La Curiosité d'un Récupérateur.

Chapitre 1 : La Curiosité d'un Récupérateur

Chapitre final

1363 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 7 mois

J'ai toujours été un homme de peu de mots, moi. Mon travail c'était de récupérer les épaves qui flottent dans le grand vide. Et ce job ne requiert pas de grandes envolées lyriques. On ramasse, on trie, on recycle. Rien de plus. Mais ce qui m'est arrivé aujourd'hui dépasse tout ce que j'aurais pu imaginer, même dans mes pires cauchemars.


 C'était un de ces jours où l'espace semblait infini, un océan de noir parsemé d'étoiles scintillantes. Assis aux commandes de mon vieux cargo, le Pilate, je scannais l'horizon avec mon radar. Ce vieux vaisseau rouillé avait vu bien des recoins sombre de ce système solaire, mais il restait mon fidèle compagnon. 


Alors que je naviguais à travers la ceinture d'astéroïdes, un point lumineux a soudainement étincelé sur mon écran. Une anomalie. Mon cœur a fait un bond. Les épaves, c'était mon pain quotidien, mais celle-ci semblait différente. Il y avait quelque chose de spécial dans sa signature.


Intrigué, j'ai ajusté ma trajectoire. Le point lumineux grandissait à vue d'œil. Plus je m'approchais, plus je sentais une sorte d'excitation monter en moi. Les épaves, c'était souvent des trésors cachés, des reliques d'une époque révolue. Qui sait ce que je pourrais trouver à bord de celle-ci ? Peut-être une technologie oubliée, une découverte qui ferait date.


Après un calcul rapide de ma trajectoire, j'ai dirigé le "Pilate", ma vieille carcasse de vaisseaux, vers l'objet inconnu. Les astéroïdes filaient à toute vitesse autour de moi, créant un ballet cosmique hypnotisant. Je me suis concentré sur ma tâche, les yeux rivés sur l'écran. Bientôt, l'épave est apparue dans toute sa splendeur, un spectre métallique perdu au milieu du cosmos.


Au premier abord, l'épave ne présentait rien de particulier. Un vieux cargo, probablement abandonné depuis des décennies. Ce vaisseau était un Bison modèle CM-88H, un modèle de véhicule Commercial très classique. La coque était rouillée, criblée d'impacts de météorites, comme une peau marbrée par le temps et les outrages de l'espace. Les panneaux solaires, autrefois captant la lumière des étoiles, étaient désormais des yeux morts, fixant le vide avec une expression de désespoir. Les antennes, tordues et brisées, ressemblaient à des os d'un géant cosmique.


Et pourtant, au-delà de cette désolation apparente, quelque chose me tiraillait. Une sensation de malaise, sourde et persistante, comme un écho lointain d'un événement tragique. C'était plus qu'une simple intuition, c'était une présence. Une présence invisible qui semblait se tapir dans les recoins sombres du vaisseau, me guettant. Mon cœur battait un peu plus vite, et un frisson parcourait ma colonne vertébrale.


J'ai décidé de m'approcher. L'excitation mêlée à une certaine appréhension me faisait vibrer. Mon scaphandre était prêt, ajusté au millimètre près, et mes outils, soigneusement rangés dans mon sac, attendaient d'être utilisés. Je franchis l'écluse, et le vide de l'espace m'engloutit. La sensation d'apesanteur était familière, mais ici, elle était renforcée par un sentiment d'isolement. L'épave était plus grande que je ne l'avais imaginé, une masse sombre et menaçante flottant dans l'immensité du cosmos.


Je m'accrochai à une poignée et me laissai glisser le long de la coque froide et rugueuse. Chaque bosse, chaque fissure semblait raconter une histoire, un chapitre d'une vie passée. J'inspectai la surface, à la recherche d'une entrée.


J'atteignis enfin le sas d'entrée. Son système de sécurité était ancien, mais je parvins à le pirater assez rapidement. Avec un dernier effort, je poussai la porte et pénétrai dans l'intérieur du vaisseau. Ma combinaison m'indiqua que l'air était respirable, mais je préférerais garder mon casque. Le système d'apesanteur artificielle, lui, semblait toujours fonctionner.


