Elle s'apellera Lily
Je m’assoie sur le lit et m’enroule dans sa couette.
-Bah je t’en prie, fait comme chez toi !
-Bah ouais justement, j’ai cru comprendre que ce serait chez moi alors….Et puis je suis gelée.
Il fouine dans son bureau, sort un paquet de cookies et me le balance. Je l’attaque avec acharnement et j’en mangerais presque le carton !
-Je ne vois pas ce qui te dérange tant que ça de venir vivre avec nous…
-*crunch*C’est pas de vivre avec vous*crunch* qui me dérange Cast*crunch*j’adorerais si c’était pas aussi loin de chez moi*crunch*quitte à partir loin*crunch*autant aller aux states …
Je me demande s’il est capable de décrypter ma réponse…
-Te plains pas trop, connaissant ta mère, elle aurait pût t’envoyer dans un pensionnat pour filles de bonnes familles.
Je le regarde avec des yeux horrifiés !
-La vache, t’as raison !
Je tends mon paquet désormais vide vers lui.
-T’en a pas d’autre ?
-Nop, je vais descendre te chercher autre chose.
Je le regarde sortir de la chambre, je sors de la couette le temps d’enlever ma veste, fait tranquillement le tour de la pièce. Je me pose sur son bureau pour jeter un œil à ses partitions. Mon regard dévie et tombe sur une photo posée dans un coin dans un petit cadre.
La petite fille court de toute la vitesse que peut lui fournir ses courtes jambes. Elle l’a presque rattrapé ! Elle saute sur le petit garçon, s’en suit une bataille farouche pour le trophée. Elle gagne !
-Maman ! Thémiz m’a pris ma zucette !
Devant le peu de réponse de la concernée, la petite fille savoure la victoire au gout cerise.
-Les enfants ! Venez là ! On va faire une photo ! Castiel, sourit un peu !
Sur l’image, un petit garçon aux cheveux de feux croise les bras, boudeur et les larmes presque au bord des yeux. Une petite fille aux belles boucles châtains regardes l’objectif, un sourire en coin gêné par une sucette calée dans la joue. Elle tend le bras et écarte les doigts en V pour victoire.
Je retourne à la partition que j’ai en main. Du rock, du hard rock même, c’est pas le style de musique que je préfère, mais ça à l’air d’être percutant, et moi, ce qui m’intéresse, c’est de jouer, peut m’importe le style de musique. J’attrape un crayon de papier, corrige une partie me semble trop dissonante. Mordille le crayon pendant que je la relis.
Mouais… Pas mal, faut voir ce que ça donne joué.
Cast ouvre la porte et se glisse dans la chambre. Me tend un thermos et un sandwich jambon beurre.
-Tiens, c’est du chocolat chaud, je sais que tu préfères le café mais ma mère aurait trouvé bizarre que j’en prenne. Je préfère le chocolat à la maison…
Je fais une grimace mais je m’en contenterais, une boisson chaude me fera du bien même si l’évocation du café me fait monter l’eau à la bouche.
-Comment ça se passe en bas ?
-Mes parents stressent un max, ils disent qu’on doit appeler la police pour lancer un avis de recherche. Tes parents sont tranquillement installés dans le fauteuil et maintiennent qu’il n’y en a pas besoin, que tu réapparaîtras au pire dans une semaine.
Je lui tends la partition et l’échange contre le sandwich en me renfrognant. Moi qui voulais leur fouttre les jetons, c’est raté.
-Tu compte rester planquée combien de temps ?
-Jusqu’à ce qu’ils se barrent, c'est-à-dire demain aprèm si j’ai tout compris.
Il s’est installé nonchalamment le long de son bureau, les jambes croisées dans un équilibre précaire de mon point de vue, mais bon, si je le fais tomber la bataille qui s’en suivra se fera à tous les coups entendre.
-Mais tu vas dormir où ?
-Bah dans ton lit quelle question !
Il relève d’un coup la tête qu’il avait plongée dans la partition.
-Mais et moi ?
-Bah dans ton lit aussi ! T’en a des questions stupides ! C’est pas comme si on dormait dans le même lit pour la première fois !
Il me regarde bouche bée pendant que j’attaque mon sandwich. Ce qu’il peut être bête des fois… Après tout, quand on était mômes et qu’on allait dormir l’un chez l’autre, on partageait toujours le même lit. C’est pas si différent.
