L'Ecrin des illusions

Chapitre 26 : Des secrets dévoilés (deuxième partie)

2482 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 23/04/2024 12:28

Note: il s'agit de la deuxième partie du chapitre 26.


Une fois dans le couloir, Hazel courut jusqu'à la salle de classe de Jekyll, bien décidée à affronter l'odieuse bonne femme afin de lui demander des comptes et surtout, pour tirer son « sauveur » de ses griffes démoniaques. Elle entra sans difficulté dans la classe vide à cette heure avancée de la journée et gravit les quelques marches menant à son bureau. La porte était ouverte et une simple bougie flottant dans les airs éclairait les lieux, mais nulle trace de Jekyll ou de Rogue.


Hazel savait qu'elle devait faire vite. Il y avait tant de recoins à explorer, tant de tiroirs à fouiller dans cette maudite pièce ! Son regard fut attiré par le vieux grimoire ouvert sur le bureau de sa professeure. Elle s'y pencha et découvrit des schémas expliquant le Pacte. Elle déchira la page et la fourra dans sa poche. Le doute n'était plus permis : Jekyll et Hyde avaient découvert le secret la reliant à Rogue et ils utilisaient leur « lien » pour tenter de l'entraîner dans leur piège. Que devait-elle faire à présent ? Renoncer à retrouver Rogue par elle-même et prévenir les adultes ? C'est probablement la décision qu'aurait prise toute jeune sorcière sensée mais, Rogue l'avait souligné à de nombreuses reprises, Hazel était aussi têtue qu'un Fléreur et aussi dépourvue de raison qu'un Veracrasse.


Elle leva les yeux vers la peinture représentant le petit cottage appartenant à Jekyll. Elle se souvint alors de sa première discussion avec elle, après sa confrontation avec l'Épouvantard. Jekyll ne leur avait-elle pas dit qu'elle pouvait retourner dans sa maison en traversant ce tableau ? Si elle avait été capable d'ensorceler cette croûte champêtre, elle était tout à fait apte à jeter un sort aux autres tableaux du château ! Hazel maudit sa propre stupidité, dire que la solution aux mystères des tableaux lui avait été donnée dès ses premiers pas à Poudlard ! Quelle meilleure cachette en effet pour un Mangemort que cette maisonnette reliée à l'école de sorcellerie ! Tous les morceaux du puzzle s'assemblaient à la perfection. La jeune sorcière s'arma de sa baguette, monta sur le bureau et pénétra dans la peinture.


Elle se trouvait à présent dans un petit jardinet laissé à l'abandon. Les fleurs dépérissaient dans les jardinières et les parterres, sans compter que la pelouse avait un sérieux besoin de tonte ! L'odeur pestilentielle viciant l'atmosphère lui souleva le cœur, mais Hazel ne vit aucun champignon malodorant. Hazel observa les horizons avant de s'approcher de la maisonnette aux volets clos. Elle déverrouilla la porte, sa baguette pointée en avant, prête à parer tout attaque traîtresse.


Une vague nauséabonde lui fouetta le visage. Elle plaqua sa main contre sa bouche. L'odeur, plus forte qu'à l'extérieur imprégnait les murs et suintait à travers le plafond. Elle prit une bouffée d'oxygène avant de s'avancer dans la pièce faisant office de salon; tout comme le jardin, celle-ci avait dû connaître des jours plus glorieux. Des cadavres de bouteilles et des reliques de nourriture jonchaient le parquet maculé de taches graisseuses ; une colonie de fourmis avaient élu domicile dans un paquet de chips éventré et un rat traversa le salon pour se réfugier dans un coin de la pièce. La saleté régnait en maîtresse incontestée, combien cela était surprenant de la part de la coquette Jekyll ! Hazel vit un manteau masculin troué et sale posé avec négligence sur un fauteuil. Le manteau porté par Hyde lors de leur rencontre.


Hazel resserra les doigts autour de sa baguette et prit l'escalier menant à l'étage. Durant son ascension, elle ne prit pas garde à la peinture aux tristes et pâles couleurs, représentant une banquise, accrochée sur le mur. Une petite brise vint lui caresser la joue quand elle passa devant le tableau.


Une première porte était ouverte sur une salle de bain empestant l'eau de Cologne. Hazel y jeta un rapide coup d'œil et vit un rasoir posé en équilibre sur le lavabo et un pantalon masculin gisant sur le carrelage humide. Elle tourna les talons et se dirigea vers une porte située au fond du petit couloir, là où l'odeur était la plus présente. Elle poussa la porte avec lenteur, s'attendant à voir Jekyll ou Hyde surgir de la pénombre. Hazel illumina le bout de sa baguette et découvrit une chambre aux murs roses au centre de laquelle trônait un superbe lit avec des draps en dentelles. Un vrai décor de princesse, constata Hazel en observant la chambre. L'odeur elle, n'avait rien de princière. Saisie de nausées, Hazel attrapa un manteau de fourrure accroché au porte-manteau et vomit dans la poche de l'élégant vêtement. Elle devait se dépêcher d'examiner les lieux si elle ne souhaitait pas rendre ses intestins sur le tapis taché de curieuses traces sombres.


