Âme de Pureté

Chapitre 62 : L'Eveil: Chapitre 62

4120 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 19/11/2019 22:00

- « Depuis le temps que j'attendais ce moment. »

Les mains dans les poches de son jean, Joey me toise de ses yeux bruns tandis que nous traversons la ville sans réel but. Je ne pouvais m'empêcher de lui jeter des petits coups d'œil discrets toutes les dix secondes. A croire que je n'étais plus sortie avec un garçon depuis des années !

Ce qui est certainement le cas.

Toujours est-il que cette petite escapade me procurait la bouffée d'air frais dont j'avais besoin pour avancer. Pour peu, j'étais prête à me lancer dans un nouveau duel là tout de suite si on m'en donnait l'occasion.

- « Oh mais qui voilà ! »

Mon corps se raidit à la vue d'une silhouette familière. Une jeune femme aux cheveux blonds longs et bouclés nous hèle du bras. Je suis sur le point de demander à Joey pour changer de direction quand il répond énergiquement à l'appel de Mai Valentine.

- « Bah dis donc, vous ne perdez pas de temps vous deux ! » S'exclame-t-elle à notre hauteur.

Mon regard se porte directement sur son accoutrement. Son crop top dévoile une grande partie de son décolleté et un short en cuir moule ses cuisses fines mais musclées. Je réprime un hoquet quand elle enroule son bras autour des épaules du blondinet et l'attire contre elle, une expression coquine sur le visage.

- « Moi qui pensais que tu préférais les filles un peu plus... pulpeuses.

- Je te demande pardon ? » Je rétorque sans réfléchir.

Mes veines se mettent à pulser. Mai m'adresse alors un sourire équivoque tandis que Joey ne bronche pas d'un pouce.

- « Voyons, chérie, ne réagis pas si durement envers moi. Après tout, il m'a déjà choisie. »

Piquée au vif, j'esquisse un pas en avant quand mon pied bute contre... Je ne saisis pas de quoi il s'agit lorsque soudain, un cercle verdâtre aux symboles sataniques m'empêche d'avancer. Je relève le visage vers les deux blonds, désormais envoûtés par le Sceau d'Orichalque et prêts à laisser leur âme succomber aux pouvoirs de Dartz.

- « Joey ! »

 

- « Joey ! »

En sueurs, je me redresse brutalement et étouffe un gémissement. Encore le même genre de rêve.

Sommeil agité ?

Mon cœur tambourine contre ma poitrine, mais je commence à avoir l'habitude de me réveiller au beau milieu de la nuit. Zoé, Joey, Mai. Ils y passent tous un à un. Je relève mes genoux contre ma poitrine et serre les draps trempés sous mes doigts.

Pourquoi ces cauchemars ne cessent-ils pas ? Dartz a perdu contre Yugi et cela fait deux semaines que tout est rentré dans l'ordre. Les autres semblent eux aussi avoir tourné la page, alors pourquoi je n'y arrive pas ?

Impuissante, je décide de me lever pour prendre une douche et me recoucher. Il va me falloir de l'énergie pour la journée qui arrive.

 

- « Je résume : tu m'as appelée pour une « urgence » parce que tu n'arrives pas à choisir des vêtements pour ton rendez-vous ? »

Assise sur mon lit transformé en marre de tissus, Zoé me toise de son regard le plus atterré que j'ai croisé de ma vie.

- « Mais enfin, comment veux-tu que je me prépare à cette épreuve seule avec un esprit qui cherche à exposer mes seins en toute circonstance ! C'est une urgence ! »

Tout de suite les grands mots.

Indignée, je balance au loin un haut noir particulièrement échancré. Maintenant qu'Eléonore avait eu son heure de gloire auprès d'Atem, c'était à mon tour de passer une journée en compagnie d'un beau garçon.

Comparer Atem et Joey, c'est comparer Burger King et McDonald.

... Tu as des références bien trop actuelles pour un esprit aussi vieux.

N'oublie pas que j'ai passé des années de ma vie de fantôme à te regarder grandir.

