A Galaxy Railways Story : Reiko

Chapitre 16 : Péril sur le Galaxy Railways - partie 2

5731 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 03/09/2023 18:32

Chap 16 : Péril sur le Galaxy Railways - Partie 2


Une mélodie s’échappa  du couloir et parvint jusqu’à la salle de pause dans laquelle Reiko se reposait.


- Parce que t’ibagines que tu bas m’amadouer en jouant de l’harmonica ?

- Ça valait le coup d’essayer.


Nonchalamment adossé dans l’encadrement de la porte, le sniper glissa l’instrument de musique dans sa poche. 


- Bien tenté, mais non.

- C’est pas moi qui t’ai insultée et aspergée de soda.

- Peut-être, mais maintenant tout le monde ba croire que j’ai besoin de toi pour me défendre.


Bruce s’affala dans le canapé.


- Le message a bien été envoyé.

- Bien reçu, tu veux dire, grogna-t-elle.

- Exact, ricana-t-il.

- C’était bas un compliment. Oh et puis zut.


Elle retira les cotons qui lui comprimaient les narines et grimaça sous l’effet de la douleur.


- J’apprécie le coup de main, mais j’aurais pu riposter. Je suis nouvelle ici, j’ai pas envie de créer des histoires.

- J’espère que cette baltringue sera renvoyée.

- J’ai vu Murase et ce ne sera pas le cas. Enfin, de ce que j’en ai compris.

- Sérieux ?

- Je vais pas porter plainte contre lui, tu as explosé son arcade sourcilière.

- Y’a d’autres trucs que j’aurais bien explosés, grommela-t-il.

- Ben t’éviteras, merci bien.

- Je le promets pas.

- Bruce, soupira-t-elle, aggrave ni ton cas ni le mien.


L’artilleur ne répondit pas. Il n’avait pas digéré l’attaque minable de Silver alors il ne fallait pas que Reiko compte sur lui pour fermer les yeux. 

“Il l’a prise à partie à cause de Schneider. Il faudra qu’on s’explique lui et moi.”


- J’aime pas ton regard, il est mauvais, releva Reiko.

- Tu te fais des films, dit-il en l’attirant contre lui.

- Mais bien sûr.

- Dors aussi à l’appartement ce soir, lança-t-il pour changer de sujet.


Elle haussa un sourcil intrigué.


- T’es ma copine, y’a pas de mal à ça.

- Je fais des cauchemars. Souvent.

- Raison de plus.


Face au mutisme de la jeune femme, il poursuivit.


- Je te ferai jamais rien que tu ne veuilles pas. Tu le sais, hein ?

- Oui, bien sûr.


Après réflexion, elle dû reconnaître que la nuit dernière n’avait pas été déplaisante et qu’elle n’était pas contre l’idée de réitérer l’expérience.


- D’accord, capitula–t-elle, mais te plains pas si je t’empêche de dormir.

- Promis.


“Aux pelotons de la Space Defence Force, des informations urgentes sont à votre disposition sur toutes les consoles du Quartier Général. Merci d’en prendre note le plus rapidement possible.”


L’écran se déplia, tandis qu’un hologramme du Galaxy Railways se matérialisait au centre de la pièce. Reiko se redressa, soudainement tendue. Elle craignait à chaque instant qu’une catastrophe soit annoncée ou pire encore : qu’elle implique le Galaxy Express 999. Heureusement, puisqu’il s’arrêtait uniquement lors de ses escales et que son terminus était immuable, celui-ci était passé entre les gouttes.

Des points lumineux clignotèrent sur le schéma en 3D et la voix du Commandant Reinhart prit le relais.


“Ces indications correspondent aux différentes stations visées par les terroristes. Ces attentats semblent aléatoires et nous cherchons toujours les connexions les reliant. Cependant, grâce aux fragments collectés par le peloton Céphéus, nous avons décrypté davantage de données concernant les bombes utilisées.”


Un objet à l’aspect ovale, contenant un fluide rose parcouru d’arcs électriques, apparut sur l’écran. 


“Ces explosifs à diffusion ondulatoire, inconnus de nos data base jusqu’alors, sont composés d’un métal à vibrations dont la provenance n’a pas pu être déterminée. Ils sont fabriqués de sorte qu’une vague d’énergie pure puisse être libérée pour anéantir un corps céleste de la taille d’une petite planète ”


- Putain, marmonna Bruce. Ce sont pas des amateurs.


