L'ombre du renard

Chapitre 9 : Tome 1 - Désert

6582 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 20/04/2024 17:47

Introduction


Attention, un passage pourrait choquer certains d'entre vous. Effectivement, il y a de la nudité dans ce chapitre. En sachant que mon personnage Sakura a douze ans et Naruto 40 ans, cet aspect pourrait rebuter certains mais je ne prône en aucun cas la pédophilie. Ce n'est pas le cas dans cette histoire. Je tiens juste à préciser que comme Sakura est la réincarnation de Hinata et que cette dernière était la bien-aimée de Naruto, celui-ci est déstabilisé par cette révélation (pour ceux qui ont la ref c'est un peu comme dans Seven Deadly Sins). Mais, aucune limite n'est franchie (pas de sexe ou d’attouchement, JAMAIS sur un enfant). Je tiens également à rappeler que la pédophilie est condamnable par la loi.



9. Désert

 

Le soleil est un astre lumineux aux rayons cruels.

La pâleur de la lune te sied mieux.

Les ombres dessinent leur mystère sur ta peau.

J’aime me repaître de l’éclat de tes yeux dans la pénombre de la nuit.

 

 

Le soleil se voulait implacable. Il dardait ses rayons brûlants sur la faune et la flore en contrebas, se moquant des effets bénéfiques ou nocifs qu’il en ressortait. Dans certains endroits du monde, cet astre lumineux était synonyme de fléau et occasionnait sécheresse et désolation.

Du sable. Il n’y avait que du sable à perte de vue. Un vent chaud asséchait les gorges et encrassait les poumons si on n’y prenait pas garde. Aucune goutte d’eau n’était disponible pour étancher la soif. C’était ce que certains appelaient un désert.

Au beau milieu de ces dunes, deux silhouettes marchaient, suivant un chemin invisible vers une obscure destination. La marche était pénible. Les pieds s’enfonçaient dans le sol meuble, rendant chaque pas lent et laborieux. Ils ne possédaient aucune carte des environs ; aucun repère visible pour les aider à identifier leur position dans ce décor immuable. Lorsqu’ils désiraient s’assurer de leur progression, ils avaient la grande déception de voir le vent effacer leurs traces, manquant de peu de les décourager. Heureusement qu’ils avaient préalablement investi le peu de leur économie dans des tuniques blanches ; non seulement le tissu rugueux les protégeait du soleil et du souffle brûlant, mais il leur permettait de conserver un certain anonymat. Aussi, personne, même avec un œil expert, ne pouvait les identifier comme étant le criminel recherché Naruto Uzumaki, surnommé le Renard, et l’enfant-vision Sakura Haruno.

Le tandem avait eu la désagréable surprise de voir leurs têtes mises à prix dans le port à leur arrivée au pays du Vent. L’Akatsuki, à présent au courant de leur association, n’avait pas rechigné sur les moyens pour les repérer au plus tôt. Grâce aux quelques rares connaissances de confiance de Naruto, les deux comparses avaient pu quitter la ville en toute discrétion. Ils avaient aussi glané quelques informations capitales pour la réussite de leur entreprise, notamment que Gaara du désert avait été emmené par ses frères dans le village caché du Sable. Ce village avait la réputation de former les meilleurs guerriers du pays. La sécurité serait à son paroxysme et l’approche d’une telle personnalité assez ardue. Un défi à la mesure du Renard ! Il aimait cela.

Pour l’heure, Sakura et lui devaient franchir ce désert, certains que le village se situait de l’autre côté.

Sakura avançait difficilement. Elle ne possédait pas l’endurance de son compagnon. Elle avait récupéré ses forces mais celles-ci ne lui étaient guère utiles sur des exercices à long terme.

Elle leva les yeux sur le dos face à elle. Naruto avait les épaules larges. Son ombre lui permettait un peu de répit sous ce soleil de plomb. La fleur mourrait de soif mais elle aurait préféré se couper la langue que d’exiger de l’eau à cet homme. Elle ne voulait pas qu’il la prît pour une faible créature.

Depuis que le Renard savait qui elle avait été dans une autre vie, quelque chose s’était brisée entre eux, avortant leur amitié naissante. Sakura le sentait plus distant, plus renfermé qu’auparavant. Les mots semblaient abandonnés entre eux. De cette relation infructueuse, la jeune fille lui en voulait. Elle le punissait par de longs silences en réponse à son propre mutisme. C’était à celui qui craquerait le premier. C’était un jeu malsain.