Je mangeais tranquillement, regardant alentour et m’imprégnant de l’ambiance de sa chambre. Il faut dire que je n’y avais pas vraiment fait attention jusque là, on était trop occupés à jouer à la cave. C’est bien une chambre de mec… Des posters de ses groupes favoris plaqués au mur n’importe comment, un joyeux fouillis un peu partout, des objets ça et là, récupérer pour le plaisir mais qui ne vont pas du tout ensembles… J’imagine sa mère en train de s’arracher les cheveux devant ce capharnaüm qui doit bien choquer son sens de l’esthétisme….
Etrangement, ça ne me gênait pas. Je reconnaissais Cast dans tous ces petits objets, ses souvenirs. Certaines choses m’étaient même familières. Je sais que je pourrais me sentir bien dans cette maison, seulement, je déteste lâcher le morceau, et mes amis me manqueraient, surtout Olympe. En plus c’est toujours difficile de s’intégrer dans une classe en milieu d’année, de se faire une réputation aussi…
Castiel avait attrapé un magazine et il le feuilletait allongé sur son lit. Je me renfrognais sur ma chaise. Il est beaucoup trop grand. Moi je me suis arrêtée de grandir à un mètre soixante douze, et c’est déjà pas mal, mais lui, à vue de nez, devait plutôt taper dans les un mètre quatre vingt, quatre vingt cinq. Et il n’était pas juste grand, il avait aussi pris du muscle. Je me mordillais la lèvre inférieur en le détaillant Ça va être coton d’avoir le dessus maintenant si on se bagarre…
Je frotte mes yeux qui commencent à me piquer. Il est temps d’aller se coucher. Je me lève et commence à me déshabiller.
-Mais qu’est-ce que tu fais !
S’exclame Cast en se redresant d’un coup dans son lit.
-Je vais me coucher, ça se voit non ! D’ailleurs, file moi un t-shirt, vue la taille que tu fais, ça devrait faire une chemise de nuit convenable.
Il est tout buggé sur son lit, rouge comme une tomate… Et dire que c’est les filles qui sont sensée être sensibles… Je lui balance mon jean en pleine poire pour le réveiller un peu-Alors, il vient ce t-shirt !
Cast se lève et file vite fait vers son armoire en faisant le maximum pour ne pas me regarder. Comme si j’en avais quelque chose à faire, c’est pas le premier homme à m’avoir vue toute nue, et encore, là, j’ai encore mes sous-vêtements et un t-shirt ! J’ai jamais vraiment été très pudique, on doit l’être quand on ressemble à rien, moi, je suis canon, alors pourquoi avoir des scrupules à faire profiter le monde de ma modeste personne ?
Il me balance un t-shirt noir avec le dessin de pochette d’un album d’Iron Maiden. Je finis de me changer pendant qu’il reste le dos tourné à regarder ses t-shirt comme s’ils étaient le centre de l’univers. Je me précipite ensuite sous la couette que je remonte jusqu’aux oreilles pour pas avoir trop froid.
-C’est bon Monsieur Pudeur, tes yeux ne vont plus fondre devant mon corps magnifique ! Arrête d’essayer d’hypnotiser tes T-shirt…
Il se retourne et me regarde avec des yeux furibonds, le visage complètement empourpré. J’adore !
-En même temps, t’avais qu’à prévenir !
-Que j’allais me coucher ? Faut que je te dise tout ce que je vais faire ? D’ac ! Je vais dormir ! Bonne nuit !
Je lui pique son oreiller et me roule pour faire face au mur. Je l’entends ronchonner, éteindre la lumière puis le sens se glisser dans le lit. Je le sens un peu trop d’ailleurs, le textile de son pantalon irritant violement ma peau délicate au passage.
-Ah non ! Tu ne vas pas dormir avec ton jean ! Ça gratte ! Enlève-moi ça Cast !
Je l’entends ronchonner encore, sortir du lit puis y retourner sans son jean cette fois… C’est mieux quand même. Il me tourne le dos en gigotant. Je me retourne, lui rend son oreiller qu’il récupère comme une bouée de sauvetage, puis passe un bras autour de sa taille en glissant mon visage le long de son dos. Il arrête enfin de gigoter… Il faut dire qu’un lit simple, c’est pas très pratique pour dormir à deux…
La tête enivrée par son parfum d’homme et mon corps réchauffé par le sien, je m’endors comme une masse.