Harry Potter et le secret du Graal

Harry Potter et le secret du graal

Chapitre 6 : Le château du lac

Le chemin dans la forêt fut silencieux. Harry et Ron devaient garder leur souffle pour porter Hermione tandis que Ginny, toujours contre la fée Viviane, avait la gorge trop serrée pour pouvoir parler. Mais même sans ces inconvénients, ils étaient tous très intimidés de se retrouver en présence d’une figure emblématique du mythe de la table ronde. La dame du lac avait pourtant une sorte d’aura qui inspirait une immédiate confiance. La dernière détentrice de l’épée excalibur ne parlait toutefois pas beaucoup non plus. Elle leur avait juste demandé de se hâter lors de leur départ car la protection que leur offrirait son château était bien plus puissante que tout ce dont elle était capable.

« C’est Merlin qui l’a bâti et caché en personne. Finalement je n’ai toujours été que l’une de ses élèves. Je ne crains pas les skavens ou les mages noirs, mais face à une attaque de grande envergure, je pourrai ne pas l’emporter »

Harry s’était fugitivement demandé qui oserait lancer une telle attaque sur Brocéliande qui était censé renfermé Merlin lui-même et la dame du lac. Et surtout personne n’en avait vraiment de raison. Puis la fée Viviane s’était tue et aidait par moment Ginny à franchir un obstacle sur leur route. Harry et Ron portaient Hermione en faisant un siège de leurs mains mais face à certaines zones accidentées, ils avaient parfois du mal à garder l’équilibre et devait avancer doucement. Cela faisait près d’une heure qu’ils étaient partis et les garçons commençaient vraiment à peiner, même dans les endroits plats. La dame du lac rompit alors le silence.

« Ne vous inquiétez pas ! Nous sommes pratiquement arrivés. Il faut passer ce groupe de chênes. »

Une sorte de bosquet immense de chênes se tenait devant eux. Les troncs étaient si serrés que Harry et Ron se désespérèrent de réussir à porter Hermione à travers cette végétation. Et la contourner leur prendrait presque une heure de plus. Mais la fée Viviane avança droit devant et les arbres s’écartèrent de quelques mètres comme s’ils faisaient une révérence pour l’accueillir. Stupéfaits mais ragaillardis par le phénomène, les garçons se remirent en route. Derrière eux les arbres reprenaient peu à peu leurs places. Un vent frais vint les frapper tandis qu’ils arrivaient dans une clairière immense. Au milieu se trouvait un grand lac aux eaux paisibles. Harry avait espéré qu’une plongée rapide dans le lac leur suffirait pour découvrir les merveilles dont Flamel leur avait parlé car ils n’avaient pas de branchiflore et n’avaient pas encore appris le sortilège de têtenbulle.

La dame du lac continuait d’avancer. Ginny eut une appréhension alors qu’elles se trouvaient toutes deux au bord de l’eau mais la jeune femme lui sourit et elle se laissa aller dans les flots. Elles descendaient doucement la berge et Harry remarqua que leurs robes et leurs capes ne bougeaient pas malgré le mouvement de l’eau. Il regarda Ron puis tous deux s’avancèrent également dans le lac. Mais ils n’eurent pas l’impression d’être mouillés. Il leur sembla simplement traverser un voile. Ron jeta un dernier regard à Hermione puis Harry et lui passèrent leurs têtes sous la surface.

Harry essaya à tout hasard de respirer un peu et ne fut qu’à moitié surpris d’y réussir. Le lac était donc faux. Tout autour de lui, sa vision était déformée comme s’il était vraiment sous l’eau. Mais il ne pu manquer le superbe château qui se tenait fièrement tout au bout du lac. Bien qu’il n’y connaisse peu de chose, la grande bâtisse semblait très ancienne bien qu’on ait pu la croire construite la veille tant elle était belle. Poudlard même n’était pas aussi vieux. Revenu de sa surprise, Ron et lui descendirent également la pente douce qui menait à la lourde porte du château qui s’ouvrait déjà pour laisser passer la fée Viviane et Ginny.

Lorsque Harry et Ron franchirent le seuil, ils retrouvèrent une vision normale. Ils étaient dans un grand hall à ciel ouvert qui leur donna une étrange impression tant la surface de l’eau déformait les arbres qui s’élevaient vers les nuages également tordus en tout sens. De jeunes servantes vinrent prendre Hermione dans leurs bras et l’emportèrent sur un signe de la dame du lac. Harry, Ron et Ginny ne savaient pas trop quoi faire et furent soulagés de voir la fée Viviane suivre la direction des jeunes filles. Ils s’empressèrent de lui emboîter le pas jusqu’à une double porte finement décorée.

« Je crois qu’il va vous falloir patienter ici messieurs. Mes suivantes doivent probablement préparer votre amie pour la laver et lui mettre une tenue de nuit. Quant à toi ma jeune amie, tu peux me suivre si tu le veux. »

Ginny acquiesça et suivit la dame du lac à l’intérieur de la chambre en jetant un dernier regard triste à Harry et Ron.