“Nous pensons que ces dispositifs peuvent être enclenchés à distance mais, d’après nos imageries reconstitutives, leur désamorçage sur site est une possibilité. Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant de la poursuite de nos investigations. Cet enregistrement peut être consulté depuis n’importe quelle interface de la SDF. Bonne chance à vous tous. Fin de transmission.”


La liaison se rompit et Reiko souffla bruyamment.


- Ce sont de maigres infos, lâcha-t-elle.

- Oui. La vérité c’est qu’ils ignorent l’identité du ou des commanditaires.

- Je suis de ton avis.


La porte s’ouvrit brusquement, dévoilant le visage de David.


- Bruce, Bulge a besoin de toi pour recalibrer l’armement de Big1. Akatsuki a mis en place des améliorations sur le cosmo-matrix.

- Okay, j’arrive. Sois sage la belle au bois dormant.


Il embrassa Reiko sur le front et sortit de la salle de pause.

Alors que les deux amis marchaient jusqu’au quai d’embarquement du train, David se râcla la gorge.


- Je sais pas si Manabu t’a déjà prévenu mais Louise a surpris une conversation entre le Commandant et Warrius Zero.

- Ouais, je voulais lui en toucher deux mots depuis notre retour de Tabito.

- C’est important que tu le saches, vu que toi et la petite, ça a l’air de plutôt bien rouler.

- Ne tourne pas autour du pot. De quoi il s’agit ?

- Il paraîtrait qu’après sa mise à pied, Zero se soit pointé pour convaincre Bulge de la reprendre.

- Je suis pas étonné étant donné le bazar qu’il a fichu la dernière fois. La vraie question c’est pourquoi ils se connaissent aussi bien.

- Justement. D’après Louise, Reiko vivait sur Terre au moment de la guerre contre les humanoïdes.

- Vu son âge, je m’en doutais.

- Elle habitait à Tokyô et sa mère a été tuée lors d’une attaque qui aurait presque rasé la moitié de la ville. Elle a survécu dans la rue avec un groupe d’enfants pendant deux ans.

- Elle avait quel âge ? Dix-huit ans ?

- Six.


Bruce s'immobilisa, abasourdi.


- Tous les gosses seraient morts mais c’est pas le pire.


Il marqua un silence durant lequel le sniper eut l'impression que son cœur allait transpercer sa poitrine. 


- Des officiers l’auraient capturée, torturée et laissée pour morte. C’est là que le pirate l’aurait trouvée. Dans un caniveau à se vider de son sang.


Bruce se passa une main sur le front, accusant le coup de ces révélations.


- Et Warrius là dedans ?

- Il se sent coupable. Sa flotte n’a pas été en mesure d’éviter ce carnage.

- Je vois, merci de l’info.

- Garde ça pour toi tant qu’elle ne se confie pas.

- Évidemment, tu me prends pour qui ?


“J’aurais jamais envisagé un truc pareil. Et ça explique les cauchemars. Sans oublier son indifférence vis à vis des cadavres, des mutilations et de toutes les horreurs du même acabit. Pourquoi est-ce qu’elle ne m’a rien dit ? Elle aurait honte ? Peur du jugement ? Ou pire, que je la repousse ?”

L’esprit parasité par ces pensées, l’artilleur pénétra à l’intérieur de Big1.


***


“... Ces indications correspondent aux différentes stations visées par les terroristes. Ces attentats semblent aléatoires et nous cherchons toujours les connex…”


Reiko appuya sur pause et se plongea à nouveau dans l’analyse de l’hologramme.


- Y’a aucune logique. Est-ce qu’il y aurait au moins un point commun entre tous ces endroits ?


Elle remonta ses genoux sur le canapé.


- Si l’objectif n’est pas géographique, quelles sont les cibles ? Certains trains ? Des passagers éminents ? J’ai entendu dire que plusieurs politiciens avaient été tués. Raah, j’en sais absolument rien…

- Tu parles toute seule ?


Louise s’approcha en sirotant un café.


- Comme j’ai rien à faire, j’essaie d’élucider ce mystère, répondit-elle en pointant la représentation 3D. Mais si les filles de Spica ont échoué, c’est plutôt mal engagé.