Soudainement, Sakura glissa. Son pied n’avait plus d’appui solide. Son corps menaçait de chuter en bas de la dune, la faisant rouler dans la poussière à la morsure de feu. Une main la retint par le bras. Sans un mot, Naruto la remit sur ses jambes. Aucun reproche de sortit de sa bouche : son expression courroucée parlait pour lui. Sakura ne doutait pas un instant qu’elle ralentissait son compagnon, prolongeant leur torture dans ce paysage désolé. Elle se mordit les lèvres, frustrée par sa propre condition. Si elle avait été une femme, elle aurait eu plus de vigueur. Si elle avait été Hinata…

Naruto ne lâcha pas sa main. Il reprit son avancée en la tenant fermement. Il tirait sa petite protégée avec douceur malgré cette fermeté. Cela facilita la mobilité de l’enfant. Elle ne puisait plus dans ses ressources de la même manière, se laissant porter par le mouvement de son protecteur.

Cette grande main calleuse était chaude. La sueur s’accumula entre les deux paumes. Sakura ressentait les picotements dus à ce désagrément. Elle sentait aussi cette main sur le point de lui échapper. Elle serra plus fort, appréhendant l’instant où il la lâcherait pour de bon. Elle ne pouvait s’empêcher d’y voir un mauvais présage. Il était hors de question que leur séparation se produisit.

Alerté par la réaction incompréhensible de sa compagne, Naruto coula un regard vers elle. Sakura semblait soucieuse. Qu’avait donc encore cette gamine pour éprouver autant de contrariété ? Qu’avait-il encore fait de travers ?

« Sakura… » murmura-t-il, l’appelant doucement à la réalité.

Elle offrit ses grands yeux smaragdins à sa contemplation, inquiète par le ton de sa voix. Touché par ce regard, Naruto s’arrêta. Quelque chose devait être dite. Quelque chose devait être éclaircie. Il hésita.

Il tenait toujours cette main fragile dans la sienne. Intimidé par cette enfant innocente, il se concentra sur cette poigne ferme. L’eau salée empêchait une prise aisée. Il comprima cette dextre. Il n’en avait cure de la souffrance que pouvait occasionner cette action. Il ne voulait pas la relâcher. Il l’avait capturée il y avait des mois de cela, il avait gagné le droit de la posséder. Pourtant, c’était la première fois qu’il la touchait depuis qu’il avait connaissance de sa véritable identité.

Les hennissements de chevaux interrompirent leur intimité. Des cavaliers approchaient. Trois hommes aux couleurs impériales tiraient derrière eux deux chevaux sellés. Intrigué par cette troupe venue de nulle part, le couple attendit avant de dégainer. Ces hommes seraient peut-être la solution à leur marche sans fin.

Un des cavaliers descendit de cheval et s’avança vers eux. Par instinct, Naruto se plaça devant la toute jeune fille. Quoi qu’il advînt, il serait toujours son protecteur. Sakura fut soulagée par ce constat. Leur lien était toujours là. Il était affaibli, voire amoindri, mais toujours bien vivace. Elle ne put s’empêcher de contracter sa main toujours conservée dans la sienne, lui envoyant imperceptiblement un « merci ».

L’étranger s’inclina légèrement, le poing droit sur le cœur. Sa peau avait la pigmentation typique des gens vivants dans ces régions. Son visage entre deux âges semblait avenant.

 « Etes-vous l’enfant-vision, Sakura Haruno, mademoiselle ? »

Sakura et Naruto échangèrent un regard entendu. Cet homme était un peu trop bien renseigné à leur goût. Cela ne plaisait pas au criminel. La discrétion était son crédo. Or, si même perdu au milieu de ce désert, chacun pouvait le repérer, c’était qu’il y avait anguille sous roche. Cependant, avaient-ils le choix ? Était-il judicieux de provoquer ainsi cet inconnu ?

Au bout de quelques secondes qui parurent interminables, elle hocha la tête en signe d’assentiment.

« Notre maître, Gaara, nous a envoyés vous quérir. Il a songé que votre route serait plus douce sur le dos de nos destriers. Si vous désirez bien nous suivre, nous serions honorés de vous guider. »

L’envoyé accompagna son invitation d’un signe de la main en direction des deux chevaux sans cavalier.

Sakura s’avança prudemment vers les bêtes. Depuis qu’elle était tombée d’un cheval de guerre pris de folie, elle détestait ces quadrupèdes. Cela remontait à loin. Elle n’était qu’une jeune Hyûga que son père voulait endurcir. De force, il l’avait assise sur le dos nu de l’animal nerveux. Le résultat catastrophique ne se fit pas attendre. Si Itachi n’était pas intervenu, Hinata aurait pu se faire piétiner après sa chute déjà douloureuse.

Ah ! Ce n’était pas ELLE. C’étaient les craintes de Hinata. Sakura était une autre personne. Elle ne devait surtout pas l’oublier si elle ne désirait pas se perdre en Hinata.

