[Nathaniel] Premier amour...
Nous sommes à la mi-avril. Deux mois à peine se sont écoulés depuis la saint-valentin. Ça m’a fait un choc, je pensais que l’éternité était passée, deux fois au moins, pendant le temps qu’aura duré notre séparation. Le soir, je quittais lycée pleine d’allégresse pour le retrouver et lui donner les cours à rattraper. Nous révisions ensemble jusqu’à ce qu’il soit trop fatigué pour continuer. Je le laissais ensuite se reposer et rentrais chez moi pour me coucher.
Je voyais bien que mon père désapprouvait. Mais j’étais passé trop près de le perdre et l’opinion de mon père n’avait pas la moindre importance. Il allait de mieux en mieux. Je n’aurais jamais crue que de simples chocolats pouvait rendre malade comme ça ! Tant pis, je mangerais tout ceux de pâques et de noël ! On m’appelle estomac d’acier ! Michelle m’ouvre à chaque fois avec un grand sourire maintenant. Elle commence à bien me connaitre et je papotais parfois avec elle avant de partir. Quand elle apprit que j’adorais le chocolat, elle commença à me servir un chocolat chaud à chacune de mes visites. Un peu étonnée de ne jamais croiser l’oncle et la tante de Nathaniel, je lui posais la question. J’apprenais ainsi que monsieur était chirurgien et Mme pédiatre urgentiste. Ils avaient donc des horaires de travail difficiles.
Aujourd’hui, c’est samedi. Après mon travail chez Leigh, je suis allée directement chez Nath. On a prévu de finir nos révisions dans le week-end. J’étais allongée au sol sur le ventre, une main empêchant mon livre d’algèbre de se refermer, l’autre essayant de résoudre sur mon cahier un exercice particulièrement compliqué. Les examens de fin de trimestre m’ont surpris et il ne me reste que deux jours pour réviser. Même si j’ai eu de bons résultats au trimestre précédent, pas question de se relâcher ! Nath assis à côté de moi feuillète négligemment son livre d’histoire. Je l’entends le fermer d’un claquement sec et lève les yeux pour le voir le poser par terre. Il me regarde fixement.
-Je n’arrive pas à me concentrer…
Il faut dire qu’avec le temps superbe qu’il y a dehors, moi non plus je n’ai pas envie de bosser, mais j’ai presque réussi mon exercice, je ne vais pas le lâcher maintenant ! Je jette un dernier regard à la fenêtre entre-ouverte où se découpe un bout de ciel bleu. Une brise légère entre et fait voler mes cheveux autour de mon visage. Je peste, les remets en place, laissant mon livre d’algèbre perdre la page que je suivais puis me penche de nouveau sur mon exercice pendant que Nathnaiel se lève pour fermer la fenêtre. Il a raison, les feuilles qui volent, c’est vraiment pénible.
Quelques lignes de chiffres et…
-Yes ! J’ai finie ! Au revoir les maths !
Je roule sur le dos et m’étire. Je n’avais pas vue Nathaniel se poser à mes côtés concentrée comme je l’étais. Je lui fais un grand sourire de satisfaction. Il pose la main près de mon ventre, se penche vers moi et m’embrasse. Lorsque son visage s’éloigne du mien et que j’ouvre les yeux, je suis captivée par son regard. Je tends les mains et les croisent derrière sa nuque, l’attire à moi pour un autre baiser.
Ses lèvres s’égarent et picorent mon cou, me goutent... Sa langue laissant une ligne humide qui me fait frissonner. Ses mains tâtonnent, effleurent la peau ici, s’agrippant là puis finissent par être plus audacieuses et glisser avec délice sur mon corps, gourmandes. Je l’aide à enlever son T-shirt alors que ses jambes se placent de part et d’autre de mon corps. L’embrasse à pleine bouche. Il commence à déboutonner ma chemise, je me raidis. Il s’arrête, m’embrasse de nouveau jusqu’à ce que je me détende puis recommence à défaire les boutons. Je pose mes mains sur les siennes.
-Arrête, laisse-moi faire.
Il se lève et me tends la main en souriant, confiant. Je la prends et me laisse guider jusqu’au lit. Il m’embrasse une fois encore, s’assoit et me regarde de ses yeux si lumineux, tellement pleins d’amour. Je défais alors les boutons un par un, révélant peu à peu ma peau et mes blessures passées. Laisse tomber au sol ce qu’il me reste de secrets. Je baisse les yeux, de mon point de vue, le résultat est affligeant. Les marques de brulures parcourent mes bras régulièrement, celles sur mon ventre sont plus dispersées, moins net. Je lui tournais le dos pour qu’il puisse également voir celle du dos, plus large, plus profonde que les autres.
Je prends une profonde inspiration puis me retourne pour lui faire face, prête à affronter enfin son regard. Il n’y a aucune trace de dégout dans ses yeux, et son sourire est plein d’amour lorsqu’il me tend la main, et non de pitié. Je lui sourie timidement à mon tour et attrape la main qu’il me tend. Je me laisse engloutir dans le tourbillon de nos sentiments.