- Oui, j’ai vu ça dans la cafétéria.


L’Officière radar s’assit à côté de Reiko.


- Alors ?

- J’ai été convoqué chez Murase.

- Et ?

- Il m’a suggéré de porter plainte contre Silver.

- Ah, j’espère que sa punition sera sévère.

- J’ai refusé. Pas la peine d’en faire toute une histoire. Bruce a abusé et…


Louise se pinça le nez.


- Si tu me dis que c’est ta faute, je t’étripe.

- J’ai pas eu l’occasion de discuter avec Schneider. Je l’ai blessé en quittant la soirée en douce.

- Pour partir avec notre artilleur.

- Euh… Oui. Enfin, bref. Il y a eu l’incident sur le Galaxy Express 999 et ma mise à pied. Lorsqu’on est rentrés hier, il m’a vue avec Bruce et… Je te jure, c’était affreux. Je suis une personne horrible et je lui ai fait du mal. Donc, ce nez cassé… C’est rien en comparaison.

- Tu crois que tu l’as mérité ?


Reiko posa sa tête entre ses bras.


- En quelque sorte.

- C’est n’importe quoi. De un, Silver n’avait pas à s’en mêler et de deux, tu avais déjà prévenu Schneider que t’étais pas intéressée.

- C’est pas une raison…

- Si et ça en fait deux, très exactement.

- Si tu le dis.

- Oui et je signe, donc tu devrais m’écouter. Ton nez te fait pas trop souffrir ?

- Ça va.


Louise se leva en s’étirant.


- Je dois y aller, Manabu m’attend.


Reiko désigna la projection.


- Et toi, ça ne t’évoque rien ?


L’officière radar se mordilla les ongles.


- On dirait que quelqu’un a déversé un sac de billes depuis cette galaxie et qu’il s’est étendu sur la totalité de la carte. Et quand les billes ont heurté les stations… Boum.

- Boum. Okay merci.

- Bon à plus ! 

- Mouais.

- Et cesse de te flageller. Sinon, j’appelle Bruce.

- Compris.


Une fois seule, la pilote s’allongea sur le divan, fatiguée.


- Un sac de billes…


Elle attrapa la télécommande et fit pivoter le schéma dans tous les sens.


- C’est vrai que ça y ressemble. Les stations touchées sont groupées et s’espacent ensuite progressivement.


Reiko se redressa intriguée.


- Et si… Je zoomais sur la zone la plus impactée… ?


L’hologramme s'ajusta et elle modifia les paramètres afin que les noms des planètes et des galaxies s’affichent.


- Voie Lactée, Cassiopée… Et le point le plus central…


Reiko bondit sur ses pieds, interloquée.


- Andromède.


Il lui fallut plusieurs secondes pour assimiler l’information.

Andromède.

Andromède.

Andromède.

“Je suis peut-être obsédée par les humanoïdes mais c’est sûrement pas une coïncidence. Cette galaxie est maudite.”

Elle songea alors aux événements qui avaient eu lieu à Gun Frontier et avant cela, sur la planète de glace.

“Ils sont partout. J’ai l’impression qu’ils me pourchassent.”

Elle laissa tomber la télécommande et l’enregistrement reprit.


“...ions les reliant. Cependant, grâce aux fragments collectés par le peloton Céphéus, nous avons décrypté davantage de données concernant les bombes utilisées. Ces explosifs à diffusion ondulatoire, inconnus de nos data base jusqu’alors, sont composés d’un métal à vibrations dont la provenance n’a pas pu être déterminée…”


- Un métal… Inconnu ?


Elle se figea, se remémorant leur découverte sur Heavy Melder : un trafic louche d’objets métalliques émettant une activité électrique, orchestré par une bande d’humanoïdes n’hésitant pas à supprimer ceux qui s’en approchaient de près ou de loin.

“Une activité électrique… Un peu comme une résonance ou… des vibrations.”

Elle rembobina l’enregistrement.



“...  sont composés d’un métal à vibrations dont la provenance n’a pas pu être déterminée.”


- Je me demande si… Yattaran a dû exporter les résultats sur Big1. Une analyse comparative….