- « Il est dix heures. » Geint Zoé en s'affalant sur mon lit. « Tu n'étais pas censée aller en cours de soutien ? »

Je lève les yeux au plafond. Elle avait raison, je devrais en ce moment-même être en classe à prouver à Monsieur Yamamoto que ses conseils portaient leurs fruits. Mais j'ai paniqué avant de partir et j'ai fini par appeler le lycée pour prétexter une intoxication alimentaire.

Enfin, Eléonore l'a fait à ma place.

- « Bon, tu vas m'aider à choisir oui ou non ?

- Le haut blanc, la jupe noire et les chaussures compensées pour t'éviter le coup du lapin vu ta taille et la sienne. »

Hormis sa pique à laquelle je réponds d'une grimace, je valide son choix et enfile chacune des pièces avant de me poster devant le miroir. Mon style ne ressemblait en rien à celui arboré par Eléonore lors de notre dernière sortie.

- « Terriblement ennuyeux. Dommage que tu aies oublié ce pourquoi Joey apprécie Mai Valentine. »

Mon enthousiasme chute aussitôt. La plaie laissée par la duelliste aux harpies était plus profonde que je ne l'imaginais.

Et mon rêve de cette nuit n'arrangeait rien.

- « Justement, je pense que Joey aime bien Lorène parce qu'elle n'est pas la copie conforme de Mai Valentine. » Rectifie Zoé en se glissant dans mon dos. « Ne sois pas mauvaise, Eléonore. Lorène mérite aussi son petit réconfort. »

Mon amie s'empare d'une veste kaki et la pose sur mes épaules pour compléter mon look. A travers le miroir, je lui offre le plus beau sourire dont je suis capable.

- « Merci.

- Tâche juste de ne pas foirer ta chance de choper un mec qui accepte un esprit en plus d'une fille pas net.

- Je tâcherai de m’en souvenir. »

 

Joey et moi avions convenu de nous retrouver aux jardins fleuris de Flems. Le lieu était suffisamment éloigné pour ne pas croiser des membres du corps professoral et assez près pour brouiller les pistes si je croisais ma mère.

 

Sam. 13:12. Expéditeur : Joey Wheeler.

Message : Je suis là d’ici deux minutes.

 

Mon ventre émet des gargouillements inconvenants. Je stresse, sans en savoir la véritable raison. Serait-ce à cause de mes cauchemars ? Suis-je vraiment jalouse de Mai Valentine et de sa paire de nibards ? Ou est-ce l'idée de partager une journée seule avec Joey qui me mettait dans tous mes états ?

- « Tout à la fois. » Je m’indigne.

Par chance, Eléonore avait accepté de ne pas intervenir au cours de mon rendez-vous. Une partie de moi voulait croire à un remerciement de sa part pour l'avoir laissé embrasser le pharaon la dernière fois. Mais c'était probablement pour me laisser m'embourber toute seule en cas de pépin.

- « Pile à l'heure. »

La voix de Joey s'élève à quelques mètres. Je relève son effort vestimentaire : t-shirt bleu foncé, un jean gris clair surmonté de deux bretelles noires reliées dans le dos.

Il est sexy.

- « Alors, impressionnée ?

- Je devrais ?

- C'est évident ! »

Je pouffe, une main contre ma bouche et en profite pour le reluquer une nouvelle fois.

Cette fois, je remarque sa mâchoire, bleuté par endroits. Mes doigts se crispent sur la sangle de mon sac. L'avertissement de Tristan tourne dans ma tête. Ne pas poser de questions. Ce ne sont pas mes affaires. Mais je trépigne d'envie de fourrer mon nez dans cette histoire et de sortir Joey de ce merdier.

- « On y va ? » Propose-t-il, incrédule.

Nous nous dirigeons d'un commun accord vers le centre-ville de Domino City. Bien que les récents événements m'aient souvent amenée par ici, je ne connais que très peu les rues de la ville voisine. Les buildings et gratte-ciels y sont plus nombreux qu'à Flem, au point où je sentais une pointe de douleur au creux de ma nuque à force de lever la tête pour admirer les écrans géants.