La fleur de cerisier caressa l’encolure de la jument, plus pour se rassurer elle que la monture. Sa main tremblait légèrement. Sans prévenir, Naruto la hissa, l’installant sur la selle. Aussitôt, il grimpa à son tour, s’asseyant derrière elle. D’une main, il saisit les rênes ; de l’autre, il soutint la taille de sa protégée.

« Un seul cheval suffira. Mademoiselle Haruno n’est pas très douée avec ces créatures. »

Sakura s’appuya contre son torse, admirant une fois de plus sa clairvoyance. Il n’avait pas oublié sa phobie incontrôlée par les chevauchées. Elle ne releva pas la taquinerie sur son incompétence. Il avait eu la décence de cacher sa faiblesse à ces étrangers. Alors elle pouvait bien souffrir d’une remarque désobligeante qui ne diminuait en rien sa personne.

La chevauchée fut rapide. Ils mirent un peu plus d’une heure à atteindre leur but. Le village caché du Sable, de son nom de baptême Suna, avait de hautes murailles blanches. Les maisons étaient disposées à l’ombre d’une haute montagne. Au pied de celle-ci, se dressait un immense palais aux murs immaculés et aux toits en forme de cône, recouverts de tuiles rouges.

Les émissaires du dénommé Gaara les guidèrent vers la grande salle où se tenaient toutes sortes d’audience. Au fond, se tenaient un homme et une femme assis sur des trônes en bois. Aucun des deux ne se voulait sympathique. L’instinct du prédateur en Naruto le prévint d’un danger. Il n’aimait pas cela.

« A genoux devant les seigneuries, Témari et Kankurô, régents du pays du Vent », annonça une voix.

Naruto et Sakura observèrent les jeunes gens assis. Aucun des deux n’avait atteint la trentaine. Le Renard y aurait mis sa main à couper. Leur stature était fière, leurs traits similaires. Le frère et la sœur avaient la réputation d’être unis pour assurer le bon gouvernement de leur peuple.

Naruto esquissa un sourire sans joie. Il croisa les bras avec un air de défi.

« Je ne m’agenouille devant personne !

-Comment oses-tu, impudent ? s’indigna un garde aux côtés des dirigeants.

-Je suis ce que je suis. Certainement pas un de vos larbins prêt à s’abaisser pour quémander une faveur de votre part.

-Tu dois le respect à nos maîtres !

-Votre Gaara nous a invités. A vous, je ne dois rien, dit-il en les regardant droit dans les yeux.

-Tu n’es qu’un chien ! s’énerva un autre garde en tirant son épée.

-Non, répondit calmement Naruto. Je suis un renard », nargua-t-il, laissant planer une certaine menace dans ses paroles.

A cette provocation, les gardiens de Suna s’armèrent et entourèrent le couple. Naruto n’avait pas bougé, empreint de suffisance face à ces combattants médiocres. Sakura n’esquissa aucun geste, confiante en son compagnon. Elle savait que ces hommes n’attaqueraient pas sans un consentement de leurs maîtres. Ces derniers n’avaient fait qu’observer la scène, curieux de la présomption de ces jeunes gens.

Le silence se fit dans la salle quand un jeune enfant à la tignasse rousse pénétra dans la pièce. Ses yeux avaient la même couleur que la jeune fleur. En un échange, les jeunes adolescents comprirent qu’ils étaient semblables. Les pas juvéniles résonnèrent, comme s’il était le seul être présent dans les lieux. Il se plaça devant les frères souverains. Il leur murmura quelque chose à l’oreille. Puis, s’éloigna, indifférent à la scène qui se jouait entre les hommes belliqueux.

« Notre jeune frère a parlé », déclara la reine.

Sa voix était forte et claire. Elle imposait le respect ainsi que l’écoute. Sakura remarqua une certaine noblesse se dégager de la jeune femme à la chevelure dorée. Bien que dépourvue d’atours superflus garnissant d’ordinaire les nobles, sa beauté était indiscutable ; son éclat était farouche, guerrier, presque vulgaire pour une femme, néanmoins présent pour ceux qui prenaient la peine de la contempler.

« Nos invités sont exténués après leur voyage dans le désert. Nos bains sont à votre disposition pour votre toilette. Nous discuterons plus tard, lors d’un repas chaud. »

Suite à ces ordres tacites, des femmes aux robes colorées saisirent les épaules de la jeune fleur. Désappointée, la jeune fille les suivit malgré tout avec un dernier regard en arrière pour son compagnon, guidé lui aussi vers un couloir. Une servante lui offrit une coupe d’eau qu’elle avala d’un trait. On la déshabilla de force. Sakura s’emporta et réprimanda ces insolentes. Ces dernières y répondirent par des gloussements et des moqueries sur sa pudeur. Son bref combat pour conserver ses vêtements se solda par un échec. Elles étaient beaucoup trop nombreuses. De plus, il était inutile de provoquer un incident diplomatique à cause de son entêtement. Après tout, elles étaient entre femmes.