“J’extrapole mais on ne sait jamais…”

Elle s’enfila dans les corridors menant jusqu’au quai où dormait le chien de garde de la galaxie. Sans s’arrêter, elle enjamba le marchepied du train et se dirigea vers la salle des machines. Des bruits de voix s’échappaient du wagon de commandement et elle crut identifier celles du Commandant et de Bruce.


- Akatsuki !

- Reiko ? Qu’est-ce que tu fais ici ?


Le mécanicien arracha une plaque de la chaudière interne. Des boulons roulèrent au sol et la jeune femme se pencha pour les ramasser.


- J’ai… Euh… Louise m’a parlé d’un sac de billes…

- Un.. Quoi ?


La pilote remettait difficilement de l’ordre dans ses pensées.


- Est-ce que vous pourriez effectuer une étude de rapprochement entre les données de Spica, en rapport avec l’attentat des stations, et celles que nous avons récupérées sur Heavy Melder ?

- Pourquoi faire ?

- Une intuition… C’est sans doute inutile, mais au cas où…  J’aimerais savoir s’il existe des similitudes entre ces deux métaux.

- Hum… Bulge est au courant ?

- Je ne souhaitais pas l’ennuyer avec ça… Surtout s’il s’agit d’une fausse piste.

- Je ne sais pas… Tu devrais solliciter son autorisation.

- S’il-vous-plaît…


Akatsuki réfléchit un court instant.


- J’imagine que ça n’engage à rien. Je finis ça et je démarre le processus.

- Merci !


“En réalité, je ne préfère pas avertir le Commandant. Il va en déduire que ces hypothèses sont dues à mes préjugés envers les humanoïdes. En même temps, il n’aurait pas tout à fait tort…”

Le mécanicien acheva sa réparation pendant que Reiko rongeait son frein.


- C’est parti, voyons ce qu’il en est.


D’interminables minutes s’écoulèrent durant lesquelles des centaines de lignes de codes défilèrent sur l’écran.

Une brève sonnerie retentit et elle s’avança, fébrile.


- Alors ?


Une impression sortit de la console et le mécanicien la parcourut rapidement.


- 95%.

- Hein ?

- La correspondance est de 95%. 5% de marge d’erreur.

- Entre les métaux ? Oh… Mon… Dieu…


Le mécanicien lui jeta un long regard scrutateur.


- Sacré intuition. Nos données étant plus complètes et détaillées, elles devraient bien aider le peloton Spica. Comment as-tu… ?

- Pouvez-vous les informer ?, le coupa-t-elle. J’ai quelque chose d’urgent à faire.


Une ride d’inquiétude barrait le front de Reiko et Akatsuki remarqua que des tremblements agitaient ses épaules.


- Okay, je m’en occupe.

- Je peux emprunter ça ?

- Si… Si tu veux.


Elle s’empara brutalement de la feuille et se rua à l’extérieur de la salle des machines.


- Cette fille, marmonna-t-il, ébahi.


***


Le mécanicien abandonna toutes ses tâches en cours et rejoignit la “control room” au pas de course.


- Bulge !, s’écria-t-il en dégondant presque la porte.


Le Commandant était penché au-dessus de l’épaule de son artilleur, qui opérait les derniers réglages du cosmo-matrix.


- Que se passe-t-il ? Un problème en salle des machines ?

- Non, lis.


Il lui tendit les résultats comparatifs.


- Mais, c’est…

- Les renseignements récupérés par l’Arcadia et par Cépheus. Ils correspondent.

- Comment… ?

- Ta pilote. Elle a débarqué et m’a demandé un rapprochement.

- Vraiment ?

- Oui.

- Où elle est ?, questionna Bruce en se retournant sèchement.

- Je l’ignore. Elle n’était pas dans son assiette et elle a mentionné une urgence.

- J’y vais.

- Non, Bruce. Il faut finir ces manipulations. Je m’en charge. Si elle est parvenue à cette conclusion, c’est sûrement pas un hasard. Akatsuki, emmène cette analyse à Reinhart.

- Bien reçu.


***


Reiko farfouilla dans sa poche et en tira un objet rond serti d’une fenêtre ovale et orangée.

“Le Communicateur d’urgence longue portée.”

Il lui permettait de joindre l’Arcadia à toute heure du jour ou de la nuit. Elle ne s’en était pas encore servi mais, au vu de la situation, elle ne voyait aucune autre alternative.

