et pourtant...

Chapitre 35 : la discothéque

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:43

Olli se demandait ce qu'il faisait là. Comment Olivia avait-elle réussi à le convaincre de venir !?

Il fallait dire aussi que Charlie l'avait grandement aidée, et à deux, elles étaient imbattables !

Mais peut-être qu'elles avaient raison, que cela lui ferait du bien finalement. Il s'était vraiment fait peur en se regardant dans le miroir ! Il était devenu un tel zombie, qu'il s'était à peine reconnu !

 

Cela faisait maintenant six jours depuis...

Six jours, et il n'avait toujours aucunes nouvelles de lui. Six jours, et il ne l'avait toujours pas croisé.

 

 

Il avait d'abord haussé les épaules quand Olivia lui avait passé son dernier savon. Il avait le droit à une diatribe par jour et commençait à être habitué ! Mais ce soir là, elle ne lacha pas l'affaire. Elle le prit par le bras et le tira jusqu'à la salle de bain, le forçant à regarder, vraiment regarder son reflet dans le miroir.

Et elle avait eu raison. C'était le choc salutaire dont il avait besoin pour commencer à revenir dans le monde des vivants.

Il en était encore loin, mais au moins en avait-il à peu prés l'apparence... Il était toujours pâle, mais moins livide. Ses traits étaient toujours tirés, mais moins creusés. Il avait toujours des cernes sous les yeux, mais son regard avait repris un peu d'expression.

Il ne voyait pas encore le bout du chemin, mais au moins avait-il à nouveau un chemin sous ses pas !

 

Se laisser aller à ce point n'était pas son genre. Et il n'allait pas commencer maintenant. Encore moins maintenant.

Il avait besoin de retrouver l'estime de lui-même qu'il lui avait volé.

Il avait toujours été quelqu'un de confiant, en lui, en les autres, en la vie. Et il avait toujours apprécié cette qualité chez lui.

Il se montrait faible dés qu'il s'agissait de lui. Mais il ne le laisserait pas prendre ce qu'il y avait de meilleur en lui. Ca il ne pourrait pas se le pardonner. Ni lui pardonner.

 

Il avait recommencé à s'alimenter correctement. Il retournait fréquement à la salle de sport. Il avait changé de lieu bien sûr. Trop de souvenirs. Sans compter qu'il risquait de le croiser à tout moment.

Là-bas il ne connaissait personne. Il n'était pas prêt encore à se re-sociabiliser.

 

Tout ça n'était que factice pour l'instant. Il faisait les gestes parce-qu'il le fallait ou par habitude. Par devoir ou nécessité plus que par envie. Mais c'était un début...

 

 

Et c'est comme ça qu'il avait attéri ici...

La musique, la danse, la foule ; cela aurait dû lui parler. C'était son univers. L'endroit où il se réfugiait, autant que l'endroit où il se sentait le plus vivant... avant.

Mais, même ici, il ne ressentait rien. Assis au bar, il regardait les gens rire et s'amuser, danser et flirter. Et il se sentait tellement étranger à tout ça. Il se sentait comme déconnecté des autres, des choses et de lui-même. Comme si ce n'était que son spectre qui évoluait là.

Et c'était ça. Lui, le vrai lui, le lui qu'il respectait, était resté dans l'appartement, dans le séjour où six jours plus tôt tout s'était écroulé.

 

Il regardait Olivia évoluer sur la piste de danse. Il était content qu'elle s'amuse malgré son attitude. Il s'en serait voulu de lui gâcher sa soirée.

Et puis il était mieux seul. Il ne supporterait pas son bavardage incessant, et encore moins ses remontrances.

 

 

Finalement, il n'était pas plus mal ici qu'ailleurs...

A regarder la vie. Se souvenir qu'elle existait. Se dire qu'un jour, il en ferait à nouveau parti.

Il profitait de son état tranquillement léthargique.

Demain il se sentirait à nouveau écrasé par tout ça. Et demain viendrait bien assez vite...

 

 

                                                                          *

 

 

Christian scanna la salle et la foule qui s'agitait. Quand son regard atteignit le bar, il se figea.

Comment cela était-il possible !!?

Cela faisait des jours qu'il l'évitait avec un succés inespéré. Il flippait à chaque moment où il risquait de le croiser par hasard.

Et maintenant, alors qu'il ne s'était vraiment pas attendu à le trouver là. Maintenant qu'il était le moins préparé. Maintenant, il le retrouvait sur son chemin !

 

Ca avait l'air d'aller pour lui en tout cas.

