Âme de Pureté

Chapitre 14 : Bataille Ville: chapitre 14

3260 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 19/10/2019 14:42

Silence. Vide. Ces mots n'avaient plus de sens pour moi depuis presque vingt-quatre heures. Désormais, ils s'imposent à moi comme une évidence, pour rattraper leur retard. Plus de voix, plus de railleries, rien que le son de mes pensées qui perturbe la paix de ce lieu. En chutant, mon esprit était obstrué d'informations qui s'emboitaient les unes dans les autres dans un puzzle sans queue ni tête. A présent, plus rien. Rien que moi, et moi seule face au vide.

Suis-je morte ? C'est fort possible. Une chute de presque deux-cent mètres de haut écraserait n'importe quel être humain. Maman, papa, je suis désolée d'être partie sans laisser de mot, sans vous avoir dit à quel point je vous chérissais de tout mon cœur. Zoé, j'espère que tu ne t'en voudras pas d'avoir déclenché tout ce bordel. Du coup... pas besoin de me rembourser les cents yens que je t'ai prêtés il y a deux semaines.

Debout dans le vide, j'attends ma sentence. Peut-être vais-je enfin savoir ce qu'il se passe après la mort ? Saint Pierre va-t-il m'accueillir dans le Purgatoire ? Ou mon âme sera-t-elle réincarnée dans un nouveau corps ? Peu importe, qu'ils se dépêchent, cette sensation de froid persiste à glacer ce qu'il me reste d'être.

Soudain, comme si quelqu'un avait répondu à mon souhait, le décor se matérialise sous mes yeux. Une tapisserie aux motifs fleuris, des meubles taillés dans un bois que je devine noble, une odeur de jasmin à peine perceptible, je suis surprise de constater que je me trouve dans une chambre. La pièce me semble tout à fait banale, si ce n'est le nombre important de jouets étalés par terre et les draps satinés recouvrant un immense lit en baldaquin.

- « Une chambre d'enfant aisée. » Je murmure.

Les couvertures roses parsemées d'étoiles et la penderie m'indiquent qu'il s'agit d'une chambre de petite fille. C'est mignon, enfant, j'aurais rêvé avoir autant de jouets. Cependant, la pièce est incroyablement silencieuse.

Bon, quitte à rester coincée ici sans savoir pourquoi, autant visiter.

Je m'avance vers une commode et inspecte les lieux. Tout de suite, un détail me perturbe : les cadres photos déposés sur le chêne massif sont vides. Qui peut bien décorer une chambre avec des cadres si ce n'est pour ne rien mettre dedans ?

Alors que je m'apprêtais à saisir l'un d'entre eux d'une main, la porte s'ouvre violement sur deux personnes. Prise de panique, je me retourne et me plaque contre l'armoire, mains en signe de prière.

- « Désolée, je ne sais pas ce que je fais ici, je ne voulais pas déranger ! »

Les deux inconnus ne me regardent même pas. Le premier mesure la taille d'un pré-adolescent, ses cheveux argentés s'arrêtent au-dessus de ses épaules. Il est vêtu d'une chemise blanche surmonté d'un nœud papillon violet. Au bout de son poignet s'impatiente une petite fille aux cheveux blonds affublée d'une robe pêche bouffante. C'est donc sa chambre. Elle finit par l'attirer dans le coin jouets de la pièce et l'invite à s'asseoir à ses côtés.

Pourquoi ne disent-ils rien ?

- « Allez, oncle Max, tu m'as promis qu'on jouerait ! »

La gamine se montre de plus en plus impatiente et s'acharne sur la manche boutonnée de sa chemise. Le jeune garçon ne résiste pas longtemps aux appels de sa présumée nièce. Intriguée par leur absence de réaction, je les rejoins sur la pointe des pieds et m'apprête à tapoter l'épaule du garçon. Surprise. Au moment de poser ma main sur lui, le bout de mes doigts traverse entièrement son corps, comme s'il n'existait pas. Mes craintes se confirment : ils ne m'ont pas remarquée parce que je suis invisible à leurs yeux.

Soudain, aussi vite qu'il est apparu, le décor se désintègre. D'une chambre d'enfant, j'atterris à l'extérieur, sur ce qui ressemble de près à un parking de supermarché. Une série de voitures sont garées aux alentours, je prends le temps de les jauger du regard avant d'effectuer quelques pas en avant. Très vite, je m'arrête en constatant que d'autres gens me traversent sans me remarquer. Quel drôle de rêve, décidément.

- « Est-ce que quelqu'un me voit ? » Je demande, les mains en étau autour de ma bouche.