Quelques minutes s’écoulèrent lentement. Ron faisait les cent pas devant la porte d’un air désemparé tandis que Harry s’était assis par terre, adossé contre le mur, et semblait perdu dans ses pensées. Il n’avait pas eu le temps de réfléchir à tout ce qui était arrivé mais maintenant qu’il n’avait que ça à faire un désagréable sentiment de culpabilité s’était installé en lui. Hermione avait été blessée et il ne pouvait s’empêcher de penser que c’était de sa faute. Hermione et Ron avait insisté pour l’accompagner mais il se rendait compte à quel point il était dangereux de le suivre. Il avait peut être cédé trop facilement. Même Ginny avait finit par le convaincre. Harry savait qu’il aurait mieux fait de partir seul.

Les doubles portes s’ouvrirent et une jeune suivante apparu.

« Vous pouvez entrez, seigneurs. »

Sortant de ses pensées, Harry se releva en s’appuyant sur la main que Ron lui tendait puis ils entrèrent dans la chambre. La pièce leur sembla confortable dès leur premier pas, bien qu’elle fût peu meublée. Quelques peaux recouvraient le sol, laissant apparaître la pierre de taille par endroit. Un coffre se trouvait contre le mur de gauche et un autre se trouvait au pied du lit, recouvert d’une peau d’agneau. Sur le matelas, Hermione dormait profondément, recouverte par une couverture moelleuse. Ginny était assise à côté d’elle et lui caressait les cheveux qui s’emmêlaient sur l’oreiller douillet. La fée Viviane et quelques servantes se tenaient sur le côté.

« Votre amie n’est plus en danger, expliqua la jeune femme, mais elle doit se reposer. Je pense qu’il vous faudra rester ici plusieurs jours. Evidement, vous y êtes les bienvenus et vous serez en sécurité. »

Ils remercièrent la dame du lac et regardèrent le visage sérieux d’Hermione. En omettant le dur chemin qu’ils venaient de parcourir, on aurait pu la croire en paix, dormant d’un sommeil heureux. La fée Viviane intervint à nouveau.

« Il me semble que le mieux pour son repos serait de la laisser. Mes suivantes veilleront sur elle et nous préviendrons immédiatement si elle se réveille. Venez. »

Harry et Ginny la suivirent sans discuter mais Ron dû prendre sur lui pour quitter Hermione des yeux.

La jeune femme et quelques suivantes les amenèrent jusqu’à la salle du trône où ils restèrent abasourdis. Immense, la pièce était également richement décorée de tapisserie et de tapis. A nouveaux des peaux étaient disposées un peu partout, dissimulant un coffre ou délicatement posé sur une chaise. Une grande cheminée ronronnait et crépitait tandis que quelques jeunes filles s’activaient autour. La fée Viviane s’installa sur le trône et leur fit signe de s’asseoir dans des fauteuils anciens mais qui semblaient avoir été fabriqués le jour même.

« Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour la courtoisie depuis notre rencontre, fit la dame du lac, j’espère que vous me pardonnerez et que vous profiterez de mon hospitalité aussi longtemps qu’il vous plaira. »

Harry et Ginny la remercièrent d’une voix intimidée mais Ron semblait perdu dans ses pensées.

« Ne vous inquiétez pas mon cher Ron, reprit elle, Hermione ne restera pas longtemps alitée.

_ Vous connaissez nos noms ? Demanda Harry.

_ Evidement mon jeune ami. Je sais également pourquoi vous êtes venus. D’ailleurs cela est facile, vous ne seriez pas parvenu jusqu’ici si vous ne cherchiez pas le graal. Pour deviner cela, je n’ai même pas eu besoin de Merlin.

_ Vous savez où est Merlin ? Fit Ginny.

_ Oui mon enfant. Mais cela n’a rien d’exceptionnelle puisque je suis sa maîtresse. Je ne l’ai jamais quitté.

_ Il est ici ? Demanda Ron.

_ Oh non. Sans cela il serait venu vous chercher lui-même. Je vois que même ces détails vous sont inconnus, bien qu’ils fassent partis des légendes moldues. Je pense qu’il faut que je vous explique depuis le début. »

La dame du lac demanda à l’une de ses suivantes de servir à boire puis elle commença son récit.

« Lorsque je vivais encore chez mon père, je me promenais souvent dans la forêt. J’étais très attirée par les secrets de la nature. Je me rendais souvent près d’une fontaine dans une clairière. C’est là que je fis la rencontre de Merlin. Il arpentait également souvent les bois et les forêts pour s’éloigner de la cour d’Uther Pendragon et d’Arthur.