Elle avisa un placard dans lequel les agents d’entretien entreposaient chariots et produits ménagers.

“C’est ouvert.”

Elle s’y faufila et activa son émetteur.

Elle n’eut pas longtemps à patienter avant qu’une projection du visage d’Harlock n’apparaisse.


- Otto-san, chuchota-t-elle avec émotion.

- Un problème, lapin ?, l’interrogea-t-il avec inquiétude. Tu… Es blessée ?

- Ah ça, répondit-elle en pointant son nez. C’est rien. Un accident.

- Quelqu’un t’a cassé le nez par accident ? Tu te moques de…

- Otto-san, il se passe… Des choses ici.


Les lèvres pincées, Harlock se tut.


- Si tu fais allusion aux récents attentats, je suis au courant. C’est tragique, mais en quoi ça me concerne ?

- J’ai peur que… Râ-Métal soit impliqué d’une manière ou d’une autre. Tu te souviens du trafic sur Heavy Melder ? Hé bien, la concordance entre ce métal et les résidus de bombes repêchés par nos unités est presque parfaite. Et puis, ce n’est pas tout. Louise a illustré les attaques avec… L’image d’un sac de billes se renversant sur le Galaxy Railways. Si les premières billes restent relativement concentrées, les autres se dispersent ensuite aux quatre coins du chemin de fer.

- Et donc ? Où veux-tu en venir ?

- Cette concentration, elle se situe…

- Sur Andromède.

- Hum… Et… Je ne t’ai pas appelé car je ne voulais pas te tracasser mais il y a eu un incident sur le Galaxy Express 999 pendant une prise d’otages. J’ai tiré sur un civil et j’ai été provisoirement renvoyée. C’est arrangé mais… Les terroristes visaient Maetel en particulier et c’étaient eux aussi des… Humanoïdes. Ils sont partout alors, j’ai peur… Qu’elle… Qu’elle…


Reiko lutta pour retenir des larmes d’angoisse.


- Oui, je sais pour ça aussi. J’avais transféré les données d’Heavy Melder à Maetel mais depuis je n’ai pas de nouvelles. Et, Reiko, ce n’est pas parce que les humanoïdes décident encore d’affronter les humains que cela signifie que la reine est de retour. Elle a été tuée.

- Elle ne meurt jamais vraiment. Tetsuro…

- Tetsuro est obsédé par elle. Il n’est pas lucide à son sujet.

- Otto-san, je suis désolée… Je perds la tête.

- Poussin, essaya-t-il de la rassurer, envoie moi ces résultats par ton émetteur Je n’ai pas la possibilité de communiquer avec le 999 pour l’instant mais je vais enquêter.

- Encore une chose… Maetel m’a dit que des mouvements suspects agitaient Râ-Metal. Ils étaient justement en chemin pour en apprendre plus quand leur train a été pris pour cible. Elle ne souhaitait pas t’en parler avant d’avoir trouvé quelque chose de concret.

- Je vois. Je prends cette affaire en main alors garde ton calme, d’accord ?

- Oui, accepta-t-elle en reniflant.

- Et, à propos de ce nez…

- C’est rien, je te dis.

- J’ai une dernière question, lapin. Est-ce que, par hasard, Bruce et toi… ?


“Comment il sait ? C’est Wawa, j’en suis sûre… Ce sale mouchardeur. Il a des indic’ partout. ”


- Désolée, je dois aller travailler. Je t’aime. Embrasse Aniki pour moi.


Elle mit fin à la transmission et, tandis qu’elle photographiait les résultats, elle se remémora la conversation en vitesse accélérée.

“Il ne croit pas qu’Elle est de retour. Est-ce que je suis comme Tetsuro ? Obsédée par Elle au point de la voir derrière chaque homme mécanisé ?”

Elle serra les poings à s’en faire blanchir les phalanges.

“Je dois quand même donner ces renseignements à Maetel. Après tout, elle a endossé le rôle de gardienne de Râ-Metal. Et, si quelqu’un est capable de démêler le vrai du faux, c’est bien elle. Mais comment faire ? Je dois d’abord sortir de cet endroit confiné. Il me file la nausée.”