- « C'est ici que Kaiba a lancé le tournoi de Bataille-Ville ? » Je demande en désignant une série de trois immeubles autour d'une place.

- « Exact. Tu n'es jamais venue ici ? »

Je secoue doucement la tête.

- « Non, mes duels ont tous eu lieu à Flem du plus loin que je me souvienne. »

Puis, brusquement, je me remémore la manière dont je me suis qualifiée pour la deuxième phase du tournoi.

- « Enfin, je crois. » J'ajoute plus bas.

- « Ah ! Ça veut dire que tu ne connais pas le Card Center ? »

Je l'observe avec des yeux ronds alors qu'il s'enhardit joyeusement.

- « Non, c'est quoi ?

- Suis-moi, tu vas adorer ! »

De l'autre côté du passage piéton, le bonhomme vert s'illumine. Joey agrippe mon poignet et me tire à travers la foule. Je manque de trébucher sur la route et me rattrape in-extrémis, ce qui provoque chez lui un rire moqueur. La journée promettait d'être mouvementée, surtout avec une fusée dans son genre.

 

Le Card Center de Domino s'avère être l'étage phare d'un des centres commerciaux les plus bondés de la ville. Des rayons de jeux s'étendent à perte de vue. Les gamins sillonnent les allées en braillant, sous la surveillance de deux vigiles postés aux deux issues.

C'est curieux, pourquoi les ai-je remarqués aussi vite ? Entre les étales colorées et les affiches à l'effigie de la Magicienne des Ténèbres qui recouvrent les pans de murs visibles, ils n'auraient pas dû capter mon attention aussi vite. C'est donc ça d'être une criminelle. Je me râcle la gorge et me tourne vers Joey.

- « C'est génial ici.

- N'est-ce pas ? Ne suis-je pas le meilleur copain qu'une fille puisse rêver ?

- Doucement les chevilles. » Je rétorque, un pas en direction d'un rayon particulièrement attrayant.

J'admire le nombre incroyable de packs de cartes différents. Et malgré mon souci de défaites à répétition, je trouve une certaine fascination à imaginer quelles combinaisons pourraient renforcer mon deck.

- « Et pourquoi pas un archétype démon ? » Je réfléchis à haute voix.

- « Tu comptes vraiment changer de deck ? »

Je lance un regard étonné à Joey.

- « Je veux dire. » Poursuit-il en s'appuyant contre l'étale. « On a tous notre identité de jeu. Yugi, ce sont les magiciens ; Mai, les harpies ; Kaiba, les dragons ; moi, les guerriers et mes dragons...

- Et la chance. » Je marmonne, l'air mauvais.

Il ne relève pas ma petite pique et me désigne du doigt.

- « Et toi, ce sont les anges et les cartes lumières. »

- « Peut-être qu'il est temps de changer. Je n'arrive plus à gagner un seul de mes duels, j'ai même perdu contre un robot de simulation en ligne... »

Au vu de son sourire, j'aurais mieux fait de me taire. Réconforter les gens en cas de crise n'a jamais été le fort de Joey Wheeler. Au contraire, il ne peut s'empêcher d'en rajouter une couche.

- « J'allais te proposer de te confronter à Téa, mais j'aurais peur que tu finisses mal.

- Joey Joseph Wheeler, vous n'avez aucune idée de quel genre de guerre vous venez de déclarer. »

Mes menaces n'ont aucun effet. Alors je décide de l'ignorer pour repartir à la contemplation des boosters proposés par cette boutique. Au fond du rayon, un employé du magasin s'occupe de retirer des affiches. J'ai juste le temps de repérer le célèbre costume rouge de Maximilien Pegasus avant qu'il ne jette le papier replié en tuyau dans une caisse avec toutes ses copies. Par curiosité, je m'éloigne de Joey et scrute l'endroit, à la recherche d'autres posters. Bingo, je m'approche de la prochaine cible de l'employé et me poste devant pour y lire les informations :

« Ce vendredi, venez rencontrer Maximilien Pegasus, le grand créateur du Duel de Monstres ! Au programme : dédicaces, interviews et un show match avec notre grand gagnant de la loterie ! »

La date inscrite est celle d'hier.