Car Merlin est devin. Il sait tout ce qui est arrivé et sur ce qui arrivera. Sa mission sur cette terre n’est nulle autre que de préparer les pions à agir tels qu’ils le devraient. Ce même si cela doit conduire à quelques mauvaises actions. Le bien est toujours au bout du chemin avec lui. Uther puis Arthur avaient trop tendance à se reposer sur son savoir, alors que pour le bon déroulement des choses, ils devaient pouvoir se débrouiller sans lui. Il les quittaient donc souvent et revenait parfois sous une autre forme pour leur donner anonymement un peu d’aide.

C’est donc au cours de l’une de ses escapades qu’il me vit, assise au bord de la fontaine. Il tomba alors amoureux de moi et entreprit de gagner mon cœur. Mais je n’étais pas du genre à le donner si facilement. De plus, à cette époque, les hommes étaient très souvent des soudards qui n’avaient que de très vagues notions de la fidélité. Merlin revint à la charge bien des fois. Il comprit vite qu’il ne me laissait pas indifférente mais ma volonté avait toujours raison de ses belles paroles.

Toutefois mon cœur brûlait pour lui et je savais que tôt ou tard, je finirai par accepter ses demandes. Je lui demandais donc de m’enseigner certains de ses savoirs. C’est ainsi que j’acquis de nombreuses connaissances magiques et que je fus nommée la fée Viviane. Car pour les gens de l’époque, toute femme ayant connaissance de la magie était une fée. Merlin m’enseigna donc de très nombreuses choses mais je doute que l’éternité suffise pour que je sache tout ce que lui sait. Comme il honorait sa part du contrat, je devais désormais accéder à ses demandes. Je mis toutefois une dernière condition. Je désirai qu’il reste près de moi et sois le plus fidèle des hommes. Aussi je lui demandais d’user de ses pouvoirs pour bâtir une tour d’air dans laquelle il vivrait désormais et où je pourrai le rejoindre.

Il retourna une dernière fois à la cour du jeune roi Arthur pour régler quelques affaires puis revint et resta pour toujours près de moi. »

La dame du lac but une gorgée. Son regard s’était assombri et elle reprit d’une voix un peu plus faible.

« Je mesure aujourd’hui à quel point cela fut une demande bien égoïste de ma part. Mais il fallait plus qu’une tour d’air à Merlin pour l’empêcher de se mêler des affaires extérieures, ce qui ne fut jamais mon intention. Il m’entretenait de maintes choses et je devins en quelque sorte son bras droit. Il bâti le château et le lac pour m’offrir une demeure mais il savait déjà que, plus tard, j’y recueillerai Lancelot encore bébé lorsque son père, le roi Ban de Bénoïc, serait tué et que je l’élèverai comme un fils en compagnie de ses cousins Lionel et Bohort.

Bien sûr je n’avais pas le pouvoir de retenir vraiment Merlin. Il est sortit parfois. Je sais qu’il a été aidé parfois le brave Perceval ou qu’il a parlé à Gauvain, le neveu d’Arthur. Mais je sais qu’il n’en a jamais profité et qu’il m’est toujours resté fidèle. »

La dame du lac but encore une gorgée. Ron ne pu alors s’empêcher de poser la question qui lui brûlait les lèvres.

« Pardonnez-moi, mais si Merlin sait vraiment tout, il sait également le moyen de tuer Voldemort et comment cela va se finir.

_ Oui, il le sait. Mais il ne vous le révélera probablement pas. Comme je vous l’ais dit, il est des choses que vous devrez découvrir par vous-mêmes.

_ Nous pourrions peut être aller le voir maintenant ? Fit Harry. Il a sûrement beaucoup de choses à nous dire.

_ Je ne crois pas mon cher Harry. Je sais bien que vous êtes impatients de le voir et d’en finir avec votre quête, mais je suis obligée de vous faire patienter jusqu’à ce qu’il le jugera bon. Et je doute que cela arrive avant que Hermione ne se réveille et soit capable de repartir. »

Harry baissa la tête honteux. Il était si empressé de trouver les chevaliers qu’il ne pensait plus à grand chose. Hermione serait sûrement très déçue s’ils allaient rencontrer le plus grand magicien de tous les temps sans elle. Et surtout ils auraient besoin d’elle là-bas.

La dame du lac fit un geste vers l’une de ses suivantes qui sortit rapidement et qui revint presque aussitôt chargée d’une sorte de plateau recouvert d’un drap finement tissé. Elle l’apporta devant la fée Viviane.

« Je vais vous confier ceci Harry. Vous devrez en prendre grand soin et le remettre à Arthur lorsque vous le verrez. »

Harry n’osait y croire. Pourtant lorsque la dame du lac enleva le drap, il vit une épée magnifiquement ouvragée à la lame brillante. La fée Viviane lui tendit le plateau. Harry prit l’épée et elle lui sembla aussi légère qu’une plume. Devant son air interdit, la dame du lac eut un petit rire.

« Vous ne vous trompez pas, Harry. Il s’agit bien de la légendaire Excalibur. »