Vêtue d’une unique serviette blanche, Sakura se résolut à les suivre. Les femmes l’emmenèrent dans une salle obscure. Il y faisait chaud. Sakura sursauta quand l’immense porte en bois se referma. Elle cria et essaya de l’ouvrir mais personne ne répondit. Elle se retourna et examina l’endroit. Les murs étaient marrons, sans souffrir d’aucune ouverture. A l’exact opposé de la porte, se trouvait un bassin contenant de l’eau tiède. La seule source de lumière provenait d’un plafonnier au centre.

Sakura inspira profondément. Elle identifia les senteurs de thym, de fleur d’oranger et d’eucalyptus. Ces fragrances provenaient de la vapeur s’évaporant des grilles placées aux quatre coins de la pièce. Il faisait chaud mais cela était plaisant.

Mue par une envie de fraîcheur, Sakura se délesta de la serviette et s’assit au bord du bassin pour y tremper les pieds. Il n’était guère profond ; à peine pouvait-elle y plonger les jambes. Bientôt, la sueur recouvrit son corps. Cela ne causait aucun désagrément parce qu’elle était nue. C’était la première fois de sa vie qu’elle appréciait cette sensation. Ses muscles se dénouaient. Son esprit s’apaisait sous l’effet du parfum.

Soudain, elle fut prise d’une envie de danser. Elle voulait combler l’espace de sa seule présence. Elle chantonna tout en tournant sur elle-même. A un moment, elle prit l’eau emprisonnée dans sa cuve d’argile en coupe dans ses mains. Elle fit voler les gouttes sur elle. Elle en aima tellement l’effet qu’elle renouvela le geste, s’amusant de cette petite pluie sur son corps offert.

« Tu t’amuses ? »

La voix était familière. Avant même de se retourner, elle savait à qui appartenait cette intonation autoritaire. Derrière elle, Naruto l’observait, les mains sur les hanches, une serviette nouée à sa taille. La jeune fleur n’avait pas remarqué son entrée, toute préoccupée à brasser l’eau claire.

La lumière tamisée lui conférait un aspect surnaturel, rendant la situation irréelle. Sa peau mise à nu de cette façon apportait une pointe d’érotisme à son apparence de prédateur canin. Un moment de flottement s’installa entre eux, un moment où l’indécision était reine en ce lieu.

Brusquement, Sakura se rendit compte qu’elle était complètement nue sous ses yeux d’homme. Elle ouvrit la bouche et la referma immédiatement. Le rouge lui monta aux joues. Elle leva ses bras maigres sur sa poitrine naissante. Elle se précipita vers sa serviette abandonnée non loin et s’enroula dedans.

Tandis qu’elle nouait le linge, elle réalisa de la réaction inadéquate de son compagnon. Il y avait peu encore, Naruto aurait ri ; il se serait amusé de cet élan de pudeur disproportionné par rapport à ses formes inexistantes. Lorsqu’elle observa de nouveau le Renard, ce dernier n’avait pas bougé, ayant tourné pudiquement la tête, vissant son regard sur une des parois de la salle d’eau.

Elle s’approcha de cet homme soudain timide et gêné.

« Pourquoi ne te moques-tu pas ? » questionna-elle intriguée.

Aucune réponse ne vint. Naruto se contenta de soupirer et de secouer la tête.

« Qu’est-ce qui te dérange ? demanda-t-elle encore. Qu’est-ce qui a changé depuis ces quelques semaines où tu riais de mon innocence ?

-Tout a changé, souffla-t-il.

-En quoi ? Suis-je devenue une femme à tes yeux ? »

Le Renard pinça les lèvres.

« Regarde ! »

Sakura dévoila ses trésors en dénouant sa serviette.

« Regarde ! Joue-t-on vraiment dans la même catégorie, maintenant ? »

Sa voix tremblait. Elle faisait preuve de beaucoup d’audace. Elle ne se reconnaissait pas. Toutefois, la provocation lui apparaissait comme étant la seule solution pour crever l’abcès entre eux.

Naruto chuinta de contrariété. Il se décida à poser son regard sur ce corps à peine entré dans l’adolescence. Sa poitrine avait pris de l’ampleur. Ses hanches s’arrondissaient. Elle avait atteint ses douze ans il y a peu. Mais elle n’était pas encore une femme. Que devait-il répondre à cette nudité offerte ? Que depuis leur rencontre elle avait à peine changé ?

