et pourtant...

Chapitre 19 : là où la fureur nous emméne

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 10:08

 

 

Christian sortit furieux de la salle d'examen. Furieux contre lui-même.

Il avait eu du mal à se concentrer. Il avait eu du mal à s'exprimer. Il avait bafouillé, ses idées n'arrivant pas à s'imbriquer de maniére fluide et cohérente.

Il ne savait même pas s'il avait répondu correctement au sujet. Mais cela n'avait rien de surprenant...

 

Il avait évidement très peu et très mal dormi la nuit d'avant. Très peu surtout.

Son esprit le ramenait toujours vers lui, les yeux magnétiques et brillants, la chaleur du rire, le sourire éblouissant.

Mais le plus troublant restait ce qu'il avait vu, ce qu'il avait ressenti dans les vestiaires. Les images de la veille, si nettes, si précises, s'imposaient encore et encore. A nouveau il était le pantin de ses désirs et de ses sentiments. A nouveau il ne contrôlait plus rien. Il avait beau rejeter les images aussi fort qu'il le pouvait, elles revenaient sans cesse le hanter. Le corps d'Olli parsemé de gouttes d'eau, baigné dans un nuage de vapeur... La dimension érotique de ce tableau était si forte... La tension dans son bas-ventre était revenue, plus insistante encore... et il ne pouvait décemment pas prendre de douches froides toute la nuit...

Il s'était finalement endormi, le corps au supplice.

 

 

Christian sourit sarcastiquement. Et ça, c'était la veille ! Le pire avait eu lieu le matin...

Quelle préparation avant un examen... l'examen le plus important de sa vie !

 

La sonnerie du réveil l'avait surpris en plein milieu d'un rêve des plus sensuel. L'action, bien sûr, se déroulait au vestiaire. Sauf que cette fois, il le rejoignait sous la douche et...

Le film dansait devant ses yeux. Les sensations, troublantes, puissantes, enivrantes. Il sentait encore dans son corps et sur sa peau l'électricité, les frissons, les picotements. Il avait déjà rêvé de lui, de façon romantique, mais jamais... Les images étaient tellement réelles... et tellement précises... les baisers, les caresses, et quand la bouche d'Olli s'était refermée sur...

La tension de son membre était insupportable... il n'avait eu d'autres choix que de la soulager. Plus mortifié que jamais, il avait rejoint Olli dans son rêve, en même temps qu'il travaillait à sa libération. L'instant avait été mémorable. Il ne se souvenait pas avoir jamais jouis si fort de son propre fait.

 

Mais la minute d'aprés, la conscience de ce qu'il venait de faire lui avait arraché un cri de rage.

 

 

                                                                          *

 

C'est dans cet état d'esprit qu'il s'était présenté à son examen. Rien d'étonnant à ce que ce ne se soit pas passé comme il l'escomptait...

Et voilà, il en était là. Il venait peut-être de rater sa derniére chance de réaliser son rêve.

Il ouvrit la porte et entra dans le séjour. Tout ça était la faute d'

- Christian ! Alors ? Comment ça c'est passé ?

 

Christian se figea de stupeur. Olli se tenait devant lui. Le regard brillant, avide de savoir, d'entendre de bonnes nouvelles.

Une bouffée de colére sourde et profonde lui embrasa les sens.

Il avanca à grand pas vers la cuisine, ouvrit une bouteille et bu avidement à même le goulot. L'eau fraiche l'appaisa et lui permis de reprendre le peu de contrôle qu'il avait encore sur lui-même.

-Alors ? Cette fois la question était plus douce, plus inquiéte.

Christian reposa la bouteille et posa ses mains sur le bar, la tête baissée pour ne pas croiser le regard d'Olli.

- Je ne sais pas.

Olli s'assit sur le canapé mais ne dit rien. Une tension électrique émanait de Christian, dont il avait du mal à comprendre la cause. Ca ne pouvait pas être si catastrophique. Il avait étudié pendant des heures, il connaissait les sujets sur le bout des doigts...

 

- Pourquoi tu es là? Je pensais que tu finissais plus tard.