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Mon corps lové contre le sien, la tête nichée sur sa poitrine, je respire avec délice l’odeur de nos deux corps.
-Je t’aime Nath…
-Moi aussi je t’aime Al…
Ses doigts pianotent sur ma peau une musique imaginaire. Ils effleurent de plus en plus mes cicatrices, jouant avec leur texture si particulière. Je frissonne.
-Désolé.
Ses doigts arrêtent de bouger.
-Non, ne t’excuse pas…
-Tu me racontes maintenant ?
Il fallait bien que ça arrive un jour… Je cherchais par où commencer mon histoire, on ne peut pas vraiment dire que j’ai pût oublier de toute façon.
-Il y a à peu près 3 ans, ma famille et moi avons déménagés dans une nouvelle ville suite à une mutation de mon père. Dans ma nouvelle classe, il y avait une fille très populaire, elle s’appelait Edwige. Je la trouvais très belle et elle était très intelligente, charismatique aussi. Elle aimait qu’on la complimente, qu’on l’adule. Peu de temps après mon intégration, j’ai commencé à avoir de meilleurs résultats qu’elle, et ça l’énervait beaucoup. Puis quand elle s’est rendue compte que je la surpassais dans toutes les matières, elle a commencé à répandre de sales rumeurs sur moi, à retourner les autres élèves contre moi, à me harceler.
-Aujourd’hui encore, je ne comprends pas comment les choses ont pût aller jusque là, surtout en à peine 3 mois. Je n’osais pas en parler aux adultes, j’avais trop honte et trop peur je crois. Toujours est-il qu’un soir où je rentrais chez moi, elle et 3 de ses meilleures amies m’ont entrainée vers un terrain vague. Elles m’ont battue et je me suis évanouie. Lorsque j’ai rouvert les yeux, deux d’entres elles me tenaient fermement les bras, la troisième les jambes. Elles avaient attendues que je rouvre les yeux pour continuer leur petit jeu.
Nathaniel resserra un peu plus son étreinte, m’enveloppant dans ses bras fort. J’étais en sécurité.
-Edwige brulait ma peau avec des cigarettes allumées en riant aux éclats, les trois autres commençaient à avoir peur et à paniquer. Leurs yeux roulaient dans leurs orbites, elles n’osaient pas me regarder. Je n’oublierais jamais leur visage à ce moment là. Quand Edwige a sortie un couteau de son sac, celle qui tenait mes pieds c’est enfuie, j’en ai profitée pour me libérer et j’ai commencée à courir. Mais avec mes larmes, je ne voyais rien. Je me suis pris les pieds dans quelque chose et je me suis écroulée. Elle m’a poignardée au moment où je me relevais. Je ne me rappelle de rien à partir de ce moment là. Je sais juste ce que les gens autour de moi m’ont dit. Une des filles avait craquée devant ses parents qui avaient alors appelés la police. Lorsqu’ils m’ont retrouvée, j’avais perdue beaucoup de sang, j’étais presque morte. Les parents d’Edwige sont venus s’excuser en pleurant un jour. Ils m’ont dit qu’elle était schizophrène et qu’ils ne s’étaient pas rendus compte qu’elle avait arrêté de prendre son traitement.
- Les jours et les mois qui ont suivis, je ne voulais voir personne. J’ai eu un suivi psychologique pendant longtemps. Mais j’avais peur de sortir de la maison, de croiser le regard plein de pitié de tout les gens qui auront eu vent de mon histoire. Mes parents ont alors pris la décision de déménager, pour que j’essaye de recommencer à avoir une vie normale. Quand je me suis sentie prête, ma mère m’a inscrite ici, à Sweet Amoris.
-Al, je suis désolé…
Je levais les yeux vers lui, aucune larme ne coulait sur mes joues, Nathaniel, lui, pleurait pour moi, égoïstement, ça me faisait beaucoup de bien.
-Ne sois pas désolé pour moi Nath. Si tout ce qui s’est passé n’avait pour but que de me mener à toi, je ne regrette rien. Je referais le même chemin si je sais que tu es au bout.
Je l’embrassais, l’attirais à moi, m’unissais encore à lui pour être bien sure que la vie m’avait fait un si beau cadeau.
Epilogue.
Il n’y a plus de cicatrices aujourd’hui. Celles de la peau ont étés effacées par la chirurgie plastique, celle du cœur par son amour.
J’ouvre les yeux, éblouie par l’éclat du soleil entrant par la fenêtre. Il faut se lever pour préparer la fête d’anniversaire. Les jumeaux ont 5 ans aujourd’hui. Je me lève et enfile un peignoir discrètement. Je vais pour franchir la porte mais m’arrête pour le regarder encore une fois avant de quitter la pièce. Le soleil pare sa peau de reflets dorés. Ses cheveux blond comme les blés, la ligne de sa mâchoire virile, son petit bouc qui le rends encore plus sexy. Tout en lui ne m’inspire que de l’amour. Ses yeux dorés s’ouvrent, il sait que je le dévore des yeux depuis 5 bonnes minutes.
-Bonjour mon amour, dit-il d’une voie encore ensommeillée.
La fête d’anniversaire peut bien attendre encore un peu…