et pourtant...

Chapitre 14 : discussion à coeur ouvert

Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 20:43

Olli était allongé sur son lit, les yeux ouverts, il regardait le plafond. Il laissait ses pensées passer d'une idée à l'autre, d'une image à l'autre, sans essayer de les retenir ou de les approfondir. Il n'avait pas envie de penser, il n'avait pas envie de réfléchir. Il savait que le sommeil mettrait longtemps à venir le chercher, mais il ne pouvait rien faire d'autre que de rester là. De temps en temps ses yeux se posaient sur la tasse. De temps en temps il pensait au prisme qui dansait à sa fenêtre, invisible maintenant qu'il faisait nuit, mais toujours là.

 

Une sonnerie le tira de son état semi-végétatif.

Olli tendit le bras et récupéra le portable sur la table de nuit. Son cœur manqua un battement.

 

C : Merci pour tes messages. J'espére que tu vas mieux. Moi je me soigne doucement. Je ne sais pas quand je rentre mais ne t'inquiétes pas, ça va aller.

 

Olli s'assit sur le lit. Son cœur continuait sa danse frénétique.

 

O : Désolé mais je m'inquiétes quand même... te savoir mal, et seul... J'aimerais pouvoir t'aider...

 

/...

 

O : Je ne comprends pas ce qui se passe.

 

C : Je sais. Moi non plus.

 

O : Tu ne veux pas essayer de m'expliquer ? Par messages c'est plus facile... et parler, mettre des mots, ça aide...

 

 

La réponse mit longtemps à arriver. Olli allait reposer le portable quand la sonnerie, enfin, retentit à nouveau.

 

C : As-tu déjà éprouvé des sentiments que ton cerveau ne comprends pas ? Qu'il rejette même.

 

O : Oui. C'était il y a longtemps.

 

C : Comment as-tu fait pour les mettre d'accord ?

 

O : J'ai accepté de vivre ce que je ressentais. Le cœur a ses raisons que la raison ignore... : )

Mon cerveau ensuite s'est fait très rapidement à l'idée.

 

C : Et si tu ne peux pas ?

 

O : Quoi ?

 

C : Vivre ce que tu ressens. Si de toute façon ça marche pas ?

 

Olli soupira et s'adossa contre le mur. Ouai, j'en suis là aussi... mais j'ai pas trouvé de solution pour ça encore...

 

O : Pourquoi ça ne pourrait pas marcher ?

 

C : Parce-que la personne en question ne ressent pas la même chose...

 

Olli réfléchit un moment.

 

O : Je pense que tu dois d'abord faire la paix avec ta tête... et pour la suite, attends... l'avenir pourrait te surprendre, et sinon le temps fera son œuvre...

 

C : Tu sais toujours ce qu'il faut dire :) Mais je pense que sur ce coup, je vais parier sur le temps...

 

Oui, moi aussi...

 

O : En tout cas, j'espére que tu arriveras vite à un cessez-le-feu. Je ne supporte pas de te savoir comme ça.

 

Et tu me manques.

 

C : Et toi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

 

O : Comme toi, un trop pleins d'émotions que je n'arrivais pas à gérer. Toi tu te bats contre toi-même et tu pars dans les bois, moi je vais m'oublier sur la piste de danse. Sauf que là j'ai un peu exagéré...

 

C : un peu ?

 

O : Ok, beaucoup trop ! Merci encore d'ailleurs...

 

C : de rien, c'est normal. Tu aurais fait pareil.

 

O : Ouai, quand même...

 

/...

 

C : Comment tu fais pour toujours réussir à m'apaiser ?

 

Olli sourit. Il lui aura été utile un minimum...

 

O : C'est un don ! Mais je suis content si j'ai au moins réussi à faire ça.

 

/...

 

C : Parfois je me dis que je ne comprends pas mon cerveau... Il y a tellement de raison valable à ce que me dit mon cœur... Mon cerveau, lui, n'a qu'un seul argument... Le choix devrait être facile, non ?

 

O : C'est toi qui l'as dit ! :D Ne te prends pas autant la tête, Christian. Laisses-toi aller, les choses se mettront en place d'elle-même...

 

C : Je ne sais pas faire ça. Mais il va falloir que j'apprenne je suppose... Merci Olli. Je me sens mieux, et j'y vois un peu plus clair.

 

O : Bonne nuit Christian. Prends soin de toi.

Et reviens vite.

 

 

                                                                                              *

 

 

 

Le cœur a ses raisons que la raison ignore.

 

C'était tellement vrai. Spécialement là.

La discussion avec Olli l'avait apaisée. Il y arrivait toujours. Le probléme c'était aprés... Quand il n'était plus là, et que Christian se retrouvait seul avec ses pensées, ses doutes, ses angoisses.

Sur le papier c'était bien beau, les théories d'Olli. Mais quel genre d'homme serait-il s'il y adhérait !?

Qu'en penserait Gregor ? Et son pére, qu'en aurait-il pensé ?

 

Et puis de toute façon, tout ça ne rimait à rien... Olli... Ok il l'appréciait beaucoup. Mais probablement pas de cette maniére là.

Ce qui valait mieux au fond. Les choses seraient encore plus compliquées. Il n'aurait pas d'autre choix que de se confronter à la réalité de son dilemme.

Là, il lui fallait juste trouver un moyen de faire avec, en évitant le maximum de domage collatéral pour tout le monde... ce qui n'était déjà pas une mince affaire.

Mais c'était à cela qu'il allait consacrer le reste de sa retraite. Trouver une solution pour réussir à ranger ses sentiments dans un coin, et pouvoir avancer malgré eux. Réussir à trouver un moyen de mener une vie relativement normale... en attendant le départ d'Olli.

Et c'est vrai , chaque fois qu'il envisageait son départ, il sentait son cœur se fracturer davantage. Mais au moins cela réglerait le probléme. Ensuite il lui faudrait le reconstruire. Mais de toute façon, il en arriverait là d'une maniére ou d'une autre.

 

Trouver un moyen d'échapper à Olli... et si c'était Olli lui-même qui lui avait apporté la solution?!

 

 

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