- « Ne vous en faites pas, Mam'selle, vous n'avez rien loupé ! » S'exclame l'employé avant d'arracher l'affiche d'un coup sec.

- « Comment ça ?

- Monsieur Pegasus ne s'est même pas présenté hier. Il nous a posé un lapin et son service communication ne nous a fourni aucune explication ! Ces stars du duel, je vous jure. Tous aussi pourris les uns que les autres. »

Je ne l'écoute que d'une oreille distraite. Mon cerveau se focalise sur les informations du poster. L'âme de Maximilien Pegasus n'était toujours pas revenue à son corps. Et c'était de ma faute.

- « La prochaine fois, invitez Yugi Muto ou même moi ! »

Je frissonne. Perdue dans mes réflexions, je n'avais pas entendu Joey se rapprocher de nous. L'employé de magasin le toise alors avec dédain.

- « Es'cusez-moi, mais vous êtes qui ? »

Joey grimace alors que j'éclate de rire. Je connaissais déjà la suite.

- « Hé mon Coco, je te signale que j'ai participé au Royaume des Duellistes et que j'ai même fini deuxième. Et si tu n'es pas conquis, j'ai aussi atteint la phase finale du tournoi de Bataille-Ville ! »

J'évite soigneusement d'ajouter sa récente défaite au tournoi Ultime à son palmarès.

- « C'est quoi vot' nom?

- Joey Wheeler. »

J'aurais juré que des étoiles émanaient de ses yeux et que son taux de testostérone avait explosé l'espace d'un instant.

- « Inconnu au bataillon. Maint'nant, si vous voulez bien m'excuser. »

L'employé de rayon récupère sa caisse d'affiches désuètes et contourne un Joey pâle et profondément dévasté.

- « C'est pas juste. » Pleurniche-t-il.

Plus amusée que compatissante, je me contente de tapoter son dos en mordant les lèvres pour ne pas rire.

 

- « Alors on n'a aucune nouvelle de Pegasus. »

Attablés dans un fast food de la place, je manque de m'étouffer avec une gorgée de mon milkshake. Il me faut quelques secondes et des tapes sur le dos pour me permettre de retrouver une contenance.

- « Apparemment. » Je réponds en essuyant les larmes aux coins de mes yeux.

Pegasus est certainement le dernier sujet dont j'ai envie de débattre. Mes méninges tournent à cent à l'heure, à la recherche d'une bonne manière de détourner son attention.

Fais exploser un nibard, ça fonctionne tout de suite.

Je me racle la gorge pour masquer ma gêne.

- « Sinon le boulot, ça va ? »

Plus discret, tu meurs. Heureusement que Joey ne repère pas mon manque de subtilité et me répond le plus sérieusement du monde.

- « Lequel ?

- Tous : les livraisons, le café... la vente de stupéfiants ?

- Je ne vends que du rêve. » Susurre-t-il en portant son verre à ses lèvres avec un faux air de séducteur.

J'ai envie de mourir. C'est insupportable.

Le « malheur » d'Eléonore accroit mon sourire. Après tout ce qu'elle me faisait subir dernièrement, j'étais à deux doigts de le provoquer pour la désespérer. Joey n'a pas vraiment tort, mon regard s'appuie sur ses mèches blondes couvrant son front et une partie de ses yeux. Depuis quelques temps, je me surprends à détailler son visage avec plus de minutie d'habitude. Je suis la courbe de sa mâchoire marquée, évite soigneusement son hématome et me perds bien trop longtemps sur ses fines lèvres.

- « Le café est sympa, mais je préfère les livraisons.

- Hein ? » Je réponds, coupée de ma contemplation. « Mieux payé ?