Un sourire désabusé se dessina sur son visage. Il savait ce qu’il avait à faire. Brusquement, il se pencha et posa ses lèvres sur celles de sa compagne. Sakura agrandit les yeux de stupeur. Elle s’attendait à tout sauf à cela.

Ce fut un baiser furtif. Le geste n’avait duré que quelques secondes. Il n’avait rien à voir avec les baisers passionnés qu’il avait partagés avec Hinata. Ces lippes étaient chaudes et douces comme dans son souvenir. Mais, le désir n’y était pas ; là était toute la différence.

« Tu as raison : tu n’es pas Hinata. Tu ne sais pas me retourner les tripes comme elle. Allez ! Rhabille-toi, gamine », déclara-t-il passivement.

L’homme la dépassa et se dirigea vers le bassin où il y trempa la tête.

Sakura ne réagit pas immédiatement ; elle cherchait le moyen de calmer les battements de son cœur. Elle avait eu peur, peur que par sa réaction puérile à son refus de communiquer le Renard n’exigeât plus qu’un simple baiser. Elle n’était pas prête. Elle ne voulait pas qu’un seul homme ne la touchât, surtout de cette manière. Pourtant, son autre « elle » était profondément amoureuse de lui. En secret, Hinata caressait l’idée de lui proposer la douceur de sa peau. Cela ne s’était jamais produit car il avait su se montrer respectueux. Il arrivait en de rares occasions que cet homme pouvait démontrer sa noblesse d’esprit. Le plus douloureux était qu’elle venait de se faire repousser par ce rustre sans manière. Était-elle si insignifiante ?

La porte s’ouvrit à ce moment-là. Une des servantes l’invitait à poursuivre sa toilette dans d’autres salles ainsi qu’une séance de massage. Sans commenter le récent événement, Sakura sortit, abandonnant cet homme à lui-même.

« Tu n’as pas fait preuve de finesse, mon frère.

-Tais-toi, Kyûbi ! Je ne suis pas d’humeur. »

Naruto contempla son image dans le reflet de l’eau. C’était son exacte réplique, à la différence des iris écarlates.

« Tu apprécies cette petite. Je le devine à ton attitude soudainement respectueuse.

-Elle est la réincarnation d’Hinata. Elle était mon cœur, mon âme, mon avenir…

-Elle peut le redevenir.

-Je ne suis pas prêt à laisser le fil rouge s’enrouler de nouveau autour de mon petit doigt. Le retour à la réalité après avoir goûté à de telles chimères est amer, marmonna-t-il en baissant la tête et en fermant les yeux.

-Tu l’espères tout de même. Ne te trouble-t-elle pas avec ses manières d’adulte dans ce corps enfantin ?

-Les seuls troubles que je ressens proviennent des résurgences de sa personnalité en tant qu’Hinata, répliqua-t-il en se redressant. Le reste m’indiffère.

-Cela te rassure-t-il de croire que ce que tu ressens résulte de cela ?

-Cette fille n’est rien pour moi. Elle est juste un moyen de combler ma solitude. Elle m’amuse pour l’instant mais elle finira par me lasser en temps voulu.

-Tu me fais rire, gamin. Tu lui fais de belles déclarations ; tu la protèges ; tu t’emportes contre quiconque essayerait de l’emmener et, enfin, tu lui joues cette comédie à l’instant. Tu es aveuglé avec ton orgueil de mâle dominant. Pourquoi l’avoir embrassée si elle est si peu importante ?

-Je n’ai aucun compte à te rendre, mon frère, cracha-t-il en grimaçant sur la dernière interpellation.

-Non. Effectivement. Ce n’est pas à moi que tu dois en rendre… »

La réplique de Naruto reprit son apparence normale. Le démon venait de se tapir au fond de son réceptacle. Naruto ne comprenait pas. Pourquoi ce vieux renard cherchait-il à le faire cogiter de la sorte ? Y avait-il le moindre bénéfice à retirer de sa vie affective ? S’ennuyait-il à ce point pour s’intéresser à la vie des mortels ?

Naruto crispa ses mains sur le bassin en argile. Il prenait conscience de la conséquence de son acte : il venait de repousser la nouvelle vie de son ancien amour. L’unique souci était qu’il ignorait lui-même pourquoi il avait eu besoin de goûter à ses lèvres, même quelques secondes. Il avait effectivement joué la comédie : ce bref rapprochement l’avait retourné. Il avait senti quelque chose remuer en lui, une chose qu’il pensait oubliée ou morte. Son double avait raison. Il était un mâle dominant et il était hors de question qu’il reconnût sa faiblesse pour une gamine. Il se dégoûtait. Ce n’était qu’une enfant et non la femme qu’il avait aimée. Une ENFANT !