Hazel s'apprêtait à quitter la chambre malodorante quand son regard tomba sur la besace posée sur le luxueux secrétaire. Elle la reconnut de suite : cette vieille besace de cuir appartenait à sa mère ! Elle s'approcha, ouvrit le sac et en tira une baguette en ébène frappée d'un dahlia : la baguette de Dahlia Black ! Hazel plongea à nouveau sa main dans la besace et en retira une photographie prise devant Hurle-au-Vent : un quatuor lui adressait des sourires arrogants, les manches relevées sur leurs avant-bras gauches dévoilant avec orgueil, la marque des Ténèbres. Ces individus, Hazel ne les connaissait que trop bien : les parents de Seren. Et cet homme en costume ? Altaïr Hyde. Cette femme portant une sublime robe de mariée ? Une nouvelle nausée, non provoquée cette fois-ci par les émanations de la maison, s'empara de Hazel : Dahlia Black. Les perfidies et autres insinuations douteuses de Skeeter n'étaient donc pas que menteries. Dahlia ne s'était pas seulement fiancée à Hyde, elle l'avait épousé ! Hazel sortir un autre document de la besace, confirmant ses craintes : un certificat de mariage établi en 1970 au nom de Dahlia Black et d'Altaïr Hyde. Les signatures du couple Wilde complétaient ce document. La jeune sorcière déboussolée rangea les documents infamants.


Hazel porta sa main à son visage afin d'essuyer la morve et les larmes coulant sur sa peau. Elle n'avait pas le temps de pleurer sur son sort et sur la fin de ses illusions concernant sa mère ! Rogue avait besoin d'elle et elle devait se montrer courageuse. Une petite pleurnicharde ne lui serait d'aucune utilité ! Elle renifla et, désireuse de se donner un semblant de force, esquissa ce sourire qu'il détestait tant. Elle souleva la besace et la cacha dans la poche magique de son manteau. Elle vit un petit carnet rose orné d'une adorable licorne auparavant dissimulé sous le sac. Elle parcourut quelques lignes et comprit qu'il s'agissait du journal intime tenu par Hydra Jekyll.


31 décembre 1983

Encore une soirée où je suis seule... Ils ont parlé de Sirius dans la Gazette. Je pense sans cesse à lui. Nos quelques jours passés ensemble ont été les plus beaux de ma vie... je n'ai pas été de taille à lutter contre son unique amour... j'aurais été prête à conserver pour toujours l'apparence de (Hazel ne put déchiffrer le prénom de la personne nommée, disparaissant sous des ratures jalouses et rageuses) pour le garder à mes côtés éternellementJe l'aime et je continue de l'aimer ...


La mélancolie de Hydra s'étalait sur plusieurs pages en cette nuit de triste et solitaire réveillon. Son écriture, différente de celle que Hazel connaissait, devenait de plus en plus tremblante au fil des lignes rédigées d'une plume maladroite et des traces de larmes mêlées à des taches de vin imprégnaient le papier de mauvaise qualité.


Je suis épuisée... Ma' veut m'aider et a demandé l'aide de Minerva. Moi, je veux juste être tranquille, si seulement, j'avais le courage de...


La rédaction décrivant cette journée accablante de chagrins se terminait sur ces mots bien troubles. Hazel tourna la page.


4 janvier 1984

Altaïr m'a sauvé la vie ! Je revis depuis qu'il m'a empêchée de sauter de ce maudit pont. Il n'est pas si mauvais et a été victime d'une bien cruelle machination ! Il a mis sa vie en danger en espionnant le Seigneur des Ténèbres pour le compte de l'Ordre du Phénix et ses prétendus alliés l'ont trahi ! Pourquoi ont-ils absous ce traître de Rogue et condamné mon pauvre Altaïr ?


S'ensuivaient des pages et des pages débordantes d'amour et d'une niaiserie confondante, célébrant la beauté de Hyde si semblable à celle de Sirius dont il partageait, selon Hydra, « l'attitude toute aristocratique » et les manières de dandy magnifique. La jeune femme éprise avait écrit des poèmes à la gloire de son nouvel objet de désir et avait même imaginé leur futur mariage avec moult détails !


6 mars 1984

Mon Altaïr me manque... Il a juré que la situation ne devrait pas s'éterniser et je le crois. Il se fait un devoir de protéger la fille de Dahlia des manigances des Aurors. Ils convoitent quelque chose qui appartient, selon mon aimé, de plein droit à la petite Hazel. Les pourritures ! Il a réussi à franchir les barrières magiques entourant l'Allée des Cerisiers et s'est installé non loin de chez les Evans afin de veiller sur la petite. Pour tromper cette petite vipère de Prewett, il a pris l'apparence d'un vieil homme... Il a sympathisé avec Evans lors d'une partie de cartes. Pourvu qu'il parvienne à aider cette petite fille !