- Ouais, et ça me permet de prendre l'air. »

Intérieurement, je ne pouvais m'empêcher de faire des liens entre son besoin de sortir et l'ambiance régnant chez lui. Il faut que je me retire tout ça de la tête. Tristan a raison, ce n'est pas le moment de jouer aux super-héros.

- « Je me demandais, pourquoi ta mère et toi êtes revenues au Japon ? »

Sa question me ramène sur Terre et me surprend quelque peu.

- « Mes parents se sont séparés il y a deux ans. Mes frères avaient déjà quitté la maison quand c'est arrivé. Je dois avouer que je ne comprenais pas pourquoi ma mère voulait m'emmener au Japon en particulier. Mais maintenant... »

Maintenant j'ai saisi qu'elle voulait revenir dans le pays dans lequel je suis née.

- « Ta mère est plutôt impressionnante. Est-ce que tu lui as parlé de... ? »

Je secoue la tête, c'est un sujet sur lequel lui et moi avons déjà débattu.

- « Non et je pense qu'il vaut mieux garder ça sous silence. Imagine qu'elle me demande pourquoi je ressors cette histoire d'adoption maintenant, qu'est-ce que je réponds ? « Oh, c'est juste qu'un esprit maléfique m'a lavée le cerveau pendant sept longues années ! »

- Vu sous cet angle... »

Nous réglons nos consommations et quittons le café. L'après-midi se termine déjà. Au loin décline le soleil, projetant ses couleurs chaudes dans le ciel. Je pousse un long soupir et plonge mes mains dans les poches de ma jupe. Je songe aux révélations de Dartz quant à mon lien avec Eléonore et à mes cauchemars à répétition. Peut-être que j'ai juste besoin de me confier pour qu'ils s'effacent de ma tête ?

Alors que nous empruntons le chemin de ma maison, je me tourne vers Joey pour me lancer :

- « Au fait, j'ai quelque chose à t'avouer...

- Misérables insectes ! »

Ma confession s'interrompt par le cri strident à une dizaine de mètres de nous. Nous nous stoppons subitement dans notre marche pour observer une scène au loin.

- « Hé, mais c'est Insector Haga. » Remarque Joey. « Ouais, c'est lui et il y a Rex aussi.

- Ce ne sont pas les types louches qui nous ont suivi en Californie ?

- Si, ils se sont ralliés à Dartz pour obtenir des cartes rares. »

Pas si cons que ça... Mais de toute évidence, ça ne leur a pas vraiment réussi. Intrigués, nous nous rapprochons à hauteur des deux duellistes. En face d'eux se courbent deux autres garçons, l'un d'une vingtaine d’années ; l'autre ressemble à un gamin de dix ans.

- « Vous pensiez réellement pouvoir nous vaincre ? » Ricane le duelliste au bonnet rouge et aux longs cheveux bruns hirsutes.

Tous les quatre arborent un disque de duel. On dirait qu'on vient de manquer un affrontement à sens unique. Agenouillés à même le sol, les deux garçons tremblent. Lorsque l'un d'eux relève la tête, je reconnais instantanément le visage décomposé d'Aigawa.

- « Ils nous ont volé nos cartes rares ! » Gémit-il sous les ricanements d'Insector et Rex.

A côté de lui, je devine le petit-frère que Zoé a racketté quelques mois auparavant. En dehors du conflit, je me penche vers Joey et colle mon épaule à la sienne.

- « C'est contre lui que j'ai...

- Ce péquenaud ? Viens, on va arranger ça !

- Hein ? Mais... qu- »

Malheureusement, je n'ai pas la possibilité de le retenir qu'il attrape mon bras et m'attire au beau milieu de la place. L'attention des quatre duellistes se tournent immédiatement sur nous.

- « Hé, alors les gars on s'amuse sans nous ? » Chantonne le grand blond.

- « Qu'est-ce que tu veux Wheeler ? » Persifle le gosse à la coupe au bol et aux lunettes dorées.

- « Dégage de là, sauf si tu comptes te mesurer à nous et perdre lamentablement ! »

Il n'en faut pas plus de provoquer l'ego de Joey. Un instant, je crois revivre le défi lancé par les frères Paradoxes avant d'embarquer à bord du dirigeable de Bataille-Ville. Il gonfle le torse et brandit son poing en direction du duo d'enfants.