Sakura avait besoin de rétablir un contact entre eux. Il avait été parfaitement conscient de la distance qu’il lui imposait volontairement. Il avait juste voulu briser la glace à sa façon, la déstabilisant au passage. Il n’avait pas prévu de telles répercussions. Et maintenant qu’allait-il faire ?

 

 

 

Sakura tira une nouvelle fois sur sa tunique émeraude. Les servantes l’avaient massée, séchée, enduite d’un onguent hydratant et habillée à la mode de Suna. Elle n’avait pas pour habitude de dévoiler son nombril, or, c’était une des particularités de la région. Certaines mettaient même l’accent sur cette partie du corps en le parant d’un piercing ou d’une chaîne dorée qui faisait le tour de la taille. Lorsque les filles lui avaient présenté le pantalon bouffant, elle en avait été heureuse car elle détestait les robes courtes qui dévoilaient ses jambes trop maigres. Mais son ventre exposé de cette manière ne l’enchantait guère.

Elle fut introduite dans une pièce richement décorée. Elle pouvait respirer les parfums des plats disposés sur une table basse en argent. Assis sur les coussins, Naruto attendait sagement. Il était magnifique. Le contraste de sa tunique blanche, avec sa peau halée était presque hypnotique. Les fins motifs en or brodés sur le tissu rappelaient délicieusement sa chevelure.

Lorsque ses saphirs se posèrent sur elle, elle sentit une bouffée de chaleur l’envahir. Elle n’avait rien oublié de l’incident dans le hammam (elle avait appris ce mot grâce aux servantes). Comment devait-elle réagir devant lui ? S’offusquer ? Se moquer ? Elle baissa les paupières afin de voiler ses propres prunelles. Elle ne désirait pas qu’il lût en elle avec facilité. Elle avait besoin de temps pour comprendre son propre émoi. Elle avait évoqué la peur, l’amour d’Hinata mais il y avait eu aussi une sensation inconnue sur laquelle elle ne parvenait pas à y mettre un nom.

« Fais gaffe de ne pas refroidir comme cela ! » dit-il en désignant du menton sa tenue.

Comme toujours, Naruto arrivait à désamorcer une situation gênante par une phrase dénuée de savoir-vivre. S’il voulait jouer à ce jeu-là avec elle, monsieur allait être servi. Apparemment, tout était redevenu à la normal ce qui la ravit.

« Merci pour le compliment, ironisa-t-elle. Mais dis-moi : comment as-tu fait pour résister à tous ces plats délicieux, espèce de gros gourmand ? dit-elle en se laissant tomber dans les immenses coussins à côté de lui.

-De un, chère médisante, je ne suis pas le porc que vous imaginez. J’ai un minimum d’éducation qui m’impose d’attendre mes hôtes. De deux, j’avais besoin de toi pour les goûter.

-De moi ? questionna-t-elle en arquant un de ses beaux sourcils en aile de papillon tandis qu’elle se saisissait d’une coupe d’eau.

-Ces mets sont peut-être empoisonnés. Si tu survis à leur ingurgitation, je consens à les dévorer. Même s’il n’y a pas de ramen. »

Sakura cracha l’eau qu’elle venait d’avaler. Son compagnon partit d’un immense fou rire en examinant la tête déconfite de sa compagne.

« Tu plaisantes, toussa-t-elle.

-Bien sûr que votre ami se moque de vous, mademoiselle Haruno, intervint une voix juvénile. Si nous avions voulu vous tuer, nous l’aurions fait dans la salle d’audience et non en traître dans nos appartements après tous les soins que nous vous avons octroyés. »

Le port royal, le jeune Gaara pénétra dans la pièce. Les mains croisées dans le dos, une tunique aussi écarlate que ses cheveux, il se déplaçait avec distinction et non comme le ferait un enfant de son âge. Il était suivi par le roi et la reine. Tous deux s’étaient également parés pour ce repas intime. Les trois arrivants s’assirent en face du tandem. D’un geste, les dirigeants demandèrent à des serviteurs, jusque-là cachés, de les servir.

Sakura contenta sa faim et sa soif de bon gré. Du coin de l’œil, elle voyait Naruto mastiquer lentement. Il fixait le jeune garçon, le jaugeant intérieurement sur son degré de dangerosité. Il n’avait pas confiance ce qui était compréhensible pour un homme tel que lui.

« Bon, si ces seigneurs nous ont invités, ce n’est certainement pas pour casser la graine ensemble. Pourriez-vous entrer dans le vif du sujet ?

-Naruto ! gronda la fleur de cerisier. Sois poli !

-Pourriez-vous entrer dans le vif du sujet, s’il vous plaît ? répéta-t-il avec amusement.