La froideur et la lassitude du ton le firent frissonner, mais Olli répondit comme s'il n'y avait rien d'étrange. Il espérait que son comportement pseudo naturel, pseudo détendu ferait redescendre la tension.

- Charlie m'a renvoyée. Je n'étais pas très efficace, je n'arrêtais pas de me tromper de commande. J'étais tellement nerveux...

 

Christian ne comprit pas un mot des paroles d'Olli. Il entendait à peine sa voix.

Sa tête lui martellait les tempes. Ses oreilles bourdonnaient. Il n'était qu'une immense masse de confusion.

Il avait besoin d'être seul.

Il avait besoin qu'Olli s'en aille. Qu'il disparaisse pour de bon. Qu'il ne se soit jamais rencontré.

- Olli... Sors. S'il-te-plait. Je.. j'ai besoin d'être seul. Je ne peux pas te parler maintenant, dit-il d'une voix posée et lasse.

 

- Christian, ça ne peut pas être si terrible que ça... Que s'est-il passé pour te mettre dans cet état ?

Olli commençait vraiment à s'inquiéter. Ce détachement, ça ne ressemblait tellement pas à Christian.

- Olli s'il-te-plait... , supplia -t-il.

 

Olli se leva doucement. Christian était toujours prostré derriére le bar, la tête baissée. Il sentait la détresse qui émanait de lui telle une aura. Il voulait être là. Il voulait l'aider. Il se faisait des idées, ça ne pouvait pas s'être si mal passé  ; pas avec tout ce qu'il savait...

- Christian, je

 

- Olli sors !

Olli eut un mouvement de recul, surpris par la violence du ton, l'intensité furieuse de son regard.

Christian continua à parler tandis qu'il marchait sur lui. Il scandait les phrases, la voix pleine de rage contenue.

- Je ne veux pas t'expliquer. Je ne veux pas te parler. Je ne veux même pas te voir ! Et maintenant sors, termina-t-il en montrant la porte.

 

- Non ! cria Olli. Désolé mais je ne pars pas. Pas quand tu es dans cet état ! Christian qu'est-ce qui t'arrive ? Que s'est-il passé pour que tu sois si bouleversé ? C'est ton examen ?

 

Christian le dévisagea. Que s'était-il passé ? Lui ! Voilà ce qu'il s'était passé ! Tout allait de travers depuis qu'il l'avait rencontré.

 

- Peu importe Olli ! Je ne compte pas en parler avec toi. Maintenant, si tu ne veux pas voir jusqu'où je peux aller quand je suis en colére, vas-t'en.

-Non, Christian. Je reste.

La détermination dans la voix et le regard d'Olli redoubla sa colére.

- Olli ! Christian serra les poings. Ok, fais comme tu veux, alors c'est moi qui pars.

Il se dirigea vers la porte, mais Olli le retint et l'accula contre celle-çi.

 

- Non ! Tu m'expliques et maintenant ! Ca fait 2 semaines que tu es bizarre, perturbé, que tu t'isoles... que tu m 'évites. Dés que tu m'as vu quand tu es rentré ton attitude a changé. Tu étais calme et tout à coup tu es devenu nerveux. Je comptais attendre la fin de tes examens, mais là... Je veux savoir ce qui se passe ! Pourquoi tu agis comme ça avec moi ? Pourquoi tu m'évites ? Pourquoi tu es si tendu quand je suis là ?

 

Christian leva ses yeux sur lui, et Olli frissona quand leurs regards se croisérent.

- Tu veux savoir ?

- Oui !

 

Ils étaient contre la porte, leurs visages tellement proches qu'il sentait le souffle chaud de la respiration d'Olli. L'énervement accélérait les mouvements de sa poitrine. Christian plongea dans les yeux verts, d'un vert rendu plus sombre par la colére.

 

Avant qu'il n'ait pû comprendre quoique ce soit, ses mains étaient de part et d'autre du visage d'Olli. Il retint son souffle, estomaqué par ce qu'il était en train de faire. Mais il était trop tard pour reculer. Quand ses lévres enfin se posérent sur celle d'Olli, son corps connu un apaisement qu'il n'avait plus ressenti depuis longtemps.

 

 

 

Laisser un commentaire ?