était une fausse, cela ne voulait strictement rien dire. Il n’y croyait pas.


C’est là que tu fais erreur ! Le gars que tu cherches, le champion, c’est lui-là bas, celui que tu as lobotomisé, répondit Spike pointant du doigt le vampire qui n’avait pas toujours pas bougé. Donc on fait quoi maintenant ? On se bat ? Tu nous laisses partir ? Tu libères Angel pour qu’il te délivre ?


Non je ne fais pas erreur, c’est bien toi que je cherchais. C’est ce qu’il y a d’écrit sur la feuille.


Spike grogna et leva les yeux au ciel, c’était bien sa veine de se retrouver dans cette situation. Il aurait dû rester bien au chaud chez Wolfram et Hart, et laisser Angel se débrouiller avec ça. Mais il n’avait jamais su dire non à une bonne bagarre, et surtout il n’avait jamais su dire non à une provocation d’Angel.


L’homme s’approcha du vampire avec une rose d’un rouge éclatant dans une main, instinctivement il se tint sur ses gardes, même si ce Hawkins ne montrait pas de signe d’hostilité. Il tendit la rose à Spike qui se sentit bien obligé de s’en saisir. La fleur était la plus belle qu’il n’ait jamais vue. Sa couleur vive brillait comme un phare dans la noirceur de ces égouts, sa lumière lui réchauffait le cœur. Jamais le vampire ne s’était senti aussi bien, aussi apaisé. Une paix intérieure qu’il n’avait jamais éprouvée auparavant.


Qu’est-ce que…


Spike ne finit pas sa phrase, mais Hawkins sembla comprendre tout de suite ce qu’il voulait lui dire.


Oui c’est une rose magique. C’est tout ce qu’il est resté du corps de la sorcière quand je l’ai lâchée dans les profondeurs de l’océan. Elle m’a condamné à cette apparence mais cette fleur m’empêche de me faire du mal, elle est liée à moi, je ne peux pas me donner la mort. Tous les hommes qui, comme toi n’ont pas vu le château de fleurs, sont tous morts en la touchant, tu es le premier à y parvenir. Tu n’as plus qu’à la briser, et je serai libéré de cette malédiction, je pourrai rejoindre ma bien-aimée et mon enfant.


Je ne peux pas faire ça, répondit Spike en fixant la rose. Elle est trop parfaite.


Tu le dois, tu dois m’aider et lutter contre la rose, j’ai assez payé pour mes erreurs, je ne peux plus supporter ça, supplia le corsaire.


Spike vacilla un instant, il connaissait le prix à payer pour les erreurs du passé. Il en avait trop bavé. Il était tenté d’aider cet homme qui était sur le chemin de la rédemption. Ce chemin qu’il parcourait aussi depuis bien longtemps. Il se sentait étrangement connecté au corsaire. N’avait-il pas tous les deux commis des erreurs ? Ils luttaient contre leurs propres démons intérieurs, une rose pour Hawkins, le monstre qu’il était pour Spike.


La connexion avec la fleur fut rompue. Il secoua la tête et reprit ses esprits, il lui sembla être redevenu lui-même. Il baissa le bras et jusqu’à tenir la rose du bout des doigts pour ne pas risquer de retomber sous son sortilège de nouveau. Mais il n’oublierait jamais que pendant un instant il avait été pleinement heureux, il avait ressenti un épanouissement total, et un bonheur le plus pur.


Je n’ai qu’à la détruire et tout ce calvaire sera fini pour toi ? C’est vraiment ce que tu veux ?


Oui, répondit simplement Hawkins.


Très bien.


Il serra simplement le poing autour des pétales de la fleur. Elle chercha à se défendre, enroulant ses épines autour de sa main, mais le vampire tint bon. Une grande lumière blanche aveuglante jaillit du torse du corsaire, elle balaya le couloir des égouts et désintégra le corps monstrueux aux tentacules. Les fleurs pourries et la grille se volatilisèrent. Ne laissant plus qu’Hawkins et Spike. La lumière se fit de plus en forte à tel point que Spike dut fermer les paupières. Il entendit simplement merci, puis tout s’arrêta. Quand il rouvrit les yeux, tout était fini, de son aventure il ne restait plus rien, l’homme avait disparu à son tour. Spike se demanda s’il n’avait pas rêvé. Mais il remarqua un pétale de rose à ses pieds. Il se baissa promptement pour le ramasser et le fourra dans sa poche. Il se retourna quand il entendit Angel s’approcher.


Que s’est-il passé ? Où sont les roses ? demanda le PDG de Wolfram et Hart en regardant autour de lui.


— Laisse tomber les fleurs, y’avait rien ici, Wesley s’est trompé, rentrons.


— Non, je suis sûr d’avoir vu des roses à l’instant, répondit le vampire têtu en se tournant vers Spike.


Il plissa les yeux et dévisagea le blond pendant un long moment qui devint inconfortable.


— Tu as les yeux brillants.


— Oui ça va, je fais de la conjonctivite c’est tout, s’agaça Spike en commençant à sortir du couloir des égouts.


Il se frotta les yeux en reniflant, Angel ne dit rien, se contentant de le regarder et de le suivre. Puis au bout d’un moment, le silence gênant s’éternisant, il demanda :


— Ça te dirait une bonne bagarre contre un démon ? J’ai entendu dire qu’il y en avait un qui traînait du côté de Boyle Heights. On pourrait se faire ça tous les deux. Qu’est-ce que tu en dis ?


— Juste toi et moi ? répéta Spike. Ça me branche bien, ouais.


Les deux vampires se sourirent l’espace d’un instant, tout en se dirigeant vers la sortie. 

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