-Comme vous le désirez, très chers invités, sourit malicieusement l’enfant. Avant de débuter cette charmante conversation, comment dois-je vous appeler, mademoiselle ? Sakura Haruno ou Hinata Hyûga ? »

La fleur et le Renard se turent et dévisagèrent tous deux leur interlocuteur. L’évocation de ce nom était annonciatrice d’ennuis. Quelles étaient les véritables intentions et connaissances de cet enfant aux allures d’adulte ?

Satisfait de l’effet produit, Gaara ne put cacher un petit sourire. Il aimait s’assurer de l’attention de chacun en utilisant leur talon d’Achille. Il se pencha et saisit du bout des doigts une coupe de jus frais. Il avala quelques gorgées du breuvage afin de laisser le temps au couple de juger de la gravité de la discussion à venir.

« Connaissez-vous ma vie antérieure, dame Hyûga ?

-Vous savez que cela m’est impossible. Je vous prierai également de ne plus me nommer de la sorte. Dans cette vie, je suis Sakura Haruno et personne d’autre.

-Tout comme je ne suis plus celui que j’étais jadis. Pourtant, nous conservons nos souvenirs et certaines habitudes de nos vies passées. Pouvons-nous dès lors affirmer que nous ne sommes plus et ne serons jamais ?

-Est-ce pour un débat métaphysique que nous sommes ici ? questionna-t-elle en vrillant ses émeraudes dans les jades de son confrère.

-Non, sourit-il, non, bien sûr que non. J’aimerais simplement revenir sur un point important : vous, Hinata Hyûga, avez renoncé à vos noces avec Itachi Uchiwa pour ce… cette chose.

-En quoi cela vous concerne-t-il ? s’impatienta Naruto.

-Ce que vous ne semblez toujours pas vous rendre compte aujourd’hui, les enfants, c’est que vos choix ont eu une répercussion désastreuse pour nos contrées respectives. Nous sommes actuellement cinq pays vivant en harmonie. Chacun de ces pays représente un des éléments fondamentaux et est indépendant des autres. Le commerce est le seul moyen pour nos nations de garder une coalition et un échange durable entre nous.

-Où voulez-vous en venir ? le coupa le Renard en croisant les bras.

-Si vous étiez restés à vos places respectives, jeunes inconscients, nous serions actuellement un empire fort et nous pourrions affronter ce qui nous attend sous peu.

-Quoi ? Comment ça ? Qu’est-ce qui nous attend de si terrible ? questionna le criminel.

-Attendez une minute, intervint Sakura. Arrêtez de tourner autour du pot et de parler par énigme. Expliquez-nous d’abord en quoi nos choix ont eu ce genre de répercussions.

-Vous étiez la descendante directe du fondateur de votre lignée. Bien que vous fussiez une femme, personne n’a osé discuter votre ascension à la tête du clan après la mort de votre père à cause de vos liens de sang. De surcroît, vous étiez douée en tant que forgeron, une des meilleures. A votre mort, le clan se déchira pour choisir un chef, ce qui a conduit à la perte des Hyûga. J’étais protégé par deux gardes du corps Hyûga, des shinobis expérimentés. Malheureusement, ils n’ont pas hésité à m’abandonner pour se joindre à cette guerre intestine. J’ai été assassiné faute de gardiens alors que je m’apprêtais à signer un contrat d’unification avec les autres coalitions. D’autres comme moi vous ont suivie dans l’autre monde alors que cela n’était pas leur heure parce que vous avez choisi cet homme au lieu de votre promis.

-Je ne comprends pas, répliqua la jeune fille, choquée par ces révélations. Il y avait des documents sur les droits d’héritage. Ils n’auraient pas dû se battre entre eux. Et les anciens ? Pourquoi les anciens n’ont-ils pas stoppé cette folie ? demanda-t-elle, ses mains se crispant sur ses genoux.

-Ne voulez-vous pas le lui expliquer, Naruto Uzumaki ? Après tout, cela était de votre fait.

-Naruto-kun ? se tourna la fleur.

-Je… Itachi et moi, nous avons mis le feu à la demeure des Hyûga durant notre combat. Les archives et tous les documents des anciens se sont envolés en fumée ce soir-là. »

Un silence incommodant s’installa entre eux. Sakura, la bouche ouverte, les yeux écarquillés, se força à recommencer à respirer. Elle était coupable de la perte des siens. Dire qu’elle ne s’était jamais posé la question de leur devenir dans cette vie, persuadée que tout cela ne la concernait en rien. Naïvement, elle avait imaginé que sa disparition n’aurait eu aucun impact sur sa famille. Comment avait-elle pu se tromper à ce point ?

« Finalement, dit-elle d’une petite voix, qui est responsable de la famille Hyûga ?