L'intérieur était sombre, poussiéreux. J'ai allumé ma lampe torche et avancé prudemment. Les couloirs étaient étroits. Le silence était assourdissant, à peine troublé par le sifflement de mon système de ventilation de mon casque.


Au bout d'un long couloir, j'ai découvert une grande salle, probablement la salle des machines. L'obscurité était si intense que ma lampe torche ne parvenait qu'à éclairer quelques mètres carrés. Je progressai lentement, mes sens en éveil, prêt à affronter l'inconnu.


C'est alors que je l'ai vue. Accroupie dans un coin, à l'ombre d'une gigantesque machine, une créature. Non, pas une créature. Une abomination. Sa silhouette, élancée et démesurée, se détachait de l'obscurité. Sa tête, étrangement phallique, se tourna lentement vers moi. Il n'avait pas d'yeux on aurait dit qu'il sondait directement mon âme. Sa peau, d'un blanc laiteux presque translucide, était parcourue de veines sombres qui pulsaient faiblement. 


C'était une chimère, un mélange grotesque d'organique et de mécanique, une créature sortie tout droit d'un cauchemar.


Je restai figé, incapable de bouger. Son corps semblait défier les lois de la nature, un assemblage hétéroclite de membres disproportionnés. Sa taille était déconcertante, elle me dominait de plusieurs têtes. Une vague de nausée me submerge. Jamais je n'aurais imaginé voir une telle horreur.


Pris d'une panique soudaine, je me mis à courir. Mes pieds glissaient sur le sol métallique, et je trébuchais à plusieurs reprises. Derrière moi, j'entendais un bruit sourd, lourd, qui se rapprochait inexorablement. C'était elle. Elle me poursuivait.


Je courus à travers les couloirs, les salles, sans savoir où j'allais. L'obscurité était mon ennemie, chaque ombre me semblait animée. Je cherchais désespérément une issue.


Je finis par me retrouver dans une salle ressemblant à un réfectoire. La lumière vacillante de ma lampe torche révéla un spectacle d'une horreur indescriptible. Les murs, le sol, tout était recouvert d'une substance visqueuse, noirâtre, qui ressemblait à de la chitine. C'était répugnant, et j'eus un instant l'impression de me trouver dans une sorte de nid géant.


Au centre de la pièce, des objets ovoïdes d'environ 1 mètre de hauteur, énormes et luisants, étaient éparpillés un peu partout. Ce n'étaient pas des œufs, mais ils y ressemblaient étrangement. Je m'approchai avec précaution, mon cœur battant à tout rompre. La matière dont ils étaient constitués était organique, et semblait pulsé à l'intérieur. J'avais l'impression qu'ils étaient vivants.


Soudain, un craquement retentit. L'un des œufs s'ouvrit lentement, révélant un intérieur gluant et palpitant. Une créature en sortit, cette créature ressemblais à deux mains relié avec de très long doigt et une queue préhensible à l'arrière . Elle se dirigea vers moi à une vitesse surprenante et vint sauter sur ma tête, m'enveloppant complètement de ses long doigt. Je me débattis avec violence, mais elle tenait bon. Je sentais la créature enfoncer ses membres dans ma chair, me paralysant peu à peu.


La terreur m'envahit et je perdis connaissance....


Je me réveille en sursaut, croyant entendre un sifflement perçant. Je me rend compte assez vite que suis enseveli dans cette enveloppe chitineuse, tel un cercueil de chair et de matière organique. Chaque battement de mon cœur résonne comme un écho sourd dans cette tombe vivante.


je sens que ma mort est inéluctable.... la visière de mon casque est en grande partie fondu. la noirceur de pièce est presque totale. L'odeur est un mélange suffocant de pourriture et de métal oxydé, une symphonie de la décomposition qui me saisit à la gorge.


Je dois clôturer ce journal audio maintenant. J'espère qu'il sera retrouvé un jour, qu'il témoignera de mon calvaire. Je veux que l'on sache ce qui m'est arrivé, que l'on comprenne l'horreur de cette situation.


Je sens la douleur s'intensifier, une douleur sourde qui provient de ma poitrine. Est-ce la fin qui approche ? Est-ce ainsi que l'on meurt, lentement, dans l'obscurité et la solitude ?

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