Evidemment, personne ne me répond. Je m'y attendais, mais qui ne tente rien n'a rien. L'atmosphère glaciale de ce parking m'arrache un frisson. Contrairement aux humains – ou peu importe ce qu'ils sont – je suis capable de sentir les éléments météorologiques qui m'entourent. Toujours vêtue du t-shirt et de la jupe prêtés par Mai, je me frotte vivement les bras pour me réchauffer. Il vaudrait mieux que je trouve rapidement un abri dans les environs. Mais à peine ai-je esquissé un mouvement vers le magasin qu'une fine pluie tombe brusquement. Une pluie d'été ? Maman m'a souvent dit que les pluies au Japon surprennent plus que celles d'Europe. Etrange, j'aurais juré ne pas avoir aperçu un seul nuage à mon arrivée. Les fines gouttes s'abattent de plus en plus nombreuses sur le bitume. En plus d'être frigorifiée, me voilà trempée de la tête aux pieds.

Mais alors que je lève la tête vers le ciel, une détonation retentit. Je tressaute. Ce n'était pas le bruit du tonnerre. Il provient de l'intérieur du magasin. A dix secondes d'intervalle se suit un second coup de feu.

- « Mais qu'est-ce que... »

Mon cœur s'emballe, probablement sous la peur de ce qu'il se joue à l'intérieur de la bâtisse. C'est idiot, je suis immunisée. Rien ne peut m'arriver.

Pourtant.

Pourtant une vive émotion m'insuffle d'aller voir à l'intérieur ce qu'il se trame. Entretemps, le ciel s'est assombri de nuages noirâtres et menaçants. Des voitures de police se sont parquées derrière moi sans même que je les entende. Leurs gyrophares bleus se réfléchissent dans les flaques à mes pieds. Ma poitrine se comprime. Je dois entrer. La raison pour laquelle je suis apparue dans ce monde réside dans ce supermarché. N'écoutant que mon âme, je m'avance, d'abord en marchant, puis en courant. Seule une poignée de mètres me sépare des portes automatiques lorsqu'une force m'agrippe le ventre et me projette en arrière. Choquée, je me laisse emportée, fixant la bâtisse qui s'éloigne de ma vue.

- « Tu n'iras pas plus loin ! »

Cette voix. Eléonore. Contrairement aux autres fois où j'ai entendu sa voix, celle-ci ne résonnait pas dans mon corps. Non. Ses bras sont enroulés autour de mon ventre, elle s'est plaquée à mon dos pour m'empêcher de poursuivre mon but.

- « Lâche-moi ! » Je crie en enfonçant mes ongles dans sa peau.

Rien n'y fait. Eléonore est trop forte pour lui résister. Je finis par abandonner toute initiative de m'enfuir et profite pour jeter un regard derrière mon épaule. Enfin. Enfin je l'entrevois autrement qu'à travers mon enveloppe. Sa peau halée ressemble à celle d'Ishizu et Marek. Ses yeux brillent d'un bleu turquoise qui me fixent d'un air sévère. Eléonore possède une épaisse chevelure blonde emmêlée, plus claire et plus longue que la mienne. Dès qu'elle remarque mon regard appuyé sur son visage, Eléonore relâche brusquement son emprise. Le décor s'est envolé, ne laissant place qu'à nos deux âmes, réunies l'une en face de l'autre. Devant le silence qui s'installe, je me permets de lui poser la question qui me brûle les lèvres.

- « Suis-je morte ? »

Un rictus se dessine sur ses lèvres. Ma question est-elle si drôle que ça ? Eléonore hausse les épaules, faisant glisser par inadvertance le fin tissus gris délabré qui lui sert d'accoutrement.

- « Tu as bien failli nous envoyer au Royaume des Ombres avec ta petite chute de 200 mètres. »

Dois-je prendre cela pour un « non » ? Cela m'en a tout l'air. Cependant, j'ai du mal croire que j'ai survécu après un tel accident. Puis, si j'avais réellement survécu, alors qu'est-ce que je fiche ici et surtout, à quoi est-ce que je viens d'assister ?

- « Tu n'avais pas à t'en prendre à Yugi, Joey et...

- Tu ne me feras pas avaler que tu t'inquiètes pour eux alors que tu ne les connais que depuis une semaine. Moi, je te connais. »

Sa remarque me pique au vif. Le ton assuré qu'elle emploie en affirmant me connaître m'énerve au plus haut point.

- « Comment peux-tu me connaître alors que tu n'es là qu'à cause de Marek ? »

Après tout, avant l'intervention de Marek et de sa baguette du millénium, jamais je n'avais expérimenté une possession de corps. Tout naturellement, j'en ai déduit qu'Eléonore provenait d'un sort lancé par cet antagoniste de première catégorie.

- « Parce que tu crois que je n'existais pas avant d'entrer en contact avec toi ? »

Etrangement, je ne décèle aucune ironie dans sa voix. Elle me regarde sans animosité aucune. Lorsqu'elle esquisse un pas dans ma direction, je recule aussitôt.