Elle fourra le communicateur dans sa veste et quitta le placard. 

Elle chemina au hasard de couloirs, réfléchissant à un moyen de la contacter rapidement.

“On est à la SDF. Ça ne doit pas être sorcier d’envoyer un message à un contrôleur. Mais je ne peux pas utiliser les canaux officiels… Le Commandant me prendrait pour une folle à lier obssessionnelle. Il me semble que, depuis le standard, il est possible d’appeler n’importe quel train en liaison directe mais, sans ordre de mission, ça risque d’être compliqué.”

Elle tourna à l’angle d’un corridor en direction du hall principal. Elle leva alors les yeux et aperçut des silhouettes connues. Un frisson lui traversa le dos et elle porta instinctivement une main à son visage en reculant d’un pas.

“Vega.”

José Valdivia, Moritz Schneider et Edwin Silver. Ce dernier avait le front bandé, ce qui s’accordait parfaitement avec son cache-oeil.


- Je…


Silver se mordit l’intérieur de la joue.

“Je lui fais peur. Putain, la honte. En même temps, je l’ai insultée et frappée. Murase n’aurait pas dû retenir Schneider tout à l’heure. Un second coup de poing m’aurait remis les idées en place… Je comprends pas pourquoi elle a pas déposé plainte.”


Reiko se morigéna intérieurement.

“Harlock t’a pourtant appris à dissimuler tes émotions et voilà que tu montres que t’es perturbée. Bravo.”

Elle riva son regard vers Moritz, les mots s’extrayant difficilement de sa gorge.


- Je… Suis désolée, croassa-t-elle en s’inclinant. Je ne te demande pas de me pardonner mais je ne voulais pas te faire de mal, je t’assure.


Schneider s’avança, hésitant.


- Reiko, c’est moi qui te dois des excuses… Et cet imbécile…

- J’ai à faire, dit-elle en se secouant la tête. Je suis navrée que tu aies appris de cette manière pour Bruce et moi, c’était pas calculé.

- Reste là !, protesta Edwin. Faut qu’on discute.


Elle dépassa le petit groupe et poursuivit sa route vers le hall en évitant soigneusement l’artilleur.

Schneider reporta son attention vers Silver, les traits déformés par la colère.


- Je sais pas ce qui me retient de te dévisser la tronche.

- Murase ?, tenta Valdivia.

- Tais-toi, grogna Moritz.


*** 


Reiko se plaqua contre le mur, surveillant les allées et venues de la standardiste.

“Dès qu’elle se casse, je saute sur l’un des téléphones et je compose le 999.”

Elle attendit une bonne quinzaine de minutes avant qu’un changement n’intervienne du côté de l’opératrice téléphonique.

“Tiens, ce type porte la tenue mauve des cadres de direction.”


- Salut Killian ! Qu’est-ce que tu fais là ?

- Je venais te voir, Kaya. Tu m’a manqué.

- Oh, minauda-t-elle en tressant sa chevelure rousse. C’est gentil.

- On pourrait prendre une pause tous les deux, t’en dit quoi ?, proposa-t-il en s’accoudant au bar.


La dénommée Kaya jeta une oeillade circulaire.


- D’accord mais pas longtemps. Je suis pas censée laisser mon poste vacant.

- Oh sois sympa…

- Okay, mais c’est bien parce que c’est toi.


Une fois que les jeunes gens eurent vidés les lieux, Reiko se précipita vers le combiné.


- C’est quoi la manip ? Je tape direct le numéro du train ?


“Prière d’entrer votre code secret de service.”


- 6948


“Code incorrect.”


- Arg, c’est pas vrai.


Reiko passa le bureau au crible à la recherche du code de la standardiste. Elle commençait à désespérer lorsqu’elle repéra enfin un post-it posé sous l’écran.


- 4567


Une tonalité résonna dans le téléphone et elle poussa un soupir de soulagement.

“C’est pas très sécu tout ça.”.

Elle tapa ensuite le numéro “999” et patienta nerveusement jusqu’à ce qu’une voix l’interpelle.


- Ici le contrôleur du Galaxy Express 999. Que puis-je faire pour vous ?

- Ici… Euh… Reiko Sakuramachi, peloton Sirius de la Space Defence Force. Pouvez-vous me transférer Maetel ?