Enfin, il avait l'air d'avoir maigri un peu. Et son teint était moins frais que d'habitude. Mais avec les propos de Gregor et d'Olivia, il s'était imaginé pire...

Il était content de voir qu'il n'allait pas si mal... mais en même temps... C'était horrible à dire, à penser, mais en même temps, ça le secouait de voir qu'il récupérait si vite...

 

Il ne pouvait détacher son regard de lui. Son cœur avait repris la danse qu'il connaissait bien maintenant. Il était toujours aussi beau !

Obnubilé par la vision d'Olli, ici, avec le jeu des lumiéres, la musique en fond sonore, il n'entendit pas la voix derriére lui.

 

Il sursauta et se tourna vers la jeune femme qui l'accompagnait.

 

Il la regarda, et ne ressentit pas un centiéme de ce qu'il ressentait en voyant Olli. Elle était jolie pourtant. Elle était sympa, rigolote, souriante...

Quand elle l'avait dragué, plus ou moins ouvertement, il s'était dit que c'était sa chance. Il l'estimait beaucoup, elle lui plaisait physiquement, peut-être arriverait-il, grâce à elle, à laisser toute cette période derriére lui...

Gregor avait tenté de le dissuader. Mais il avait tenu bon.

C'était une sorte de challenge, voir s'il était possible pour lui de ressentir à nouveau du désir pour une femme. Il n'avait qu'Olli en tête, et ailleurs, depuis des semaines. Mais il avait toujours été attiré par les femmes. Il était temps de voir où il en était de ce côté là...

Bien sûr, au moment où il échafaudait ce plan, il ne se doutait pas qu'Olli serait présent dans le tableau.

Mais qu'est-ce que ça changeait au fond ? Le challenge n'était que plus relevant. Et la situation serait encore plus claire pour Olli. Il pourrait, lui aussi, passer à autre chose...

 

 

- Pardon Myriam, tu disais ?

Elle lui sourit avec indulgence.

- On va boire un verre ou on va danser ?

Aller au bar était exclu. Pas tant qu'il serait là.

- On est ici pour danser, non ? Alors, c'est parti !

 

 

                                                                 *

 

Olivia vit Christian et Myriam se lancer sur la piste, et se retourna vivement vers Olli. L'expression de son visage ne trompait pas, il les avait vu aussi.

 

Elle le rejoignit rapidement.

- Ca va ? demanda-t-elle inquiéte.

Olli hocha la tête, presque imperceptiblement.

- On peut aller ailleurs si tu veux ?!

- Non. Vas t'amuser, ça va aller...

- Olli,

- Ca va Olivia, je t'assure. Il faut bien que je m'y fasse, non ?

 

Les mots étaient raisonnables, mais loin de refléter ce qu'il éprouvait à l'intérieur.

Olivia ne fut pas dupe ; elle connaissait bien son cousin. Elle s'assit sur le tabouret à côté de lui.

 

 

Olli se sentait de plus en plus mal. Physiquement mal.

Il commençait à avoir des vertiges, des nausées. Il sentait une sueur froide couler dans son dos.

Il était à deux doigts du malaise.

Quand le moment des slows arriva, et qu'il les vit enlassés, la main de Myriam posée sur sa nuque, sa main à lui sur ses hanches, leurs corps lovés l'un contre l'autre, il crut qu'il allait défaillir.

 

Il croisa le regard de Christian.

 

Il devait partir.

C'était faux. Il ne pourrait pas s'y faire. Pas maintenant, peut-être jamais, mais certainement pas maintenant.

 

Il se leva, se rattrapant au bar pour maintenir son équilibre.

- Raménes-moi, s'il-te-plait, demanda-t-il à sa cousine , la voix tremblante, à peine plus qu'un murmure.

 

 

                                                                              *

 

 

Alors qu'ils tournaient, le replaçant dans l'axe du bar, Christian s'apperçut que la place où Olli se tenait la minute d'avant était vide. Olli n'était plus là.

 

Il était parti...

 

Comme toutes les autres fois, où il aurait dû se sentir soulagé alors qu'il obtenait ce qu'il voulait, ce ne fut pas le cas.

Le savoir là était dur à gérer, le savoir parti était pire.

 

Il resserra son étreinte autour de Myriam, enfouit sa tête dans son cou, et serra les dents.

 

Ca marcherait.

Peu importe le temps ou l'énergie que ça demanderait, mais il finirait par l'oublier. Et la douleur lancinante qui ne le quittait jamais, la douleur qui présentement lui martelait la poitrine, finirait par partir.

 

Quel autre choix avait-il ?

 

 

 

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