- « Alors je t'écoute. Explique-moi pourquoi tu vis à travers moi. »

Nous mesurons à peu près la même taille. A l'observer de plus près, je constate que son apparence peu soignée contraste de la mienne. Ses cheveux de blé forment une masse de nœuds s'arrêtant au bas de son dos. Ses ongles n'ont visiblement pas été coupés ni nettoyés depuis très longtemps. Pourtant, malgré cette négligence apparente, elle ne ressemble pas à une pauvre pouilleuse comme j'en ai déjà croisées au cours de ma vie. Au contraire, je me surprends à la trouver rayonnante.

- « Pas maintenant. Je sens que nous allons bientôt reprendre notre état de conscience. Il y a des gens qui t'attendent là-bas. »

Une légère teinte d'amertume anime sa dernière phrase. Pas le temps de lui en demander davantage, le monde qui nous entoure s'efface, tout comme la silhouette d'Eléonore.

Un matelas sous mon poids, des draps frais qui me recouvrent jusqu'aux épaules, un coussin moelleux enfoncé sous ma tête. Je reprends doucement conscience dans ce que je devine être un autre lit d'hôpital du dirigeable de la Kaiba Corporation. A ma plus grande surprise, aucune douleur à l'horizon. Un miracle, c'est tout bonnement un miracle.

- « Elle est réveillée ! »

En tournant légèrement le visage, j'aperçois la fine silhouette de Sérénity pousser des exclamations dans le couloir. Son expression radieuse me réchauffe quelque peu. Je me redresse, cuisses collées contre ma poitrine, avec une pointe d'embarras lorsqu'elle se penche à mon chevet.

- « Je suis à l'infirmerie ? Qu'est-ce que tu fais ici ? » Je gémis en déviant les yeux.

- « Un ping-pong, connasse. »

En voilà une qui aurait mieux fait de rester dans le monde des rêves. Sérénity me dévisage longuement, sûrement décontenancée par ce jeu verbal auquel Eléonore s'adonne de plus en plus.

- « Tu es tombée de la tour de Kaiba lors du duel. Tristan et Duke t'auraient apparemment rattrapée avec l'aide de Roland. Tu leur as fichu une sacrée peur, et à moi aussi ! »

Ses paroles, douces au début, s'intensifient au fur et à mesure qu'elle parle. Sa cadence est précipitée, trahissant une inquiétude qu'elle essayait peut-être de cacher. Toujours est-il que Sérénity pose fermement sa main sur mon épaule, m'obligeant à soutenir le regard qu'elle m'envoie.

- « Est-ce que... C'est de ma faute ? »

Son ton décolle dans les aigus. La pauvre. Je m'en veux de lui infliger tant de soucis. D'abord Mai, ensuite moi – même si je m'estime heureuse de ne pas avoir subi les déboires de Marek. De ma main droite, je recouvre la sienne, caressant sa paume du bout des doigts.

- « Non, Sérénity, tu n'y es pour rien. » Je murmure dans le but de la calmer.

Mais rien n'y fait. Des petites larmes se sont formées au coin de ses yeux et commencent à ruisseler le long de ses joues rougies. Son emprise sur mon épaule se veut plus pressante.

- « Quand j'ai vu les garçons te ramener ici, inconsciente, je me suis souvenue de ce que je t'avais dit avant que tu ne parles en duel... »

D'après mes souvenirs, elle me souhaitait de vaincre Marek avec les autres. Je devine que Tristan et Duke lui ont expliqué la raison de ma chute. Je suis sur le point de poser une question quand elle reprend de plus belle.

- « Je suis contente que mon frère ait finalement atteint la demi-finale du tournoi contre Marek. Mais je ne voulais pas que ça te mette en danger... ! »

Oh merde.

Joey contre Marek ? Alors le duel s'est bel et bien poursuivi en mon absence. Pas étonnant de la part de Kaiba. Cela signifie qu'il affrontera Yugi de son côté et que le vainqueur aura affaire à... Joey, je l'espère. Pour le moment, je me concentre sur la jeune fille en pleurs au bord de mon lit.

- « Ne t'inquiètes pas. Ce n'est pas de ta faute si je suis tombée. C'est plutôt compliqué à expliquer mais...

- C'est à cause de l'esprit ? »

Sa question me surprend. C'est vrai, elle était présente lorsque j'ai avoué la vérité à son frère – qui ne m'avait pas crue au par ailleurs. J'acquiesce en silence. Sérénity essuie ses larmes d’un revers de la main. Ses dents agrippent sa lèvre inférieure pour afficher ce qu’elle voudrait être un sourire. Elle est mignonne malgré la morve qui pointe le bout de son nez.