Hazel découvrit avec horreur que le vieil antiquaire qui s'était installé peu de temps avant leur départ de l'Allée des Cerisiers n'était autre que Hyde déguisé ! À en croire les épanchements de Jekyll, il épiait le moindre de leurs faits et gestes, se permettant même quelques remarques douteuses concernant la vie amoureuse de son père et sur les quelques visites effectuées par Mary alors qu'Hazel se trouvait à l'école...


8 mai 1984

Poudlard a encore perdu son professeur de Défense contre les forces du Mal. Ma mère a suggéré ma candidature à Minerva. Personne ne veut de ce poste et surtout pas moi ! Il paraît qu'il est maudit... Altaïr me pousse à accepter. Serais-je à la hauteur ? Je ne crois pas...


De nouveau, Jekyll faisait part de ses doutes et de son manque de confiance sur des pages larmoyantes et gémissantes. Cette femme dotée de peu d'assurance, aveuglée par son amour pour un homme lui rappelant Sirius Black, n'avait rien en commun avec la charmeuse qu'elle était à Poudlard, si sûre de sa beauté et abusant de son pouvoir de séduction sur certains afin de parvenir à ses fins. Les pages devenaient par la suite de plus en plus sombres et l'écriture, de plus en plus confuse et difficile à déchiffrer, montrant l'océan de désespoir dans lequel se noyait la pauvre Hydra Jekyll.


6 juin 1984

Hyde me fait de plus en plus peur. Je suis sûre maintenant qu'il me ment depuis le début ! Et cette lueur dans son regard... J'ai peur. Je ne sais pas quoi faire. Je dois tout avouer à Dumbledore. La petite Hazel est en danger. J'ai peur. Tellement peur... si peur...


Le journal tenu par Hydra Jekyll s'arrêtait sur cette terrible phrase. Hazel le referma et le glissa dans sa poche. Estimant avoir perdu assez de temps, elle s'apprêtait à quitter la chambre quand elle se tourna vers le lit. Elle le contempla un instant, la main de nouveau plaquée contre son nez. L'odeur de chair décomposée provenait du lit. Elle remarqua la couverture dissimulant une curieuse masse ressemblant à un corps humain... Saisie d'un terrible pressentiment, la jeune sorcière souleva la couverture et ne put réprimer un cri d'effroi. Le cadavre du professeur Jekyll tourné sur le flanc la fixait de ses yeux morts. Hazel se recula, luttant contre une nouvelle envie de vomir, comprenant la terrible vérité : Hydra Jekyll n'avait jamais enseigné à Poudlard ! Hyde l'avait assassinée et avait pris sa place. Il avait ensorcelé les tableaux, s'était débarrassé de son complice Carew devenu trop encombrant, avait manipulé Peeves, vampé Flitwick et Brûlepot et avait tenté d'abuser de sa confiance ! Et maintenant, il s'apprêtait à éliminer Rogue, le seul qui avait su voir clair dans son petit jeu dès le début !


Elle replia sa main contre sa poitrine, cherchant un brin de courage dans ce lien magique. Rogue se trouvait ici, dans cette maison, elle en était sûre ! Elle se trouvait de nouveau dans l'un des petits jeux de cache-cache organisés par Hyde. Elle ne devait pas flancher et poursuivre son enquête. Rogue avait besoin d'elle et c'était à son tour de le protéger. Cette simple pensée la réconforta un peu et elle puisa dans ses dernières forces pour s'obliger à quitter cette chambre morbide. Elle sortit dans le couloir et la main toujours posée contre son cœur, usa de la magie émanant de ce lien. Elle se mit à supplier le maître des potions de lui fournir un indice. Des images se mirent à défiler dans son esprit et elle le vit, dans un paysage glacial et désolé, bombardant son adversaire de sorts puissants, son visage avait beau être marqué d'entailles, il était toujours en vie, bien décidé à gagner ce duel contre cet ennemi dont Hazel ne pouvait percevoir distinctement les traits.


- Tenez bon, professeur, chuchota Hazel.


Un coup de sabot contre le sol la tira de sa vision. Une biche se dressait face à elle, illuminant le couloir de sa lumière rassurante. Le Patronus de Rogue. Hazel suivit l'animal dans le couloir et descendit l'escalier. Le Patronus s'immobilisa face à la peinture accrochée au mur. Hazel se hissa sur la pointe des pieds, prenant garde à ne pas perdre l'équilibre, et l'examina. Celle-ci représentait une banquise désolée et vide de toute présence, perdue au beau milieu d'un océan déchaîné et écrasé par un ciel grisâtre. La jeune sorcière plissa des paupières et remarqua la petite tache noire s'étendant sur le sol immaculé. Ce n'était pas une simple tache, ni même un animal... C'était Rogue ! Elle tendit le bras et poussant sur ses orteils tendus, parvint à plonger dans la peinture.


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