-Personne. Le clan Hyûga a disparu avec toutes ses connaissances incroyables. »

Sakura déglutit difficilement. Les Hyûga étaient morts. Elle était fautive. Cependant, cela n’était pas tout. Elle le savait. Elle reporta son attention sur son interlocuteur.

« Poursuivez, dit-elle en accompagnant son injonction d’un hochement de tête.

-Cette réaction en chaîne a détruit sept destins dont le vôtre. Tous les sept nous étions la base d’un futur empire solide. Sans nous, les cinq pays seront détruits d’ici quinze ans.

-A cause de quoi ? s’informa le compagnon de voyage de la fleur.

-Nous avons été renseignés par nos espions que les peuples d’Occident s’organisaient en vue d’une incursion dans nos régions. Ils veulent nos terres. Pour l’instant, ils se cherchent un roi capable de les commander tous. Quand ils seront prêts, nous serons incapables de les repousser. Ils possèdent des armes crachant du feu, des systèmes de communication évolués et des moyens de transport énormes.

-N’importe quel homme tombe sous le coup d’une lame, remarqua Naruto.

-Encore faut-il que votre lame l’atteigne, riposta l’enfant-vision. J’ai vu ces combats. Ces hommes ne sont pas aussi souples que nos combattants ou aussi agiles mais ils possèdent des armures légères impénétrables pour nos armes blanches, quelles qu’elles soient.

-Je n’ai rien vu de tel, déclara Sakura.

-Tu es la plus douée d’entre nous. Tu as le pouvoir de lire à ta guise dans l’avenir. Cela comporte également un inconvénient : si tu ne décides pas de regarder dans le futur, tu ne vois rien. Le destin ne peut t’avertir d’aucune façon.

-Penses-tu que si je me concentre maintenant, j’aurai un aperçu de cet avenir conflictuel ?

-Essaie et tu auras ta réponse. »

Sakura posa sa coupe. Elle se positionna en lotus et ferma les yeux. Elle se concentra comme à son habitude lorsqu’elle faisait appel à son pouvoir. Naruto sentit ses poils se hérisser. L’électricité statique était typique de la magie. Les témoins du phénomène attendirent les prédictions de la jeune fille, en vain. La fleur dévoila son regard smaragdin sur l’assemblée sans une once d’envoûtement.

« Je ne vois rien, chuchota-t-elle.

-Tu veux dire qu’ils ne viendront pas.

-Non. L’avenir de nos pays m’est inaccessible car rien n’a été décidé.

-Cela est impossible. Il va y avoir la guerre ! Nous sommes tous en danger. Mis à part toi, nous sommes tous en accord sur cette vision.

-Comment pouvez-vous communiquer ? demanda Naruto.

-Grâce aux rêves, expliqua Gaara. Nous avons la capacité de nous retrouver dans nos rêves. Bien que tu sois la seule à nous refuser l’accès, chère Sakura.

-J’aime mon intimité, Gaara du désert. De plus, tu n’as toujours pas expliqué qui tu étais et ce que tu attends de nous.

-J’étais Sasori du désert, l’ancien dirigeant du pays et diplomate renommé. J’attends de toi que tu répares tes erreurs, que tu nous guides vers notre destin. Nous sommes persuadés que tu vas nous emmener dans un endroit sûr. Tu connais la souffrance d’être un adulte dans un corps d’enfant ainsi que le danger que représente la Akatsuki. Tu dois nous emmener à la cité sacrée de Konoha. »



Mots de l'auteur


Ici, on remarque un rapprochement entre Sakura et Naruto. Le regard de ce dernier a changé pour elle car il confond ses sentiments pour Hinata avec ceux qu'il a pour Sakura. Il est parfaitement conscient que c'est encore une enfant et il ne la touchera pas. Ça doit être également très déstabilisant pour Sakura d'avoir des pensées et des réflexions d'adulte tout en sachant que son corps est celui d'une fille de douze ans. De nouveau, je m'excuse si j'ai choqué certains d'entre vous.

De nouveau, je ne prône pas la pédophilie, j'instaure des bases de réflexions tout en prenant garde de ne pas dépasser certaines limites. Également, je ne justifie en aucun cas des attouchements envers des enfants ou la diffusion de nudité enfantine sous prétexte que c'est "romantique". Un enfant n'a pas la réflexion d'un adulte et ne peut en aucun cas prendre des décisions avec la maturité nécessaire dans ce type d'intimité. Si vous êtes confronté à ce genre de situation, je vous invite fortement à en parler à un adulte compétent et de prévenir les autorités. Tout cher un enfant n'est PAS acceptable!

Merci d'avoir lu ce chapitre et à la semaine prochaine!

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