- Maetel ?, répéta-t-il, surpris. Pour quelle raison ?

- J’ai des informations de la plus haute importance, à lui communiquer.

- Avez-vous un ordre de mission ?


“J’en étais certaine.”


- Alors non, mais c’est urgent…

- Qui est votre ordonnateur ?

- Euh, je n’en ai… Pas vraiment, mais c’est tout à fait off…

- Je suis au regret de vous annoncer qu’il m’est impossible d’accéder à votre requête. Rappelez-moi quand vous aurez toutes les…

- Pouvez-vous lui transmettre un document ? Je ne lui parlerai pas. Je vous l’envoie simplement.


Reiko glissa la copie des analyses dans la fente du scanner.


- Je suis désolé mais…

- Donnez-lui cette fichue feuille, s’agaça-t-elle.

- J’ai besoin d’un ordre officiel émanant de la hiérarchie.

- Je vous ai déjà dit…


Une large main s’empara du combiné. Reiko pivota lentement, une sueur froide coulant le long de sa tempe.

“Oh non. Je suis foutue.”


- Schwanhelt Bulge, Commandant du peloton Sirius. Je reprends la communication.


Un silence s’installa et Reiko se crispa contre le bureau.


- Ordre de mission validé, oui. Pour la passagère Maetel, tout à fait. Non, aucun problème. Excusez-nous du dérangement. Oui, je comprends. C’est normal.


Il raccrocha et la pilote se liquéfia sur place.


- Je peux… Vous expliquer…


“Non, tu peux pas mais tu vas essayer tout de même.”


- Viens.


Ils contournèrent le bureau de Kaya, qui arrivait justement en compagnie du dénommé Killian. Elle devint aussi pâle qu’un cadavre en les remarquant.


- J’ai dû m’absenter, je suis confuse. En quoi puis-je vous aider ?

- On s’est débrouillés, merci, répondit Bulge en entraînant sa nouvelle recrue derrière lui.


Ils marchèrent côte à côte jusqu’à ce que le Commandant prenne la parole.


- Comment tu as deviné pour les métaux ?

- C’est une longue histoire. C’est grâce à Louise.

- Mais encore ? Quel rapport avec Maetel ?, insista-t-il.

- Je… Je…


Que devait-elle faire ? Dire la vérité au risque que Bulge la considère comme gravement névrosée ? Ou se contenter du strict minimum ?


- Louise a constaté que les attaques se condensaient autour de la Galaxie d’Andromède. Et il s’agit du terminus du 999. Je voulais l’inciter à être prudente.

- C’est tout ?

- Oui.


“Inutile de mentionner les humanoïdes, il ne me croira pas.”


- Et concernant le métal ?

- C’est le mot “vibration” qui m’a mis sur la bonne voie.

- C’est Râ-Métal, non ?

- Pardon ?

- Le terminus du 999. La planète où les corps mécanisés sont gratuits.


Reiko piqua un fard.


- Je me souviens plus.

- Hum.


Perspicace, Bulge devina qu’elle ne lui disait pas toute la vérité mais, pour une raison qu’il ignorait, elle ne lui faisait pas totalement confiance.

“La faiblesse de Reiko, ce sont les humanoïdes. Auraient-ils un lien avec tout ça ?”


- Les données sont déjà en possession de Reinhart, j’imagine qu’elle en fera bon usage.

- Je l’espère.

- Reiko, si tu as quoi que ce soit d’autre à me dire, je t’écouterai.


La jeune femme se mordit la lèvre inférieure.


- Je m’en rappellerai.


Alors qu’ils débouchaient sur le quai de Big1, Reiko aperçut Bruce qui faisait les cent pas.


- Hé ça va ?, demanda-t-il en se précipitant vers eux.

- O.. Oui. Pourquoi ça n’irait pas ?


Il la détailla, suspicieux.


- Pour rien.

- Reiko, prépare une vérification des eagles en prévision de notre prochaine intervention.

- Je m’en occupe. 


Une fois qu’elle eut disparu à l’intérieur du train, le sniper interrogea Bulge.


- Vous avez découvert quelque chose ?

- Rien de spécial, ne t’en fais pas pour ça, répondit-il en pénétrant à son tour dans l’un des wagons.


***


Un voile noir recouvrait les yeux de la fillette.