- « C’est un mal pour un bien. Ma place dans le tournoi était pratiquement assurée, c’est vrai, mais je m’en serai voulue de gagner en menaçant Yugi. »

Au fond de moi, ce souvenir me laisse un sentiment amer. Malgré mon envie d’afficher un air fier suite à ma défaite face aux quatre garçons, je ne peux cacher une profonde déception. La demi-finale était à porté de main, et nous avons tout gâché. Moi en ayant concentré toute mon attention à cibler Kaiba alors que Joey était vulnérable. Eléonore en forçant le pharaon à choisir entre ma vie et la place de son meilleur ami dans le tournoi.

- « Au fait, je voulais te poser une question depuis un moment. »

Tirée de mes pensées, je jauge le visage de Sérénity, intriguée.

- « C’est quoi un « fist » ? »

Bonne chance.

Je manque de m’étouffer avec ma propre salive tant sa question me prend au dépourvu. Ce détail m’était complètement sorti de l’esprit. Durant le duel opposant Bakura à Yugi, Eléonore avait profité de la situation pour sortir les pires atrocités à mes dépens.

- « J’ai demandé à Tristan mais il m’a dit qu’il ne savait pas. 

- Sérieusement ? »

J’avais du mal à croire qu’un garçon de seize ans ne sache pas de quoi il s’agit. Même Kaiba aurait pu lui répondre.

On lui demandera la prochaine fois qu’on le croise.

Je te l’interdis !

- « Oh… C’est juste… Une sorte de coup de main que tu donnes à une fille. Je crois. »

Ma nouvelle copine lève les yeux au plafond l’espace de quelques secondes avant de balayer la pièce du regard. Bon sang, faites qu’on n’ait plus jamais à reparler de ça.

- « Regarde dehors, c’est inquiétant. »

En effet, à travers le hublot, un épais voile d’ombre recouvre le ciel pourtant dégagé il y a encore quelques heures. Je discerne à peine la tour de Kaiba derrière toute cette obscurité. Marek… Soudain, une violente déflagration surgit du sommet de la tour.

- « Joey ! » Crie Sérénity en se levant brusquement.

Malheureusement, je ne connais qu’une créature capable de provoquer un tel déferlement holographique : une carte de Dieu Egyptien.

On dirait bien que Marek est en train de se débarrasser de cet incapable. Enfin une bonne nouvelle.

Sérénity s’enfuit de la chambre, sûrement pour rejoindre la tour pour s’assurer que son frère s’échappe sain et sauf de son duel. A mon tour, je retire les draps recouvrant le bas de mon corps et descends du lit. Merde, j’ai les jambes en coton. Qu’à cela ne tienne, je prendrai des plombes à sortir, mais il le faut.


Une main sur la porte de l’ascenseur, je souffle bruyamment, contente d’avoir enfin atteint la tour de Kaiba. Le premier ascenseur montait déjà vers le sommet, très certainement utilisé par Sérénity.

Personne ne peut résister à l’attaque d’un Dieu Egyptien.

Malheureusement, je ne peux qu’approuver la pensée de l’esprit. Mai a déjà fait les frais du Dragon Ailé de Râ. Pourtant, si une vive lumière dorée scintillait à la cime de la tour, celle-ci s’est affaiblie au point de disparaître après quelques minutes. Par contre, le voile d’ombre n’a pas quitté le ciel. Cela signifierait que Joey est parvenu à bout du monstre de Marek ?

Impossible.

Je veux y croire.

Je patiente dans la cabine depuis une poignée de secondes quand quelque chose d’extraordinaire se produit : le ciel violacé s’efface progressivement pour un bleu éclatant. Appuyée sur une barre contre la vitre, je n’en crois pas mes yeux. Le duel est terminé, c’est une certitude. Les battements de mon cœur s’emballent quand les portes s’ouvrent finalement sur la plateforme au sommet.

- « Le duel est maintenant terminé ! »

A peine ai-je avancé vers Sérénity dos à moi que la voix de Roland fuse à travers le ciel. Une main levée en l’air, il s’adresse à toutes les personnes présentes.

- « Votre attention s’il vous plait. Selon le règlement de ce tournoi, Joey est disqualifié, je déclare donc Marik Ishtar : vainqueur de ce duel ! »

C’est une vision d’horreur qui s’offre à nous : Marik arbore un rictus déformé entre la satisfaction et la panique. A l’autre bout de la plateforme, Joey ne bouge plus, couché sur le sol, tandis que ses amis et sa sœur s’élancent à sa rescousse pour le réveiller.

C’est inutile, Joey a rejoint le Royaume des Ombres. Je peux le sentir.

Je ne prête pas attention aux paroles d’Eléonore, beaucoup trop occupée à ne pas défaillir devant le drame qui vient de se jouer. Au bord du terrain, seul Kaiba reste de marbre, bras croisés, insensible aux effusions de larmes qui se jouent devant lui. Quel enfoiré…


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