- « Eh bien justement ! » S'écrie-t-il, les yeux remplis d'étoiles. « Vous tenez ici le meilleur duo de duellistes au monde !

- Tu parles de toi et ta grosse tête ? » Rétorque Rex, les bras croisés.

Joey glisse ses doigts autour de mon poignet et soulève mon bras si haut que je me sens quitter le sol dans un cri de surprise.

- « Je vous présente mon duo, celle qui va vous faire mordre la poussière. »

Un instant, je crois percevoir le rire étouffé d'Aigawa dans mon dos.

- « Un duo de clowns, oui ! » Rétorque Insector. « On perd notre temps, tirons-nous !

- Attends. Wheeler a toujours mon Dragon Noir aux Yeux Rouges, c'est l'occasion de le récupérer. »

Son Dragon Noir aux Yeux Rouges ? Je jette un coup d'œil au blondinet qui arbore un sourire carnassier.

- « Et je suis sûre que la fille détient au moins une carte intéressante. »

La tournure de cette discussion ne me plaît pas. Je n'ai absolument pas prévu de livrer le moindre duel aujourd'hui. Et un détail majeur freine les plans de mon partenaire.

- « On n'a pas emporté nos disques de duel. » Je constate, soulagée.

Joey me toise d'un regard plein de défis. D'un air assuré, il pivote en direction des deux perdants et leur tend sa main.

- « Vous n'en aurez pas besoin. » Déclare-t-il sérieusement.

Mais devant l'hésitation d'Aigawa, les traits de Joey s'aggravent.

- « Si tu veux récupérer tes cartes et celles de ton petit-frère, tu ferais mieux de nous faire confiance. »

Les deux garçons se toisent longuement puis Aigawa finit par obtempérer et demande à son frère de faire pareil. Je déglutis lorsque Joey revient vers moi et me soumet un des appareils.

- « C'est l'heure de leur montrer de quel bois on se chauffe. »

Une boule se forme dans le creux de mon ventre. Ce rendez-vous prend une drôle de tournure. J'adresse un regard presque suppliant à Joey, priant pour qu'il abandonne son idée saugrenue.

- « Je n'y arriverai pas. On va se ridiculiser devant tous ces idiots. »

Tête baissée, je tressaute lorsqu’une main chaude surélève mon bras et enfile le disque de duel. Le sourire de Joey perdure malgré ma réticence. Il réduit la faible distance entre nous et penche son visage vers le mien.

- « Tu te souviens quand tu as accepté de combattre à mes côtés contre les frères Paradoxe ? »

J'acquiesce sans rompre le contact. Nous avions pris le risque de nous disqualifier du tournoi de Bataille-Ville en les affrontant en duel.

- « Tu m'as aidé à leur prouver que je pouvais me débrouiller sans Yugi. Alors aujourd'hui, on va leur prouver que tu n'es plus une débutante."

Je penche la tête, incertaine. Soudain, mon cœur rate un battement quand Joey se tourne vers le duo de duellistes et s'exclame :

- « Ecoutez les morveux ! Si on gagne, vous rendrez leurs cartes à ce type et son frangin. Si vous gagnez, je vous donne mon Dragon Noir aux Yeux Rouges. »

Mes yeux s'écarquillent. Est-il devenu fou ? Il ne peut pas faire ça, c'est de la folie !

- « Mais Joey... !

- Je ne m'inquiète pas, tu vas me sauver la mise encore une fois. Pas vrai Cocotte ? »

Quoi qu'il en soit, cet enjeu semble ravir Rex qui s'en frotte déjà les mains. Insector se contente de nous jauger et active son disque de duel. Quel imbécile, de parier sa meilleure carte juste pour prouver qu'il a raison. Mon attention descend sur mon bras équipé. Je prends alors une profonde inspiration et l'actionne à mon tour.

- « Qu'est-ce qu'on attend ? »


 

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