“Ça y’est, je vais mourir. J’aurais tellement aimé vivre.”

Elle sentait la vie quitter son corps à mesure que son sang se déversait sur les pavés sales.

“Je n’ai pu protéger personne. Assassinés. Enlevés. Morts de faim ou de maladies. Ils ont tous connu un sort terrible. C’est mon tour, maintenant.”


- J’ai peur…


Elle avisa une ombre qui se mouvait à l’entrée de la ruelle.

“Ils reviennent m’achever. Ils auraient pas dû se donner cette peine, c’est comme si c’était fait.”

L’ombre s’agenouilla à son chevet et posa une main sur son front et une seconde contre son cœur.


- Elle respire mais son pouls est faible, observa-t-il en la soulevant délicatement.


Elle obligea ses paupières à s’ouvrir et elle discerna une mâchoire carrée et des cheveux marrons qui volaient au vent.

L’enfant emporta cette image dans l’inconscience.


***


Un hurlement transperça les oreilles de Bruce.

Il s’éveilla en sursaut alors que Reiko se jetait à son cou.

L’esprit embrumé, il attendit que la crise de larmes se termine, sa petite amie blottie entre ses jambes.


- C’est fini, murmura-t-il. Respire bien fort.


Il déposa un baiser sur sa peau poissée par les larmes.


- Je te l’avais dit, hoqueta-t-elle. Je suis déso…

- Ne t’excuse pas idiote. C’est pas grave.

- Oui.


Il se redressa dans le lit et releva le menton de sa petite amie avec son index.


- Confie-toi à moi. Si ça peut t’aider à te libérer de tout ça.


Elle hocha la tête.


- Je te raconterai ça demain, lorsqu’il fera jour.

- Okay, quand tu seras prête.


Alors qu’elle était nichée dans ses bras, en short et en débardeur, il sentit son cœur tambouriner dans sa poitrine. 

Si belle. Si vulnérable. Si désirable.

Sans réfléchir et cédant à son impulsion, il l’attira contre son torse dénudé et l’embrassa à pleine bouche.

Voyant qu’elle se collait davantage contre lui, il caressa son dos, puis sur son ventre et termina en effleurant légèrement sa poitrine.

Elle se raidit, haletante.


- Je peux m’arrêter là, lâcha-t-il à regrets.


Reiko était effrayée par la tournure que pouvait prendre cette soirée, bien plus que par ses cauchemars, mais elle le désirait plus que jamais.

À en perdre la raison.

Sa décision prise, elle inspira profondément et riva ses prunelles dans celles de son amant.


- Non.

- Non ?, répéta-t-il, étonné.

- Non, confirma-t-elle.

- À tes ordres.


Il la fit basculer en dessous de lui, renonçant à juguler son excitation. Il embrassa son visage, sa nuque et la naissance de ses seins.


- Je vais enlever ça.


Elle acquiesça en s’empourprant.


- Complexe pas, t’es magnifique. On va y aller doucement, d’accord ?

- Oui.


Entièrement nue, le corps plaqué contre celui de son amant, son pouls s’emballa. Elle ferma les yeux, goûtant chacun de ses baisers, hypnotisée par son odeur et par le magnétisme qui se dégageait de lui.

Le reste de la nuit fut un véritable feu d’artifices. Au petit matin, Reiko roula sur le côté, complètement épuisée.


- Je t’avais dit que tu le regretterais pas.


Il enlaça langoureusement la jeune femme, parcourant sa peau du bout des doigts.

“Cette fille m’a enivré comme aucune autre avant elle. Je la veux tellement que j’en arrive à oublier ma malédiction. Est-ce que, moi aussi, j’aurais finalement droit à ce fichu bonheur ?”


- J’ai été à la hauteur ?, questionna-t-elle.

- J’aurais pas recommencé plusieurs fois si ça n’avait pas été le cas. En parlant de ça…


Reiko eut un petit rire en essayant de s’échapper vers la salle de bain.


- T’as envie de faire ça ailleurs ? Pas de problème.


Il empoigna des serviettes et la poussa vers la douche.


- Ici, ça me convient aussi, dit-il en ouvrant les robinets et en attrapant Reiko sous les cuisses.

- T’es irrécupérable.

- Et encore t’as rien vu.


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